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BEQUEST
UNIVERSITY orMICHlGAN)
4 GENERAL LIB RM V _i
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ANNALES
DE LA
SOCIÉTÉ ACADÉMIQUE
DU PUY
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ANNALES
DE LA
SOCIÉTÉ: D'AGRICULTURE
SCIENCES, ARTS ET COMMERCE
DU PUY
TOME XXXI — 1870-1871
LE PUY
M. -p. MARCHESSOU, IMPRIMEUR DE LA SOCIÉTÉ
Boulevard Saint-Laurpul , -ÏA
MDCCGLIXIV
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La Société n*entend ni garantir les faits, ni adopter
toutes les opinions consignées dans les Mémoires que ren-
ferment les Annales,
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PROCÈS-VERBAUX
DFg
SÉA\'CES DE 1;AÎ\\ÉE 1870
SÉANCE MENSUELLE
nr LUNDI 10 JANVIER
SOMMAIRE
ï^iarê do proeèt-verbal. — Munit : Dons par MM. La Ronvière, Ainu^ di-
ron, César Fileon, Lasrombe et Marion. — Exposition d'an tableau par
M. Emile Giraad. — Ouvrages reçus : Bulletin agricole dn pHy-éeDAnir:
Procédé nouveau pour le darcissomciit des bois ; Annale* de la Sociale d'à-
§rieulture d'Indre el'Loire : Emploi du vinaigre contre les liémorragies dis
bestiaux; le Sud'Eat : Contagion du charbon ; le Journal de l'agriculture :
Article entomologique sur le ruceron de la vigne; nepue det cours scient i-
fiques : Services rendus aux géologues par la paléontologie pour la détermina-
tiou des couches du globe ; âge de la formation de Ronzon ; Mémoires de la
Société des ÀMtiqtêireâ detOuesi : Le mille romain et la lieue gauloise; la
Boiènedans le Yelaj; colonne milliaire au village de Fontanes; mémoinà de
M. Tournai sur les Tombeaux chrétiens des premiers siècles en Gaule ; frag-
ment d'un sareophage du Musée du Puy. ~ Corrispohdanci : Lettres de
M. le préfet de la Haute-loire sur une allocation du Miuistre de l'Agriculture;
de M. Tabbé Frngère sur des fouilles h Vergonge ; de MM. de Billj, Gruner,
Leeoq, des Devises du Dézert» L. Gras, Louis Lartet, Lory, Marion, Morière,
Rames, de Saporta et Tournai : remerciements k la Société. — Pbrsoniibl :
Nomination de M. Victor de Laprade, de l'Académie française, an titre de
nembrebonoraire. •- AncHéoLooiB : Notice sur la Danse des morts de lu
Ckaiv-Dieu, par M. f.angiois (du Pont-dc-P Arche}.
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6 HKSUMR UBS SÉANCRS.
Présidence de M. de Brivc.
Leclure par M. le Vice-Secrélaire et adoption du pro-
cès-verbal de la dernière séance.
Dons au Musée. — M. Aimé Giron offre, de la part
de M. La Rouviëre, sous-intendant militaire, un mo}en
bronze d'Anlonin le Pieux, trouvé au Puy dans un
jardin près du Pont-Neuf; et, en son nom personnel ,
un denier d'argent de Faustiue mère, trouvé égale-
ment dans un jardin attenant à rétablissement des
Sourds-Muets, non loin de Téglise Saint-Laurent.
M. Aymard présente à la Société trois anciennes
Mences données par M. César Falcon, l'un des conser-
vateurs du musée des dentelles.
M. Adrien Lascombe olfre un briquet breton qui a la
forme singulière d'un pistolet.
M. Marion, membre non résidant, préparateur h
la Faculté des sciences de Marseille et Tun des secré-
taires du Congrès géologique tenu au Puy en 4869,
qui avait remarqué avec intérêt la collection déjfi
nombreuse d'objets préhistoriques dans notre Musée,
a envoyé à la Société, par l'entremise de M. Aymard ,
diverses pièces provenant d'une station préhistorique
explorée par lui dans la grotte de Saint-Marc, en
Provence. Ce sont plusieurs débris de lames de silex
et deux morceaux d'os à demi-brûlés, dont l'un est un
fragment de maxillaire inférieur d'homme. M. Marion,
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JANVIER. i
dans un savant mémoire, a émis l'hjpolhèse que celte
caverne pouvait avoir été le refuge plus ou moins tem-
poraire d'anthropopiiages ; les ossements humains qu'on
y a trouvés offrant le même état d'uslion observé dans
certains foyers , sur des restes osseux d'animaux dont
rhomme faisait aussi sa nourriture (1).
M. Marion a joint à cet intéressant envoi une ha-
che en pierre polie trouvée aux environs de Marseille.
Sa forme exceptionnelle , comparativement à la plupart
des outils de mémo genre recueillis en France, rappelle
assez bien quelques instruments analogues encore usi-
tés chez des peuplades sauvages. La collection ethno-
logique de notre Musée en possède un curieux spécimen
artislement fixé à un manche en bois, comme aurait
pu Tétre cette hache , au moyen d'une ligature de cor-
delettes.
M. le Président appelle l'attention de la Compagnie
.sur un tableau que notre confrère, M. Emile Giraud, a
exposé dans la salle des séances. Ce lableau représente
un Lansquenet en sentinelle, de Tépoque de Fran-
çois l". Celte œuvre est destinée h l'exposition de pein-
(1^ Ces fatU d'anthropophagie que M. Marion a signalés {Première» obiêna-
tioMM snr l'aHciennffé de l'homme iam les Bouches-du-Khône ^ 1867), ont été
acceptés par d'autres observateurs, notamment par M. Emile Arnaud, qui les rap-
pelle dans ses Etudes prikisUmques sur les premiers vestiges de l'industrie hU'
maine dans le Sud-Est de Yauclme aux Annales de la Soc, litt, et seientif.
d'Apt (Yauclusc), 1866-1867, publiées en 1869, p. 6. Ce dernier auteur nous ap-
prend, en outre, que des grottes à silex préhistoriques sont nommées en Pro-
vence baouftte dei peyrards (pierres à feu), dénomination qui, dans notre pays,
pourra mettre sut la trace de nouvelles stations préhistoriques.
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8 UKSUMK DES SKANGES.
lure de Lyon , où elle ne peut manquer de figurer
avec honneur. M. le Président remercie M. Giraud
d'en avoir réservé la primeur à la Société.
OuvuAGES ttEçus. — Lc Bulletin agricole du Puy-
de-Dôme indique un procédé nouveau pour le durcisse-
ment dos hois, cl en particulier des échalas. Jusqu'ici,
on avait trempé le bois h froid dans une dissolution
froide de sulfate de cuivre et d'eau ; ou bien, si le
temps pressait, on faisait cbaulTer la dissolution pour
obtenir un résultat plus rapide. On propose aujourd'hui
de chauffer le bois, pour le rendre avide d*eau, et de le
précipiter ainsi préparé dans la dissolution d*eau et de
sulfate de cuivre. Là, est Tidéc qui différencie le pro-
cédé nouveau de tous ceux tentés jusqu'à ce jour.
Les Aimales de la Société d'agriculture d'hidre-et-
Loire recommandent aux cultivateurs remploi du vi-
naigre pour arrêter les hémorrhagies des bestiaux ,
survenues notamment en cas de fracture de cornes. Ce
moyen , très-simple , réussit souvent mieux que les
caustiques, tels qu'acides minéraux étendus d'eau, sels
de fer, potasse, tannin, etc. On augmente l'énergie
du vinaigre en le concentrant. Pour le concentrer, il
suffit de le chauffer; Teau s'évaporant, il ne reste plus
que l'acide acétique. Avec une éponge ou un morceau de
linge trempé dans le liquide tout chaud, on lave la frac-
ture; ensuite, l'éponge étant imbibée à nouveau, on
la ri\Q à demeure sur la plaie par un bandage appliqué
avec soin. — M. le docteur Martel fait observer que les
propriétés hémostatiques du vinaigre sont bien con-
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JANVIER. \i
nues (les hommes de Tart et souvent utilisées dans la
pratique médicale.
Le Sud-Est cite un terrible exemple des cruelles
conséquences qu'enti-atne l'inobservation de la loi
sur Taballage et Tenfouissement des animaux in-
fectés du charbon. Un marchand de bestiaux s'étant
aperçu que Tun de ses bœufs se trouvait atteint de
cette maladie, pour en sauver la valeur, fit abattre et
dépouiller l'animal par deux garçons bouchers. Peu
de jours après, ces derniers présentaient tous les
symptômes de l'empoisonnement par le charbon et suc-
combaient, malgré les secours do l'art. Des accidents
analogues se sont quelquefois produits dans la Haute-
Loire; ils étaient dus à l'usage de la viande de bétes
atteintes du charbon. On ne saurait trop se conformer,
comme on le voit, aux soges prescriptions de la loi
sur l'abattage et l'enfouissement immédiats des bétes
infectées ; c'est , pour les propriétaires et les maires dos
communes, une obligation alricle, sanctionnée môme
par une loi pénale; malheureusement, ainsi que le font
observer plusieurs membres, la connaissance de celle
loi n'est pas assez généralement répondue dans les cam-
pagnes.
Le Journal de C agriculture, de M. Barrai , contient
un article enlomologique sur le phylloxéra vastatrix
ou puceron de la vigne qui , depuis quelques années ,
ravage si cruellement les vignobles du Midi et du Bor-
delais. Les caractères et les mœurs de cet insocio
commencent h être plus sérieusement étudiés et connus.
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10 RÉSUMÉ DES SÉANXES.
Jusqu4ci on n*a retrouvé que des femelles aptères ou
ailées; les mâles sont encore inconnus. Comme les vi-
gnobles de la Haule-Loire ont été exempts du fléau
jusqu'à ce jour, Tétude de sa cause comme de son re-
mède se trouve sans inlérôt direct pour notre région.
La Revue des cours scientifiques (numéro du 18 dé-
cembre 4869) publie la leçon d'ouverture du cours
de paléontologie professé h la Sorbonne par M. Albert
Gaudry, membre non résidant de notre Société. Ce
savant, après avoir rappelé que Ton commence à
entrevoir parmi les êtres des âges passés quelques
indices de Tiliation, recherche les services que la pa-
léontologie rend aux géologues dans la détermination
des couches du globe^ et quelle est la valeur de ces
services. Autrefois, Tâge des terrains se déterminait par
les caractères des roches, dont la nature varie extrême-
ment pour des formations de môme époque. Actuelle-
ment, la classiflcation des roches sédimentaires repose
surtout sur les données paléontologiques. Jusqu'à pré-
sent, la méthode paléontologique que Ton a suivie pour
découvrir Tàge des terrains a été une méthode empi-
rique. On a cru observer que les couches du même âge
renfermaient les mêmes espèces, et il a été dressé des
catalogues des espèces les plus communes de chaque
étage. Lorsqu'on veut connaître Tâgc d'un terrain, on
fuit la liste de ses fossiles et on la compare avec les di-
verses listes d'espèces caractéristiques. Cette méthode,
excellente en soi, est d'une pratique diflicile, car les es-
pèces se comptent par milliers. De plus, on ne ren-
contre souvent que des es[ièces nouvelles. Il faut donc
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JANVIER. M
alors chercher s*il n'exisle pas une môlhode i-ation-.
nclle pour flxer TAge des fossiles, et ceci conduit
forcémenl les paléontologues à examiner la doctrine de
l'évolution. L'éminent professeur se demande si This-
toire du monde organique n'est pas Thistoire d'une évo-
lution où tout se lie, où l'être d'aujourd'hui descend de
l'être d'hier et sera le propagateur de l'être de de-
main, et il cite un remarquable exemple qui tendrait
à prouver l'enchaînement des espèces et leur solida-
rité :
« Les stratigraphes, dit-il, qui ont étudié los terrains
tertiaires lacustres du centre de la France, n*ont pu encore
observer trèsnetten^ent les relations du calcaire de Ron-
zon, auprès du Puy-en-Velay , et d'un terrain situé dans
l'Allier, près de Saint-Gérand-le-Puy, où Ton rencontre
des ruminants' appelés Dremotheriwn et Amphitragulus. Si
l'on me demandait l'âge de la formation de Ronzon, je se*
rais, au premier abord, embarrassé pour répondre, quoi-
qu'un savant géologue du Puy, M. Aymard , ait découvert
de nombreux fossiles dans cette localité; car ces fossiles
sont presque tous d'espèces particulières. Mais, comme je
crois à l'évolution des êtres , je procède de la manière qui
sait : Je regarde à quel degré d'évolution paraissent axoir
été les animaux de Ronzon ; M. Aymard m'a fait voir que
les ruminants de ce gisement ont aux pattes de derrière
(juatre métatarsiens : deux latéraux , qui sont rudimentai-
ros, et deux médians, qui sont grands et portent des doigts ;
ces os médians , libres dans la jeunesse, se soudaient lors-
(jue les individus avançaient en ûge; toutefois cette sou-
dure était assez incomplète pour qu'on puisse toujours hien
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12 RKSl-MK DES- SÉANCES.
(?onstater la présaccp dos doux os. Or, on cojinaît l'Age des
animaux fossilisés dans la pierre à plâtre de Paris (éocène
supérieur) ; on sait aussi que ceux de ces animaux que Ton
a trouvés jusqu'à présent ont leurs métatarsiens séparés.
D'autre part, dans l'époque actuelle , et déjà à l'époque du
miocène moyen , représentée par la faune de Sansan , plu-
sieurs des ruminants (I) ont leurs deux métatarsiens mé-
dians intimement soudés. Puisque les ruminants de Ronzon
présentent, pour la soudure de leurs os, un degré d'évolu-
tion intermédiaire entre les animaux de l'éocène supérieur
et les animaux du miocène moyen , je suppose qu'ils sont
aussi d'un Age intermédiaire : ils seraient donc du miocène
inférieur.
« Si, maintenant, je regarde les run^inants des environs
de Saint-Gérand , je vois que leurs deux grands métatar-
siens sont complètement réunis ; ils révèlent donc un degré
d'évolution de plus que les ruminants de Ronzon, et je suis
porté à croire qu'ils sont d'une époque un peu plus rappro-
chée de la nôtre. Mais je constate que leurs deux petits
métatarsiens latéraux sont imparfaitement soudés ; comme
ces os sont intimement soudés (dans leur partie supérieure)
chez la plupart des ruminants actuels et même chez plu-
sieurs du miocène moyen , je suis disposé à conclure que
les fossiles du gisement de Saint-Gérand sont d'une date
géologique plus ancienne. Ainsi il paraîtrait probable que
(1) Certains rominants, tels que VHyamosckus, ont conservé jasqa'b Tcpo-
i|ac actaclle des caractères du type pachyderme; dans toutes les i^poques gi'o-
logiques, on rencontre de semblables exemples de genres dont la longévité a
été très- grande. Pour juger l'âge d'une faune, il fout considérer son ensemble
( t ne pas s'atudier seulement à quelques formes isolées.
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JANVIER. 43
ce gisement, tout en étant an peu supérieur à celui de
Ronzon, appartient encore àrétage miocène inférieur. Après
avoir regardé les pattes des ruminants, il me faudrait exa-*
miner les autres parties de leur squelette ; je devrais faire
de semblables recherches sur les différents animaux, et, si
elles fournissaient plusieurs remarques analogues aux pré-
cédentes, je parviendrais à fucer avec une certaine exactitude
r&ge du gisement. §
Comme on le voit, l'étade de révolution pourrait of-
frir des secours précieux pour la détermination des
couches de la terre.
Les Mémoires de la Société des Antiquaires de
l'Ouest contiennent une étude sur les voies romaines,
par M. de Longuemar. Cet archéologue constate que
leur mode de construction, loin d'être uniforme,
variait d'après la nature du sol et dépendait des maté-
riaux existant sur place. U est amené à parler de la
longueur de l'unité itinéraire adoptée par les Romains
pour mesurer les distances. Les colonnes milUaireSt
dans les Gaules, indiquent les distances en milles ro-
mains et en lieues gauloises. Le mille romain, mesuré
entre deux colonnes encore en place sur la voie Ap*
pienne, a été trouvé exactement égal à 1,481 mètres (la
lieue romaine étant d'un mille et demi avait, par suite,
2,221 mètres, 50 centimètres). La lieue gauloise était de
2,415 mètres, d'après les recherches de M. PistoIIet
de Saint-Ferjeux, confirmées par les investigations de
plusieurs antiquaires distingués. Ces données peuvent
être utilement appliquées à la Bolène qui traversait le
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14 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
Velay; les bornes milliaires retrouvées sur cette voie
indiquent les distances en mille romains , tandis que
la table de Peutinger les compte en lieues gauloi-
ses.
A ce propos, M. le Président appelle l'intérêt de la
Société sur une colonne railliaire appartenant à cette
voie et retrouvée au village de Fontanes. Peut-être se-
rait-il opportun de Tacquérir pour le Musée. M. Tabbé
Frugère, membre non résidant, présent à la séance,
promet de tenter des ouvertures en ce sens auprès du
propriétaire; s'il ne peut obtenir la cession de ce petit
monument, il s'engage à en faire, du moins, assurer la
conservation par rétablissement d'une croix. Une autre
colonne milliaire existe aussi près de la même voie, à
Beaune, canton de Craponne, où elle sert de piédestal à
une statue de la sainte Vierge. Mais notre confrère,
M. de Vinols, demande que, quoique n'occupant plus sa
place primitive, elle ne soit pas enlevée à cette localité,
^ où sa conservation est pleinement sauvegardée et dont
elle constitue le seul débris antique digne de l'atten-
tion des archéologues.
M. Tournai, de Narbonne, membre non résidant, fait
hommage à la Société d'un très-intéressant mémoire
sur les Tombemix chrétiens des premiers siècles en
Gaule, mémoire dans lequel il étudie les sujets de leurs
sculptures et les emblèmes dont ils sont ornés. Notre
savant confrère cite le fragment de sarcophage du Mu-
sée du Puy qui, suivant lui, offrirait Tapparilion de
l'Ange à saint Joseph et le mariage de la Vierge.
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MNVIEH. lo
CoaRESPONDAxcE. — M. le Préfet de la Haule-Loire
annonce qae M. le Minisire de Tagriculture et du com-
merce accorde une allocation de 1,000 francs à la So-
ciété pour le Concours d'animaux de boucherie qui
doit se tenir au Puy en 1870; les années précédentes,
la subvention n'avait été qae de 500 francs.
M. l'abbé Frugère écrit, une lettre relative aux
fouilles qu'il a dirigées, au nom de la Société , dans le
champ dit iVArmand, près du village de Vergonge,
commune de Saint-Jean-de-Nay. Deux autres sépultu-
res antiques ont été retrouvées ; elles n'ont rien fourni
de remarquable; quelques fragments de briques, tuiles
et poteries ont été recueillis, et, près de là, un anneau
moderne en argent, paraissant être du XV1« siècle.
MM. de Billy, Gruner et Lecoq; Desdevises du Dé-
zert, L. Gras, Louis Larlet, Lory, Marion, Morière,
Rames, de Saporta et Tournai, nommés, à la dernière
séance, membres honoraires ou non résidants, adressent
à la Compagnie des lettres de remerciements.
Personnel. — M. Aimé Giron, vice-secrétaire, pro-
pose la candidature de M. Victor de Laprade, de l'A-
cadémie française , au titre de membre honoraire.
L'illustre poète se rattache au Velay par l'origine de sa
famille, sortie de Saint-Didier-la-Séauve, et par son nom
qui lui vient d'un manoir possédé jadis par elle près de
Pontempeyral. Cette candidature, appuyée par M. Char-
les Calemard de la Fayette et le bureau entier ayant été
mise aux voix, obtient l'unanimité des suiïrages. En
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16 ni^StMÉ DKS SÉANCES.
coiisêquoiicc, M, do Lapiade esl proclamé membre
honoraire de la Société.
Archéologie. — M. Chassaing lit , sur la Danse des
Moris de la Cliaise-Dieu, la notice suivante exlrailc
de l'ouvrage de M. E.-II. Langlois (du Pont-de-rArche),
inlilulé : Essai historique sur les Danses des Morts
(I. II, p. 45oii lo8) :
Danse des Morts de la (luiise-Dieu.
Cotte Danse des Morts, peinture murale de la lia du
XV«» siècle, est maintenant la seule à peu près complète
qui subsiste en France. Elle se trouve en Auvergne , dans
l'église abbatiale de la Chaise-Dieu, fondée en 10 40. Ap-
lïliquée sur la face extérieure d'un mur construit entre les
piliers du chœur pour servir de clôture à ce dernier et
permettre d'y adosser les stalles, elle longe le bas-côté sep-
tentrional obscur et humide, ce qui a contribue aux dé-
gradations qu'elle a subies.
Toutefois, quoique assez détériorée pour que l'on dé-
chiil're difiicilement aujoui-d'hui les détails et les accessoires
des ligures, cette Danse parait avoir conservé intacts sa
disposition primitive et son caractère ; elle se développe à
deux mètres du sol, sur une très-grande longueur, mais
ne contourne point les piliers , comme paraît l'indiquer
M. Ach. Jubinal, dans sa description de cette peinture
(Paris, 18il, p. 15, note 1) : ceux-ci étaient occupés ijar
des tableaux diflérents , dont il ne reste que peu ou point
do traces, et qui, du reste, n'étaient (juc des épisodes de la
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J.VNYIER. 17
Danse ordinaire. Ainsi, l*on voit sur l'un le sujet du pré-
dicateur en chaire (comme à Baie, à 8trasl>ourg, etc.);
sur l'autre, un squelette qui décoche des traits sur un
groupe de personnages; enfin, sur un troisième, Adam
et Eve., entre lesquels est le Serpent, qui porte une tcHe de
mort. Ces sujets, non- seulement paraissent ne pas être de
la même main , mais encore ne pas appartenir à la mémo
époque; ils sont peints sur la pierre nue, tandis que
toute la Danse placée sur le mur est peinte sur une cou-
che d'enduit, de sorte qu'il est fort probable que la date
dn leur exécution est postérieure à celle de la Danse en-
tière.
Quant à celle-ci, elle est restée à l'état d'ébauche. Ce-
pendant toutes les premières figures furent primitivement
peintes et terminées avec soin; mais on les recouvrit plus
tard d'une nouvelle teinte, pour rendre toute la Danse
uniforme. Peut-être l'artiste vonlut-ii faire , dans le qua-
trième personnage, le portrait du Roi de France, car, en y
regardant attentivement , on aperçoit encore des fleurs de
lis sur son manteau. Les figures ont un mètre de hau-
teur, la majeure partie ne fut jamais ombrée ; il n'est abso-
lument resté qu'une silhouette, et les trois couleurs em-
ployées furent l'ocre rouge pour le fond uni , l'ocre jaune
pour le terrain , et une couleur de gris sale couvrant à la
fois les squelettes, les chairs et les draperies. Le dessin
au trait qui arrête maintenant les contours de cette pein-
ture a été inconsidérément ajouté, il y a peu d'années,
par un artiste contemporain , qui a pris à tâche de faire
un tracé à la pierre noire sur cotte ébauche , et qui doit
vivement se le reprocher , car ce trait nuit singulièrement
à la facilité de l'interprétation de l'idée primitive.
TOME XXXI. i?
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18 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
Cotte Danse serait cncorç complète, si Ton n'avait dé-
truit , au commencement de ce siècle , pour faire l'entrée
d'une chaire à prêcher, une petite partie de la muraille sur
laquelle elle est peinte et qui portait un personnage et
la Mort. Le cortège funèhre occupe l'espace de trois travées
comprises entre quatre piliei^s , et , comme l'indique la
partie moyenne de ma planche , c'est à Tune des extrémi-
tés de la travée intermédiaire que le mur a été percé et
que la lacune subsiste. La Danse devait, dans le principe ,
se composer de vingt-quatre personnages ,. et aujourd'hui
elle n'en compte plus que vingt-trois, qui sont, autant
qu'on peut les reconnaître :
Le Pape, l'Empereur, le Cardinal, le Roi, le Patriarche,
le Duc, l'Evéque, le Chevalier, l'Homme d*Eglise, le Bour-
geois ou le Bailli, la Ghanoinesse, le Marchand avec son
escarcelle, la Religieuse, le Sergent, la Vieille, l'Amoureux
avec de longues manches et des fleurs à la main , comme
dans la Danse Macabre, l'Avocat ou le Procureur avec
son encrier à la ceinture, le Ménétrier, l'Avocat, le La-
boureur, le Moine, l'Enfant et le Clerc.
Il règne un certain ordre hiérarchique dans la première
série de cette Danse, et par suite il est à croire que le per-
sonnage qui manque est celui de TEcuver.
Chaque personnage est accompagné de la Mort , et lous
ici semblent se tenir et former une chaîne. De même
que dans les Danses de ce genre, tantôt la Mort gambade ,
tantôt elle sourit à ses victimes. Elle se renverse à force
de rire avec la Vieille . elle se cache la tête derrière son
bras ou son linceul pour jouer avec la Religieuse et l'En-
fant, et elle est assez obligeante pour porter le cercueil du
Clerc, qui ne paraît guère disposé à la suivre.
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JANVIER. lu
Ce monument nu jamais porté de date ni d'inscriptions
cummémoratives ou morales. Mais au costume des per-
sonnages , il est facile de lui assigner la seconde moitié du
XV« siècle comme Tépoque de son exécution. Elle a été
plusieurs fois reproduite , mais sans description complète ,
d'abord sous forme d'un long rouleau colorié, par les soins
de M. Jubinal, d'après les dessins de M. Planbol; {min
elle a été lidèlement copiée dans VAncinmc Auvergne ei k.
Velatj, par M. Tudot, un des collaborateurs de cet ouvrage,
qui fait honneur aux presses de Moulins (1).
A six heures et demie, la séance est levée.
Le Secrétaire,
AuGDSTm CHASSAING.
(1) Etsù kiiiorique iur les DMêet des Morte, par E.-U. Langlois (do Pont
de l'Ârclie), publié par Andté PoUier et Alfred Bandry (Rouen, 1869, % vol.
avee planches), — t. II, p. 155 k 158, planche xlii.
CeUe planche est la réduction de la gravure publiée dans VAncieHue Au-
9frg»e ei le r^/oy.
Le baron Taylor a inséré quelques fragments de la peinture de la Cbaise-Dien
dans ses Voyagee aune Vaudenue France; le Moyen Age et ta Bennissonie
offre, à l'artido Costumée, une planche coloriée composée de six personnages,
nais sans les squelettes, tirés tons de cette Daose.
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SEANCE iMENSUELLE
DU LUNDI 7 FÉVRIER
SOMMA1BB
Lecture du pi-ucos-verbaU — Retraite de M. Denionts, iirêlet deU Manie-Loire ;
Je nou>eau préfet, M. le comte Léo de Saint- Poney. — Misiv : Don*
aux culleclioiis par M"* la baronne de Boxberg et M. Hector Palcon; à
la bibiiotlibque, par M. le préfet de TArdèrlie, au nom dn conseil général;
par M. Francisque Mandet ti M. Moriêre. — Ouvragbs reçus : Journal ie
l' Agriculture : Expérimentation et avantages du blé hybride Galland; Journal
ie la Société impériale et centrale d'horticulture de France : Pincement des
liges de la pomme de terre ; Journal d* Agriculture progressive : Supériorité,
au point de vue agricole, dn cbeval de race percheronne ; Bulletin de la so-
ciété impériale et centrale d'agriculture de France : Nourriture des che-
naux, à meilleur marché; Bulletin du comice agricole et de la Société de
riticuiture, lior tient ture et agriculture de Brionde : Exposition il Brioudc,
eu septembre 1800 ; Uéinoires de la Société littéraire de Lgon : Les jetons
de plomb des archevêques de Lyon; jetons et monnaies de quelques évc-
f|ucs du Puy. — GoinK5P0>D.ixcR : Lettres de M« Mac*Cjll sur rcn\oi
des Uémoirei de paléontologie ûu docteur Falroner; de M. le curé Frugèrp,
sur racquisilion de la borne milliaire du village de Fontanes; de M. Moi-
tilletli M. Ayniard, au sujet d'une collection d'anciennes œillères de mulet:!:.
— SciixcES uisTORiguBs : Communication par M. Lascombc : 1* d'une
ordonnance de M. le duc de Roquelaun*, commandant en chef de la pro-
>iHcedn Languedoc; 9« d'une lettre de M. de Châteauneuf, commandant du
Vivaraiset dn Yelay; a« d'une lettre de M. Rerard, avocat, grand-maftre des
chasseurs de St-Hubert du Puy. — SciBiices agricoles : Colisalion propqîée
par M. Béliben sur les membres correspondants de la Société. — PeRsojixtL :
.\uniinations de KLM. Charles Robert et Anatole de Uarthélemy au titre de
membres honoraires, et de M. Auguste Bos\ieux au titre de membre non-
réïidunt.
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FKVniRR. 21
Présitl<*nrp de M. de Brive.
Le procùs-verbal de la précédente séance est lu et
adopté.
M. le Président annonce que, depuis la dernière
séance, un fait notable s'est accompli dans la Haute-
Loire : M. Demonls, préfet, a élé remplacé par M. le
comte de Saint-Poney. M. le Président, se rendant Tin-
terprète des sentiments unanimes de la Compagnie,
rappelle l'intérêt que M. Demonts a constamment té-
moigné à notre institution, en assistant aux séances,
en prenant part à nos discussions, en appuyant les
demandes d'allocations de la Société auprès du 6ou-
yeraement et du Conseil général. Les bons souvenirs
de la longue et paternelle administration de M. De-
monts seront durables; l'estime et l'affection l'accompa-
gnent dans sa retraite. Suivant Fusage, il sera inscrit
parmi les membres honoraires de la Compagnie.
M. le Président exprime l'espoir que le nouveau
Préfet, placé à la tête du département, continuera les
traditions de bienveillance de ses prédécesseurs à l'é-
gard de la Société académique. M. le comte de Saint-
Poney n'est pas un étranger; il est notre compatriote et
notre confrère. L'an dernier, la Société lui a ouvert ses
rangs en l'admettant au nombre de ses membres
non-résidants. M. de Saint-Poney a inséré , dans le
XXIX' volume de nos Annales, une notice historique
sur Blesle et l'abbaye de Saint-Pierre de Blesie, œuvre
21 la fois de patriotisme éclairé et de rare érudition.
C'est un favorable augure de ses dispositions sympa-
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22 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
thiqiies pour la Société el la mission élevée h laquelle
elle se voue en poursuivant le développement des amé-
liomtions matérielles et Intel lecluelles du pays.
Dons au Musée. — M. Aymard offre : <<> au nom de
M«« la baronne de Boxbcrg, le moulage très-habile-
ment exécuté d'un vase en terre rouge dont le système
de décollation consiste en des chasses ou courses d'ani-
maux. L'original a été trouvé dans les environs de
Clermont et appartient au musée gallo-romain de Saint-
Gormain-en-Laye. M. Aymard fait remarquer l'analogie
des scènes figurées sur ce vase, avec celles des bas-
reliefs antiques découverts au Puy, dans les fouilles de
la cathédrale;
Et ^ au nom de M. Hector Falcon, l'un des conser*
valeurs du musée des dentelles, un cercle en fils de cui-
vre, dont les paysannes des environs du Mont-d*Or, en
Auvergne, se servent pour fixer sur leur tête la pièce
d'étoffe noire dont elles la couvrent; notre confrère,
M. Plantade, fait observer que cet objet de toilette vil-
lageoise porte le nom facétieux de serre-maliees,
DoNi A LA BIBLIOTHÈQUE. — M. Ic Préfet de l'Ar-
dèclie adresse, au nom du Conseil généi*ol de ce départe-
ment, par l'entremise de son collègue de la Haute-Loire,
deux exemplaires de la carte géologique et minéralogi-
que de l'Ardèche, avec mémoire explicatif, dont M. Le-
doux, ingénieur des mines, est Tauleur. Cette carte chro-
molilhographique est exécutée avec le plus grand soin,
et sera d'un puissant secours pour l'étude de la région
de la Hante-Loire avoisinant l'Ardèche. A l'occasion
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FBVniER. 23
de ce don, M. le Président exprime le vœu que la carte
rainéralogiqne de la Haute-Loire, dont M. Tournaire,
ingénieur en chef des mines, a été chargé et qu'il a
présentée en minute au Conseil général & sa dernière
session, soit livrée le plus promptement possible à la
publicité. Les départements de la Loire, du Puy-de-
Dôme et du Cantal possèdent déjà depuis longtemps
lem^s cartes géologiques dues à MM. Gruner, Henri
Lecoq et Baudin ; la Lozère va bientôt avoir la sienne,
confiée aux soins de M. Fabre, membre de la Société
géologique de Fi*ance. Le patriotisme de la Haute-Loire
est intéressé à ne pas retarder davantage la publication
d'un document si important et d'une utilité si géné-
rale.
M. Yinay, maire du Puy, demande que Tun des deux
exemplaires de la carte de TArdèche soit donné à la bi-
bliothèque publique de la ville du Puy. Cette proposition
est adoptée par la Société. M. le Secrétaire fait remar-
quer que la bibliothèque de la ville possède en double
certains ouvrages, comme VArt de vérifier les dates,
la Bibliothèque historique de la France, du P. Lelong,
etc., et qg'il serait également profitable à la bibliothë*
que de la ville et à celle de la Société de faire ainsi
quelques échanges. M. le Maire répond qu'il est tout
disposé à soumettre, en l'appuyant , cette proposition
au Conseil municipal.
M. Francisque Mandet, conseiller à la cour impériale
de Riom, membre non résidant, offre le rapport annuel
qu'il a récemment lu h la Société du musée de Riom,
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3i nKSfîMK DES SKXNOKS.
dont il est le Président. Gruce au 7^le actif et «éclairé de
notre savant confrère, cet établissement reçoit de ra-
pides accroissements, auxi]iiels la Société académique
du Puy est heureuse d'applaudir.
M. Moriëre, professeur à la Faculté des sciences de
Caen, membre non-résidant, fait hommage de plusieurs
notices agronomiques, géologiques et paléontologiqnes
qu'il a publiées.
La Société vote des remerciements aux divers dona-
teurs.
Ouvrages nEçus. — Le Journal de ïagriculinre ,
de M. Barrai, signale, dans la Sarlhe, un e.ssai d'expéri-
mentation du blé hybride Galland. Ce froment, quoique
semé dans des terres de moyenne qualité, sans aulre
engrais que le fumier de ferme, et bien que sa floraison
ertl été contrariée par les pluies, a donné un rende-
ment presque double de celui des autres fromenls; la
moyenne a été de quatorze à quinze pour un; en terre
d'élite, il produirait de dix-huit à vingt pour un. Cette
nouvelle variété est avantageuse, non-seulement au
point de vue d'un rendement trè.s-abondant en grains,
mais encore à celui de l'augmentation des engrais, à
cause de sa végétation luxuriante et de l'énorme quan
tité de paille qu'elle produit. Pour s'en rendre compte,
il suffît de savoir que chaque pied donne naissance à nn
bouquet de tiges variant de six à dix, et qui atteignent
une hauteur de 1 met. 80 c. à h met. 90 c.
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FRVUfKR. Ù'j
Le Journal de la Sociêlé impériale et centrale
d' horticulture de France rend compte d'exiiériences
sur le pincemenl des tiges de la pomme de terre ; les
résultats obtenus par ce procédé ne sont pas encore suf-
fisamment établis pour qu*on juge en dernier ressort de
son efficacité ; il serait désirable que quelques membres
de la Société en fissent eux-mêmes Texpérimentation.
Le Journal d'agriculture progressive constate la
supériorité, au point de vue agricole, du cheval de race
percheronne sur le cheval de race anglo-normande. Ce
dernier, beaucoup trop prôné, se distingue par Télé-
gance et la légèreté ; mais il reste trop délicat et demande,
pour bien s'entretenir, une nourriture recherchée et
abondante, en ne fournissant comparativement qu*iin
travail minime ; c'est un cheval de luxe, de courses ; non
point un cheval rustique. Le cheval percheron, au con-
traire, se montre propre h tous les usages ; il est à la
fois cheval de trait et cheval d'allures. N'eût-il sur le
cheval anglo-normand, à imlion égale d'entretien (re
qui n'existe pas, car il exige moins), que le simple
avantage de conduire une charrue étant deuxième, la
préférence devrait lui rester, puisque le premier, étant
beaucoup moins fort, demande, pour conduire la même
charrue, à être troisième. Au lieu de chercher dans le
croisement avec les chevaux anglais le moyen d'obtenir
de bons chevaux, il eftt mieux valu poursuivre l'amé-
lioration de nos races de pays par la race percheronne
qui reste le type véritable du cheval agricole, en appa-
reillant des animaux de différentes familles mais de
même rare, el en choîsissanl judicieusement les repro-
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26 ftÉSUMK DES SÉANCES.
(lucteurs doués, Tan et Tautre, de cerlains caractères;
et de certaines qualités que Ton veut conserver. Les
effets de la consanguinité ne sont pas à redouter, toutes
les fois que la famille appartient à une race constante.
Dans le Bulletin de la Société impériale et centrale
cVagriculture de France, M. Magne s'occupe de la
nourriture des chevaux et de la possibilité de remplacer
le foin et l'avoine par d'autres aliments moins coûteux
mais contenant les mêmes principes. En mélangeant les
aliments qui donnent le carbone à bon marché, mais Ta-
zote à un prix élevé, avec d'autres aliments qui donnent
au contraire l'azote à bas prix et le carbone plus cher,
on peut constituer des rations qui conviennent aux ani-
maux et coûtent moins que si elles étaient composées
d'un seul aliment. Ainsi, dit-il, un mélange de 3 kilo-
grammes de mais et de 4 kilogramme de sarrasin, ou de
\ kilogramme d'orge, ou de 1 kilogramme de seigle, re-
présente par sa composition 5 kilogrammes d'avoine el
coûterait, d'après les mercuriales de février dernier,
de 60 à 65 centimes, tandis que les 5 kilogi*ammes
d'avoine coûteraient un franc. De môme , 4 kilo-
grammes de maïs , 500 grammes de féveroUes et I
kilogramme de paille hachée représentent 6 kilo-
grammes d'avoine et coûteraient à peine 0 fr. 80 c;
2 kilogrammes de foin de luzerne et 8 kilogrammes de
maïs représentent t\ kilogrammes et demi d'avoine,
et coûteraient 4 fr. 38 c; tandis que l'avoine coûterait
2 fr. 40 c. On comprend toutefois qu'on ne saurait pro-
céder qu'avec de grands ménagements dans le change-
menl d'un régime alimenlaire consacré par une longue
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FRVniEB. 27
pratique. [I importe de distinguer entre le cas passager
d'une disette ou d*ane récolte insuffisante et le cas où le
changement apporté à la nourriture doit avoir une cer-
taine durée. En pareille matière, le point essentiel est
de maintenir les animaux en parfait état de.santé, et il
n'y a rien à faire qui ne soit auparavant parfaitement
expérimenté.
Le Bulletin du Comice agricole et de la Société de
viticulture, horticulture et agriculture de Brioude
rend compte de l'exposition tenue dans cette ville
en septembre dernier et qui a été très-remarquable. La
Société d'agriculture du Puy, en recevant de nos voi-
sins de Brioude ce premier bulletin, est heureuse de
souhaiter la bienvenue h une Société dont les efforis
tendent, dans sa région, au but que nous poursuivons
dans la nétre, et qui contribuera, par ses enseigne-
ments, on n'en peut douter, à entretenir l'émulation
agricole dans cette partie de la Haute-Loire.
Les Mémoires de la Société littéraire de Lyon ren-
ferment une notice sur les jetons de plomb des arche-
vêques de cette ville, par M. le comte de Soultrait.
Ces plombs portent presque tous au droit l'image de
saint PolUin, premier évéque de Lyon et patron du
diocèse ; et au revers, les armes et quelquefois le nom
des prélats qui, depuis le milieu du Xfll® siècle jus-
qu'au commencement du XV®, occupèrent le premier
siège ecclésiastique des Gaules. Dans la série de ces
plombs relatifs à quatorze archevêques qui siégèrent de
!2i6 à H\'ù, on remarque ceux de Guy d'Auverprne, dil
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iH UKSFMK DRR SKWCRS.
(le Boulogne (1340-1344). — Lef; év^.queR du Pny ne
paraisf^enl pas avoir frappé de semblables jetons. On no
connaît jusqu'ici que les deux jetons d'Antoine de Se-
nectère (156M592). En 1588, le chapitre de Notre-
Dame du Puy fit graver à son nom et pour son usage un
jeton par Pierre Mérigot, maître-graveur à Paris, dont
M. Albert Barre a recueilli la mention dans les regis-
tres de la Cour des Monnaies (Annuaire de la Sociélr
française de numismatique et d^ archéologie, année
1867, p. 176); ce jeton n'a pas été retrouvé. Ce
n'est point d'ailleurs le seul desideratum qu'offre
la série numismatique du Puy. Gaspard Chabron ,
dans sa précieuse Histoire de la maison de Poli'
gnac, dont la Société possède aujourd'hui une co-
pie, apprend que « par l'inventaire qui fut fait des
biens meubles de Guillaume de Chalencon, évéquc
du Puy , après son décez (k Monistrol-sur-Loire,
le 25 novembre 1443), il est porté qu'il fut trouvé
vingt-quatre petits coings qu'il avoit fait faire pour mar-
quer monnoie au nom du chapitre de son Eglise, sui-
vant la permission qu'il en avoit obtenue du roy »
(livre IX, p. 185). Voilà une monnaie du Puy dont
l'existence semble clairement attestée et qui est restée
inconnue. C'est, pour les amateurs qui recueillent avec
un soin louable les débris mis au jour par les fouilles
exécutées au Puy, un motif de tout ramasser pour être
.soumis à un examen attentif.
CoRnRSPONDANCE. — M"»« Mac-Call, de Londres, nièce
de l'illustre et regretté docteur Falconer, en réponse à
une demande faite par M. le Secrétaire, annonce le
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FÉVHIliK. 29
prochain envoi, à la Société, des Mémoires de paléon-
tologie, dont ce savant si éminent est l'auteur.
M. Tabbé Frugère, membre nou-résidaut, écrit gu'ii
a recherché remplacement précis où se trouvait, avaul
ces dernières années, la colonne milliaire aujour-
d'hui dans le village de Fonlanes ; cette pierre était
primitivement debout dans le champ du sieur Va-
liorgue, à l'intersection de la Bolène et du chemin de
Sanssac; on y remarque encore des restes de maçonnerie
paraissant lui avoir servi de piédestal. Notre confrère a
proposé au propriétaire de cette borne milliaire de la
céder au Musée; après en avoir demandé un prix exorbi-
tant, ce dernier a fmi par consentir à l'échanger contre
une pierre équivalente; avant peu, notre zélé confrère
fera transporter au Musée la borne itinéraire de Fon-
tanes.
M. Aymard donne lecture de l'extrait suivant d'une
lettre qu'il a reçue de M. Mortillel, conservateur-ad-
joint au musée de Saint-Germain, au sujet de la col-
lection d'anciennes œillères de mulets , que notre zélé
collègue a créée :
'Z5 janvier 18*0.
MONSllîUR ET CHBR GuLLÈUUK,
Je vous reiuorcie beaucoup des iiuéreî>i>imts dessins
d'œiiières de mulets que vous nous avez adressés. Ce:»
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30 nÉSDMÈ DES SÊANCt:S. •
œillères ont des ancêtres qui remontent aux temps les
plus reculés. Vous les avez, en véritable archéologue,
reconnues dans le dessin que j'ai donné de l'Ubien Al-
banus. La pierre tombale de G. Ronianius, cavalier dans
Vala novicortim, offre aussi un cheval orné de diverscM
plaques métalliques. A l'époque du bronze, on trouve
aussi de grands disques on bronze qui, certainement, sont
(les pièces de harnachement. Nous on possédons plu-
sieurs au musée de Saint- Germain. C'est pour cela ([ue
nous tenions beaucoup à avoir des disques en cuivre
portés par les mulets du midi de la France. Heureuse-
ment j'ai pu en recueillir plusieurs, cet automne, dans*un
voyage d'exploration que j'ai fait dans TAvoyron. Gomme
les vôtres, ils portent des devises ou légendes, mais
l»tts de dates. Ils ont aussi des ornements d*un style
fort ancien : *
Contentement passe richesse :
Vive l'amour sans tnstesse,
Cliélivc est la maison où la povle chante et le cwj se tait.
J'aime le lis, jaimc la 7vse,
J'aime V honneur sur toute chose.
Sciences historiques. — M. Lascombe communique
à la Sociélé : i^ une ordonnance de M. le duc de llo-
quelaure, lîeutenanl*gcnôral des armées du roi, com-
mandant en chef de la province de Languedoc, qui
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KKVlUEn. 31
prescrit au commandant des compagnies du régiment
des dragons de Beaucaire, en garnison au Puy, .de
fournir au collecteur de ladite ville les dragons k
pied qu'il lui demandera pour y aider le recou-
vrement desiimpositions, et y agir contre les redevables
qui leur seront indiqués {l®"^ février 1723) ; 2«une lettre
de M. de Châteauneuf à M. Richiou, premier consul du
Puy, par laquelle il remercie les consuls de leurs féli-
citations à l'occasion de sa nomination comme com-
mandant du Vivarais et du Veluy (46 septembre ^43) ;
et a»' une lettre de M. Berard, avocat, au nom des
chasseurs de Saint Hubert du Puy dont il était le
grand-mattre, annonçant le prochain départ d'un déta-
chement des tireurs les plus habiles pour donner
la chasse à la fameuse béte du Gévaudan (sans adresse
ni date, mais de 4764 environ).
Sciences agricoles. — L'ordre du jour étant épuisé,
M. Béliben obtient la parole pour une proposition. Il
en profite pour remercier la Société d'avoir bien voulu
lui conserver le titre de membre résidant pendant plus
de cinq ans qu'il a passés dans la Lozère, où il a exercé
les fonctions d'inspecteur d'académie. Pendant cette
longue absence, il n*a pas oublié les bons procédés et
les services réels qu'il a reçus de ses honorables collè-
gues et qui lui ont rendu agréable et facile la tâche
de secrétaire qu'il a remplie pendant huit années
consécutives. Ce grade lui a valu, de la part de la
Société d'agriculture de Monde, que des liens étroits
unissent à la nôtre, un excellent accueil et même des
honneurs académiques.
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•J2 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
11 a leinaniuc que la Sociélé de la Lozère Irouvail
lies ressources considérables dans la cotisation de tous
SCS membres, dans celle môme des membres corres-
pondants qui ont , par an , une minime somme de
cinq francs à verser; ce qui n*empéche pasflue le litre
(le membre correspondant ne soit très-recherché par
les cultivateurs aisés de la Lozère.
M. Béliben propose, en conséquence, à l'imitation
de ce qui se fiiit à Mcnde, d'imposer une cotisation de
cinq francs à tout membre correspondant de notre So-
ciélé. Il pense que celle mesure ne fera qu'ajouter de
rimportance au titre de membre correspondant; que ce
litre sera demandé avec empressement par nos cultiva-
teurs qui, en si grand nombre, doivent une grande partie
de leur bien-ôli*e présent aux constants elTorfs de la
Sociélé et à Timpulsion si féconde qu'elle a imprimée
aux progrès de l'agriculture, progrès si marqués dans
la Haute Loire.
Après quelques observations judicieuses présentées
par M. Cil. de la Fayette, la Société renvoie la pro-
position de M. Béliben au Conseil d'administration.
M. le Président remercie MM. Béliben et Lascombe
des intéressantes communications qu'ils viennent de
fture.
Personnel. — M. le Secrétaire propose les candida-
tures, au titre de membres honoraires, de M. Charles
Hubert, intendant général inspecteur, correspondant de
rinstitut (académie des inscriptions et belles-lettres).
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FÉVRIER. 3;J
et de M. Anatole de Barthélémy, de l'école des Char-
tes, ancien président de la Société des Antiquaires de
France et Tun des administrateurs du Musée gallo-ro-
main de Saint-Germain ; cette proposition est appuyée
par MM. Vinay, maire du Puy, et Aymard, vice-pré-
sident.
L'admission de MM. Robert et de Barthélémy, comme
membres honoraires de la Société, est prononcée à
Tunanimité.
M. le Secrétaire propose également la candidature,
au titre de membre non-résidant, de M. Auguste Bos-
vieux, ancien élève de Técole des Chartes, juge au
tribunal civil de Schelestadt, qui fait hommage à la
Société de trois publications intitulées : 1o Wie de saint
Geoffroy, né en Limousin au XP siècle (in-8o, Guéret,
4858); 2^ le Château des Monneyroux à Guéret (in-8®,
sans date, planche) ; o« Rapport sur les Archives dé-
partementales de la Creuse {in-8*», Guéret, 48651). Celte
candidature, appuyée par M. le Président et M. le Vice-
Président, est mise aux voix et adoptée à Tunanimité.
En conséquence, M. Bosvieux est admis dans la So-
ciété au titre de membre non-résidant.
A six heures, la séance est levée.
Le Secrétaire,
Augustin CHASSA ING.
TOMK XXXI.
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SÉANCE MENSUELLE
DU LUNDI 7 MARS
80MMA1HB
Lecture da procbs verbal. — Mus^k : Dons par M"« de Boxberg, M. Fabre,
de ClermoDt-Ferrand, MM. Gastive Richond et Laseombe. — Ac(|uisiiions
d'une arbalète Louis XIV» par M. Yinay, maire du Pay; par M. de Bri\o,
président, du tombeau de saint Sculaire, second évèqne du Pny. — De^
mande, par M. de Yinols, do classement déflnitir des antiquités lapidaires
du Musée. — Outrages RftCv» t Manuel du petit éleveur de poulains dans
le Perche, très-utile en ee que le cbev4l percheron est celui que la Société
préconise dans le département de la Haute-Loire; le Bulletin de la Société
d'émulation de l'Allier, fouilles de la Grotte des Fées de Châtelperron; —
Lexique patois; T(rn émis par M. de Brive, qu'on lexique du même genre
fdt exécuté dans la Hante-Loire; le Bulletin de la Société d'agriculture de
la Lozère, les Billets de confiance en 179:^; fabrication de^ces billets au
I^uy, pour la Haute-Loire et les départements voisins ; programme du Con-
grès des Sociétés savantes , sous la présidence de M. Ch.'^Calemard de la
Fayette. — Sgiincbs nisToaiQuis : Ex-voto à Notre-Dame du Pay , aux
armes de la maison de Balzac d*Entragues et de la maison de Gravide. —
RéoiME icoNOMiguB : Enquête parlementaire; commission nommée afin de
recueillir les éléments des réponses pour la Hante-Loire. — Industru kt
CoMMBRCB : Rapport de M. Chevallier-Balme sur le projet de loi relatif
aux dessins et modèles de fabrique de dentelles; délibération, an sujet de
cette loi, de la chambre syndicale des dentelles de Pari^, présidée par
M. Charles Robert-Faure , du Pay. — Agriculturb : Eiude de M. le
marquis do Châteaunenf sur Tutilité d'une exposition permanente de machi-
nes et instruments agricoles. Commission nommée dans le but do mettre
en pratique les théories de M. de Châteauneuf. — Personnel : Remercie-
ments à la Société de M. Anatole de Barthélémy et de M. Victor de La ■
prade, de rAcadémie française. Lettre de M. Vicier de Lapradc.
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MAHS. 3o
Présidence de M. de Brive.
Le procès-verbal de la dernière séance est lu el
adopté.
Dons kv Musée. — M. Félix Robert présente, au
nom de M'^*" de Boxberg, une collection variée de
concrétions calcaires provenant des terrains tertiaires
du département de Loir-et-Cher et affectant la forme
de figues, poires et autres fruits. Notre confrère saisit
cette occasion de faire ressortir le nombre et l'im-
portance toujours croissants des dons que le Musée du
Puy reçoit de sa généreuse et zélée bienfaitrice.
M. Aymai'd ofTre : <• encore au nom. de M'^ de Box-
berg, plusieurs objets antiques provenant de fouilles opé-
rées en Vendée par M. Tabbé Bandry, dans des puits
funéraires ; %• de la part de M. Fabre, peintre-verrier
el antiquaire k Clermont-Ferrand, une série de mou-
lages des armes et instruments de Tépoque du bronze
qu'il a principalement recueillis en Auvergne et qu'il
possède dans sa riche collection ; et S« au nom de
M. Gustave Richond, avocat, un vase et des fragments
céramiques ayant fait partie d'une sépulture par inci-
nération, découverte & Sanssac-l'Église, près le Puy ;
au milieu de ces débris se trouvait un objet en fer
ayant Tapparence d'un ciseau, el dont la forme se rap-
proche beaucoup des ciseaux de l'époque du bronze.
M. Lascombc fuit don d'un livre de prières imprimé
à Mexico en 1820.
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36 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
La Société vote des remerctments aux donateurs.
M. le Président appelle l'atlention de la Compagnie
sur une belle arbalète de Tépoque de Louis XIV, que
M. Vinay, maire du Puy, a achetée pour le Musée, et
qui enrichira notre collection d'armes anciennes.
M. le Président annonce à la Société qu'il vient de
conclure une acquisition dont la pensée remonte à la
présidence de notre savant et très-rçgretté collègue
M. Bertrand de Doue, et qui, depuis trente ans, avait
été, à plusieurs reprises, toujours infructueusement
tentée ; il s*agit du tombeau qui porte, inscrit snr Tune
lie ses faces latérales, le nom de ^int Scutairc, second
évêque du Puy, Ce monument funéraire de Tépoque
romaine et primitivement affecté à la sépulture d*un
païen, reçut plus tard les précieux restes des sept pre-
miers évéques du Puy ; jusqu'à la Révolution, il avait
servi de maltre-autel dans Véglise paroissiale et collé-
giale de Saint- Vosi, au Puy; à la destruction de cette
église, il fut transporté dans le clos Langlade qui, de-
puis quelques années, appartient à M. Rogues-Markland,
marchand de dentelles. Une circonstance fortuite, ayant
mis M. le Président en rapport avec M. Rognes, lui a
permis de reprendre les négociations maintes fois en-
tamées, notamment sous l'administration de M. Vinay,
et M. le Président a eu le^bonlieur de les mener à
bonne fin. Les conditions du marché sont soumises à
Tapprobation de M. le Maire et du Conseil municipal.
M. Vinay et son administration ont donné assez sou-
vent la preuve de l'intérêt éclairé qu'ils portent au
MusOe pour que la Société soit assurée d'avance do
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MAHS. M
leur empressemenl à le doter d'un roonumeiit au-
quel se lient nos plus anciennes, nos plus vénérables
traditions historiques et religieuses.
M. de VJnols remercie M. le Président, au nom de
la Société entière, du signalé seiTice qu'il vient de
rendre au Musée, en concluant une acquisition si pré*
cieuse et depuis si longtemps désirée. « C'est, gr&ce à
« son habileté à saisir l'occasion opportune et à sa
« promptitude à aller droit au but, dit notre con-
« frère, que M. de Brive a pu atteindre ce trës-heu-
« reux résultat, qui marquera d'un nouveau fleuron sa
« deuxième présidence. » M. de Vlnols profite de cette
circonstance pour exprimer le souhait que les antiquités
lapidaires du Musée soient promptement et scientifique-
ment classées dans un ordre définitif. M. le Conserva-
teur, qui a recueilli ces débris avec un zèle bien connu,
au fur et à mesure de leur découverte , peut seul ac-
complir cette tâche ; cette collection ne prendra réelle-
ment toute sa valeur archéologique et tout son intérêt
pour le public, que par ce classement.
M. Âymard promet de s'en occuper très-incessam*
ment.
Ouvrages reçus. — M. Huzard, membre de la Société
centrale d'agriculture de France, adresse un Manuel
du petit éleveur de poulains dans le Percht, dont il
est Tauteur. Ce petit traité (4}, sous une forme simple.
(1) Un volamc in-l3, Pdrisj imprimerie et librairie d*agriculture de madame
vcnve Bonchard-Hozarti, rue de l'^^pcron, 6.
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38 RÉSUMÉ DRS SÉANCES.
contient d'excellents conBeils pratiques sur le choix
à faire des poulinières et des étalons, etsnr les soins
à donner au\ jeunes poulains. îl se recommande d'au-
tant plus k l'attention sympathique des agriculteurs de
la Uaute-Loire, que le cheval percheron est, on le sait,
celui que la Société a toujours préconisé comme con-
venant le mieux à notre contrée par l'ensemble de
ses qualités, ses aptitudes variées et la facilité de son
entretien.
Le Bulletin de la Société (Vémtdation de V Allier
contient un compte-rendu très-intéressant des fouilles
pratiquées par M. Bailleau , dans la Grotte des Fées
de Châtelperron. C'est l'une des stations humaines le
plus anciennement habitées : la présence de Thomme
s'y trouve associée avec celle de YurstM spelmus
et du mammoxUh, animaux les plus anciens de l'épo-
que quaternaire. La caverne explorée a été pendant
longtemps habitée, à en juger par les débris divers des
faunes dont l'homme a fait sa nourriture ; on y ren^
contre trois époques successives marquées : 1*» par des
animaux disparus du globe, uvsus spelœus, mammouth
(elephas primigenius), etc. ; 2« par des animaux émi-
grés, renne, chamois, etc. ; S'* par des animaux habi-
tant encore la contrée, bœuf, cheval, etc. M. Bailleau
n'a découvert, avec les ossements fossiles de ces diffé-
rentes espèces, aucun ossement d'oiseaux ou de pois-
sons, ni aucune espèce de coquillages; il n'a point
louve non plus d'ossements humains entiers ou brises,
d'où il conclut que l'habitant de la Grotte des Fées n'é-
tait pas anthropophage. Les ossements d'animaux sont
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MARS. 3§
les uns enliers, les autres brisés et rongés, d'autres
sont brisés et roulés. Les ossements sont tous cassés de
la même manière. M. Bailleau explique la présence
des os roulés dans la caverne et celle d'un limon rou-
geâtre qui les ensevelissait , par Taclion d'inondations
répétées, et plus probablement par le voisinage d'un
glacier contemporain. Parmi, ces divers débris ont été
retirées des quantités considérables de silex, éclats,
nuclei et instruments entiers, ainsi que plusieurs objets
en os ou en ivoire travaillé, tels que pointes de flèches,
deux dents, Tune de cerf, l'autre de renard, percées et
ayant servi de grains de collier, etc. Le lieu d'où
les habitants de la GroUe des Fées tiraient le silex qui
leur servait à fabriquer leurs outils » couteaux,
pointes et flèches, a été reti*ouvé par M. Bailleau, à
Tilly, commune de Saligny, où existe un affleurement
de silex d'eau douce en roches.
Le même recueil contient un lexique patois du can*
ton d'Escurolles, par M. Victor Texier. M. le Président
rappelle que la Haute- Loire n'a été encore l'objet
d'aucun travail de ce genre , moins heureuse que la
Loire et le Puy-de-Dôme qui doivent & nos confrères
MM. Pierre Gras et Francisque Mège, le Dictionnaire
du patois forézien et les Souvenirs de la langue d* Au-
vergne.
Le Bulletin de la Société d'agriculture de la Lo-^
zh-e publie une notice sur les billets de confiance émis
en 1792 par les communes de ce département. Les or^
cliives municipales du Puy possèdent un document of-
ficiel ayant trait à la fabrication de ces billets ; c'est un
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40 KKSUMK liES SÉANCES.
procès-verbal dressé le 7 novembre 479^ par les ofli-
ciers municipaux de la ville du Puy, pour constater une
visite domiciliaire chez Lacombe, directeur de Timpri-
merie dite de la Société typographique, dans le but de
rechercher les planches servant à Timpression des
billets de confiance et de les faire briser soils leurs
yeux. Les communes, dont les billets s'imprimaient chez
Lacombe, étaient : Rrioude, Grandrieu, Pradelles, le
Monastier, Laivgogne, la Chaise-Dieu, Chdteauneiif,
AurouT, Saint- Jean-Lafouilhouze, Pierre fiche, Arzenc,
Saini-Geneys , Saint-Bonnet, Saint -Sauveur, Saint-
Symphorien, Saint-Paulien, Saint-Flour-de-Mercoire,
Fontaiines, Bannas (Bannassac?), le Sellier-de-Luc et
Saint-Paul-le-Froid. Défense fut finie à Timprimeur
d'imprimer à l'avenir aucun billet de confiance d'au-
cuns départements sans, au préalable, être nanti d'une
délibération des Conseils généraux des communes, visée
par les directoires des administrations départementales.
M. Charles de la Fayelte offre à la Société le pro-
gramme des questions qui doivent être traitées par les
diverses sections du Congrès des Sociétés savantes,
dont la session doit s'ouvrir k Paris, sous la présidence
de noire confrère, le o avril prochain.
Sciences historiques. — M. Louis Balme, dans un
n'^cent voyage à Paris, a visité le riche cabinet de
M. Bancel où lui avait été signalée l'existence d'un an-
cien tableau donné en ex-voto à Notre-Dame du Puy.
Ce tableau est l'œuvi-e d'un des meilleurs peintres do
l'école française primitive, Simon Marmier, de Valen-
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MAHS. 41
ciennes. Il représcnle la sainte Vierge, porlanl Tenfiml
Jésus an bras; de chaque côté sont distribués vingt
pei-sonnages agenouillés ou debout, dansTallitude de la
prière, neuf à gauche, onze à droite. A gauche, sont fi-
gurées les armes de la maison de Balzac d'Entragues :
d'azur à trois sautoirs d'argent, au chef d'or à trois
sautoirs d'azur; à droite, le blason de la maison de
Graville : de gueules à trois fermoirs d'or. Cet ear-
toto, probablement, a été une offrande collective de ces
deux maisons alliées entre elles par le mariage d'un
Graville, seigneur de Marcoussis, avec Marie de Balzac,
soeur de Robert de Balzac, seigneur d*Entragues, au
XV* siècle. M. Bancel a bien voulu promettre à
M. Balme une photographie de ce précieux tableau.
RÉGIME ÉCONOMIQUE. — M. lo Président douno lec-
ture d'une circulaire adressée à la Société par la Com-
mission de Tenquéte parlementaire sur le régime écono-
mique. Un questionnaire très-élcndu suivra bientôt. La
Société nomme une commission composée do MM. Al-
bert de Brive, Chevallier-Balme, Chouvon, Lacombe-
Tharin et Langlois pour entrer en rapport avec les
chefs des diverses industries et recueillir les éléments
des réponses qui devront être faites pour la Haule-
F.oire.
[rvDusTRiE ET COMMERCE. -— M. Clievallier-Balme,
membre résidant, expose que, dans la séance du 6 dé-
cembre dernier, il a fait hommage ii la Société d'une
brochure qu'il a publiée sur le projet de loi relatif aux
dessin.<( et modèles de fabrique, et que, dan.** sa solli-
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H KÉSCMK DKS SEANCES.
citude poor l'indoslrie denlellière de notre départe-
menl, la Société l'avait chargé de lai fournir un rap-
port analytique sur ladite brochure.
M. Chevallier^Balme répond aujourd'hui au désir de
la Société en donnant lecture de ce rapport qui, outre
l'historique de la législation sur la propriété des dessins
et modèles de fabrique, contient, au sujet du projet de
loi, des considérations faisant ressortir la graye atteinte
qu'apporterait à l'industrie dentellière l'application des
art. 2, 3 (| 4«) et 6.
En résumé, au nom des intérêts généraux de cette in-
dustrie et de toutes celles qui se rattachent à la nou-
veauté on général, broderie, passementerie, tulles, etc.,
M. Cheyallier-Balme demande :
i'' Que la quotité des taxes à percevoir pour frais de
garde et de conservation des dessins de dentelles, soit
arbitrée par les tribunaux de commerce, conformément
h l'esprit de la loi du 48 mars 4806;
2» Que la durée du secret soit égale à celle du temps
poi|r lequel le fabricant a voulu se réserver le droit
d'exploitation exclusive ;
3"" Enfin, que les fabricants de dentelles soient af-
franchis des formalités indiquées dans Tart. 6 et de la
déchéance prononcée par l'art. 4 4 .
M. Chevallier expose qu'il est en conformité d'opinion
avec un honorable fabricant de Mirecourl, M. Fourrier-
Aubry, membre delà chambre de commerce des Vosges,
qui, depuis lors, a publié aussi un mémoire sur cette
importante question.
Les idées émises par ces deux industriels ont, du
reste, été l'objet d'une adhésion complète de la part de
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MARS. 43
la chambre syndicale des dentelles de Paris, présidée
par notre honorable confrère, membre non-résidant
de la Société, M. Ch. RobertFaure.
Voici le texte même de celte délibération :
GHAMBRR SYNDICALB DBS DBNTELLES , TULLES ET BRODERIES
DE PAniS.
Séance du 7 février 1870.
M, Robert-Faure, président, donne lecture du rapport
suivant, au nom de la Commission nommée par la Cham-
bre :
• Messieurs,
« Dans la séance du 6 décembre 1869, vous avez nom-
mé une Commission composée de six membres pour étu-
dier un jyrojet de loi sur Us dessins et modèles de fabrique^
dont M. le Ministre de l'agriculture et du commerce a bien
voulu donner connaissance à notre Cbam])re syndicale.
< Cette Commission 8*est réunie et a fait l'honneur à
votre président de le nommer son rapporteur.
f Je viens donc , Messieurs , en celte qualité, vous sou-
mettre le résultat du travail de votre Commission.
<t Ce travail, nous devons le dire, nous a été d'autant
plus facile , que deux de nos collègues des départements
(MM. Fourrier- Aubry, de Mirecourt, et Chevallier-Ralme,
du Puy) ont hlea voulu nous communiquer chacun leurs
propres études fur ce projet de loi.
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44 KKSUMK DKS SKANGËS.
K Nous .sommes heureux, en les remerciant, île vous
(lire, Messieurs, qu'il eût été difficile de mieux étudier ce
projet et que nous avons adopté presque toutes leurs con-
clusions, qu'il étaii impossible de mieux formuler. »
Après l'exposé des vingt-trois articles du projet de loi ,
que le défaut d'espace nous empOche de reproduire, ainsi
que les observations présentées pour chacun d'eux, au
nom de la Commission, M. le Président termine son rap-
port dans les termes suivants :
Hésumé.
« Gomme vous avez pu en juger par les diverses obser-
vations qui ont été faites, au cours de cette étude, sur le
projet de loi qui nous a été soumis , ce projet touche à de
graves et nombreux intérêts, puisqu'il embrasse une foule
d'industries, et notamment celles des dentelles, des tulles,
de la broderie et de toutes les industries textiles, fil, laine,
, coton, soie, purs ou mélangés, brochés, façonnés, etc., etc.
« C'est donc avec la plus grande circonspection et une
non moins grande réserve, que l'on doit se prononcer dans
les avis et les observations à présenter. Toutefois, et pour
notre part, après un sérieux examen, une étude conscien-
cieuse et une complète abnégation, animés du seul désir
d'être utiles aux industries que nous représentons, en ga-
rantissant les droits et les intérêts de tous, nous nous
sommes associés complètement aux idées si nobles et si dé-
sintéressées de nos honorables confrères, MM. Fourrier-
Aubry et Chevallier-Balme.
« Ainsi que l'un d'eux l'a dit si judicieusement :
« L'opinion publique et l'esprit de notre époque repous-
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MARS. io
« sent les obstacles qui paralysent le développement de no-
a tre commerce, tels que les monopoles, les propriétés de
a dessins ou de modèles indéfinies ou éternelles. »
a Gomme lui, ot c'est notre pensée intime, nous sommes
out disposés à entrer dans cette voie de louable progrès ,
afin d'impliquer à cette nouvelle loi son caractère le plus
libéral, tout en la maintenant dans los limites d'une sage
prudence.
« En conséquence, nuu.s formons le vœu :
1° Que la période de pro^ riété soit fixée à dix ans ;
*2° Que la connaissance des infractions qu'impli([ue la
nouvelle loi soit dévolue, uniquement, à la juridiction des
tribunaux de commerce, laissant les faits délictueux de
fraude à l'appréciation de la juridiction correctionnelle.
« Toutefois, nous ne saurions trop nous élever contre les
imprudentes modifications qu'indique le projet, c'est-à-dire
l'exagération des taxes et l'obligation immédiate do la pu-
blicité.
« Nous avons suffisamment démontré tous les effets dé-
plorables qu'elles amèneraient, eans présenter aucun avan-
tage sérieux.
« Nous e.spérons donc qu'il nous aura suffi de les signa-
ler pour que nos observations et conclusions soient appré-
ciées et prises en considération dans une nouvelle rédac-
tion de ce projet de loi. »
Ce rapport a été adopté à l'unanimité, et la Chambre a
prié son Président de le faire parvenir à 8. Exe. le Ministre
de l'agriculture et du commerce.
M. le Président remercie, au nom de la Société,
M. Chevallier- Balme de son intéressante communication.
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46 KÉSUMÉ DES SÉANCES.
Agrigultuae. — m. de GhàlcauDenf donne lecture
d'au travail snr Tatilité d'nne exposition permanente de
machines et instruments agricoles pour la diiïusion,
parmi les agriculteurs, des inventions et perfectionne-
ments de Toulillage et du matériel spéciaux h Tagricul-
tare. La Société nomme nne commission composée de
MM. de Brive, de Châteauneuf, Chouvon, C. de la
Fayette, Félix Robert et de Vinols, à l'efifet d'étudier
les mesures à prendre pour la réalisation pratique des
idées théoriques conçues par notre confrère.
Persoivnel. — MM. Victor de Laprade, de l'Aca-
démie française, et Anatole de Barthélémy, nommés
récemment membres honoraires, adressent leurs le-
mercîments à la Société. Nous nous faisons un devoir
et un plaisir de reproduire la lettre de M. Victor de
Laprade :
Lyon, le 14 février 1870.
Monsieur le Segrétâirb,
Je m'adresse à vous pour faire parvenir à la Société
d'agriculture, sciences, arts et commerce du Puy, l'ex-
pression de ma reconnaissance pour l'honneur qu'elle a
bien voulu me faire en m'attachant à elle. Ce sont de
nouveaux liens d'aifection avec un pays qui m'était dojà
cher par mes souvenirs do famille. Je serai heureux do
les resserrer encore, toutes les fois que j'en trouverai
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MARS. i7
l'occasion. Je n'ai pu encore envoyer à la Société que
deux de mes livres ; j'espère que tous les autres obtien-
dront aussi une place dans sa bibliothèque et je ne tarde-
rai pas à les lui offrir. /
Veuillez agréer, Monsieur le Secrétaire, l'expression
de lous mes sentiments les plus distingués et de ma
confraternité dévouée.
Victor de LAPRADE.
L*ordre da jour étant épuisé, la séance est levée à
cinq heures el demie.
Le Secrétaire,,
Augustin CHASSAING.
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SEANCE MENSUELLE
DU LUNDI i AVBIL
SOMMAIRE
Lecture du procès-verbal. — M. de Saint-Poney, pn-fct de la H;iutc-Loire,
membre de la Société d'agriculture. Communication des délibérations du
Conseil municipal du Paj : 1« acquisition du tombeau de iaint Scuiairty
deuxième évêque du Puy; 9* cession ii l'administration municipale des
écoles industrielles de la ^ille du Puy. — Ouvmages rbços : Le Bulletin
agricole dn Puy-de-Dôme : Concours d'animaux gras flxé k la fin du caiêroe;
le Journal d'agriculture : La pomme de terre Marceau ; Annales de la So-
ciété d'agriculture, scienceSf arts et commerce du Puy : Publication du
XXX* volume. — Corrispondancb : Lettre de démission de M. de Morgues;
kttre de remerciement de M. Cb. Robert, correspondant de l'Institut; lettre
de M. Yinay, maire du Pny, otTrant trois médailles impériales au Musée et
proposant, pour la bibliotbcque de la Société, l'acquisition de l'Histoire de
France d'Henri Martin ; lettre du député M. le marquis de Latour-Mau-
bourg, annonçant l'allocation annuelle accordée au concours de Fay*le-Froid;
il cet efTet, comnfunication d'ui:e décision du Conseil d'administration, mobili-
.'ant le concours promis, cette année, au Monastier; lettre de M. le Mi-
nistre de l'Agriculture et du Commerce, annonçant une allocation de 1,000 (r.
au concours d'animaux de boucberie au Puy; lettre de M. le Préfet, sollici-
tant un rapport immédiat sur l'état des semailles de printemps; projet d'ar-
quisiiion d'une nouvelle carte des Gaules ; prochain Concours régional et
Congrès k Valence; lettre pastorale, pour le carême, de Mgr Le Breton^
ctèquo du Puy. — Oidrb du jour : Mesures discutées par le Conseil d'ad-
ministration et présentées ii l'approbation de la Société. — Rapport de
M. Joies de Vinols sur an projet de propagande d'instruments agricoles per-
fectionnés. — Collation de la copie du manu6«rit de Cbabron.
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AVRIL, 4^
Présidence de M. deBrive.
M. le comle Léo de Saint- Poney, préfet du départe-
ment de la Uaule-Loire et membre de la Société d'a-
griculture, est invité à prendre place au bureau.
Le Procès-verbal de la dernière séance est lu et
adopté.
M. le Président est Tinlerprète des sentiments de la
Société en souhaitant, en quelques paroles chaleu-
reuses, à M. le comte Léo de Sainl-Poncy la bienve-
nue dans le département de la Haute- Loire.
M. de Saint-Poney répond qu'il est touché des mar-
ques de sympathie qui l'ont déjà accueilli et dans le
département de la Haute-Loi le et dans le sein de la
Société d'agriculture; qu'à double litre il vient prendre
place au milieu de nous ; qu'il sera fier, comme mem-
bre de la Société, de s'associer dans les limites de ses
occupations et de ses éludes aux nombreux et sérieux
travaux qui nous occupent, et heureux, comme admi-
nistrateur du département, d'encourager nos eiïorts et
de nous aider en toutes circonstances de son concours
le plus dévoué.
M. le Président communique à la Société deux déli-
bérations récentes du Conseil municipal du Puy : 4« en
échange de deux emplacements au cimetière du Nord,
lui a été enfin cédé le sarcophage romain où le deu-
xième évoque du Puy, SciUaire, fut enseveli, sarco-
phage dont la Société, depuis si longtemps, avait désiré
et tenté l'acquisilion. M. Aymard, conservateur des
TOMK XXXI. i
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50 RÉSUME DES SÉANCES.
colleclioQS archéologiques da Musée est chargé de veil-
ler à ce que le transport de ce précieux monument
s'elîeclue proraptement et soigneusement. M. Louis
Balme demande que la Société vote à M. le Président
des remerciemcnls pour le résultat heureux de cette
négociation h laquelle s'intéressaient vivement les fer-
vents de notre histoire et de notre archéologie locales.
2^ La Société d'agriculture avait créé les écoles in-
dustrielles du Puy. Ce n'avait pas été une de ses moin-
dres gloires et de ses moindres préoccupations des
intérêts et de la prospérité de notre ville. Les écoles
ont marché longtemps sûrement et brillamment. Mais
de nouvelles et sérieuses améliorations sont comman-
dées par le progi*ès des études, le legs Crowilier, le
nombre des élèves et les exigences croissantes des arts
professionnels. Malheureusement, les ressources modi-
ques de la Société ne peuvent résoudre ces nécessités,
et les ressources municipales sont seules capables de
réaliser cette réorganisation dans l'enseignement gratuit
de nos (Jcoles. Toutes ces raisons ont engagé le Conseil
d'administration de la Société à s'entendre arec l'Ad-
ministration municipale du Puy, afin qu'elle prît à sa
charge les écoles industrielles. L'Administration muni-
cipale pourra augmenter le nombre des professeurs et
compléter, par exemple, renseignement de l'architec-
ture, en instituant un cours pratique de troisième an-
née. D'autres enseignements seront assurément adjointe
à ceux déjà professés, et quant à la question d'améliora-
tion matérielle, elle est d'urgence inévitable, et les
écoles ne peuvent que gagner à cette cession comman-
dée parleurs intérêts vrais.
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AvniL. 51
M. le Président a pris, vis-à-vis de rAdmiuistralion
municipale, lonles les mesures nécessaires, afindecon-
slaler le rôle de la Société jusqu'ici dans l'œuvre des
l'i'ules. Mais, en principe, l'Âdministralion municipale
n'a point voulu admettre que les directeurs fussent in-
\iinahlemenl choisis dans le sein de la Société d'agri-
cuUiuo, il cause des condils qui pourraient s'élever; en
pratique cependant, il n'y a aura pas incompatibilité.
xM. le Président fait remarquer qu'il en est ici pour
l'œuvre des écoles comme il en a été jadis pour celle de
la Caisse d'épargne du Puy. La Société d'agriculture
Tavait fondée et soutenue dans ses débuts et son ac-
croissement. Mais quand la Caisse d'épargne put fonc-
tionner seule, la Société remit son œuvre en des mains
spéciales qui devaient exclusivement s'occuper d'elle et
la faire prospérer.
Ouvrages reçus — Dans leBulleUn agricole du Puy-
de-Dôme, M. le Président remarque que le concours
d'animaux gras est, comme le nôtre, fixé à la fin du ca-
rême, malgré les insistances du ministère qui l'eût désiré
plus tôt, afin que les animaux primés dans nos concours
départementaux pussent être ensuite présentés au con-
cours de Paris. Mais il a été là-bas comme ici impossible
d'obtempérer aux désirs du ministère, les engraisse-
ments n'étant dans nos régions terminés qu'à la fin du
carême.
Le Journal d'agriculture, numéro du iO mars, con-
litsul un article sur une nouvelle pomme de terre appe-
lée-pomme» de terre Marceau et rapportée en France
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52 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
en 1864. Cette pomme de terre, fort expérimentée de-
puis son introduction, outre les qualités recherchées
dans ce tubercule, est surtout remarquable par ses ren
déments exceptionnels ; ellen, de plus, Tavantage de
se conserver parfaitement en «ive où elle n'entre que
fort tard en germination.
M. le Président annonce que le XXX' volume
des Annales , si impatiemment attendu , a enfin
paru et est mis à la disposition des membres de la
Sociélé.
CoRUESPONDANGB. — Lettre de M. de Morgues à M. le
Président contenant sa démission de membre de la
Société d'agriculture.
M. Charles Robert, correspondant de l'Inslitut et
membre de la Sociélé des Antiquaires de France, re-
mercie la Société d'agriculture d'avoir bien voulu
l'admettre au nombre de ses membres, et offre à notre
bibliothèque un exemplaire du l*' fascicule deTEpi-
graphie de la Moselle publiée par lui en 4869.
Lettre de M. Vinay , maire de la ville du Puy ,
adressant à M. le Président, pour être placées dans
les collections du Musée, trois médailles, Tune en
argent, les deux autres en bronze, données par S. M,
l'Empereur à l'occasion du baptême du prince impérial,
en 4856.
M. le Président, en accusant réception de l'envoi,
remerciera M. Vinay de cette nouvelle marque d'intérêt
à nos collections.
Seconde lellre de M. Vinay, informant M. le Pré-
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AVBIL. -ïi
sident qu'il trouve Toccasion d'acquérir, au prix do
405 francs, pour la bibliothèque de la Société, un
exemplaire de V Histoire de France d'Henri Martin,
\% volumes in-8« bien reliés; que si M. le Président
le jugeait opportun, l'acquisition en sei*ait faite au
moyen du crédit de 300 francs accordés par la ville
au Musée et laissés h la disposition de M. le Maire
pour acquisitions et dépenses diverses de cet établis-
sement. La Société accepte avec gratitude.
Lettre de M. le marquis de Latour-Maubourg, dé-
puté de la Haute -Loire, qui répond à une demande
à lui adressée par M. le Président, afin de solliciter
du ministère de Tagriculture l'allocation annuelle ac-
cordée au concours de Fay-le-Froid pour l'améliora-
tion de la race bovine du Mezenc. Il a été au ministère
pris bonne note de la demande de M. de Latour-
Maubourg, demande qui sera représentée lors de la
répartition générale des encouragements anx Comi-
ces et Sociétés agricoles, c'est-à-dire dans le courant
du présent mois. '
M. le Président rappelle que, pendant plusieurs
années , la Société d'agriculture a tenu h Fay-le-
Froid un concours spécial pour l'amélioration de
la race bovine du Mezenc. Mais d'autres points im-
portants de la région se plaignaient d'être complè-
tement déshérités du bénéfice de ces concours. C'est
pourquoi, sur leurs réclamations, le Conseil d'ad-
ministration a décidé que le concours se mobiliserait
et se tiendrait alternativement dans les chefs-lieux
(le canton avoisinnnt Fay où se produit la race du
Mezenc. La ville du Monasticr, désignée pour l'an-
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51 RRSUMK DES SÉANCRS.
née 4870, a été mise en demeure de faire connatlre
les ressources dont elle se proposait de disposer en
cette circonstance. La ville du Monaslier a répondu
et acceplé avec reconnaissance. Les communes du
canton ont, à leur tour, volé quelques sommes et,
M. de Latour-Maubourg a promis qu'il mettrait, comme
par le passé et comme pour Fay, une somme do
300 francs h la disposition des prix de bandes.
Lettre de M. le Ministre de l'agriculture et du com-
merce annonçant une allocation de 4,000 francs au
concours d'animaux de boucherie tenu au Puy-en-
Velay.
Lettre de M. le Préfet de la Haute-Loire sollici-
tant de H. le Président de la Société d'agriculture
du Puy, un rapport immédiat sur l'état des semail-
les du printemps. Il a été répondu qu'à la suite des
rigueurs climatériques exceptionnelles des premiers
mois de l'année 1870, l'apparence des récoltes en
t^.rre se montre peu favorable.
M. le Président donne connaissance à la Société
d'une publication d'une carte des Gaules depuis les
temps les plus reculés jusqu'à la conquête romaine,
établie par la commission spéciale instituée au mi-
nistère de rinstruclion publique, d'après les ordres
de S. M. l'Empereur. Comme les travaux historiques
et archéologiques récents sur le Velay lui ont per-
mis de revendiquer une place plus accentuée dans
la géographie gallo-romaine, M. le Président pense
que l'acquisition de cette carte serait pour nous du
plus haut intérêt; mais il propose, en amendement,
qu'il en sçit fait au ministère la demande gratuite.
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AVRIL. ' 55
M. le comte de Saint-Poney, s'associant à la pensée
(le M. le Président, promet qu'il usera de (oa.le sou
iuflaence pour nous obtenir ce document géogi aphique.
M. le Président fait connaître à la Société que le
concours régional agricole de celte année doit se tenir
à Valence, dans les derniers jours du mois d'avril.
M. le Président a reçu, pour la bibliothèque de la
Société, la lettre pastorale du carême de Mgr. Le
Breton évéque du Puy, actuellement & Rome.
Ordre du jour. — Il est donné lecture par M. Jules
de Vinols, secrétaire, des mesures discutées par le
Conseil d'administration et présentées à l'approbation
de la Société.
Communicalion des comptes par recettes et dépen-
ses de Texercice 1869.
Délibération du Conseil pour remettre eux mains
de l'Administration municipale du Puy, les écoles
industrielles de la ville, fondées par la Société d'a-
griculLure, afin que des ressources plus larges per-
missent les améliorations nécessaires dans le maté*
riel et dans l'enseignement des écoles.
Proposilion de rappeler, par la voie des journaux,
la médaille qu'à l'occasion du Congrès géologique,
la Société d'agriculture du Puy a annoncé devoir
décerner au mémoire le meilleur sur une question
de géologie locale.
Décision du Conseil au sujet de la publication du
Carlulaire de Chamalières, que se propose de publier
M. Augustin Chassaing, comme complément de la
collection des chroniqueurs du Puy.
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56 RÉSIJMK DES SRANCRS.
Détermination du Conseil concernant la table tri-
cennale des annales de la Société, confiée à l'intel-
ligence et au zèle de M. TAgent-comptable.
Approbation par le Conseil d'administration d'une
proposition de M. le Président sur Tacquisition de
trois instruments agricoles perfectionnés : une mois-
sonneuse Morgan, une faneuse et un râteau à che-
val, Instruments devant servir à des essais publics.
Adoption par le Conseil de quelques mesures de
police, d'économie et d'administration.
Les* délibérations du Conseil d'administration sont
approuvées par la Société.
Communication de la commission chargée d'étudier
un projet de Société de propagande d'instruments
agricoles perfectionnés. Cette communication a été
faite pjir M. Jules do Vinols, baron de Montlleury,
rapporteur.
Rapport fait au nom de la Commission chargée d* examiner
la proposition de créer une Société de matériel agri-
cole,
Messirurr ,
Un de nos honorables collègues, dans deux rommu-
nii'ations lues aux séances du 6 décembre 1869 et du
7 mars 1870, vous a entretenus de l'avantage qu'il y
aurait à établir parmi nous, sur le modèle qui a été
fait dans le département de la Sarthe. une Sociéto do
malériel agricole.
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AVRIL. 0/
Cette proposition vous a paru mériter une attention
sérieuse, et une commission a été nommée pour l'é-
tudier. C'est le résultat de cette étude et les conclu-
sions prises en conséquen ce, que je viens vous trans-
mettre aujourd'hui.
La commission, composée de cinq d'entre nous, y
compris l'auteur de la proposition, s'est réunie, le 12
de ce mois, sous la présidence de M. de Brive. Elle
a d'abord invité M. de Châteauneuf à préciser d'une
manière exacte les bases de l'organisation et le mode
d'opérer de la Société proposée; il est établi par les
explications fournies, que la Société de la Sarthe, fon-
dée pour propager l'usage des machines agricoles, se
compose d'un nombre illimité de souscripteurs, savants,
fonctionnaires, agriculteurs^ praticiens ou tous autres
amis de l'agriculture, assujettis à une cotisation an-
nuelle de dix francs environ ; le nombre des associés
est aujourd'hui de 230.
La Société a un bureau composé d'un président, d'un
secrétaire et d'un conservateur. Ce sont les Ingénieurs
des ponts et chaussées qui remplissent ces fonctions.
Elle obtient de l'Etat et du département des subven-
tions annuelles qui s'élèvent à 1,200 francs, et dont le
chiffre, ajouté à celui des cotisations, donne en caisse
annuellement 4,600 francs, c'est le fonds de roulement
des opérations.
Bon but, nous l'avons dit, c'est la propagande des
machines agricoles.
Ses moyens d'action sont la mise en dépôt, dans ses
magasins, par les constructeurs et fabricants de celles
des machines jugées par elle les plus utiles à l'agri-
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i)H HKSUMÉ DRS SÉANGBS.
culture; par ses soins, la vente en est faite aux agri-
culteurs et, sur le prix de vente qii*elle reçoit et trans-
met aux fabricants , elle prélève un droit modéré de
commission.
Pour ceux de ces instruments ou machines réputés
plus généralement utiles ou dont le dépôt lui est re-
fusé par les constructeurs, elle en fait Tacquisition à
ses frais et les loue aux agriculteurs, moyennant un
prix de location qui, par semaine, est en général du
dixième dur prix d'achat.
Elle a, chaque année, (rois réunions publiques consa-
crées à Texposition, Texpérimentation et la vente des
machines et instruments.
Telle est la nouvelle institution agricole qui nous est
proposée.
Notre commission, pour se prononcer sur son opportu-
nité, a examiné sérieusement les avantages qu*on pour-
rait en attendre et les inconvénients qu'elle pouvait
présenter.
Pour mesurer l'étendue de ces avantages, il fiàut me-
surer retendue du champ que la nouvelle institution
aurait la prétention d'exploiter; il est vaste, sans doute,
Messieurs, immense en théorie, mais dans la pratique, les
conditions locales de l'agriculture de notre pays en rédui-
sent singulièrement l'étendue. Il faudrait, en elTet, fermer
les yeux à la lumière pour ne pas voir que le morcelle-
ment de la propriété qui, chez nous plus qu'ailleurs
encore, va croissant d'une manière illimitée, et les
irrégularités plus ou moins prononcées de notre sol sont
des obstacles redoutables à la généralisation, dans notre
département, de l'usage des principales machines agricoles»
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AVRIL. 59
Toutefois, pour prévenir en môme temps et les es*
pérances trompeuses et un découragement stérile, la
commission a cherché à se rendre un compte exact du
degré d*appropriation individuelle en quelque sorte de
chacune de ces machines aux besoins de Tagrioulture
dans la Haute*Loire.
Cet examen a porté sur les types suivants :
Les moissonneuses
Les faucheuses.
Les faneuses.
Les extirpateurs, scarificateurs.
Ijes houes à cheval.
Les herses.
Les coupe-raoines, dépulpeurs» etc.
En ce qui regarde les machines de premier ordre,
comme les moissonneuses et les faucheuses, dont le
prix est élevé, qui, pour bien fonctionner, exigent gé-
néralement la force de deux chevaux, qui ne peuvent
tHre employées que sur un sol horizontal ou d'une très-
faible pente et en bon état d'épier rement, la commis-
sion a été unanime à reconnaître qu'il n'y avait dans
le département qu'un nombre très-limité d'exploitations
agricoles placées dans les conditions exceptionnelle-
ment favorables signalées plus haut, et permettant
l'usage de la moissonneuse et de la faucheuse. La
commission, il est vrai, s'est divisée dans l'appré-
ciation qu'elle a faite du résultat utile, au point de
vue général, de cet emploi fort limité des machines de
te genre dans notre département : la minorité a pré-
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60 HKSLTMÈ DKS SRAIHGES.
tendu que, ([uelque limilé que fût l'usage de cos ma-
chines, réconomie de main-d'œuvre réalisée serait ap-
préciée par la masse des agriculteurs; tandis que la
majorité a pensé, au contraire, que cette économie serait
presque insignifiante eu égard à l'énorme disproportion
qui existe et existera probablement toujours dans notre
pays, entre le nombre des agriculteurs moyens et
petits et celui des grands agriculteurs.
Un relevé statistique séiieux du nombre des exploi-
tations agricoles, susceptibles d'occuper utilement les
grandes machines, peut seul résQudre la question. Ce
relevé a été fait lors de l'enquête agricole, et il donne
une majorité énorme aux petites et moyennes cultures
comparées aux grandes. L'on doit ajouter que ce qui
s'est passé jusqu'ici donne de fortes présomptions en fa-
veur de l'opinion de la majorité. En effet, il semble
à peu près .prouvé qu'il n'y a pas plus de trois ou
quatre exploitations pourvues de moissonneuse et de
faucheuse , et encore est-on porté à croire que ces
machines sont souvent en chômage, aux époques où
elles devraient fonctionner. Cependant on ne peut nier
que l'agriculteur ne soit assez bon juge quand il s'agit
de ses intérêts ; il y a aujourd'hui moins d'aveuglen
volontaires qu'on ne le pense, et on doit sagement ad-
mettre, jusqu'à preuve contraire, que s'il y avait, môme
pour les exploitations agricoles d'une étendue au-dessus
de la moyenne, une économie de main-d'œuvre suffi-
sante pour couvrir les frais d'amortissement, d'entretien
et de mise en train de ces machines, leur nombre
ne .«serait pas en quelque sorte nul, comme il paraît
l'être aujourd'hui ; car on ne saurait supposer que par-
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AVRIL. 01
mi les agriculteurs importants de notre [)ays pouvant
acquérir et utiliser ces machines, il y en ait un seul
qui isnore leur existence ou n'ait pas toutes les facili-
tés pour se les procurer.
L*accueil fait aux batteuses mécaniques vient à Tap-
pui de cette appréciation ; bien que d'un prix assez
élevé et exigeant un moteur puissant, ces machines se
sont répandues parmi nous dans une proportion encou-
i-ageante pour l'avenir; et le temps, en amenant pour
elles des perfectionnements successifs, les popularisera
chaque jour davantage.
Pour les machines ou instruments d'un rang secon-
daire comme les faneuses, le» râteaux à cheval, extirpa-
teurs, coupe-racines, etc. etc.» les mêmes observations
sont applicables à la proportionnalité étu!)lie entre leurs
aptitudes agricoles, si Ton peut parler ainsi, et les
conditions requises pour en faire une utile et géné-
rale application à l'agriculteur dans la Hauto-Loire.
Après avoir ainsi sommairement précisé avec une
sage réserve, sans illusion comme sans méfiance, les con-
ditions générales et locales que l'agriculteur impose à la
vulgarisation des machines dans notre département,
votre commission s'est demandé si cette propagande
avait été méconnue ou négligée par vous jusqu'à ce
jour, et si, pour suppléer votre indifférence ou votre
tiédeur, il était utile, nécessaire môme de constituer
une Société spécialement appliquée à cette œuvre sur
dei bases, sinon contradictoires, du moins opposées, à
celles .sur lesquelles est fondée notre Société d'agricul-
ture.
Votre commission ne le pense pas, Messieurs, car si
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62 RÉSUMK DKS SKANCKS.
elie a regardé vers l'avenir, et mesuré avec prudence
la carrière à fournir par la Bociété nouvelle spéciale
qui noas est proposée, elle a aussi regardé le passé, et
reconnu toutes les réalités bienfaisantes pour l'agricul-
ture accomplies par vous et vos devanciers ; elle re-
garde aussi le présent et Toit que rien de ce qu'il était
possible de faire n'a été omis, négligé, et que partout,
dans l'agriculture comme ailleurs, notre Société a pris
une vive et féconde initiative.
Ainsi, le Conseil d'administration, dans sa séance du
26 février 1869, a décidé l'acquisition d'une faucheuse,
d'une ianeuse et d'un râteau à cheval.
La sollicitude de la Société toute entière s'est plusieurs
fois portée sur la question si intéressante du fauchagt^
des blés. Votre conservatoire d'agriculture, à peine créé,
présente déjà une collection d'instruments fort intéres-
sante. Les charrues perfectionnées, ce pain quotidien et
universel de l'agriculture, qu'on me passe cette exprès*
sion , sont demandées avec un empressement de plub*
en plus vif, de tous leâ points du département ; tout té-
moigne que vous avez fait jusqu'ici le possible et tout le
possible.
Toutefois, pour donner une impulsion nouvelle et plus
vive encore à la propagande des machines et instruments
agricoles , votre commission a pensé qu'il serait utile de
prendre dans le sein de la commission i^ermanente des
primes une sous-commistion composée de cinq membres ,
spécialement chargés des attributions suivantes :
!• Etudier celles des machines agricoles le plus utile-
ment et le plus généralement applicables à l'agriculture de
la Haute-Loire ;
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AVRIL. 63
2o Soumettre au Conseil d'admiiiistratiou les projets
d'acquisition de ces machines ;
3° Faire, aux épo(|ues convenables, les démarches et
dispositions nécessaires pour leur essai en public.
Dans ces conditions, notre Société d'a^çriculture reste
pour l'avenir, comme elle l'a été dans le passé , le centre
de toutes les forces intellectuelles de notre [jays, réunies
dans un effort commun pour Taccomplissenient du bien
sous toutes ses formes, et les succès du passé sont pour
elle un gage assuré de ceux que lui promet l'avenir.
Le 4 avril 1870.
Le Rapporteur de la Commùsion ,
Bon j. de VINOLS.
La Sociélc, après une courte discussion, adopte
les conclusions 'de ce rapport.
M. le Président annonce à la Société que la copie du
manuscrit de Chabron vient d'ôlre collalionnée par
M. Lascombe, notre collègue. La Sociélé vole h M. Las-
coinbe de sincères remerciements pour ce travail long
et ingrat.
A 6 heures, la «énnco e^l lovéo.
Le Secrétaire- adjoint,
Aimé GIRON.
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SÉANCE MENSUELLE
DU LUNDI i MAI
SOMMAIHK
Lecture du prucc^- verbal. — Muséi : Dons par MM. Coloiub, Emile Tuja, de
GlioamonroDX, le P. Basilide Ra-Khidi, Emmanuel Grellet, Giiuhert, Pe~
louze, Lascombe, ChaniaL — Acquisitions : Basandale; plaque obituaire;
monnaies d'arg«nt ; lampe et cuiller anciennes ; pierres sculptées ; transport
du tombeau de saint Scutairc. — Oijvragks »bços : Journal d'agriculture
pratique : Avantage des petits fermages; opinions pour et contre de M. Lan-
glois et de M. de Montalet-Alais ; Journal ie l'agriculture : Spécifique
contre la flètre apbtheuse; Bulletin de la Société d'agriculture de la Lo-
zère : Etude sur les dolmens; Mémoires de la Société littéraire de Lyon :
Notice historique (ùr le château, la chapelle et les seigneurs de CbâtiUon
d'Aïergucs; Mémoires de la Société impériale d'agriculture, sciences et arts
de Douai : Notice sur les établissements religieux de Douai, présentée comme
modèle d'un travail local du mfmc genre ; Tablettes historiques de la Hante-
Loire : Recueil mensuel historique, publié au Puy-on-Velay. — BiDLiOTsfcQUB :
Dons de M. Joacbim Barrande; de M. le baron de Sartiges d'Angles; de
M. Michel Cobendy. — Agricultcrb : Concours d'animtux de boucherie. —
Lettre de M. le Président k la commission d'enquête parlementaire — Lettre
de M. J. Ruolz contre remploi de la machine dite moissonneuse; sursis à
son acquisition. — Pirsonnel : Mort de M. Anatole Dauvergne, membre
non>résidant ; proposition de Tacquisition de ses dessins et de ses tableaux.
— Nomination au litre do membre« con-résidants, de MM. le baron de Sar-
tiges d'Angles, Michel Cohendy, des R. P. Garucci et Fll<i.
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MAI. 65
Présidence de M. de Brive.
M. le Vice-Secrétaire donne lecture da procès-verbal
de la séance d'avril dernier, lequel est adopté.
Dons au Musée. — M. Aymard signale à l'attention
de la Société un cippe romain en grès très-dur, offert
au Musée par M. Colomb, maire de Beaulieu, sur la
demande de nos confrères, MM. Chabanes et Lascombe.
Ce cippe, évidé en coupe ou cratère à son sommet et
offrant, à sa face anlérieure, l'image sculptée du dé-
funt, servait de bénitier dans l'église de Beaulieu.
M. Aymard met aussi sous les yejfx de la Compagnie
les objets suivants recueillis pour le Musée :
4<> Un busaudale en fer, déterré avec des tuiles ro-
maines dans un champ^silué au chemin de Vais, sul:
l'emplacement où notre confrère, M. Béliben, inspec-
teur d'Académie, fait construire une maison. Donné au
Musée par M. Reymond, entrepreneur , au nom de
M. Béliben;
2* Une petite plaque carrée en marbre blanc, pro-
venant de la Chaise-Dieu, sur laquelle est gravé, en
lettres onciales très-élégantes, Vobù d'un hôte de
rabbayo : -f Xllll K(a)L(endas) AV(n)L(is) Oïi(iit)
Il F(rate)R MXRTil^(us) DE MlSE(ris?) \\ BONUS
HOSPES C(onvent)l]S S(an)C(ù)i J{(obert)L Cette
inscription parait dater du treizième siècle ; elle faisait
partie de la collection de feu l'abbé Grivel, d'Amberl.
Acquise par la Société ;
30 Un plat en faïence ancienne sur le fond duquel
est peint un aigle ; un vase à fleurs de la fabrique de
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66 RÉSUME DES SÉANCES.
Clermont-Ferrand et un médaillon en marbre. Dons de
M. Emile Tuja ;
4^ Sept objets ethnologiques donnés par un jésoile
nègre, le P. Basilide Ra-Khidi, de Madagascar, en ce
moment à Vais ;
50 Les blasons coloriés de trois anciennes familles
de la Haute-Loire, offerts par M. Emmanuel Grellel,
étudiant en droit.
M. Aymard informe l'Assemblée qu'ayant eu l'occasion
d'aller à Saint- Julien-Chapteuil, — pour y constater les
soins exceptionnels que l'honorable M. Mathieu, maire
de cette commune, donne à Torganisation du dépôt de
ses archives, —il awçu, pour le Musée, deux pièces ar-
chéologiques intéressantes. La première est un écusson
sculpté sur pierre qui porte une croix chargée de cinq
lions rampants. Il a été donifé par M. Gimbert, pro-
priétaire à Saint-Julien. La deuxième est une matrice de
sceau en cuivre aux armes et au nom des <f maîtres chirur-
giens du Puy. » M. Pelouze, percepteur, qui Ta décou-
verte à Chapteuil , s'est empressé de Toffrir au Musée.
M. Ernest de Clioumouroux, maire d'Yssingeaux, a
fait offrande au Musée d'un petit tableau en paille re-
présentant en relief une Sainte Famille, d'après une
peinture attribuée à Annibal Carrache. Cette œuvre
d'art, qui porte au revers le nom de Roland, est due à
un artiste du Puy, connu par d'autres productions du
même genre. Ce tableau provient de l'abbaye de la
Séauve, ainsi que divers outils qui avaient servi à
la fabrication d'objets en paille et que M. de Chou-
mouroux a donnés également & nos collections.
Notre confrère, M. Aymard, a acquis huit monnaies
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MAI. 67
d'argent, partie d'un petit trésor trouvé près d'Ëspaly,
par suite de la construction d'un pont sur la Borne,
pour le seiTice du chemin de fer. Elles sont du roi
Jean, du pape tnnocent VI, etc.
Un vase en terre cuite de forme ancienne a été
trouvé au Puy, dans la démolition d'une vieille mai-
son emportée par Télargissement de la rue Panes-
sac; M. Aymard Ta acquis pour le Musée, ainsi qu'une
cuillère en cuivre provenant du château de Lavoûte-
sur-Loire.
« Notre confrère appelle ensuite Tatlention de TAssem-
blée sur un certain nombre de petits moellons cubiques
qu'il a recueillis, d'après les indications de M. Hector
Falcon, dans les décombres d'une maison de la rue de
Verdun, au quartier de Pouzzarot. Ils sont exactement
de même pierre volcanique, de mêmes formes et di-
mensions que ceux attribués à l'époque romaine et
qu on avait rencontrés, en grande abondance, dans
les murs de la primitive église Notre-Dame. Leur
présence en cet endroit fait croire qu'ils provien-
draient de quelque antique édifice dont les matériaux
auraient été réemployés, peut-être sur place, à des
constructions postérieures. C'est un indice qui doit en-
gager à rechercher les substructions antiques pouvant
exister encore dans le sol du môme quartier.
De la même maison, on a extrait une pierre qui
était placée au-dessus de la porte d'entrée et qui otTre
un écusson armorié ainsi que des morceaux de co*
lonnes à chapiteaux sculptés du moyen âge.
Enfin, M. Aymard fait remarquer plusieurs belles
pierres sculptées, avec mascarons et rosaces, dans le
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68 RÉSUME DES SÉANCES.
Style du dix-septième siècle et qui provienueut des
démolitions de maisons dans la rue Panessac.
Notre confrère, M. Lascombe, dépose diverees em-
preintes de cachets, entr'autres de celui des dames
religieuses de Sainte-Claire du Puy.
M. Chanial, membre correspondant à Cayres, a trans-
mis une amulette en pierre siliceuse rougeàtre, trouvée
dans sa propriété et qui parait se rapporter à un âge des
temps préhistoriques.
M. le Président exprime les remerctments de la So-
ciété pour ces dons intéressants.
M. Âymard annonce que le tombeau de saint Scutaire
a été, le mois dernier, transporté au Musée par lés
soins de TAdministration municipale, et placé provisoi-
rement dans le vestibule, où il peut être examiné et
étudié sous toutes ses faces. L'isolement de ce tombeau
a permis à notre zélé confrère d'étudier, sur Tun de
ses côtés, au centre de la rosace sculptée qui l'orne, un
oculus ou évidement ajouré. D'après ce qu'il suppose,
— et diverses données archéologiques confirment cette
conjecture, — cette ouverture, faite postérieurement à
l'emploi primitif du sarcophage romain, avait pour
but de mettre les dévots en communication directe avec
les reliques des saints renfermées dans le tombeau et
de recevoir les offrandes. La présence de ce beau
monument dans notre Musée y attire, chaque diman-
che, une affluence considérable de visiteurs, curieux
d'admirer ce précieux débris de l'art romain et de l'an-
liquité religieuse du Puy.
Ouvrages reçus. — Le Journal d'agriculture pra^
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MAI. ; 69
éiqtte contient an article sur les avantages des petits
fermages. Préoccupés des difficultés toujours croissantes
de la grande culture, en présence de la dépopulation
des campagnes par la diminution des naissances et Té-
migration dans les villes, de Taugmentalion des salaires
disproportionnés avec les prix des gains, de la tendance
des travailleurs à se mettre en grève aux moments les
plus critiques pour Tagriculture, nombre de bons es-
prits se demandent si la gi-ande propriété peut, dans un
avenir prochain, avoir d'autres ressources que le fer-
mage, non pas le grand fermage sujet aux mêmes em •
.barras pour la culture, mais le fermage partiel, le pe-
tit fermage limité à15 hectares au plus et mis ainsi à la
portée d'une seule famille, sans avoir recours à des
ouvriers étrangers. Ce système, préconisé par les uns,
est déconseillé par les autres.
M. Langlois rappelle que M. Ch. Calemard de la Fayette
Ta appliqué à Senillac, en établissant de petites exploi-
tations rurales autour de son domaine, et en a constaté
les heureux effets. M. de Montalet-Âlais objecte que son
expérience personnelle lui a fait supprimer, dans ses
propriétés, le petit fermage, comme entraînant des frais
de maisonnage et d'entretien beaucoup trop onéreux.
M. le Président fait observer que les avantages ou les
inconvénients de ce système de culture ne peuvent pas
être absolus et dépendent de la différence des contrées
et des circonstances particulières; il ajoute que la di-
vision de la propriété en petites cultures s'oppose à
remploi des instrume'nts agricoles économiques et ne
facilite pas le développement et l'entretien des belles
races de bestiaux.
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70 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
LeJotcrnal de V agriculture, de M. Barrai, signale
un spécifique pour combattre la fièvre aphtheuse. Cette
affection épizootique el contagieuse a pour siège, comme
on le sait, la langue et les gencives des animaux, soit les
mamelles et trayons, soit les pieds dans l'espace inter-
digité ou au point d'union de la peau avec la corne sur
le bourrelet ; elle consiste en ampoules remplies d'ui)
liquide laiteux et de mauvaise odeur. La maladie dure
de quinze à vingt-cinq jours ; elle est rarement mortelle,
mais elle n'en cause pas moins de grandes pertes au cul-
tivateur en interrompant ses travaux et entravant la
production de la graisse et du lait. Jusqu'ici, on n'avait
indiqué aucun remède susceptible d'abréger sa durée et
de la rendre bénigne: M. Adenot, agriculteur vétéri-
naire à Montchanin (Loire), recommande comme spéci-
fique l'emploi d'une eau phéniquée, composée d'un mé-
lange de 70 grammes d'acide phénique dans un litre
d'eau, dont on lolionne avec une éponge ou de Tétoupe,
et deux fois par jour, les parties malades ou ulcères
de la bouche de l'animal. Quand le mal réside aux on-
glons, la dose d'acide phénique doit être portée à 420
grammes par litre d'eau. Les étables infectées doivent
en môme temps être purifiées au moyen de bens^ine ou
d'huile de schiste placées dans des assiettes; ces pro-
duits pyrogénés, en s'évaporant, détruisent les germes
qui, entraînés dans l'air, pourraient frapper les éta-
bles voisines.
M. le docteur Martel fait observer que , depui.<i
quelque temps, on est trop 'disposé à faire, en
agriculture, de l'acide phénique une sorte de panacée
universelle ; il exprime le désir que les vétérinaires du
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MAI. 71
Puy» et notamment notre confrère, M. Gire, soient in-
vités k expérimenter le remède indiqué, afin d'en véri-
fier l'efficacité.
Le Bulletin de la Société académique de la Lo-
zère contient une étude sur les dolmens de ce départe-
ment, par M. de Malafosse, qui les envisage sous le
rapport de leurs formes, de leurs dispositions inté-
rieures et des objets qui y ont été trouvés. La conclusion
de Tauteur, tirée des nombreuses feuilles qu'il a faites,
est que les dolmens étaient des tombeaux des âges
préhistoriques de la pierre et du bronze.
Les Mémoires de la Société littéraire de Lyon pu-
blient une notice historique sur le château, la chapelle
et les seigneurs de Châtillon d'Azergues, par M. Va-
chez. Cette monographie est très-complète et fort inté-
ressante; des documents originaux y sont ajoutés
comme preuves. Ce travail peut servir de modèle à ceux
du même genre dont tant de nos vieux châteaux du
Velay pourraient être l'objet.
Les Mémoires de la Société impériale d'agriculture,
sciences et arts de Douai renferment une notice sur les
établissements religieux du clergé séculier et régulier
qui ont existé à Douai avant la Révolution , par
M. l'abbé Dancoisne. M. le Président, en signalant cette
élude à l'attention delà Société, fait remarquer que la
ville du Puy, qui compte tant d'institutions religieuses,
ne possède pas encore un ti*avail de ce genre. £1 exprime
le souhait qu'une pareille œuvre tente la patience et
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72 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
le zèle d*un éradit; les matéri&ux qni en rendraient
Texécution facile, existent en grand nombre dans nos
dépôts d'archives, et principalement aux archives dé*
partementales.
M. le Président dépose sur le bureau le premier nu-
méro des Tablettes historiques de la Haute-Loire; ce
recueil mensuel, publié par M. Marchessou, imprimeur
au Puy, est h la fois une œuvre de palriolisme et de
science, qui a droit à toutes les sympathies de la So-
ciété. Des membres de notre Compagnie sont inscrits
sur la liste des collaborateurs. On peut en attendre
sûrement une impulsion nouvelle aux travaux sérieux et
aux recherches fécondes. M. le Président, au nom de la
Compagnie, souhaite à cette revue succès et longue vie.
Dons a la Bibliothèque. — Notre savant confrère
et compatriote , M. Joachim Barrande, membre hono-
raire, adresse deux nouveaux volumes de son grand et
magnifique ouvrage sur les fossiles du terrain silurien
de la Bohême.
M. Chassaing offre : l** de la part de M. le baron de
Sartiges d'Angles, membre de TAcadémie des sciences,
belles-lettres et arts de Clermont- Ferrand, une bro-
chure intitulée : Traite' iiiter venu entre les sires de
Mercœur et le Chapitre noble de Brioude, en 4M4 ;
et 2* au nom de M. Michel Cohendy, archiviste dépar-
temental du Puy-de-Dôme, cinq notices sur la Valeur
des manuscrits au moyen âge et la coutume d'en-
chaîner les livres sur place; sur Vimportance histo-
rique des anciennes minutes des notaires; sur les
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MAI. 73
Entreprises de dessèchements des lacs et marais dans
la généralité d'Auvergne, et sur la Papeterie d'Au-
r>ergne avant 4790 et les marques de fabrique des pa-
peteries d'Ambert.
Remerctmcnts aux donateurs.
AcRiccLTunE. — M. le Vice-Secrétaire donne lec-
ture de son rapport au nom du jury du dernier concours
d'animaux de boucherie.
M. le Président annonce qu'il a transmis à la Commis-
sion d'enquête parlementaire les réponses délibérées
par la Commission de la Société au questionnaire agri-
cole; il a accompagné cet envoi de la lettre suivante :
Ije Puy. le lî avril 1870.
Monsieur le PnésiDENT.
J*ai l'honneur de vous retourner le Questionnaire agri-
cole que vous m'avez adressé, avec les réponses qui ont été
données, à la suite d'une longue délibération, par la So-
ciété départementale d'agriculture du Puy.
Il me paraît en résulter que l'opinion très-précise de la
Société est que l'introduction des céréales étrangères dans
le Midi, favorisée par le régime économique inauguré en
1860, maintient dans le Midi et le centre de la France le
cours moyen des blés à un prix notablement inférieur. A C9
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74 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
prix, les populations agricoles n*ont plus intérêt à la pro-
duction des céréales. II est évident, dès lors, que cette pro-
duction doit tendre à diminuer et unir par disparaître.
L'économie que donnera l'emploi des machines écono-
miques compensera peut-être la sur-élévation continue des
prix de la main-d'œuvre, mais ne suffira jamais pour ren-
dre rémunérateur le prix de vente actuel des céréales, prix
qui tend toujours à diminuer, lorsque celui de tous les au-
tres produits tend constamment à augmenter.
En présence de ces faits incontestables, le Corps légis-
latif me parait principalement appelé à examiner la ques-
tion de savoir si la France a intprêt à conserver ou à aban-
donner la culture des céréales. Dans le premier cas, il doit
arrêter, par des mesures efficaces , l'importation immodé-
rée des céréales étrangères, et, dans le second cas, main-
tenir les tarifs de 1861.
Je suis avec respect, Monsieur le Président,
Votre très-humble serviteur.
Le Président de la Société d'agriculture,
sciences, arts et commerce du Puy^
De BRIVE.
Noire confrère , M. de Vinols, coraraunique une let-
tre de M. le marquis de Ruolz qui lui signale les incon-
vénients nombreux de la machine dite moissonneuse,
dont Tachai avait paru désirable pour la Société. Ces
inconvénieDis sont : complication du mécanisme, imper-
fection du sciage des tiges et dans la disposition de la
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MAI. ' 7o
javelle, et enfin extrême fragilité, vice d'autant plus
redoutable qu'on est plus éloigné des points de fabrica-
tion, ce qui, par suite de l'interruption du travail à une
époque où la main-d'œuvre est rare, disséminée et exi-
geante, peut entraîner, sous l'influence des chaleui*s et
des orages, une notable diminution et même Fanéan-
tissement de la récolte. Ces critiques, d'un agriculteur
aussi autorisé que Test M. de Ruolz, sont trop graves
pour n'être pas prises en sérieuse considération.
M. le Président annonce qu'il sera donc sursis à l'ac-
quisition d'une moissonneuse, dont le prix d'ailleurs
est important, puisqu'il s'élèverait à 500 fr. au moins.
Un râteau à cheval et une faneuse seront seuls achetés
ftoui: servir aux expériences de la Société.
Personnel. — M. Chassaing fait part à la Compagnie
du décès de M. Anatole Dauvergne, peintre d'histoire,
chevalier de la Légion -d'Honneur, membre du Comité
des travaux historiques, qui était, depuis longues an-
nées, affilié à notre Société comme membre non
résidant. Artiste de talent et d'un rare savoir archéo-
logique, M. Dauvergne a dirigé la décoration poly-
chrome de l'église Saint -Paul d'Issoire et de la
Sainte Chapelle de Riom. Il avait, à plusieurs reprises,
séjourné au Puy, dont la disposition pittoresque l'avait
séduit. C'est à lui que l'on doit la découverte des pein-
tures murales de la chapelle Saint-Michel ; il en avait
relevé les dessins et entrepris la restitution. Ce travail
considérable, qui comprend vingt-six feuilles, méri-
terait d'être Acquis pour le Musée, où il serait très-uti-
lement exposé. M. Dauvergne avait peint, sur une toile
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76 RÉSUMÉ DBS SÉANCES.
presque acheyée, la façade de la chapelle Saint-Michel
et dessiné snr carton le tableau de la procession
placé h la cathédrale à l'occasion de la peste de 1629.
La famille Dauvergne consentirait très-probablement
à céder à la Société ces œuvres de notre excellent con-
frère. M. le Président se fait l'interprète des senti-
ments unanimes de la Compagnie pour la perte préma-
turée de M. Dauvergne, et charge M. le Secrétaire,
en transmettant à sa famille l'expression de nos regrets,
de proposer l'acquisition des dessins et du tableau qu'il
a laissés.
Mfd. Aymard, Chassaing et Aimé Giron présentent les
candidatures, au titre de membres non résidants, de
MM. le baron de Sarliges d'Angles et Michel Cohendy,
qui ont offert à la Société divers travaux ci-dessus
mentionnés; du Père Garrucci, de Rome, et du P. Fita,
membre des académies royales de l'histoire et de la
langue espagnole de Madrid. La Compagnie n'a pas
oublié rintérôt avec lequel le P. Garrucci visita, il y a
deux ans, nos antiquités lapidaires et l'opinion qu'il
manifesta en faveur des origines très-reculées de la ville
du Puy. Le P. Fita, auteur d'un recueil des inscriptions
antiques de la province de Léon, en Espagne, s'est li-
vré, depuis que les troubles politiques de sa patrie
Tout amené au Puy, à l'étude de nos inscriptions gallo-
romaines du Velay et, en particulier, de la ville du Puy,
des portes romanes de la cathédrale, en bois sculpté,
avec ornementation arabe, et du texte, au point de
vue exégétique de la Bible de Théodulphe, qu'il con-
sidère comme le manuscrit le plus ancien de la fa-
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MAI. 77
mille isidorienne; les savantes recherches du P. Fita
profiteroDl certainement à nos études historiques, et la
Société a tout intérêt à ouvrir ses rangs à un érudit
aussi distingué.
Ces quatre candidatures, mises séparément aux voix,
sont adoptées à l'unanimité.
£n conséquence, M. le Président proclame membres
non résidants de la Société MM. de Sartiges d'Angles,
Cohendy, Garrucci et Fita.
A six heures, la séance est levée.
Le Secrétaire,
AuG. CHASSAING.
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SÉANCE MENSUELLE
DU LUNDI 6 JUIN
SOMMAIRE
Lecture da procès-verbal. — Mus^b : Dons par MM. Porral-Sabarot, Lan-
glois et Benoît; acquisition d'œiilëres de mulei. — Ouvrages reçus :
Origine des roekee et formation des filous, par M. J. Dorihac; ouvrage de
paléontologie, par le docteur anglais Falconer; brochure sur Voppidum
de Naves, par M. Ad. Flonest ; Monographie de fa baronie de Bouzots, par
M. du Molin; le* Tabiettes historiques de la Haute- Loire : Désignation
des articles contenus dans cette publication; Repue des Sociétés savantes :
rapport de M. Lacroix, au comité archéologique du ministère de l'Instruc-
tion publique , sur les Annales de la Société ; le Sud-Est : introduction
en France d'une nouvelle race ovine; emploi du lil de fer en viticul-
ture; Bulletin de la Société di* agriculture de la Lozère, guérison des
germes maladifs de vers li soie. — Voies dk commua icai ions : Enquête
ministérielle; demande d'améliorations des chemins ruraux par syndicats
obligatoires ; projet du chemin de fer direct de Paris à Marseille par le
Puy, M. Nicolas, nommé commissaire par la Société. — AncHéoLOOiB :
Estrade du Puy au Fores; mention du mémoire de M. Aymard par la
commission impériale de la carie de la Gaule ; demande de la carte de la
botéue par cette commission ; rapport de M. Aymard sur des substructions
et autres antiquités découvertes an Puy, rue Courrerie et place du Plot. —
Pkrsom?(bl de la Société : Remercîmcnt de M de Sartiges d'Angles de sa
nomination au titre de membre non résidant; nomination de M. le curé
Frugère au titre de membre résidant. — Publications dr la Soci^t^ :
Avis de la réception des Annales de la Société par le ministère de l'Ins-
truction publique et par diverses Sociétés savantes.
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jriN. 79
Présidence de M. de Brive.
M. le Vice-Secrétaire lit le procès-verbal de la pré-
cédente séance, lequel est adopté
Dons au Musée. - L'Assemblée accepte avec recon-
naissance les offrandes suivantes :
4<>Par M. Porral-Sabarot, ancien négociant, la dé-
pouille d'un crocodile ;
%^ Par M. le docteur Langlois, un vase en faïence en
forme de slatoetle représentant la Vierge avec son en-
fant. Cet objet a é(é apporté de Brioude;
3*" Par M. Benoit, ancien notaire, une médaille en
bronze au type de la Confédération des Français,
avec exergue portant : à Paris, le 4i p.iillet 4790.
M. Ayraard présente de nouveaux et curieux spéci-
mens d'œillères de mulet, acquis aux environs du Puy
et destinés à la collection déjà nombreuse de ces pièces
de harnachement historiés qu'il a formée au Musée et
qu'à son exemple, le Musée de St-Germain est en voie
de recueillir pour comparaisons avec des plaques éga-
lement en cuivre usitées aux temps des Romains et des
Gaulois et môme à l'un des âges préhistoriques.
Ouvrages reçus. — Il est fait hommage à la Société
des publications suivantes qui sont l'objet d'un vote
de remerctments :
4« Par M. J. Dorlhac, notre confrère, directeur des
mines dans la Mayenne et très-honorablement connu
dans la science par ses travaux de géologie : deux
exemplaires de son ouvrage intitulé : Origine des ro-
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QyOO^Z
Bû HÉSUMÉ DBS SfiÀNGKS.
ches et formation des filons, L'auleur, dans une let-
tre d'envoi, vent bien nous informer qa'il offre gratui-
tement des exemplaires de cet ouvrage à tous ceux de
nos confrères qui lui en feront la demande ;
2* Par la famille du savant et regretté docteur
anglais Falconer : un ouvrage de paléontologie en
deux gros volumes avec portrait de l'auteur et de nom-
breuses et belles planches, ayant pour titre : Palœon-
tological memoirs and notes of the late Hugh Fal-
CONEU A. M., M. D., etc., compiled and ediied by
Charles iMurchison M. D. F.R.R., etc., London,
Robert Ilardwicke, 1868, in•8^ L'étude des fossiles de
notre pays dont M. Falconer s'était occupé, et les re-
lations scientifiques que, dans un voyage au Puy, il
avait contractées avec plusieurs de nos confrères, fai-
saient désirer qu'il nous fût possible de posséder quel-
qu'une de ses publications. A cet effet, M. Chassaing,
secrétaire de la Société, ayant appris la mort de M. Fal-
coner, eut la bonne pensée de s*adresser à sa veuve,
dont l'obligeante entremise auprès de son frère, nous
a valu cet ouvrage de l'un des hommes qui ont le plus
honoré la science par un infatigable dévouement, au-
tant que par ses beaux travaux de paléontologie ;
3*> Par M. Edouard Flouesl, notre confrère et com-
patriote : Deux brochures intitulées, l'une : L'Oppidum
de Naves (Gard); l'autre : Cercueils mérovingiens.
Toutes les études tendant à la connaissance trop igno-
rée de la civilisation des Gaulois avant l'occupation
romaine ont un tel attrait de curiosité, qu'elles mul-
tiplient les recherches sur tous les points de la France.
G*est ainsi que M. Flouest, après nous avoir adressé, il
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JUiiv. 81
y a pea de temps, son mémoire sur un camp gaulois,
exploré par lui à Chassey, dans Saône-el-Loire, pour-
suit maintenant de semblables investigations en Lan-
guedoc, où ses travaux sont bien accueillis dans les
Sociétés et Coogrès scientifiques. Les vestiges de l'op-
pidum dont il donne aujourd'hui une intéressante
description, offrent des particularités remarquables dans
le plan et le mode de construction des remparts bâlis à
pierres sèches : formés de deux murailles très-épaisses
et juxtaposées; munis, à l'entrée des retranchements,
d'avant-corps semi-circulaires en forme de tours plei-
nes et massives; se- reliant, dans l'intérieur de l'en-
ceinte, à d'autres murs qui divisent la surface du sol
en très-grands compartiments , et montrant , à leur
point central de rencontre, des restes « d'une sorte de
citadelle, déforme elliptique, dont la puissante masse,
où Ton est surpris de ne rencontrer aucun vide ,
est constituée par un étrange assemblage de murs
juxtaposés dans toutes les directions, sans jamais se
pénétrer les uns les autres. »
M. Ayraard dit que Y oppidum de Naves est certaine-
ment un type important de ce genre d*enceintes forti-
fiées, au moin# chez les Volces Arécomiques. Le système
de construction des murs qu'il nous révèle n'a pas
encore été observé dans notre pays où, cependant,
existe un beau type d'enceinte de remparts plus ou
moins antérieure à l'époque romaine, bordant Tanti-
que estrade du Puy à Lyon, aux Barries, entre Yssin-
geaux et St-Maurice. Quant aux avant-corps massifs, la
tradition gauloise paraît les avoir conservés chez nous
plus ou moins longtemps, si Ton en juge parles tours
TOME XXXI. 6
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8i RÉSUMÉ DES SÉANGRS.
pleines qui flanquent les angles du vieux donjon du
chftteau de Bouzols. M. Flouest signale aussi, parmi les
objels trouvés à Naves, une pendeloque, en métal coulé,
vraisemblablement de baudrier pour épée de combat,
dont M. Âymard a trouvé, dans la Haute-Loire, les pa-
reilles données par lui au Musée;
4^ Par M. du Molin, notre confrère et ancien con-
seiller à la cour de cassation : La Monographie de la
baronie de Bouzols en Velay. Espérons que notre com-
patriote, dont cet ouvrage dénote la consciencieuse
érudition, enrichira . aussi nos Annales p9LV la mise au
jour de ses autres études sur nos baronies.
La deuxième livraison des Tablettes historiques de
la Haute-Loire, revue mensuelle à laquelle collaborent
plusieurs de nos confrères, semble promettre, d'après
la variété de ses articles, de justifier les souhaits de
longue vie que M. le Président, au nom de la Société,
a exprimés dans la précédente séance. Cette livraison
est composée des articles suivants : 4* Le monastère
de Vais près le Puy, étude historique, par le P. Fila ;
^ édit de novembre 4696, relatif aux familles ayant
pu acquérir droit d'armoirie, par M. 4e Lagrevol;
3* les Chanoines pauvres du Puy, à Torigioe desquels
Tauteur, M. l'abbé Payrard, se propose d'assigner une
charte attribuée à Charlemagne par les uns, et con-
testée par d'autres; 4o Bellecombe, abbaye en Velay,
par M. du Molin; 5* Geoffroy de Pompadour, évêque
du Puy, par M. Ch. Rocher.
Dans un mpporl au Comité historique du ministère
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JUIN. 83
de rinstruction publique, inséré dans la Revue des
Sociétés savantes, M. Paul Lacroix (bibliophile Jacob),
donne le compte-rendu très-explicite des travaux
d'archéologie et d'histoire qui sont consignés aux to-
mes xxYii et XXVIII des Annales de notre Société.
En vue du progrès des études scientiflques dans notre
pays, on nous permettra de reproduire quelques-unes
des appréciations de Téminent rapporteur.
M. Lacroix, tout d'abord, loue la Compagnie d'avoir
formé « un Musée archéologique très-important, que
les 4ons et acquisitions augmentent sans cesse et qui
promet de devenir un des plus considérables et des
plus riches de la France centrale. » Après avoir si-
gnalé les acquisitions les plus intéressantes en anti-
quités gauloises, romaines et du moyen âge, et cer-
tains documents qui parfois s'y réfèrent, il fait cette
observation très-judicieuse que : « les Musées viennent
ainsi en aide à Tinterprétation des anciens textes et
qu'ils en donnent souvent le commentaire matériel. »
Parmi nos diverses collections archéologiques se
trouve une série assez nombreuse de caries à jouer
dont plusieurs fabriquées au Puy môme, au moyen
de planches xylographiques que nous possédons éga-
lement. Quelques spécimens étrangers au pays et d'a-
bord supposés anciens, que la Société avait acquis,
ont été examinés par M. Lacroix, sur des calques
qu'à cet effet M. Aymard lui avait envoyés. Le rapport
satisfait à cette demande de renseignements : ces piè-
ces sont des reproductions très- exactes, faites « par
le procédé Pilinski, d'après des originaux du quin-
zième siècle qui sont chez un habitant de Tlsère. »
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84 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
A ce titre, et comme d'autres reproductioos admises
aujourd'hui dans les Musées, elles méritent d'autant
plus de figurer dans nos vitrines, que ces cartes sont
inédites. Souhaitons cependant qu'elles soient bientôt
publiées « par le savant M. Merlin qui, ajoute le
rapport, vient d'achever sa monographie de ce jeu de
cartes de la guerre ou de la pucelle, composé de
quarante cartes ou figures. » De plus, félicitons- nous
qu'un hasard heureux, en livrant au musée d'intéres-
sants fac-similé, nous ait valu les instructives indica-
tions de M. Lacroix.
Le rapport signale ensuite les explorations de M. Ây-
mard à la villa de la Droit; celles de la cathédrale
qui lui ont fait découvrir les restes de la primitive
église, construite à la fin du quatrième siècle, avec des
matériaux provenant de monuments antérieurs ; les
fouilles dans les rues de la ville du Puy, au sujet
desquelles, dit encore M. le rapporteur, « nous pour-
rions demander à M. A y mard des renseignements sur
la manière de faire des fouilles, de les diriger, et sur-
tout d'en tirer des inductions précises et utiles pour
l'histoire ancienne de la localité.... Grâce à ce sys-
tème d'examen minutieux, il a pu établir avec certi-
tude la topographie primitive de la ville gauloise et
romaine. » M. Lacroix mentionne également, entr'au-
tres, la dénomination celtique de la cité, Adidon, que
notre confrère a fait revivre d'après une antique
inscription. Enfin, « nous en sommes à désirer, ajoute-
t-il, que la ville actuelle soit remuée de fond en com-
ble, pour que M. Aymard achève de nous rendre,
dans ses savantes recherches, la ville antique et la
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jum. 85
yille du moyen Âge, » yœu qui sera exaucé : Tédi-
lité pourvoit en ce moment à de grands travaux qui
viennent encore de livrer à l'histoire de la cité des
révélations curieuses.
Le rapport rend aussi un hommage bien mérité à
notre généreuse correspondante , M"^ la baronne de
Boxberg, « peut-être la seule femme que Tarchéolo-
gie compte parmi ses prosélytes, » qui ne cesse d'en-
richir notre Musée par des offi*andes d*antiquités et
par des moulages que ses délicates mains savent exé-
cuter très-artistement, ainsi que le recueil de nos
mémoires par des communications intéressantes, avec
platis et dessins, sur des fouilles faites sous sa direc-
tion en différentes localités.
Le mémoire de notre confrère, M. le comte de Cau-
sans, relatif à la découverte d*un cachet et de beaux
et très-rares instruments d'un chirurgien oculiste, dans
une sépulture romaine à St-Prival-d* Allier (Haute-
Loire}, n'a pas moins provoqué l'attention de H. La-
croix. Le cachet, avec ses curieuses inscriptions, avait
été publié précédemment par M. Herbert et puis par
M. Sichel^ dans son Recueil de pierres sigillaires
d'oculistes romains, mais d'après des empreintes fau-
tives. Le travail de M. de Gausans rectifie les leçons
de ces textes épigraphiques que divers objets et des
médailles trouvées dans la sépulture font dater du troi-
sième siècle. La présence de haches en silex taillé
qu'on y a aussi rencontrées, « aflirme une fois de plus,
ajoute M. Lacroix, l'usage (devenu) exclusivement syra-
bolinue de ces haches qui se rapportent peut-élre à
la célèbre formule funéraire sub ascia. »
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86 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
A propos de certains tissus mentionnés parfois dans
de vieux inventaires des joyaux et reliques de la cathé-
drale et, d*après les remarques de M. Aymard, pouvant
à quelques égards donner l'idée d^une sorte de dentelle,
M. Lacroix exprime aussi ses sympathies pour la den-
telle, « une des plus notables productions de Tindustrie
locale, » pour laquelle notre généreux et bien regretté
compatriote, Théodore Falcon, comme on sait, a fondé,
danâ une de nos galeries, un véritable Musée qui
s'accroît incessamment par les soins de ses dignes frè -
res, MM. César et Hector Falcon. Les plus anciens
spécimens déjà recueillis ne sauraient guère remonter
qu'au seizièmç siècle ; c'est l'époque où la plupart des
recueils de patrons et de modèles pour fabriquer la
dentelle, ont été publiés en Italie ; « mais, dit M. La-
croix, il est certain que vers le quatorzième siècle et
même auparavant, l'industrie dentellière florissait dans
le Nord et le Midi de la France, où elle avait été pro-
bablement apportée d'Orient, à la suite des Croisades. »
« Quant au mot dentelle, il est provençal, dentelle
et dentilh, dans le sens de créneau ou dentelure, et
il est fort ancien, car on le trouve dans les poésies
des troubadours. Originairement, la dentelle était une
toile dentelée, dont la trame avait été divisée en une
foule de compartiments, à l'aide de nouveaux fils
passés et repassés dans le canevas, de manière à former
des dessins à jour symétriques, souvent rehaussés
en soie de couleur éclatante, en argent et en or. »
Enfin, notre confrère, M. Chassaing, n'a pas une
moindre part aux remarques approbatives et savantes
de M. Lacroix concernant « une bonne dissertation
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JUIN, 87
sur un dénier carloTingien, > au type du roi Raoul,
frappé au Puy; et, en outre, au sujet de deux do-
cuments publiés aussi dans nos Annales, qui sont
l'inyentaire des meubjes de Pierre Gogueil, éréque
du Puy en 1327, et la quittance d'un trousseau cons-
titué en dot à Delphine Bravard d*Eyssac, en 1377.
Parmi les expressions fort curieuses de cette dernière
pièce, ayant trait à la toilette des élégantes dames
d'alors, le rapport cite celles relatives aux fourrures
qui garnissaient le corset ou nircot et les manches
d'un de ces vêtements : c le vair (vars) n'était autre
que le petit-gris et la laitis$e (lay lissas) , une espèce
d'hermine ; quant au booxirtz, nous sommes réduits
à des conjectures qui nous porteraient à croire que
ce serait la martre zibeline. »
Remercions, en finissant, MM. Falcon, Aymard,
Chassaing et Lacroix de leurs communs efforts pour
mettre en lumière les gracieux souvenirs des belles
dames du bon vieux temps. Les sentiments de nos
confrères et de leur digne rapporteur contrastent,
hélas ! avec Tesprit peu chevaleresque de notre époque.
Après avoir entendu avec intérêt l'exposé sommaire
du rapport de M. Lacroix, quelques membres expri-
ment leur étonnement qu'il n*y ait pas été question
d'autres communications et mémoires ayant une incon-
testable valeur scientifique, lesquels sont insérés aux
mêmes tomes xxvii et xxviii des Annales, entr'autres
un travail historique et météorologique sur les inonda-
tions de la Haute-Loire, par M. de Brive ; les Recherches
sur l'ancienne bibliothèque de la cathédrale du Puy,
par un autre de nos confrères, M. Léopold Delisle, mem-
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88 RÉSUMÉ DES SEANCES.
bre de Tlnstitut ; une étude non moins intéressante
de M . Ernest Vissaguet, concernant une Lettre de ré-
mmion, donnée aux habitants du Puy, en 1378, au
sujet d'une sédition ; le Testament de Jean de Langeac
(seizième siècle), et les Statuts de la confrérie de l^o-
tre-Dame-dU'Puy, à Limoges, en 4425, par M. Las-
combe ; la notice de M . le commandant Parron, sur
l'aptitude militaire en France, suitiie d'un essai de
statistique militaire de la Haute-Loire ; le mémoire
de M. Vinay, relatif à une découverte de coquilles
marines fossiles, dans un terrain géologique jusqu'a-
lors inconnu dans la Haute-Loire; une importante com-
munication de M. Cheyallier-Balme, sur des essais de
reproduction, faits par ce fabricant, de dentelles an-
ciennes, etc., etc.
M. Aymard manifeste les mêmes regrets; mais, en sa
qualité de correspondant des Comités historiques du
ministère, il explique la situation qui est faite aux
Sociétés s*occupant des sciences diverses, dont chacune
doit ressortir à un Comité distinct. Dans la répartition
des recueils de mémoires des Sociétés savantes, nos
Annales ont été attribuées au Comité archéologique ;
c'est pourquoi M. Lacroix a dû borner son rapport à la
menlion des recherches concernant les aniit|uités.
Néanmoins, il est juste de dire que, par une excep-
tion honorable pour la Société, M. Ch. Jourdain, de
son côté, a rendu compte, au Comité historique, du
xxvii« volume des Annales et apprécié très-favorable-
ment, entr'aiilres, les études historiques de M. de Rrive
sur le maréchal de Vaux et de M. du Molin sur les
d^Allègre au seizième siècle.
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JUIN. 89
L'Assemblée, reconnaissante de Tattention qne ces
Comités veulent bien donner à nos publications, considé-
rant combien il peut être profitable aux progrès des
sciences, des lettres et des arts, que, d'après les rues
très-judicieuses du ministère de Tinstruction publique,
les travaux des associations de la province, générale -
ment peu connus, surtout à Paris, soient contrôlés par
les savants Comités de ce ministère, émet le vœu qu'il
soit possible à MM. les rapporteurs de ces Comités de
donner leurs appréciations indistinctement sur les prin-
cipaux genres d'études compris dans les recueils des
associations scientifiques.
Le Sud-Est préconise l'introduction en France d'une
nouvelle race ovine désignée sous le nom de race mal-
taise. Son aptitude la plus haute est la production du
lait. C'est à ce point de vue qu'il faudrait conseiller et
suivre son acclimatation; son lait est doux, onctueux,
agréable au goût et nourrissant. L'avantage de cette
conquête animale serait de fournir le principal aliment
de l'enfance, dont la mortalité déplorable tient beau-
coup à la mauvaise qualité de l'alimentation, surtout
dans les classes pauvres. Or, une brebis laitière,
d'acquisition peu coûteuse et d'entretien peu dispen-
dieux, donnerait sa petite récolte de laine chaque an-
née, son lait tous les jours et, enfin, sa viande, lors-
que le moment serait venu de la livrer elle-même à
l'alimentation. C'est donc une question à étudier :
car l'application facile peut donner des résultats très-
avantageux , surtout au point de vue des classes popu-
laires.
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90 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
Le même joamal renferme un article sur remploi du
fil de fer dans les vignes, et d'nn nonveau fil de fer,
appelé doux-fort, qui réunit une certaine souplesse à
la plus grande ténacité. Rappelons à ce sujet que M. de
Macheco fut, dans la Haute-Loire, l'introducteur du
système du fil de fer pour palissader les vignes.
M. Chou von assure qu'il y a économie à suivre ce
mode, car le fil de fer est de facile acquisition, de fa-
cile emploi et d'une très-grande commodité.
M. Plantade, qui Ta expérimenté, appuie Topinion
émise par M. Chou von.
Cette manière de palissade est donc utile à'suivre, et
elle réunit Tapprobalion des viticulteurs de la So-
ciété.
Le Bulletin de la Société académique de la Lozère
communique, sous le nom de procédé Labarthe, un pro-
cédé pour la guérison de la gattine ou pébrine et autres
germes maladifs dans les graines de vers à soie du mû-
rier. Ce procédé guérit, non-seulement de la maladie
dès les premières années de son emploi , mais encore,
par son usage constant, répété à chaque nouveau grai-
nage, il modifie, au bout de quelques années, les races
par la sélection et les régénère. Il consiste dans trois
lavages que Ton fait subir aux graines au moyen de
substances naturelles, correspondant avec les diverses
phases ou métamorphoses vitales des corps ammonia-
caux, en employant des réactifs dissolvants ou causti-
ques, inoffensifs pour les jeunes embryons des vers à
soie, mais frappant de mort les ferments maladifs eux-
mêmes jusque dans Tintérieur des graines. Les sérici-
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ium. 91
cnUeurs pourront consulter avec profit cette liyraison
(mars 4870) et mettre à l'essai ce nouveau procédé im-
portant dans une question qui touche à des intérêts
généraux et particuliers.
Voies de communication. — Une commission d'en-
quête administrative sur les voies de communication a
été instituée par décision impériale du 2 mars 1870.
Elle a arrêté, pour servir de base aux dépositions écri-
tes et verbales des intéressés, deux questionnaires con-
cernant les pouls et chaussées et les chemins de fer.
C'est là ce qui résulte d'une lettre adressée par M. le
Ministre des travaux publics h la chambre d'agriculture
de l'arrondissement du Puy, qui, ne fonctionnant pas,
est suppléée, en ce moment, par notre Société, à la-
quelle ont été transmis la dépêche et les questionnaires
ministériels.
M. le Président fait observer que l'examen de toutes
les questions énoncées dans ces documents prendrait
trop de temps : une séance entière de la Société n'y
suffirait pas. M. le Président se borne à dire qu'en ce
qui a trait aux ponts et chaussées, treize articles com-
prennent des demandes de renseignements sur toutes
les améliorations (classements, lacunes, rectifications,
entretiens, ponts à péage, police des routes, etc.) dont
les routes nationales et départementales pourraient
être susceptibles. Vingt-huit articles sont relatifs aux
voies navigables ; quatorze se réfèrent aux ports mari-
times, et sept au service hydraulique ou à certaines
entreprises ressortissant aussi à l'administration des
travaux publics, principalement celles réclamées dans
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9â RÉSUMÉ DES SÉANCES.
riniérét de la salubrité publiqme et des amélioralions
agricoles, au nombre desquelles se classe d'urgence,
d'après les vues de notre Société, l'amélioration des
chemins ruraux par syndicats obligatoires.
Le questionnaire spécialement relatif aux chemins
de fer se rattache à un système d'enquêtes périodiques
qui, entreprises de 1833 à 4835, ont été renouvelées
surtout en 4865 et se reproduisent en 4870 (4). Ce
questionnaire contient soixante*deu\ articles répartis
en quatre divisions , sous les rubriques : construction ,
exploitation (services des voyageure et des marchandi-
ses), transports en dehors de la voie ferrée, objets
divers. A cet exposé, M. le Président ajoute que les ré-
ponses les plus urgentes de la Société portent sur deux
points : 4M*achèvement, aussi promptement qu'il sera
possible, de la ligne du Puy à Saint-Georges-d'Aurac;
2"* la réalisation d'un vœu que rappelle l'article 3 du
questionnaire, ainsi conçu: quelles sont, dans leur
ensemble, les lignes d'intérêt général qu'il convien-
drait de comprendre dans un prochain classement?
Sous ce rapport, la Société, encore une fois, doit recom-
mander, comme répondant le mieux à un besoin général
et à celui du pays, la ligne la plus directe qu'il soit
possible de concevoir de Paris à Marseille, par Saint-
Germaindes-Fossés, Vichy, Thiers, Ambert, le Puy et
(1) Au moment où le présent procès-verbal est livré ^ l'impression, nous de-
vons dire que Tenquète de 1870 ;i été inlerrompae par la dernière révolation ;
une antre, qui a été ordonnée par l'Assemblée lationale, doit y donner saite
avec on programme pins étendu (voyez la Bévue des Deux-Mondei, n* dn 15 fé*
vrier 1879, p. 860), Note de M. ÀvtMrd, Prèndent de la Société.
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JUIN. 93
la vallée de la Loire, soit que la voie dût être conti-
nuée vers Aubenas, soit qu'elle vtnt se souder vers
l'Allier, sur le chemin de fer d'Alais.
La Société, tout au moins, désire, la réalisation très-
prochaine de la partie de cette voie, par la Loire, entre
le Puy et TAllier.
Quant à toutes les autres questions, elles devront
être mûrement examinées par ceux de nos confrères
qui en ont fait l'objet spécial de leurs études et qui
sont invités par M. le Président à prendre connaissance
des documents au secrétariat de la Société.
L'Assemblée, après diverses observations échangées
entre quelques membres, est d'avis que préalablement
les questionnaires soient remis à notre confière, M. Ni-
colas, conducteur des ponts et chaussées, avec prière
qu'il veuille bien soumettre à la Société un travail
préparatoire?
Archéologie. — Voies antiques. — Notre confrère
et secrétaire, M. Chassaing, dans une lettre qu'il a re-
çue de M. Anatole de Barthélémy, secrétaire de la
commission topographique de la Gaule, lui accusant
réception du tome xxix de no.s Annales, a été informé
que cette commission a surtout pris connaissance avec
intérêt du mémoire de notre vice-président, M. Ay-
mard, sur VAncienne route ou estrade du Puy au
Forez, d'après lequel la commission pourra faire le
tracé de cette antique voie sur la. carte de la Gaule.
M. de Barthélémy, en même temps, demande com-
munication de la carte de la voie romaine ou bolène,
dont il est aussi question dans ce travail; carte conser-
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94 RÉSUMÉ DES SÉANGRS.
vée au Masëe et qu'avec le coocours d'une commission
de la Société, notre confrère, M. Bretagne, avait fait
exécuter à grande échelle pour le Congrès scientifi-
que duPuy, en 4855.
L'Assemblée s'empresse d'adhérer à cette demande
et M. Chassaing est prié d'envoyer la carte à M. de
Barthélémy.
Découverte d'antiquités au Puy. — L'ordre du jour
appelle une communication de M. Âymard, relative à
des fouilles qui ont été faites au Puy, en i869 et 1870,
dans le sol de la rue Courrerie et de la place du Plot,
à l'occasion des travaux de construction d'un grand ca-
nal collecteur d'égout. Notre confrère avait eu le projet
de décrire les exhumations qu'elles ont produites dans
un travail d'ensemble, devant comprendre les décou-
vertes effectuées dans d'autres rues, lequel aurait fait
suite à son rapport sur des fouilles exécutées en 4864,
pour la conduite des eaux de fontaines (4); mais cette
nouvelle exploration ayant donné des résultats plus re-
marquables, l'invitait à les publier au plus tôt, afin
d'en fixer le souvenir dans la mémoire des nombreuses
personnes, entr'autres de la plupart des membres de
la Société, qui ont suivi avec intérêt toutes ces re-
cherches.
Avant de lire son rapport, M. Aymard expose aux
regards de l'Assemblée plusieurs dessins et plans très dé-
taillés des fouilles. On y voit la coupe de toutes les cou-
(t) Voyez, aux AnnaU» de la Sociëlô : FonUle» au Puy et reekerchet hit-
tvriques sur cette ftille, tome xxrii, p. 355.
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JUIN. 9o
ches de terrains ou de remblais successifs que la
tranchée a dévoilés, dans la direction de Test à Touest ;
ainsi que différentes substructions antiques et du moyen
&ge, et des sépultures avec ou sans tombe.
Les plans montrent, tout d*abord, à rentrée de la rue
Courrerie, joignant la place du Martouret, et à la pro-
fondeur de 4 « 50 sous le pavé actuel de la rue, un reste
d'antique chaussée dont la ruderatio est revêtue, su-
périeurement, d'une summa crusta, pavée à dalles ba-
saltiques brutes et jointes à sec, à peu près comme aux
rues de Pompéi.
Ce dallage est surmonté de deux ou trois lits de gra-
vats et de terre jeclisse, qui sont postérieurs à Tépo-
que romaine.
Il y a, ensuite, en allant toujours vers Touest, des
caves de maisons qui pénètrent assez avant dans le sol
de la rue et ne montrent aucuns vestiges antiques.
A ces caves, succède un puissant et long remblai de
terre argiloïde et de gravats, mélangés avec des frag-
ments de tuiles épaisses à rebords (ùegulœ hamatm) et
convexes (imbrices) et avec des tessons de vases romains
variés par la matière et les formes. Au-dessus, on ob-
serve les semblables lits du moyen âge, avec leur mémo
épaisseur totale de 4°" 50,- que déjà nous avons vus à
rentrée de la rue, superposés à la chaussée.
Quant à la chaussée, on n'en tix)uve plus ici aucune
trace. Evidemment elle avait été enlevée avant le dé-
pôt des lits supérieurs et remplacée par le remblai, plus
ou moins de temps après la disparition de la chaussée.
Pour quelle nécessité, dans quelle circonstance extraor-
dinaire? On verra, dans le rapport, la réponse, très-plau-
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96 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
sible, que notre confrère a faile à ces intéressantes
questions.
En outre, la paroi sud de la tranchée montre la fon-
dation d'une assez longue muraille, brusquement acci-
dentée d'une très-large coupure, postérieure à la des-
tination première du mur. L'épaisseur de cette muraille
est de 0,45; son système de construction rappelle la
meilleure et la plus ancienne époque de l'art archilec-
tonique chez les Gallo-Romains : il comporte deux pa-
rements liés par un blocage de pierres et de mortier;
des assises bien réglées, alternant avec de minces lits
de béton; des pierres volcaniques de petit appareil, à
joints régulièrement coupés; enfin, une rangée de pier-
res disposées en libages à une certaine hauteur au-des-
sus de la dernière assise inférieure .
On remarque, ensuite, sur les plans, une autre fonda-
tion de muraille en continuation de la précédente, avec
laquelle elle est intimement liée ; pareille quant à
son mode de construction, mais dont elle se dislingue
par son épaisseur presque double. La séparation s'ac-
centue également, dans le haut, par une forte pierre
de taille posée à 1" 30 au-dessous du niveau présumé
de la chaussée antique; particularités qui, jointes à des
indices d'un retour de mur au Sud, révèlent un angle
d'un grand corps de bâtiment.
Quant à l'antique destination de cet édifice , on
verra, dans le rapport, qu'elle peut être déduite de
l'emplacement de ces curieuses ruines à l'intersection
de routes ou des rues, qui formaient là un carrefour
ou quadrivium.
Enfin, à 1» 25 de l'extrémité ouest de la môme fon-
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JUIN. 97
dation de muraille, s'ouvre, à sa paroi extérieure, une
liaute galerie souterraine, voûtée et parbitement cons-
truite; grand égout ou drain collecteur qui se prolonge
sous la maison voisine et, plus loin, sous les bâtiments
du tribunal de commerce. Un autre canal de moindre
hauteur, et perpendiculaire à la galerie, se joint à elle
et doit se relier, suivant Topinion de notre confrère, à
un réseau d'égouts s*élendant, d'après différentes don-
nées, sous le sol de presque toute la ville.
Ce dernier canal, parallèle à la fondation de muraille
dont il est séparé par un massif de maçonnerie de
0,70», laisse voir, comme elle, des restes très-reconnais-
sables sur une longueur d'environ H mètres; bien
que la muraille et le canal soient coupés, en plusieurs
endroits, par des murs de caves plus ou moins mo-
dernes.
Canal et muraille disparaissent, enfin, parmi de
grandes caves qui pénètrent assez avant dans le sol de
la place du Plot.
Plus loin la tranchée, dans son parcours jusqu'aux
entrées des rues Chaineboulerie et Panessac où, pro-
visoirement, elle finit, dévoile encore des fondations
de murs, fort anciens sans nul doute , car leur dernière
assise supérieure est à la profondeur remarquable d'en-
viron 3 mètres sous le pavé de la place ; et immédia-
tement au-dessus d'elles, sont couchés, depuis long-
temps aussi, à quelques distances les uns des autres,
des squelettes humains, isolés ou enfermés dans des
tombes. En optre, l'imparfaite construction des murs
avec appareil irrégulier de pierres brutes et diverse-
ment grosses (opus incerttim), avec emploi de mortier
TOME XXXf. 7
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98 UÉSUMK DKS SÉANCES.
assez mal coadilionné, trahit un travail étranger à l'art
romain, soit qu il faille le considérer comme lui étant
antérieur ou gaulois, soit un peu postérieur ou méro-
vingien.
De plus, toutes ces fondations de mui*s — qui sonl
de môme époque, d'après leur forme à deux paremenis
identiques et leur commune épaisseur de 0,50 h 0,55
— coupent en divei-s sens la partie inférieure du même
remblai de terre argiloïde et de gravats à tuiles épaisses
et à poteries romaines, déjà observé dans la rue Cou-
rerie, particularité qui n'est pas sans importance.
A quelle intention avait-on édiflé cet ensemble de
murs? Dans quel but les avait-on, ensuite, presque
complètement rasés? Comment expliquer ces change-
ments successifs dans la topographie de ce quartier de
la ville, suivis d*un dépôt de sépultures, temporaire,
si l'on en juge par le petit nombre des inhumations?
Ces questions éveillent d'autant plus la curiosité
qu'elles se rattachent à des causes probablement his-
toriques, sur lesquelles sonl absolument muets nos plus
vieux documents qui, cependant, remontent, pour ce
même quartier, jusqu'au dixième siècle.
C'est à l'étude attentive du sol qu*il appartient de
livrer le secret de ces ruines qui accusent diverses
époques. Dans ce but, auquel le rapport de notre con-
frère s'applique à donner satisfaction, M. Aymard prie
l'Assemblée de remarquer, sur les plans, les dispositions
des murs et des sépultures, la situation de celles-ci,
sur une seule et môme ligne de niveau, les formes ca-
ractéristiques des tombes, en un mot tout ce qui se
rapporte à ces singulières inhumations.
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JUIN. 99
L'atteutioD de l'Assemblée est appelée ensuite sur les
objets provenant des fouilles. Ils sont déposés dans trois
yitrines. Deux pour la rue Courrerie et pour le Plot
contiennent les débris d'antiquités romaines qu'on a
extraits du remblai inférieur. Ces antiquités sont des
moellons cubiques de petit appareil qui ont été déta-
chés de la paroi des murailles ; des tuiles épaisses pla-
tes (tegulm) et convexes (imbrices); plusieurs mor-
ceaux de marbre pouvant indiquer des revêtements
ou placages de murs; des restes de béton, de ciment
et d'enduits de murs, nus ou peints ; des carreaux et
ciavaux en brique ; des tessons de poterie de tons gen-
res, parmi lesquels les uns donnent Tidée d'assez gran-
des urnes {amphora et doliurn), les autres révèlent
des vases diversifiés par leurs dimensions, leurs formes
et décors, depuis ceux dits samiens en argile rouge et
très-fine , lustrés , lisses ou ornés de rinceaux et de
sujets en relief, depuis des poteries à couverte métalli-
que, et d'autres vases en terre noire fine et lustrée,
jusqu'à de plus communs noirs, gris, blanchâtres, rou-
geâtres, etc.
On y voit aussi des fragments de verre blanc et bleu,
ainsi qne des clous, des chevilles et autres débris de
ferrures très-oxidées, quelques menus objets de cuivre
dont une fibule ou agraiïe, de^s os d'animaux domes-
tiques, des parcelles de charbon de bois et deux mé-
dailles romaines qui ont été découvertes, ensemble,
vers l'entrée de la rue Panessac, en un point marqué
sur les plans.
Auprès de ces antiquités, est placé un tronçon de co-
lonne en grès très-dur, dont la base trahit un profil an-
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100 RÉSUMi DES SÉANCES.
tique. Il a été retiré de la cave d*une maison contiguê
à la tranchée, sur remplacement de l'antique édifice
dont il a été parlé. Ce morceau a été offert au Musée
par M. Henri Souteyran, propriétaire de la maison.
La troisième vitrine renferme des objets moins an-
ciens. Les uns ont été extraits de la couche inférieure
du remblai superposé aux substructions et vestiges ro<
mains. Tels sont des fragments de tuiles et de poteries,
et une coquille percée (peeten) de pèlerin , trouvée
dans une des sépultures, au contact des os de l'épaule
d'un squelette. D'auti*es débris proviennent des cou-
ches supérieures. On y voit quelques petites monnaies
du moyen âge et plus ou moins modernes.
Une des tombes en pierre volcanique a été apportée
également au Musée. Elle est placée sous les yeux de
la Société.
Enfin, noire confrère signale à la gratitude de la So-
ciété le concours intelligent et zélé qu'ont prêté à ses
explorations, MM. les employés du bureau d'archi-
tecture de la ville chargés alternativement de la sur-
veillance des travaux, ainsi que MM. les entrepre-
neurs, qui ont accepté, de bonne grâce, d'être parfois
importunés par les recherches ayant pu gêner leurs
travaux. Suivant les instructions qu'ils avaient re-
çues de l'autorité municipale, ces Messieurs ont re-
cueilli presque tous les objets qui viennent d'être
mentionnés et dont beaucoup ont même été extraits par
eux des couches de remblai, de manière à fournir
d'exactes notions sur leur provenance. Quant aux plans
des substructions et des couches du teri*ain, relevés
avec un grand soin par M. Aymard, il a été, également,
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jaifc. <0<
assista dans cette pénible opération par ces excellents
auxiliaires dont les noms inscrits dans les vitrines sont
ceux de MM. Martin, architecte en chef, Alphonse Bes-
son, Malhieu Mourgues, Gustave Blachëre et Joseph
Rivet, et MM. André Bonhomme et Louis Séjalon, en-
trepreneurs.
Après des félicilations qui leur sont exprimées par
M. le Président et desremerctments adressés à M. Henri
Souteyran pour son offrande de la colonne trouvée
dans la cave de sa maison, M. Aymard donne lecture
de son rapport. Ce compte-rendu, très-complet dans
toutes ses parties, a été écouté avec un vif intérêt et
TAssemblée en demande l'impression immédiate dans
les Annales.
Personnel de la Société. — M. le baron de Sar-
tiges d'Angles, membre de l'Académie de Clermont
(Puy-de*-Déme], dans une lettre dont il est fait lecture,
remercie cordialement la Société de lui avoir conféré,
dans sa séance du ^ mai, le titre de membre non rési-
dant. Il regrette vivement que son grand ftge ne lui
permette pas de prendre une part aussi active qu'il le
désirerait, aux travaux de la Compagnie.
M. le curé Frugère, membre non résidant, écrit pour
solliciter l'échange de son titre de membre non rési-
dant en celui de membre résidant. Notre confrère dit
que, depuis sa réception à la Société, il s'est rendu assi-
dûment à nos réunions mensuelles qui, dit-il, ont pour
lui d'autant plus d'intérêt et de charme qu'elles sont en
harmonie avec ses goûts, et couformes à l'objet de ses
éludes privées. M. Frugère s'en réfère, comme titre
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ion RESUME DBS SEANCES.
d'admission parmi les membres résidants, an livre qu'il
a publié sur VAposiolicité de l'Eglise du Velay.
M. le Président, en consultant l'Assemblée sur cette
demande légitimée par le règlement, rappelle les tra-
vaux de divers genres dont M. l'abbé Frugère a entre-
tenu la Société ; les communications scientifiques qu*à
difTérentes époques il lui a transmises; son livre sur
Tapostolicité de notre Eglise qui a été accueilli par
les félicitations de personnes initiées à cette question ;
enfin, son zèle pour les explorations archéologiques
qui l'a porté récemment h doter le Musée d'intéres-
santes découvertes.
Aussi, la demande de M. l'abbé Frugère est-elle ac-
ceptée à l'unanimité des voix, et notre confrère est
proclamé membre résidant.
PuBUCATioifs DE LA SOCIÉTÉ. — 11 ost douué Commu-
nication de plusieui^ lettres accusant réception du
vingt-neuvième volume de nos Annales. Elles émanent
du Ministère de l'Instruction publique, de l'Académie
des sciences de Paris, des Sociétés académiques d'Alais,
d'Apt, et de la Société des antiquaires de Picardie.
A sept heures la séance est levée.
Le Vice-Secréiaire,
Aimé GIRON,
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SEANCE MENSUELLE
DU LUNDI 4 JUILLET
âOMMAIHIS
Leelare du proeès-vefbal. — Mustfi : don d'objets en silex prëhistoriqoes, par
M"* et M. de Cardeoal. Danger de détérioration pour les tableaux. Répara-
tions nécessaires à la toiture du Musée.— Ouveagis Rigus : brochure con-
cernaot V Opinion de la province sur la question des arèms gnllo-romaines
de Paris: vœu de la Société pour leur conservation. Tabl^lles historiques
de la HatUe-'Loire : article de cette revue an sujet des divinités Ididon et
Auguste, nommées sur une inscription romaine du Pny ; opinions de MM. Ay-
mard et Sauzet. Lettres sur l'Assemblée législative (1791-9â), par Rabns.<on-
Lamotbe, publiées par M. Mège. Annuaire de la Société des agriculteurs
de France : article sur les moissonnenses ; emploi de la faux au lieu de la
faucille; décision de la Société pour des essais de moissonnage ï la faux.
Reçue agricole et horticole : procédé pour la conservation des pommes de
. terre. -— Efisrionehiiit igricolb k l'école normale du Puy. — Etat dbs
■ifcoLTis dans le département. — M^TionoLoo» : rapport de M. Isidore
Uedde, proposant la ciéatlon d'un observatoire sur le Meteuc. Observations
météorologiques à l'école normale du Pny. — Yoiis de communication :
enquête sur. les routes et chemins de fer dans la Haute-Loire; rapport de
M. Nicolas. — Nomismâtiqob du Put : deniers d'argent du dixième siècle
frappés aux noms du roi Raoul et de la ville du Puy; communication de
M. Gbassaing.
Présidence de M. de Brive.
Le procès- Yerbal est lu et adopté.
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104 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
Musée. Dons. — M. Aimé Giron, vice-secrétaire, ne
pouvant se rendre à la séance, s'excuse par une lettre
dont il est donné lecture, et. dans laquelle il offre au
Musée, au nom de M'"^ et M. de Cardenal, président du
comice agricole de Villeneuve-sur-Lot, et par Tinter-
raédiaire de M. Braud, ancien président du tribunal de
commerce du Puy, des objets en silex recueillis savam-
ment par M»« de Cardenal dans le département de
Lot-et-Garonne.
Cette communication, très-intéressante, est accueillie
par un vote de remerclments qui seront transmis aux
donateurs, avec prière à M"« de Cardenal de vouloir bien
nous faire un rapport succinct sur la provenance de cha-
cune de ces curieuses pièces d'antiquité préhistorique.
Conservation des tableaux. — Notre confrère ap-
pelle en même temps l'attention de la Société sur le
danger de détériorations auxquelles sont exposés, de
la part des visiteurs, un certain nombre de tableaux
qui ont été décrochés de leurs places, et exprime le
désir qu'en attendant leur réinstallation, la salle où
ils se trouvent soit interdite au public.
M. le docteur Langlois, en l'absence de M. Viberl père,
conservateur de la galerie de peinture, explique que
rinfillration de l'humidité le long d'un mur, — due à
l'obstruction par la gelée, durant l'hiver, d'un des
chéneaux, -— a nécessité l'enlèvement des tableaux qui
pouvaient souffrir de celte infiltration ; leur réintégra-
tion en place n'est possible qu'après des réparations
suffisantes à la toiture.
M. le Président signalera cet état de choses à M. le
Maire et le priera d^ ppi;^rvoir à s^ prpippte ej^safttipn.
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JUILLET. i05
Ouvrages reçus. — En présentant à la Compagnie
une brochure intitulée : Opinion de la province sur la
question des arènes gallo-romaines de Paris, M. le
Président rappelle que, depuis la dernière séance, la
Société académique du Puy a transmis h M. le Préfet de
la Seine une pétition, signée de la presque unanimité
de ses membres, pour demander le rachat et la conser-
vation des arènes de Paris. Notre Société, au sein de
laquelle les études archéologiques ont été toujours en
honneur et qui a recueilli avec une sollicitude si jalouse
nos antiquités locales, s'est fait un devoir d'unir sa voix
à celle des autres Sociétés savantes de France, pour
sauver un monument si intéressant au point de vue de
la science et de notre histoire nationale. Elle regrette
vivement que des considérations budgétaires n'aient
pas permis k l'Etat et à la ville de Paris de répondre
aux vœux du monde savant.
A propos d'un article inséré dans les Tablettes histo-
riques de la Haute-Loire, sur l'inscription antique
trouvée au Puy, mentionnant la consécration d'un au-
tel aux dieux Adidon et Auguste, par Sextus Talo-
nius Musicus, et dans lequel est mise en avant l'opinion
nouvelle que ce personnage serait un légionnaire et
Adidon le génie de la légion, M. Aymard fait obser-
ver que cette conjecture ne pourrait avoir de va-
leur scientifique qu'autant qu'elle serait appuyée sur
des exemples tirés de l'histoire ou de l'épigraphie.
Selon notre confrère, la seule explication acceptable
pour les épigraphistes, est celle qu'il a proposée et qui
consiste à voir dans le nom d*Adidon la déification de
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10B RÉSUMÉ DES SÉANCES.
la ville antique représentée au sixième siècle par Vurbs
Vellava (la ville capitale des Vellaves), de Grégoire de
Tours, dont Anicium, d'après cet historien, était le
Castrum. Adidon offrirait deux radicaux gaulois : Adi-
don, mont Adi (mont Dieu), traduit plus tard par Po-
dium A nicii (mont Anis), nom vulgaire, très- ancien de
la même ville. Cette interprétation est corroborée par
Fassociation d'Adidon et d'Auguste : on sait que lors-
que ce prince fut parvenu à l'empire, durant et après
son règne, le culte des divinités topiques fut souvent
réuni à celui de la divinité de Tempereur : numen
Augusti, devenu le génie par excellence de l'empire
entier. Le flamen augustalis fut le prêtre chargé de
desservir ce culte qui se généralisa dans tout le monde
romain. Dans les Gaules surtout, on a trouvé nombre
d'inscriptions se rattachant à cette institution non moins
politique que religieuse et ofTVant l'association du génie
local (désigné souvent par le nom même du lieu divi-
nisé) et de la personne sacrée d'Auguste. L'inscription
du Puy rentre absolument dans cette classe (1).
M. l'abbé Sauzet préférerait voir dans Adidon une
divinité analogue à la Fortuna redux, ou divinité de
l'heureux retour; selon lui, l'inscription serait l'accom
plissement d'un vœu fait par Talonius en reconnais-
sance d'un heureux voyage ; à quoi M. Aymard répond
que ni l'histoire, ni l'épigraphie romaine ne fournis-
sent des preuves à l'appui de cette conjecture.
(1) Voyez, ^ ee sujet, la notiee de M. Aymard aux Annales de la Société,
tom. XXI, p. 179.
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JUILLET. 107
M. Francisque Mëge, de Clermont, membre non
résidant, fait hommage d'un volume qu*il vient de pu-
blier sous ce titre : LeUres $ur l'Assemblée le'gislaiive
(1794-1792), par Rabussoû-Lamothe, député du Puy-de-
Dôme. Ces lettres, écrites à la municipalité de Clermonl-
Ferrand, contiennent beaucoup de détails curieux sur
les débats de TAssemblée législative et les questions
qui s*y agitèrent. Leur auteur, Antoine Rabusson-La-
mothe, né à Clermont, le 13 juillet 1756, fut élu, en
septembre 1791, le douzième des députés du Puy-de-
Dôme. Il vint s'asseoir sur les bancs de la droite, à côté
des Ramond, des Vaublanc, des Beugnot, des Girardin
et autres défenseurs de la Constitution de 1791. Quoi-
que doué de capacités incontestables, Lamothe, neu-
tralisé par son naturel timide et craintif, n'aborda
jamais la tribune. Il ne fut pas réélu à la Convention
nationale. Le 16 ventôse an VIII (7 mars 1800), il fut
appelé aux fonctions de Préfet de la Haute-Loire, qu'il
exerça jusqu'au commencement de 1810. La notice
biographique dont M. Mège a fait précéder les Lettres,
est le résumé de recherches d'autant plus difficiles que
le personnage qui en était l'objet avait eu un rôle po-
litique assez effacé. Elle intéressera ce département
dont M. Lamothe fut le premier Préfet.
VAnnuaire de la Société des agriculteurs de France
contient un travail très-étendu de M. Albaret, sur les
moissonneuses.
M. le Président insiste sur l'avantage de l'emploi de
la faux au lieu de la faucille. La faux permet de cou-
per la moisson plus bas qu'avec la faucille et de réaliser
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408 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
UDe précieuse économie dans la paille, si rare celle
année. Pour délerminer les agriculteurs à recourir à
la faux, il est indispensable de leur démontrer, par
une expérience sérieuse et exécutée dans des condi-
tions Yéritablement pratiques, la supériorité de ce pro-
cédé.
Un concours de fauchage opérant sur des moissons
de rromeni et d'orge, dans un champ étendu et voisin
de la ville, attirerait certainement beaucoup de cu-
rieux et serait un très-utile enseignement.
La Société adopte la proposition de M. le Président.
M. Tagent-coniptable avisera au moyen de procéder à
cette expérience le plus tôt possible.
La Revue agricole et horticole préconise un procédé
pour la conservation des pommes de terre. La plupart
des cultivateurs rentrent leurs pommes de terre dans
des caves ou des silos humides, et prennent au tas, au
moment de la plantation, la quantité qui leur est néces-
saire. C'est une double faute qu'ils doivent éviter, s'ils
veulent préserver leur récolte de la maladie et obtenir
un rendement plus considérable. La maladie qui sévit si
cruellement, dans certaines années, sur la pomme de
terre, doit être presque uniquement attribuée, suivant
Tauteur, à la germination qui se produit toujours dans
les caves ou silos. Une pomme de terre qui aura poussé
plusieurs germes,. épuisée par cette germination préma-
turée, donnera des résultats bien moins satisfaisants
que celle dont les germes se développent naiurellement,
après qu'elle aura été oonQée à la terre. Pour obvier à
ces inconvénîenU, l'auteur, s'appuyant sur une expé-
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JUILLET. 409
rience personnelle de plusieurs années, recommande de
choisir, après la récolte, parmi les bonnes moyennes,
les pommes de terre que Ton destine à la plantation et
de les conserver dans des bottes à claire-voie sur toutes
les faces. Ces boites à claire-voie, remplies de tuber-
cules réservés pour la plantation, seront placées Tune
sur l'autre dans un endroit sec et à Tabri de la gelée,
grenier ou grange; le lieu choisi doit être parfaitement
aéré, et Tair circuler facilement à travers les bottes.
Ainsi conservés, les tubercules possèdent au plus haut
degré tous les éléments nécessaires à la reproduction,
et toutes les qualités indispensables à Talimentation de
la plante. Il est à remarquer aussi qu'ils poussent plus
rapidement et mûrissent avant ceux qui sont plantés
dans les conditions ordinaires.
M. le Président, tout en constatant la simplicité du
procédé, fait observer que cette pratique ne pourrait,
à cause des soins qu'elle exige, être admise dans les
grandes exploitations rurales; mais elle conviendrait
aux petites.
Le Journal d'agriculture progressine donne des dé-
tails sur la baisse, dans la région du centre, du prix
des animaux, amenée par la pénurie des fourrages. Les
jeunes moutons d'élève valent de 2 fr. 50 c. à 3 fr.
pièce ; un propriétaire a acheté cinq cents jeunes mou-
tons pour 1,400 fr.; par contre, il a vendu deux mille
quatre cents bottes de vieille paille 2,400 fr., soit \ fr.
la botte. Dans l'Ouest, telle paire de bœufs, dont le
propriétaire avait refusé 1,000 fr. dans les premiers
jours de mai, s'est vendue 400 fr., il y a quelques jours.
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410 RKSUMÉ DES SÉANCES.
Enfin , dans les environs de Limoges, tel veau qui va-
lait SOO fr. en mai, se vend aujourd'hui 80 fr. à peine.
Au Puy, la môme baisse s*esl produite, et c'est ainsi que
le veau est descendu du cours de 45 centimes le demi-
kilogramme à 25 centimes.
Pour combattre la disette fourragère que la prolon-
gation de la sécheresse rend de plus en plus calami-
teuse, M. Barrai, dans le Bulletin hebdomadaire de
l'agriculture, recommande remploi de la paille hachée
mise pendant vingt-quatre heures à macérer dans de
l'eau où Ton fera préalablement dissoudre de 5 à 40/100
de mélasse. L*eau mélassée donne à la paille des qua-
lités qui la font manger avec plaisir par le bétail. Elle
est donc d*une digestion plus facile et par suite plus
assimilable. On pourra aussi faire mouiller la paille ha-
chée avec des eaux salées où Ton aura mis en macéra-
tion du tourteau en poudre. Enjoignant celte ressource
aux feuilles que Ton pourra retirer des forêts, on ga-
gnera du temps. M. Barrai termine en conseillant de se
préparer à profiter des pluies pour faire des ensemence-
ments de toutes les plantes susceptibles de devenir un
aliment pour le bétail ; c*est le seul moyen de conjurer
la disette de viande qui nous menace, en présence
d'une moisson de céréales qui, tous les jours, est da-
vantage compromise.
Enseignement agricole. — Notre confrère, M. Ni-
colas, présente la liste des élèves-maîtres qui se sont le
plus distingués dans le cours d'agriculture, enseigné
par lui à l'école normale du Puy, et qui lui paraissent
dignes des récompenses que la Société a la coutume de
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JUILLET. 414
décerner lous les ans. Les noms de ces élèves sont ac-
compagnés des proposions de récompenses, savoir :
Une médaille d'argent, quatre médailles de bronze et
deux mentions honorables. Il soumet aussi, suivant Tu-
sage, les compositions d'agriculture des élèves.
Notre confrère, en constatant le peu de progrès de
renseignement agricole dans les campagnes, fait obser-
ver que les professeurs de l'école Normale sont sans
action sur les élèves après leur sortie de Técole ; ceux-
ci ne sont plus ni sous leur direction, ni sous leur sur-
veillance. C'est de M. l'Inspecteur d'Académie qu'ils
relèvent; nul doute que notre honorable confrère,
M. Béliben, ne s'empressera, sur le désir de la Société,
de stimuler le zèle de MM. les instituteurs à vulgariser
autour d'eux les notions d'agriculture pratique qui
leur ont été enseignées à l'école Normale.
L'assemblée, après avoir entendu la lecture de l'une
des compositions relatives aux soins à xlonner aux
prairies naturelles^ remercie notre zélé confrère et ap-
prouve le classement des récompenses qui seront décer-
nées au nom et aux frais de la Société.
Etat des récoltes. — M. le Président appelle Tal-
tenlion de la Société sur la situation exacte des récolles
dans le département. Des renseignements fournis par
ceux de nos confrères qui s'occupent plus spécialement
d'agriculture, il résulte que les prairies naturelles, ai-
sément arrosées par les cours d'eau, comme dans les
vallées de la Loire à Coubon, de la Borne, etc., ont
donné un magnifique produit; les prés de Chamalières
n'ont fourni qu'un cinquième du rendement ordinaire;
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Goo^^ —
H 2 RÉSUMÉ DBS SÉANGBS.
dans rarrondissement de Brioude, un quart ; dans la
montagne, la perte est en général de la moitié, quelque-
fois des deux tiers. Quant aux foun-ages artificiels, la
luzerne a donné une première coupe excellente ; la se-
conde n*est pas vigoureuse. Les (rèfles ont manqué dans
la proportion des deux tiers. Les sainfoins ont été beaux.
En céréales, les froments et les seigles sont partout sa-
tisfaisants. Les orges, belles dans les fonds, n*ont pas
réussi dans la montagne. Les avoines sont partout très-
laides. Les légumineuses, telles que lentilles, fèves, fé-
veroUes et pois, laissent beaucoup à désirer. Les pom-
mes de terre offrent une belle végétation; mais, sans
pluie, les tubercules ne pourront grossir. L'aoustoune et
la marjolin en donnent qui ne sont pas plus gros que
des noix. £n somme, la situation est loin d'être satisfai-
sante.
MÉTÉOROLOGIE. — M. Isidoro Hedde, membre non
résidant, adresse la communication suivante sur les
avantages qu'il y aurait à établir, au sommet de la
montagne du Mezenc, un observatoire météorologique
comme celui qui va être placé sur le Puy-de-Dôme :
Messieurs ,
Je dois à Tobligeance de notre honoré secrétaire ,
M. Ghassaing , communication d'une notice sur la rentrée
solennelle des Facultés des sciences et des lettres de l'A-
cadémie de Glermont-Ferrand. Parmi les sujets traités dans
cette notice est une étude très-remarquable de M. Alluard,
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JUILLET. M 3
professeur de physique à ladite Faculté, et qui embrasse
les questions les plus délicates de la météorologie télégra-
phique, au point de vue spécial de l'agriculture, mais
ayant pour but direct la création d'un observatoire météo-
rologique au sommet da cône volcanique , le Puy-de-
Dôme.
Vous n'avez pas oublié, Messieurs, qu'en 1858 vous
fûtes invités par la Société impériale et centrale d'agricul-
ture à recueillir les renseignements nécessaires pour con-
stater les dégâts causés par la grêle, et à rechercher et les
causes de ces fléaux et les moyens propres à les conju-
rer. Quelque temps après , vous reçûtes de notre confrère ,
si justement regretté, M. Bertrand de Doue, et de notre
honorable confrère , M. Félix Robert , des observations
très-précises et très-judicieuses sur les causes et les résul-
tats de ces phénomènes atmosphériques. Le premier sur-
tout , dans une série de mémoires publiés tant dans V An-
nuaire météorologique de France pour 1851 et 1857, que
dans les Annales de la Société académique du Puy-en-Velay,
pour 1858, a été un des premiers à ouvrir la voie aux
connaissances météorologiques dans nos contrées ; il a fait,
pour cette partie des sciences naturelles, ce qu'il avait déjà
opéré pour l'étude de la géologie. Par lui , nous avons
été initiés , dès cette époque , aux lois qui régissent , dans
la station du Puy-en-Velay, la direction des vents su-
périeurs et inférieurs , aux connaissances des principales
causes des variations atmosphériques de notre climat.
Ce que M. Bertrand de Doue avait indiqué , à force
d'observations multiples et comparées , tant au moyen des
vigies placées à Corneille et à Doue, que par ses nombreu-
ses et importantes relations à l'intérieur et à l'extérieur,
TOME XXXI. s
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1U RRSUMÉ DES SEANCES.
M. Alloard, sans sortir de son cabinet de physiqae, a
trouvé le moyen bien simple de parvenir à la découverte de
ces phénomènes atmosphériques, à les signaler à Tavance
et à prévenir les désastres qui frappent si soudainement et
si cruellement l'agriculture. Il suit simplement le conseil de
l'illustre Biot : c'est de prendre la météorologie par le haut,
au lieu de la prendre par le bas, ou en surface. C'est
dans les plus hautes régions de l'atmosphère, comme le fit
jadis Gay-Lussac, quand il s'éleva à plus, de 8,000 mè-
tres au-dessus de la surface de la mer, qu'il faut aller bur-
prendre les secrets de la nature, qu'il faut aller interro-
ger les causes de la formation de la grêle , dont la théorie
est encore pleine de mystères ; de celle des nuages et de
la pluie elle-même.
M. Âlluard, dans le but de faciliter Tétude de ces graves
questions qui intéressent tant l'agriculture, propose d'é-
tablir un observatoire météorologique au sommet du Puy-
de-Dôme, qui se relierait, tant à celui déjà établi à la
Faculté même des sciences de Giermont-Ferrand qu'à celui
de Mont-Souris , près de Paris , et que le Ministre de
rinstruction publique a fait récemment établir, sous l'ha-
bile direction de M. Ste-Glaire Deville. D'après M. Alluard,
une somme de 100,000 francs serait nécessaire pour l'é-
rection et les frais résultant de la mise en exécution de
rétablissement utile qu'il réclame. Déjà le Corps législatif
a été saisi de ce projet, qui sera probablement appuyé par
de puissantes influences. Des fonds seront votés, qui se
joindront naturellement aux souscriptions publiques , aux
ressources de la ville et du département.
Nous devons nous associer aux vœux formés par
M. AUuard , mais surtout désirer que son projet trouve
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JUILLET. H 5
beaucoup d'imitateurs ; car, plus il y aura de stations mé-
téorologiques en France, plus tôt on trouvera les moyens
d'obvier aux fléaux qui désolent notre agriculture. Mais
n'oublions pas que nous avons près du Puy-en-Velay , à
27 kilomètres, en ligne droite, un point admirablement si-
tué, plus propice encore que le Puy-de-Dôme, pour un
observatoire spécial de météorologie. C'est le Mezenc, —
altitude, 1,778 mètres, d'après M. Malègue, — ce géant
des pbonolitbes, la sommité la plus visible et la plus acces-
sible de la France centrale, et qui étend sa vue sur les val-
lées du Rbône et de la Loire, sur toute la chaîne des
Alpes, des hautes régions de la Savoie, des montdgnes
du Jura, de la Gôte-d'Or, du Cantal, du Puy-de-Dôme, de
la Lozère , de l' Aveyron , et n'est arrêtée que par les
dépressions maritimes dos bords de la Méditerranée.
Voici les principales hauteurs qui sont vues du Mezenc
ou qui sont appelées à servir de points de repères pour des
stations météorologiques :
Mont Blanc, le plus haut point d'Europe. ... 4,810"
Le Cylindre (Pyrénées) 3,369
Ghamechaude, au-dessus de la Grande-Char-
treuse 2,087
Mont Ventoux, au-dessus d'Avignon 1,960
Pic de Sancy , aux monts Dore 1,886
Plomb du Cantal 1 ,858
Lozère 1,690 et 1,702
Pierre-sur-Haute, sur la limite des départe-
ments de la Loire et du Puy-de-Dôme 1 ,630
Mont Signon, d'où sort le Lignon (Haute-
Loire) 1,568
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H6 UÉSUMÉ DES SÉANCES.
Gerbier-de-Jonc, d'où sort la Loire (Ardèche). 1,562"
Puy-de-Dôme 1,465
Pilât 1,434
De toutes ces sommités , le Mezenc , à l'altitude de
1,778™, d'après M. Malègue, est encore celle qui présente
la plus heureuse situation, tant à cause de son accessibilité
que pour la facilité et la transmission des observations. Le
Mezenc se trouve en face et à 1,027 mètres au-dessus du
sommet de Corneille (ait. 761™), qui domine la ville du
Puy-en-Velay (ait. 629™). Cinq cent quarante poteaux
télégraphiques, espacés de 50 mètres, suffiraient pour le
relier au sommet du Mezenc, à l'endroit où sa trouve la
croix, point de triangulation marqué sur la carte de Tétat-
major, limite des départements de la Hauto-Loire et de
TArdèche.
On pourrait môme se dispenser de s'installer au sommet
de Corneille. Il existe, à la hauteur du seuil de la Cathé-
drale (ait. 707™), dans une maison faisant partie de l'ancien
couvent de Sainte-Catherine, au-dessus du réservoir infé-
rieur des eaux de la ville, maison appartenant à M. le curé
Péala, un pavillon inoccupé qui domine les jardins du Sé-
minaire, et d'où la vue s'étend sur toute la chaîne du Mé-
gal et du Mezenc : ce petit pavillon pourrait momentané-
ment servir, sans frais, de station correspondante.
Les frais d'installation au Mezenc ne seraient pas, non
plus, bien considérables , par suite des matériaux propices
qui existent sur les lieux et par la facilité des communi-
cations, tant avec la maison des gardes forestiers, qui est à
un quart-d'heure ou un kilomètre de distance, qu'avec le
village même des Estables, qui est à demi-heure ou 2 ki-
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JUILLET. 117
lomètres au plus de distance da point culminant. Nul
doute que l'on ne trouvât dans ce voisinage de nouvelles
conditions de facilités pour l'établissement et le fonction-
nement d'un observatoire. Il ne faut pas oublier aussi, qu'à
l'aide d'une lunette ordinaire, on pourrait facilement cor-
respondre du Mezenc à Corneille, en employant des si-
gnaux télégraphiques et en attendant que les fonds néces-
saires fussent recueillis et les travaux teraûiiés. Je suis
convaincu qu'avec une somme de 10,000 fr., on pourrait
parfaitement venir à bout d'installer ce service complet, et
qu'avec une somme bien moindre encore, mais avec le
concours habituel de personnes dotées du feu sacré de r*a-
mour du pays, on parviendrait à suppléer momentanément
au défaut de la somme nécessaire. Dans ce but, je souscri*
rais pour une somme égale à la plus forte qui serait offerte.
Puissent mes vœux trouver de l'écho, non- seulement
pour la réussite d'un observatoire sur le Mezenc, un des
sommets de l'Europe les* plus propres à favoriser l'étude des
questions météorologiques !
M. le Président, eu exprimanl à M. Hedde les re-
rnerciemenls de la Compagnie, conslale que le projet
(lout notre confrère vient d'émettre le vœu repose sur
une idée sérieuse et féconde; malheureusement l'ab-
sence de ressources s*opposera longtemps à son exè-
calion ; notre confrère n'en aura pas moins l'honneur
d'y avoir songé le premier et de l'avoir signalé à
rattention des hommes spéciaux.
M. Nicolas présente les observations météorologiques
failes sous sa direction, ù l'école normale du Puy. Noire
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148 RÉSUMÉ DÉS SÉANCES.
confrère signale les noms des élèyes-maltres de cette
école qui, déjà bien expérimentés, Tont aidé assidûment
dans ce genre d'études.
L'Assemblée les en félicite et décide, suivant Tusage,
la publication des tableaux météorologiques dans les
Annales.
Voies DE GOMMUFiiGATiON. RouUs et chemins de fer
du département. — La Société ayant pris connais-
sance, dans sa séance du 6 juin, du questionnaire re-
latif à une onquéle administrative sur les travaux pu-
blics, avait chargé M. Nicolas de lui soumettre un
travail à ce sujet. Notre confrère s'est empressé de sa-
tisfaire au désir de la compagnie. En conséquence, il
donne lecture des questions et réponses suivantes , les
seules qui se rapportent au département :
PONTS ET CHAUSSÉES.
ROUTES ET PONTS.
1 . — QiteUes sont les lacunes que présentent les routes
nationales actueUement classées?
Réponse. Il n'existe pas de lacunes.
2. — Quelles sont les rectifications que ces routes com-
portent ?
R. Ces rectificatioDs sont :
Route n** 88, de Lyon à Toulouse. — Rectification par
la vallée do la Loire, entre Vorey et la limite du départe -
ment de la Loire, sur environ 57 kilomètres;
La route actuelle, entre Brives et le pont de Lignon de-
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iCILLET. 419
vant être conservée, il y aura à rectifier la partie comprise
entre Blavozy et St-Hostien en deçà d'Yssingeaux et la
descente du pont de Lignon au delà de cette ville ;
Route n* 102, de Viviers à Glermont. — Il y aurait à
rectifier la partie comprise entre le Marcet et le pont de
Yieille-Brioude, sur une longueur de plus de 1 1 kilomè-
tres ; maiS) depuis l'ouverture du chemin de fer de Brioude
à Alais, cette rectification n'a plus de raison d'être. La
côte du Rayol, entre la Sauvetat et Pradelles a aussi be-
soin d'amélioration ;
Route n* 103, de Lavoulte (Rhône) à la vallée de la
Loire, à Retoumac. — L'achèvement de la construction
entre le col de la Batterie et Tence, sur 5 kilomètres de
longueur. — La construction du pont sur le Lignon, à
Tence, et de ses abords, sur un demi kilomètre de longueur ;
Route no 105, du Puy à Annonay. — La rectification
des côtes de Bessamorel et d'Yssingeaux, sur 7 kilomètres.
— La rectification de la côte de la Gollange, entre Mont-
faucon et le village de Franc, sur 7 kilomètres.
3. — Les besoins de la circulation exigent-ils Vinscription
de nouveUes routes au tableau des roiUes nationales ou le pro-
longement desdites routes ?
R. Affirmative.
4. — QueUe dépense approximative entraîneraient ces di-
oerses entreprises f
R, Ces diverses entreprises sont évaluées à environ
4,000,000 francs.
5. — Quels avantages devrait-on en altendre?
R. La réduction notable des prix de transports qui en
résulterait, développerait le commerce, appellerait l'indus-
trie et profiterait beaucoup à l'agriculture dont les riches-
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1B0 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
Res f6rd<}tières et les récoltes en foin et (céréales s'expor-
tent an loin. Ces rectifications ont même un certain
caractère d'urgence, attendu que les routes départementales
et les chemins vicinaux ayant reçu, ces dernières années,
des améliorations considérables, à la suite des emprunts
successifs du département, les routes nationales sur les*
quelles les voies départementales et communales viennent
aboutir, ne peuvent rester avec un tracé inférieur à celui
de ces voies locales.
6. — Quel est l'ordre de priorité à assigner à chactme
d'elles?
R, Rectification de la route n'» 88 par la vallée de la
Loire, entre Vorey et le département de la Loire. Rectifi-
cation de la route actuelle entre Blavozy et St-Hostien , et
entre Yssingeaux et le pont de Lignon.
Achèvement de la route n° 103, entre le col de la Bat-
terie et Tence, y compris la reconstruction du pont de
Tence, sur le Lignon et ses abords.
Rectification des côtes de Bessamorel et d'Yssin«eaux,
route nationale n" 105.
Rectification de la côte de la Col lange, même route
nM05.
Enfin rectification de la côte du Rayol, sur la route natio-
nale n' 102, vers Pradelles; et rcMtification do la côte du
Marcel à Vieille -Brioude.
7. - L'entretien des routes nationales est-il suffisamment
assuré au moyen des allocations budgétaires actuelles ?
• /?. L'allocation actuelle est insuffisante.
8. — S'il y a insuffisance, à quel chiffre s'étève-t elle ?
B. Cette insuffisance est estimée à environ I ;4 du crédit
actuel.
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jriLLET. \2\
^. — Les chaussées empierrées des routes nationales ont-
elles conservé une épaisseur suffisante? — Les chaussées pa-
vées sont-elles toutes dans un état de viabilité satisfaisant ? —
Dans le cas contraire, quelle somme faudrait-il dépenser pour
les remettre en bon état ?
B, Les chaussées d'empierrement des routes nationales
n'ont pas conservé une épaisseur suffisante; en beaucoup
d'endroits elles se rédui?ent à quatre et cinq cer.timètres
d'épaisseur. Pour ramener les chaussées à une épaisseur suf-
fisante, il faudrait les recharger sur une grande longueur.
10. — L'influence de l'établissement des chemins de fer
sur la circulation des routes nationales et sur les frais d'entre-
tien queUes comportent est-elle de nature à motiver leur dé-
classement total ou partiel ?
y?. Aucune des routes n'est dans ce cas.
11. — Les routes nationales présentent -elles des excé-
dants de largeur ? — Dans Vafflrmative, quel serait le meil-
leur moyen de tirer parti de ces excédants au profit du Trésor
public, soit par des plantations, sbit par des aliénations, si elles
étaient reconnues possibles?
/?. Les excédants de largeur peuvent être utilisés à des
plantations, qui, au bout d'un certain nombre d'années, pro-
cureront un bon bénéfice à l'État et rendront des services
à l'industrie. A cet égard, les essences qui ont le mieux
réussi sont les sycomores, les platanes, etc.
12. — Quels sont les ponts à péage faisant partie des rou-
tes nationales qu'il conviendrait de racheter ? - A combien
s'élèveraient ajjproximativement les dépenses de ces rachats et
quelles mesures seraient à prendre pour y parvenir ?
R. Il n'y a actuellement aucun pont suspendu à péage
sur les routes nationales.
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^n RÉSUMÉ DES SÉANGBS.
13. — y a^t-U des amélioreUioru à apporter dans la légis-
lation ou dans les règlements en vigueur touchant la construc-
tion, la circulation et la police des routes nationales et
départementales, notamment en ce qui concerne le droit d* ex-
traction des matériaux sur les propriétés riveraines et la ser-
vitude d'alignement sur les voies publiques du domaine de la
grande voirie ?
R, Non : on regarde la législation actuelle comme indis-
pensable.
Y0IE8 NAVIGABLES.
14. — Quelle est la nature des principaux transports qui
intéressent le déposant sur chaque réseau; quels sont les points
principaux entre lesquels s'établissent ces transports ?
R, Autrefois, on construisait au port de Lamothe, près
Brioude, des bateaux de grandes dimensions pour les trans-
ports des vins et des barytes ; les bois se transportaient
sous forme de radeaux. Mais ce genre d'industrie a cessé
dès le jour où le chemin de fer a été ouvert à Brioude.
SERVICE HYDRAULIQUE.
56. — QmIUs entreprises, ressortissant à l'administra-
lion des travaux publics^ sont réclamées dans l'intérêt de la
salubrité publique ou des améliorations agricoles f
Destruction de foyers d'infection. — Dessèchement de ma-
rais. — Établissement de routes agricoles. — Canaux d'ar-
rosage. — Colmatages. — Réservoirs d'eau à établir en mon-
tagne.
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JUILLET. 423
R, A ce numéro, il est fait mention de l'établissement
de routes agricoles. — ^ Quoique l'administration des ponts
et chaussées n*ait pas été saisie jusqu'à présent de projets
de ce genre, il n*est pas moins vrai que les voies agricoles
ou rurales sont appelées à rendre des services signalés dans
notre pays. Il faudrait seulement les établir à peu de frais,
comme la Société en a exprimé le vœu, par voie de
syndicats rendus obligatoires. H serait bon d'admettre des
largeurs minimum pour ces chemins : trois mètres par
exemple, et d'éviter autant que possible les gros déblais
et remblais. Le résultat pourrait être atteint en admet-
tant des pentes et rampes de 8 à 10 centimètres sur les
points les plus accidentés. Les courbes, réduites à iO et
]5 mètres de rayon, permettraient aussi de diminuer les
dépenses. Il y aurait peut-être à établir une réglementa-
tion pour ces voies, tant sous le rapport des tracés que
sons le rapport des terrains à acquérir. Déjà des chemins
ruraux ont été établis dans quelques coïnmunes, notam-
ment dans celle de Vais, par des intéressés associés en
syndicats, sous la direction très-zélée de M. Aymard, alors
maire de cette commune, et les résultats obtenus sont mar-
quants : enlèvement d'amas de pierres déposés souvent sur
certaines parties des champs et utilisés pour les chaussées
de chemins; diminution de fpais de transports pour les en-
grais et les récoltes et, par suite, augmentation de pro-
duits et de valeur du terrain.
n est, également, fait mention du dessèchement des ma-
rais. — L'administration des ponts et chaussées a fait
l'étude du dessèchement du marais de Marsilhac, dans la
commune du Bouchet-Saint-Nicolas. Ce projet, qui était
appelé à augmenter considérablement la valeur de ce ma-
Digitized by VjOOQ IC
124 nÉSUMÉ DES SKA^CES.
rais d*une contenance de quatre-vingts hectares, a amené
des réclamations de la part des habitants du Bouchet qui
ont préféré alotir ce communal. Cette propriété, qu*on
aurait pu évaluer à 30,000 francs, aurait atteint le chiffre
de plus de 160,000 francs une fois assainie. La dépense
n'aurait pas atteint le chiffre de 15,000 fr,
57 . — Quelles sont les entreprises de ce genre qui ont été
déjà exécutées ? Quel a été le montant de la dépense et quelle
influence ont eu ces travaux sur la salubrité publique ou la
production agricole ?
R, Dans l'arrondissement de Brioude, des étangs ont été
desséchés, en 1857, pour cause d'insalubrité, dans les can-
tons de Lavoùte-Ghilhac et de Paulhaguet, en vertu d'une
décision préfectorale. — La surface desséchée est d'environ
77 hectares; elle donne, depuis lors, des produits abon-
dants. La fièvre qui sévissait tous les ans dans ces contrées
a disparu complètement. La gare de St-Georges d'Aurat ost
aujourd'hui construite dans un de ces étangs. La ligne du
chemin de fer d'Alais traverse les deux plus importants.
Dans ce môme arrondissement, les marais de Bec et de
Gétron. commune d'Ëspalem, d'une contenance d'environ
9 hectares 50 ares, ont été desséchés par les intéressés
formés en syndicat. Les travaux, exécutés par entreprise,
se sont élevés à la somme de 2,595 francs. Depuis Lors,
la récolte en fourrage a quadruplé.
61. — Y a-t'il des modifications à apporter aux lois des
11-19 septembre 1792, sur la destruction des étangs insalu-
bres; du 14 floréal an xi, sur le curage des cours d'eau non
navigables ni flottables : du [6 septembre 1807, sur le dessè-
chement des marais et l'exécution des travaux de salubrité:
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JUILLKT. <25
29 avril 1845 fMl juiUei 1847, sur les irrigations pfHvées.
Enfin, en ce qui touche la loi du 21 juin 1865, sur les asso-
ciations syndicales, y aurait-il lieu de faciliter la formation
desdites associations , en étendant Vaction soit de Vadminis-
tration, soit de la majorité des intéressés?
R. Pour arriver au dessèchement des marais ou des tour-
bières, il y aurait lieu, peut-être, de faciliter la formation
des associations syndicales en leur facilitant les moyens
d'employer l'administration compétente.
CHEMINS DE FER.
La SociéU*, dans sa séance de juin, a satisfait au ques-
tionnaire, relativement aux voies ferrées; sauf qu'il y au-
rait lieu d'étudier la question des chennns de fer vicinaux,
au moins pour les communes dont le sol est peu accidenté.
L'Assomliléo, après un déb«at dans lequel plusieurs
membres son! enicndns, opine qu'il convient d'insérer
an procès-verbnl le rop|)orl do M. Nicolas, à l'eiïet qnc
tous nos confrères résidanîs el correspondants, en
ayant connaissance , poissent sonmelire leurs observa-
lions il la Société, qui en délibérera définilivemenl
dans une autre séance (1). •
(1} Les èvéueiueîits de la giiem- ont interrompu l'enquèlc et motivé rajoiir-
ncment, par la Sociétf , de ses li^pouses aax «[ucslioniiaircs. Voyez ia iiutf
il la page 9'2 des Annalex.
Nous fjiifons des vœux pour qnfl relie enquête, si utile, soit bientôt re-
prise, el nos confrères sont invités à Tournir tous les rnisei^nements qu ils
jugeront propri-s 'a édaircr la Société, ^ote du Prèxideuf.
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126 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
Numismatique du Pu y. — M. Chassaing présente à ia
Société deux deniers en argent du dixième siècle, frap-
pés au Puy et provenant du trésor découvert en Espa-
gne en 4866, qui a fourni le denier de notre ville mar-
qué du nom du roi Raoul. L'acquisition, pour le Musée
du Puy, des deux nouveaux deniers, a été proposée par
MM. RoUin et Feuardent à M. le Maire ; ils sont iné-
dits et d'une véritable importance pour l'histoire nu-
mismatique du Puy. Ils forment la transition entre les
deniers au type du roi Raoul et ceux qui offrent la
légende : Moneta Sce Mariœ. M. le Président invite,
au nom de la Compagnie, M. Chassaing à publier
ces deux intéressantes monnaies dans les Annales,
toutefois, après eu avoir demandé Tautorisation aux
possesseurs, et exprime le désir que M. le Maire du
Puy réussisse à en réaliser l'acquisition pour notre
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JUILLET. 427
collection numismatique du Velay ; le prix qui en est
demandé dépasse malheureusement les faibles ressour-
ces dont la Sociét'é peut disposer ; mais il est à espé-
rer que MM. Rollin et Feuardent, qui ont déjà donné
au Musée des marques de leur généreuse sympathie,
faciliteront encore gracieusement la nouvelle négo-
ciation.
L'ordre du jour étant épuisé, la séance est levée
à six heures.
Le Secrétaire,
Augustin CHASSAING.
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SÉANCE MENSUELLE
DU LUNDI !•' AOUT
SOMMAIRE
Lecture da procès-verbal. — Misée : Don par M. Ed. Flouest d'un moulage
de petit autel romain trouvé ii Nîmes ; observations de M. Aymard sur le
dieu gaulois Dis pater , etc. Projet d'acquisition d'un grand psautier trouvé
2i Langeac. — Ouvraobs reçus : Bulletin du Comice agricole de Brionde :
De la valeur comparative des races bovines, races d Aubrac et du Mezenc.
Essai de culture de la lentille li Bournoncle. Annales de la Société d'agri-
culture de la Loire : Essai de culture du blé Galand. Le Sud-Est : Pro-
cédé d'épuration de Peau trouble. — Moissonnagk a la fai:x : Expé-
rience faite au Puy. — Concours ub bbstiaux : Son transfert, en 1«70, de
Fay au Monastier. — Caisse d'épargne du Piy : Raj»port de M. Balme.
— Histoire : Articles de M. Aimé Giron, donnés au Dictionnaire universel
de M. Larousse. Mémoire sur les i>euples slaves, traduit de l'allemand par
Mlle de Boxberg. — Beaux- arts : Exposition, par M. Em. Gir.iud, d'une
copie de la Descente de Croix du Caravage. — Personnel de li SociiÎTiî :
Remerciements du P. Fita, pour sa nomination au tilre de membre non ré-
sidant.
Présidence de M. de Brive.
M. le comte de Saiul-Poncy, préfet de la Haute-
Loire, assi.sle à la séance.
Le procès-verbal de la dernière séance est lu et
adopté.
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AOUT* 429
Dons au Musée. — H. le Président offre, de la part
de H. Edouard Flouest, procureur impérial à Ntmes,
membre non résidant de la Société, le moulage d*an
petit autel de laraire gallo-romain, conservé au Musée
de Ntmes, sur la face antérieure duquel est sculpté en
bas-relief un personnage à longue chevelure et barbe
touffue, vêtu d'une tunique courte ou sagum serrée à
la ceinture; d'une sorte de petit manteau attaché sur
l'épaule droite et rejeté en arrière ; de braies collantes
et de brodequins ; tenant de la main droite un vase
et s'appuyant, de la gauche, sur une masse pourvue
d'un long manche. Il est accompagné d'un chien.
M. Ed. Flouest voit dans ce personnage la représen-
tation du Dis Pater, le Dieu national des Gaulois, que
les Romains, comme on sait, avaient assimilé h Pluton.
C'est la même divinité, sauf quelques différences dans
le costume, que représente une statuette trouvée à Pré-
meaux (Côte-d'Or), et récemment publiée par M. Ana
lole de Barthélémy dans le n» 1 (mai 1870) de la Revue
celtique, dirigée par M. Gaidoz.
L'attribution proposée par M. de Barthélémy, est fon-
dée sur la comparaison de ce bronze avec d'autres sta-
tuettes analogues, qui ont été trouvées à Besançon, à
Vienne, en Suisse, dans la Bresse, à Mâcon, à Metz, etc.,
etc., ainsi qu*avec une semblable image de divinité que
lui ont offerte plusieurs autels de pierre au musée de
Strasbourg, à Sulzbach, dans le grand duché de Bade et
à Lyon.
L'autel du musée de Strasbourg est, surtout, très-ca-
ractéristique ! on y voit le dieu appuyé sur son long
marteau, à côté d'une femme qui est iËrecura ou Pro
TOME xxxr. y
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430 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
serpine; à ses pieds se trouve Cerbère reconnaissable à
ses trois têtes.
Outre ces monuments qui sont de l'époque romaine,
deux statères gaulois de très-bon style, par conséquent
d'une date reculée, qu'on a retrouvés sur le territoire
jadis occupé par les Baiocasses, montreraient aussi, d'a-
près l'opinion de H. de Barthélémy, la représentation
vraiment gauloise du dieu au marteau.
M. Aymard fait ressortir l'intérêt du monument jugé
assez précieux, pour qu'une reproduction en ait été pla-
cée au musée gaulois de Saint-6ermain-en-Laye. Il
ajoute que la savante dissertation de M. de Barthélémy
lui paraît avoir bien fixé l'attribution de ces sortes d'au-
tels au dieu dont les gaulois se disaient issus. Très-pro-
bablement cette attribution sera sanctionnée, un jour,
par le nom de la divinité inscrit sur un semblable monu-
ment, h l'exemple de bien d'autres qui mentionnent des
dieux gaulois honorés, môme sous la domination romaine,
d'un culte plus ou moins public, comme il faut surtout
le croire, d'après l'autel consacré à Jupiter par les nau-
tes parisiens , sous l'empereur Tibère, et qui offre des
images sculptées en bas-relief et des noms de déliés
gauloises aussi bien qae de dieux romains.
Le moulage du môme autel ne sera pas moins curieux
î\ consulter dans nos collections, pour l'étude comparée
d'une tôte de statue en pierre, découverte à la Roche de
Coubon et donnée au Musée par notre confrère, M. Louis
Balme. La ressemblance est surtout remarquable entre
la tôte de la statuette de Prémeaux et le grand masque
dit i' Apollon qu'on voit à Polignac et que M. Aymard
est porté à attribuer au Dis Pater,
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AOUT. 13<
L'absence d'inscription sur les monaments connus de
Dis Pater, laissant le champ libre aux coi]gectureS| au
sqjet du nom gaulois de cette divinité, on peut croire
que César — qui en a fait la première mention (4), re-
produite par Tertullien (2), vers le commencement du
troisième siècle, — aurait traduit par des équivalents
latins, des vocables gaulois répondant à Dis Pater.
Si cette induction avait quelque chance de probabili-
té, nous aurions au Puy deux inscriptions romaines qui,
peut-être, faciliteraient la restitution des formes gauloi-
ses de ces noms. L'une concerne le dieu topique Adidon
qui, de Tavis de notre confrère, n'est autre que le lieu
divinisé : Adi don, Mont-Dieu. L'autre épigraphe, rela-
tive au préfet de la colonie, offre la qualification, égale-
ment gauloise, ^u^va^er, bon pire, assignée à ce même
personnage (3). D'où l'on pourrait admettre que Dis Pa-
ter aurait été l'équivalent latin du gaulois Adi Vater ou
Di Vater.
Toutefois notre confrère ne propose cette explication
qu'avec réserve, désirant qu'elle soit, un jour, absolu-
ment établie par la découverte de quelque épigraphe
ayant trait à un culte qui, d'après le nombre des sta-
tuettes et des autels déjà com[ius, parait avoir été répan-
du dans toute la Gaule.
Enfin le costume, dans les diverses images du dieu
gaulois, prêtera aussi à des rapprochements, en parlicu-
(1) Cœs. Bell, GalL, vi, 17 et 18.
(d) TertallieD, ai KaiioneSj i, 10. Ces citations sont daes à M. de Barihé-
lemy.
(3) Hoticei ttar le dieu Adidon et sur l'inscription du préfet de la Colonie.
Annales de la Société, lom. xii, p. 179 et 19:?.
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432 aÉsuMÉ DES séances.
lier entre l'autel de Ntmes et des bas*reliefs romaios
troaTés aa Pay, où des personnages de distinction ont
ie $agum sans manches et percé latéralement d*échan-
crares pour le passage des bras; la poitrine drapée
d'une sorte de pallium ou petit manteau, et les pieds
chaussés de brodequins (4), le tout à peu prés comme
à Tautel de Ntmes et différent de ce qu*on obserye à la
statuette de Prémeaux, dont le vêtement est caractérisé
par une tunique à longues manches et la privation du
pallium.
Sous ce nouvel et intéressant point de vue, M. Ay-
mard signale les restes des monuments antiques du
Puy au savant examen de M. de Barthélémy, qui s'oc-
cupe d'une étude sur le costume des Gaulois.
Les explications qui précèdent ajoutent un nouvel
inté. et au moulage du monument dont notre compa-
triote a bien voulu doter le Musée et pour lequel TAs-
semblée vote des remerciements à M. Edouard Flouest.
M. Aimé Giron annonce que, tout récemment, au
clocher de l'église de Langeac, il a été découvert, dans
un réduit muré , un ancien pseautier imprimé grand
in-folio, d'ane exécution remarquable, que la fabrique
consentirait, croit-il, à céder au Musée, moyennant
une légère indemnité.
M. Charles de la Fayette rappelle que l'autorité épis-
copale a interdit ces sortes d'aliénations, qui ont fait dis-
paraître, surtout depuis le commencement de ce siècle,
(1) Bas-reliefs de monameats tamalaires. Les Origines de la tille du puy.
Congrès scientifique de France de 1855, tome ii, p. 430.
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AOUT. 133
tant d'objets précieax de nos églises, et qa*afin de con-
server ceux qui ont échappé, il a été fondé à TéTéché
un musée religieux pour lequel il est à craindre que
Mgr Tévéque ne donne la priorité, si le pseautier de
Langeac offre un yéritable intérêt.
M. Aymard fait remarquer que le Musée du Puy offre
rimmense avantage d*étre toujours ouvert et accessible
au public, et, qu'à ce titre, ses collections doivent,
le plus possible , l'emporter sur toutes autres.
M. le Préfet, se rangeant à l'opinion de M. Aymard,
offre à la Société ses bons offices auprès de Mgr TEvé-
que pour obtenir son assentiment à des négociations
avec la fabrique de Langeac, dès que M. Aimé Giron
aura obtenu communication du pseaulier et sera ren-
seigné sur les prétentions pécuniaires dont ce livre
peut être l'objet.
Ouvrages reçus. — Le Bulletin du Comice agricole
de Brioude contient un article concernant la valeur
comparative des races bovines. L'auteur de cette étude,
M. de Noyant, recherche quelle serait la race qu'il
serait le plus avantageux pour les agriculteurs d'adop-
ter dans l'arrondissement de Brioude , et donne un
tableau du classement probable des races françaises,
d'après leur triple aptitude au travail , pour le lait et
pour l'engraissement. D'après ce tableau, sur 32 races
comparées entre elles, la race du Mezenc occuperait le
cinquième rang comme aptitude au travail , le vingt-
huitième comme aptitude pour le lait, et le seizième
comme aptitude pour l'engraissement. Quant à la com-
binaison de ses aptitudes respectives, elle serait au
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Goo^^ —
134 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
treizième rang. La race d'Âubrac serait la plus avanta-
geusement classée, relativement aux aptitudes diverses;
elle l'emporterait sur la race de Salers , qui domine
généralement dans le bassin de Brioudc et qui occupe-
rait le quatrième rang.
M. Chouvon combat la préférence accordée par M. de
Noyant h la race d*Aubrac ; il insiste sur son défaut de
n*étre pas laitière , et fait remarquer que Taptitude
pour Tengraissement ne peut entrer en considération
auprès de l'aptitude au travail et pour le lait. Notre
confrère maintient énergiquement ses préférences pour
la race du Mezenc , dont les qualités supérieures sont
de plus en plus appréciées.
Le même recueil contient une note émanant de
M. l'Instituteur de Bournoncle, sur des essais de cul-
ture de la lentille , auxquels il s'est livré depuis huit
ans dans cette localité. Cette légumineuse, qui est
Tune des cultures les plus importantes des environs dn
Puy , ne trouve point la même faveur chez nos voi-
sins de Brioude, quoiqu'elle soit largement rémunéra-
trice. En Auvergne, les agriculteurs sont prévenus
contre elle par l'opinion qu'elle ne réussit guère.
M. l'Instituteur de Bournoncle en a semé chaque
année, depuis 4862, dans des terres fortes, des terres
légères ou de varenne, et dans tous ces terrains la len-
tille a réussi. Son rendement en moyenne a été de dix
pour un. Outre ce produit, qui est très-beau, elle donne
un fourrage que mangent avec avidité les vaches et les
bœufs , et que les chevaux même ne dédaignent pas.
Nous ne saurions trop engager les agriculteurs de l'ar-
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AOUT. 135
rondissement de Brioude à pratiquer cette culture ; le
succès récompenserait certainement leui*s essais, sur-
tout s*ils en obtenaient des lentilles de qualité très-su-
périeure, comme aux environs du Puy.
Les Annales de la Société d'agriculture de la Loire
rendent compte d'un essai de semis de blé Galand.
Deux hectogrammes semés an ligne à 40 centimètres
dans un terrain chaulé et fumé de colombine ont rendu
neuf gerbes, équivalant à un double-décalitre. Les
conditions de culture étaient exceptionnelles ; aussi le
rendement a-t-il été des plus avantageux.
M. le Président, en appelant l'attention de la So-
ciété snr ce résultat, annonce qu'il mettra, à l'automne
prochaine, des échantillons de ce blé à la disposition de
nos confrères qui voudraient en faire l'expérimentation.
Le Sud-Est indique un procédé très-simple d'épu-
ration de reau*trouble , qui peut être utile à connaître
à la campagne, lorsque, dans les temps de sécheresse
excessive ou de grosses pluies , l'on n'a souvent à sa
disposition que de l'eau trouble qui est impropre à être
bue. Il consiste à ajouter 4 ou 5 centigrammes d'alun
potassique en poudre fine pour chaque litre d'eau,
qu'on remue fortement. Les parties terreuses se coa-
gulent et se déposent en quelques instants. En Egypte,
pour clarifier instantanément l'eau du Nil, si limo-
neuse du temps des crues, les indigènes agitent pen-
dant quelques secondes, dans le vase rempli d'eau, un
bâtonnet fendu au bout et dans la fente duquel est
saisi un morceau d'alun.
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136 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
Moissonnage a la faux. — M. le Président rend
compte du moissonnage à la faux qui avait été annoncé
à la dernière séance; il a eu lieu le 43 juillet, jour de
la foire de la Dédicace, en présence d'un concours
considérable de spectateurs, composé de membres de
la Société, d'habitants de la campagne, d'élèves de
l'Ecole normale et de curieux. Le champ de M. Vigou-
reux, situé près de l'avenue de Vais, avait été choisi
pour théâtre de cette expérience; il oiTi'ait une étendue
d'un hectare et demi semé en froment et en orge.
Quatre élèves de la ferme-école, gracieusement mis à
la disposition de la Société par M. Chouvon, ont opéré
sur l'orge et en ont moissonné environ 20 ares. Des
moissonneurs auraient mis à la faucille trois fois
plus de temps. L'expérience a parfaitement réussi et
démontré aux spectateurs la supériorité de la 'faux
sur la faucille, comme économie de temps et aussi de
paille, car avec la faux le sciage se fait plus bas. M. le
Président confirme par sa propre pratique ce résultat :
cette année, dans son domaine de la Darne, il a fait
faucher toute sa récolte d'orge, qui, en une semaine, a
été coupée, liée et rentrée. Avec la faucille, ce travail
aurait pris trois semaines. Après l'essai de l'avenue de
Vais, plusieurs cultivateurs, qui en avaient été témoins,
ont demanrié à faire l'acquisition de faux. C'est la
meilleure preuve du succès de l'expérience et de l'avan-
tage du procédé qu'elle consacre. M. Langlois constate
qu'elle a produit ses fruits; dans les environs du Puy,
sur des points différents, il a vu, depuis lors, trois fau-
cheurs moissonnant de l'orge. M. le Président en con-
clut qu'en renouvelant pendant plusieurs années consé-
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AOUT. 137
cutives cette expérience, la Sociélé, sans nul doute, fini-
ra par implanter le moissonnage à la faux et à le
convertir en usage agricole.
Concours de bestiaux. — M. le Président annonce
que le Concours annuel pour l'amélioration de la race
bovine du Mezenc qui, jusqu'ici, avait eu lieu à Fay-le-
Froid, se tiendra cette année au Monastier, le lundi
5 septembre prochain.
Caisse d'épargne du Puy. — M. Balme, président du
Conseil des directeurs de la Caisse d'épargne da Puy,
fait un rapport verbal sur la situation et les opérations
de cet établissement pendant Texercice 4869. Il en ré-
sulte que la situation de la Caisse est toujours en voie
de prospérité.
« Le solde dû aux déposants s'est accru pendant l'année
dé 116,870 fr. 83 cent., et le nombre des livrets de 278.
D'un calcul auquel les opérations de la Caisse ont donné
lieu, il ressort qu'il y a en ville environ l livret par 7 habi-
tants 3/4, et que, dans l'année 1869 , le capital de chaque
livret s'est augmenté en moyenne de 135 fr. 63 cent. — Il
faut remarquer que le fond de dotation va aussi toujours
s'augmentant. Ainsi, au 31 décembre 1868, il était de
27,987 fr. 82 cent; au 31 décembre 1869, il s'élève à
29,813 fr. 99 cent. Les bénéfices de la Caisse sont donc de
1,826 fr. 17 cent, qui ont été capitalisés. »
En terminant, M. Balme soumet à la Société une
question qui préoccupe actuellement les Comités d'un
grand nombre de Caisses d'épargne.
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138 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
€ Il 8*agit de savoir : !<> 8*il n^est pas nécessaire, dans
l*intér6t des déposants, de leur permettre de porter le capi<
tal de leur livret de mille à deux mille francs; ^^ s*il n*y
aurait pas lieu de supprimer le fractionnement dans les
versements. Après avoir pesé les raisons qu'on fait valoir
pour et contre, on est amené à penser qu'il y a lieu
d'autoriser le versement d'une somme supérieure à mille
francs, mais à la condition que l'intérêt alloué aux dépo-
sants pour les sommes qui dépasseraient mille francs fût
si modique que le dépôt ne pût être considéré comme un
placement, mais bien qu'il devint un entrepôt tout-à-fait
transitoire. •
M. le Président adresse à M. Balme les félicitations
de la Société.
Science historique. — M. Aimé Giron fait con-
oattre à la Compagnie qa'il a communiqué à M. Pierre
Larousse plusieurs articles biograpliiques, historiques
ou littéraires ayant trait au Velay, que ce dernier lui
avait demandés pour être insérés dans son Diction-
naire universel. Notre confrère signale notamment les
articles intitulés : Crozatier, Daurier (baron), Davi-
gnon (Hugues), Denise, Desges, dentelles, Dolezon,
qui ont paru dans les dernières livraisons. Il se pro-
pose de continuer sa collaboration à cette œuvre qui
reçoit une immense publicité, et il fait appel au concours
de tous les membres de la Société pour atteindre le
seul but qu'il se propose : l'intérêt du pays à être connu.
M. Aymard communique à la Société un mémoire
intéressant sur les peuples slaves. Ce travail, traduit de
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AOUT. 139
rallemand par notre savante correspondanle, M"« la
baronne de Boxberg, pourra foamir un sujet de com-
paraisons pour les origines préhistoriques des peuples
du nord de l'Europe, de rAllemagne et de la Gaule.
LES SLAVES.
Extrait du journal V Etranger (Dos Ausland).
Augsbourg, lo U juillet 1870.
Là où l'histoire écrite finit., ou plutôt pour ainsi
dire avant qu'elle commence , Tarchéologue doit appliquer
son savoir. U existe même un terrain préhistorique , où
les deux extrémités se touchent, et c'est sur ce terrain que
nous appelle le travail d'un savant Fschech, le professeur
Johann-Erasmus Vocel, dans son écrit sur les Slaves et
leur ancienne patrie.
Les haches ou eeUes et les pallstaches, les glaives, les
faucilles et les bouts de lances en bronze, sont regardés
par Tauteur comme un signe apparent de la période la plus
ancienne du bronze. L'auteur, appelle paUstaehe, un outil
en forme de ciseau , évidé en douille par le haut pour re-
cevoir un manche , et il nomme celtes un objet semblable
au précédent, dont le dos est plat et les côtés sont garnis
de larges rebords en saillie, servant à onmancher la pièce.
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140 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
Dans la contrée entre i*Oder, la Yistule et le Dniepr,
occupée à Toccident par les Slaves de notre époque. Ton
ne trouve point d*arn)e8 en bronze. Déjà M. Kraszewski
nous avait fait l'observation que le bronze, en Pologne,
ne parait pas seul, sans le fer, comme cela se voit en Dane-
mark ; mais le bronze et le fer de la môme époque se ren-
contrent Tun avec l'autre.
Du temps où les Grecs vivaient en contact avec les
Slaves, le fer y était introduit chez eux. Les monuments
grecs, fréquemment rencontrés sur les côtes de la mer
Noire, deviennent de plus en plus rares vers le centre
du Nord ; quelques traces éparses se voient encore à Viez,
— mais plus loin, dans les plaines qui se déployent en'
tre la Vistule et le Pripet, les marques de l'influence de
la civilisation grecque disparaissent, tandis que le nombre
des sépultures augmente, dans lesquelles les armes et ou-
tils en pierre sont recueillis, ainsi que les urnes cinéraires,
des bijoux en verroteries et en ambre, accompagnés d'ob-
jets en bronze, mais d'un alliage récent. Les sépultures
sont, à en juger par leur apparence, indubitablement des
inhumations slaves.
En Bohême, au contraire, les innombrables tombeaux
païens qui couvrent le pays appartiennent tous aux qua-
tre époques de l'Allemagne du Nord , c'est-à-dire à l'âge
de la pierre, à l'époque du bronze antique, au passage du
bronze au fer, et à la fin du paganisme, dont les débris se
relient au christianisme alors qu'il commençait à poindre.
Les inhumations païennes de la Bohême se divisent en
deux ordres de constructions, selon que le corps fut brûlé
ou enterré. Ces deux actions d'ensevelir appartiennent ce-
pendant à la même époque et à la même race ; elles sont
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AOUT. Ui
employées altei^nativement diaprés le rit de rinhumation
en usage chez l'une ou Tautre partie du peuple.
Les produits industriels, comme la poterie, les usten-
siles et armes, recueillis dans les deux ordres d* obsèques,
ont la môme forme, la même technique du travail, indé-
pendamment de la construction intérieure, ou extérieure
du tombeau, qu*il soit marqué par un tertre, ou bien
haussé par des pierres. En Germanie, le fer et Targent sont
des introductions de la même époque ; — en Danemark,
Targent subsistait avec le bronze.
Voici les points les plus essentiels de Tétude archéolo-
gique que l'auteur nous développe dans son écrit.
Dans le centre de la Russie et de la Pologne, regardé
par rhistoire comme le siège principal de la race slave,
— la trace de Tâge de la pierre n'est indiquée que par
des vestiges bien problématiques et n'est représentée encore
simultanément qu'avec des outils en fer et de bronze ; mais
le bronze est d'un alliage plus récent : les armes étant en
bronze antique. Or, les vrais indices du temps du bronze y
font défaut, tandis qu'on les constate à Siibenbuergen
(en Hongrie), dans l'Ural, au Kaukasas et dans TAltri.
CSe fait, pleinement établi, nous engage à croire que la
partie de l'Europe de l'Est, du temps du brpnze, ne fut
point peuplée, ou ne fut habitée passagèrement que par des
chasseurs Finnois qui parfois se servaient des usten-
siles en silex. Ces plaines, jadis probablement couvertes
d'une forêt vierge , n'étaient entrecoupées que par des
lacs et des marais. Quant aux Slaves, ils ne s'y fixèrent
que plus tard,
La description ethnographique la plus ancienne de la
Russie se trouve dans Hérodote, ei c'est par un nombreux
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142 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
concours de recherches et d'observations que le savant au-
teur a cru devoir mentionner les peuplades de ces contrées,
qui ne descendaient point des Scythes, ainsi que les
Nenrers et les Budisurs, comme les pères de l'histoire
slave.
Le mot Buda, dont la race tirait son nom, est une ex-
pression primitive de la langue slave. La Volhynie et la
Russie blanche sont regardées de cette manière par le pro-
fesseur Yocel, d'après Hérodote, comme le foyer principal
des Budisurs. Leur possession s'étendait, par conséquent,
du haut du Don jusqu'au Dniepr.
Les antiquités trouvées dans les tombeaux du centiH3 de
ce pays indiquent que le mouvement de la civilisation
slave du Sud aurait pris naissance dans le voisinage de la
colonie grecque du Pontus; elle se répandit ensuite vers
la Yistule et le Dniepr par les tribus qui n'y ont pénétré
successivement qu'après des siècles.
Les recherches et les études des tombeaux Scythes dans
la Russie du Sud ont prouvé que l'usage du fer, du temps
d'Hérodote, aurait été transplanté dans les steppes par les co-
lonies grecques, tandis que de l'autre côté des Karpathes,
ainsi qu'en Bohême, l'époque du bronze antique continuait
encore.
Si les établissements primitifs des Slaves furent dans la
Russie blanche et dans la Volhynie, l'auteur admet, con-
formément à la tradition, que l'opération slave antéhislorl-
que en Russie, fut une migration en foule qui, venant de
l'Asie, s'étendait avec les troupeaux sur le territoire entrd
le Don et le Dniepr. Les forêts dans lesquelles alors ces
hordes pénétrèrent, abreuvées d'eau dormante, furent ou
incultes et désertes, ou ne furent visitées qu'alternativement
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AOUT. U3
par des chassoars vagabonds, ainsi que nous l'avons indi-
qué plus haut. L'auteur combat ensuite énergiquement dans
sa conclusion régulatrice, la supposition, — et tel est le but
de son écrit, — que les objets de bronze , trouvés dans
l'Est sur la Yiâtule, dans les Karpathes et en Bohème,
sont des antiquités slaves, — mais il prouve efficacement
que la race teutonique était établie alors en ces lieux.
Cette assertion est appuyée d'une manière fort ingé-
nieuse par la comparaison de la racine des mots des deux
langues.
Dd temps où les Slaves eurent connaisance du fer, ils
ne formaient qu'un seul peuple, ayant la même langue, et
devaient se contenter d'abord d'un territoire restreint.
Dans toutes les langues slaves, les mots primitifs, dési-
gnant certains objets et ustensiles en fer, sont communé-
ment les mômes : ainsi la pioche , lu ciseau, la pince, le
couteau, la scie, la hache, le glaive, l'étrier, l'éperon,
l'ancre. Ont été introduites dans la langue panslave les dési-
gnations pour l'or, l'argent, le cuivre, lo plomb et l'étain.
L'union primitive de la race existait ainsi au temps de l'in-
troduction du fer. Les Slaves jadis ne formaient donc qu'un
seul et formidable peuple. Aujourd'hui , les Slaves ne
sont plus que des Russes, ou des Polonais, desFschechs,
des Ruthènes, des Serbes ou des Slovènes. Les Slaves,
qui présentement font partie de l'empire d'Autriche ,
se divisent en : Fscheches 3 ^ millions. Magyares 5 -; mil-
lions, Slovènes 1 million. Croates 1 ^ million , serbes 1 f
million, Polonais 2 ^ millions, Ruthènes 3 millions.
Tiré d'une statistique, le calcul est exact.
L'auteur nous dit ensuite : avant que les Slaves se fussent
divisés en tribus apparentées, ils avaient eu connaissance
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444 RÉSUMÉ DBS SÉANCES.
de l'agriculture, car les désignations de la charrue, de la
pioche, et du socle de charrue sont panslaves. De ce que
les dénominations du blé, du froment, de Torge, de Ta-
voine se répètent de môme, dans différents idiomes, mal-
gré l'art ancien, il ne résulte pas suffisamment la preuve
de leur origine , car l'espèce du grain aurait pu être
introduite d'une tribu à l'autre, et avec elle par sa pro-
venance la désignation du blé adoptée.
Un autre fait, établissant avec plus de persuasion l'allé-
gation que les Panslaves cultivèrent les champs, c'est
que le mot gerbe est une expression de souche slave.
Les Panslaves ainsi nouaient leur blé en gerbes, bien
avant qu'ils descendissent vers le Nord, l'Ouest et le Sud-
Ouest.
Les objets que les Panslaves se sont appropriés d'une
époque plus civilisée, ont dû être nommés différemment
d'après les pays, et d'après l'usage de chaque tribu, dont
les branches s'étendirent alors vers diverses régions.
Pour appuyer cette allégation, l'auteur cite la varia-
bilité des mots : papier, paver, acier, dindon, les mûres, le
coton, etc.
Il est singulier que la langue panslave ne possède point
d'expression qui rende l'idée de la propriété et de l'héri-
tage. Les deux mots qui s'y rapportent ne se sont ainsi for-
mées qu'après la division de la souche slave.
Cette belle et érudite recherche se termine par l'afGrma-
tion appuyée de preuves évidentes, d'un point essentiel, tant
de fois attaqué, à savoir : que, du temps de Facitus, le pays
entre la Saale, l'Elbe et l'Oder, avait été occupé primitive-
ment par les tribus de la race teutontque.
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AOUT. 145
Un foyer slave en Saxe.
En établissant la ligne di^ chemin de fer qui mène de
Dresde à Ghemnitz (Saxe), et en pratiquant une tranchée
dans le Schaenksberg, près de Risa, sur TElbe, on re-
cueillit, il y a quelques années, diverses urnes cinéraires.
Le Schaenksberg fut vendu dernièrement. Pour exploi-
ter la belle carrière de gravier qu*il contenait, des ouvriers
eurent l'ordre d'enlever le monticule et de niveler le ter-
rain. Des centaines d'urnes cinéraires ruisselaient de ce
terrassement; des armes et bijoux en bronze furent ex-
traits.
Cette sépulture, qui a dû appartenir à l'occupation ter-
ritoriale slave, ou môme à une domination postérieure,
nous dévoile le trésor le plus considérable, peut-être, en
fait d'objets céramiques, qui ait été jamais trouvé eo Saxe.
Le nivellement, qui est manié avec activité, nous porte
à croire que la collection de vases ainsi recueillie s'enri-
chira de jour en jour, quoiqu'il se trouve dans le nombre
des urnes bien détériorées par la fragilité de la matière
mai cuite.
Parmi la quantité d'urnes réunies par M. de Jhemen,
et déposées à son château de Stanchitz, se voient des
exemplaires de grandes dimensions d'un travail et d'une
ornementation tels que, môme le musée de Berlin, malgré
le riche dépôt d'antiquités de tout genre provenant des
fuyers slaves, essentiellement distincts, n'en possède point
de pareils.
Il nous reste à remarquer que les urnes extraites au-
près du village sont d'un travail grossier, tandis que le
TOME XXXI. lu
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146 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
mode de fabrication devient de plus en plus satisfaisant, à
mesure que les vases sont retirés de la partie la plus élevée.
Il s'agit ici d'un vaste ctnerariumy et nous pouvons
considérer que les objets enfouis dans le Schaenks-
berg dénotent une longue période, qui nous démontre que
la contrée a été occupée par une peuplade établie en ces
lieux, et qu*elle exerçait la manipulation de Targile avec
habileté.
Cette découverte nous fut rapportée avec satisfaction,
par l'organe de la presse le Journal de Dresde, du 12
juin 1870.
Beaux-Arts. —M. le Président appelle Tattention de
la Société sur une copie, par notre confrère, M. Emile
Giraud, d'une Descente de croix, du Caravage. Le
tableau de M. Giraud est remarquable par la lldélilé
de la reproduction, la fermeté du dessin et la vigueur
du coloris ; elle fait honneur à son talent.
Personnel. — Le R. P. Fila, récemment élu mem-
bre non résidant, écrit une lettre de remerciements.
L*ordre du jour étant épuisé , la séance est levée à
six heures.
Le Secrétaire,
AuG. CHASSAING.
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SEANCE MENSUELLE
DU 7 NOVEMBRE
SOMMAIRE
Procbs-vbrbal DR LU pR^c£oBNri séiiNCB .' Adoption. —MUSÉE, dons :
Urne en silex, préhisroriqoe, trouvée aux Car«.^ coDimune de Taulbae; mou-
lages de flgurines romaines eu terre cuite, provenant du département de
l'Allier; grand psautier imprimé il l'usage des capucius, trouvé h Langcac;
vieux mouvement d'horloge; boutons en cuivre de la légion du Velay; mé-
daille commémoralive du concile de 1869; pastille du sérail du grand sultan. —
Ot'VR«oE:i RBçus : Brochure sur le cardinal 4e Polignac par M. Lascombe
Vœu de la Société pour qu'on recherche, au Musée de Berliu, le r;italogue
de la collecliou archéologique du cardinal. Annonce, par M. le Ministre de
l'Agriculture, de l'envoi de l'ouvrage relatif aux prix décernés en 1867 dans
lc>s concours régionaux. Bulletin de la Société d'Agriculture de la Lozère :
Article relatif au concours d'auimauxgras du Puy. Journaux d'Agriculture pro-
gressive et d'Agriculture pratique : Valeur nutritive des feuilles des végétaux
ligneux. Emploi du maïs carragua pour fourrages; observations de M. de
Rrive. Moutarde blanche, colza et sarrazin: observations de MM. de Brive et
de MonUilet. Le Sud- Ext : Dc>truction de la cuscute. Bulletin de la Société
des antiquaires de France : Notice, par M. Edouard Floucst, sur des lombes
mérovingiennes; observations de M. Aymard. Mémoires de l'Académie de
Cteruiottt-Ferrand : Traité entre les sires deMercœur et le chapitre noble
de Brioude en 1391 ; texte du document et notice par M. de SartigA d'An-
gles. La question des paropblets politiques en 1631, mémoire par M. Tal-
ion. Mémoire sur les dessèchements de lacs et marais en Auvergne par
M. Cohendy. — Episooties : Rapport de M. de Brive sur la fièvre aphtbense.
— Narigation aérienne : Communication de M. Aymard relative au physicien
Joseph Galien. — Météorologie : Communication de M. Nicolas concernant
une aurore boréale. — Pbrsonnbl : Décès et nécrologies de MM. Prosper
Mériméi», membre honoraire, et Uippolytc Limozin, membre résidant. ->
OfijBTS d'admixi tratio.1 : Subvention de 400 fr. accordée à la Société
par M. le Ministre de Pinstruction publique.
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U8 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
Présidence de M. de Brive.
A trois heures, la séance est ouverte. — M. le Secré-
taire lit le procès-verbal de la précédente séance , dont
la rédaction est adoptée.
Musée. — Dons : H. Aymard présente une belle
lame en silex, outil préhistorique trouvé par M. Arnan-
don, garde champêtre à Tauihac, dans le bois dit des
Caves, propriété de M. Puissant.
M. Lascombe fait les offrandes suivantes :
1*> Au nom de M. Bertrand, membre non résidant, k
Moulins, deux moulages de statuettes romaines en terre
caite;
2® De la part de M. Esmonot, architecte à Moulins,
vingt moulages de semblables (Igurines trouvées, comme
les précédentes , dans le département de l'Allier. Dix
photographies, jointes à cet envoi, représentent des piè-
ces du même genre.
Le nombre et la diversité de ces petits et curieux mo-
numents de la céramique gallo-romaine recommandent
particulièrement ce don à Tatlention de la Société.
M. Aimé Giron, au nom de la fabrique de l'église pa-
roissiale de Langeac, fait hommage d*un très-grand et
beau Psautier imprimé, dont notre confrère avait an-
noncé la découverte à la séance précédente. Cet ouvrage a
pour titre : Psalterium romanurnjuxia breviarium ex
decrelo sacrosancti concilii tridentini restitutum, hi
duos tomos distrihutwn. Carcasonnœ, apud capucines,
M.DC.LXXVI. Un des deux volumes a conservé son
frontispice qui est orné d'une belle gravure. On y voit
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nOVEMBRE. 149
aussi les insignes des capucins, attestant que ce livre
était à Tusage des religieux de c«t ordre. Le texte est
rehaussé, en outre, de lettres capitales à vignettes noi-
res et rouges.
Enfin, MM. Hector Falcon, Âymard, Tabbé Frugère
et Emile Tuja, donnent : 1» un vieux mouvement d'hor-
loge établi d'après un système peu connu; 2<» deux gros
boutons en cuivre doré : l'un de la Légion du Velay,
aux armes de la ville du Puy surmontées d'une cou-
ronne royale; l'autre, aux mêmes armes, sans couronne,
et portant en légende : Légion du Puy-en-Velay; 3° une
grande médaille, en cuivre doré , commémorative du
concile œcuménique tenu à Rome en 1869; i® une cu-
rieuse pastille, en forme de croissant surmonté d'une
étoile. Elle provient du sérail du grand sultan et a été ap-
portée de Constantinople par notre compatriote M. Brun,
capitaine de frégate.
M. le Président exprime les remercîments de la So-
ciété pour ces dons qui, malgré les pénibles préoccupa-
tions du moment, continuent d'attester des sympathies
précieuses pour le Musée.
Ouvrages reçus. — Le Cardinal de Polignac. —
M. Lascombe fait don, à la Bibliothèque historique,
d*une brochure ayant pour titre : le Cardinal de Po-
lignac, 4664- 47 ii (extrait des Tablettes historié
ques de la Haute-Loire). Celte monographie, relative
à l'un de nos plus illustres compatriotes, contient des
renseignements peu connus sur ce personnage. On y
trouve surtout un document inédit qui concerne les ob-
sèques célébrées en son honneur au Puy, et qui présente
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450 ' RÉSUMÉ DES SÉANCES.
quelques détails curieux sur la vie municipale et admi-
nistrative de cette ville au dix-huitième siècle.
L'auteur rappelle, dans une note, un fait qui intéres-
sera nos archéologues; le cardinal possédait une collec-
tion de médailles et d'objets d'antiquité qui, après
sa mort, ayant été acquise par le roi de Prusse, doit
être, aujourd'hui, au musée de Berlin. Il serait possi-
ble, comme le présume notre confrère, que le Velay
eût fourni des pièces d'archéologie à cette remarquable
collection.
Conformément au vœu que M. Lascombe a émis à
propos de ces antiquités, l'Assemblée décide que des re-
cherches seront faites pour retrouver, s'il est possible,
au musée de Berlin, au moins un catalogue de la col-
lection archéologique du cardinal de Polignac.
Concours agricoles régionaux, — M. le Ministre de
l'agriculture écrit que la Société recevra prochainement
un exemplaire du volume sur les primes d'honneur et
les médailles de spécialité décernées, en 4867, dans les
concoui's agricoles régionaux.
Concours d'animaux gras du Puy. — Au nombre
des ouvrages périodiques, le Bulletin de la Société aca-
démique de la Lozère contient un article qui a pour li-
tre : Les Auhracs au concours d'animaux gras du
Puy. Les notions instructives qu'il fournit sur les bœufs
de cette race, ainsi que sur l'espèce porcine, ont été ex-
traites du Journal d'agriculture qui, lui-même, les avait
empruntées à l'un des comptes-rendus de nos concours,
présentés par M. Aimé Giron à notre Société.
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NOVEMBRE. 451
La domestication des perdrix est, dans la même pu-
blication, l'objet d'an antre article relatif aux résultats
d'heureux essais faits par M. Yves, dans le Bourbonnais.
Valeur nutritive des feuilles de végétaux ligneux,
— Le Journal d'agriculture progressive donne d'uti-
les renseignements « pour l'exploitation de cette pré-
cieuse ressource fourragère qui , connue depuis longue
date des cultivateurs, était restée toute routinière. La
science est intervenue. Elle a fait connaître que les
feuilles varient de richesse alimentaire avec leur âge,
et que, par conséquent, il n'est pas indifférent de les
cueillir à toutes les époques.
« Non-seulement les feuilles des végétaux ligneux
n'ont pas toutes la même valeur nutritive ; mais cette
valeur varie elle-même selon le climat, la température
et surtout selon l'époque de la cueillette. >
Parmi les plus précieuses, l'article mentionne, avec
détails explicatifs, analyses, etc., les feuilles de vigne,
d'orme, de charme, de frêne, de mûrier, de peuplier du
Canada, de chêne, de bouleau, de noisetier et de saule.
Les bons conseils de l'auteur pourront être mis à pro-
fit dans notre pays, où des cultivateurs donnent déjà
au bétail plusieurs sortes de feuilles.
Maïs géant carraguapour fourrages. — Les essais
de culture qui ont été faits aux environs du Pay, en
particulier par M. le Président de notre Société, M. de
Brive, ont été, de tous points, aussi remarquables que
ceux signalés par M. de CaiTière-Brimont dans le Jour-
nal d'agriculture pratique. A cette occasion, M. de
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452 RÉSUMÉ DBS SÉANCES.
Brive présente à l'assemblée des spécimens de ce pro-
digieux végétal dont la hauteur a alteint jusqu'à 3"" 50,
dans sa propriété de la Darne, commune de Coubon.
Il est certain que le carragua produit deux fois plus
de fourrage que le maïs ordinaire ; seulement, lorsque
sa circonférence dépasse 7 à 8 centimètres, il ne peut
être avantageusement utilisé par les animaux de tra-
vail sans être concassé ou divisé. Du reste, il résiste
très-bien aux fortes chaleurs du mois de juillet et peut
ainsi, pendant tout le mois d'août, fournir aux proprié-
taires le moyen de nourrir leurs animaux d'une ma-
nière salutaire et économique ; la seule précaution h
prendre étant : 4*^ de le semer fort épais dans une
bonne terre argilo-siliceuse ; et î» de le couper avant
qu'il ait complètement sorti toutes les panicules.
Moutarde blanche, colza et sarrazin. — Ces plantes
sont indiquées, dans le Journal d* agriculture progres-
sive, comme étant profitables en récolte dérobée pour
fourrages ou pour enfouir en vert comme engrais. La plus
précieuse, sous ce double rapport, est la moutarde, qu'il
faut couper, condition de rigueur, ou enfouir en pleine
fleur. Toutefois, il ne convient pas de nourrir exclusi-
vement les bestiaux avec ce fourrage ; car, donné en
trop grande quantité, il devient très-échauffant. On a
remarqué surtout l'influence do cette nourriture sur
l'augmentation de production du lait chez les vaches.
A la rigueur et à défaut de moutarde, on peut culti-
ver, dans le même but, le colza et le sarrazin mélangés,
ou même isolément.
M. de Brive dit qu'il a semé de la moutarde blanche.
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NOVEMBRE. 453
Celle plaDle ne s'esl pas élevée an delà de 40 à 42 cenli-
mèlres ; mais il ne voudrait pas absolument conclure
de cet essai fait dans des con litions peut-être défec-
tueuses. Il se propose de renouveler l'expérience.
M. de Montalet a été satisfait de cette culture, sauf
que, pour en assurer la réussite, il Ta pratiquée en mé-
lange de ta moutarde avec le pois quarantin. Il sème
deux fois, en avril sur une terre libre et en septembre
sur une céréale.
Destruction de la cuscute par les moutons. — M. Fla-
manville a donné Tarticle suivant dans le Stul-Est :
« Ayant un champ de luzerne plein de cuscute, je le
fis pâturer par des moutons à la seconde coupe. Ces der-
niers ayant mangé les tiges et les fleurs de cette para-
site, le cbamp fut nettoyé de cuscute, et il n*en pousse
plus depuis. Pareille chose est arrivée aussi à un autre
cultivateur de notre arrondissement, qui s'est très-bien
trouvé du pacage des moutons dans les luzernes infes-
tées de cuscute. »
M. Chouvon fait part d'un moyen qui lui a réussi éga-
lement, pour la destruction de la même plante parasite,
dans une luzerne occupant une surface du sol de S hec-
tares, et dont la graine était fortement mélangée de celle
de cuscute. Il a eu soin de faire extraire très-minutieu-
sement cette plante à la main et, cette année, elle n'a
pas reparu. C'est le procédé le plus sûr; en opérant de
bonne heure, il est facile de venir à bout du nettoyage.
Tombes mérovingiennes. — Notre compatriote,
M. Ed. Flouest, correspondant de la Société des anti-
quaires de France, est l'auteur d'une notice intéressante,
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154 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
insérée au Bulletin de celte Société, sur une marque de
fabrique de cercueils mérotingiens. Ces tombes se ren-
contrent dans la partie nord de l'ancien duché de Bour-
gogne et les régions adjacentes de la Champagne. Elles
sont en pieiTO oolithique blanche, monolithes, larges à
la tôle et rétrécies vers les pieds. Leur couvercle, au lieu
de former deux plans inclinés , comme en Normandie ,
affecte la flgure arrondie d'un demi-cylindre, se rappro-
chant, en cela, de la plupart des sarcophages gallo-ro-
mains du nord de la France. La taille de la pierre , aux
parois latérales et du côté des pieds, offre des petits sil-
lons ornementaux parallèles, dont les séries se trouvent
limitées, près des bords, par une sorte de ciselure. Du
côté de la tête, il y a même une combinaison ingénieuse
de lignes obliques d'un assez heureux effet. Une mar-
que de fabrique semble se révéler au demi-cintre, un peu
surbaissé , formé par la face antérieure du couvercle
qui, parfois, a reçu des signes et des lettres. M. Flouest
mentionne, en particulier, sur un de ces cercueils, un
niveau et une sorte de marteau pointu à long manche ,
outil principal du creusement des auges. Ces signes sont
accompagnés de deux lettres adossées qui pourraient
être les initiales du fabricant.
On peut se demander si ce marteau pointu ne répon-
drait pas à la même pensée de symbolisme que Yascia
exprime sur des monuments funéraires de l'époque ro-
maine, à l'exemple d'un instrument plus ou moins
analogue, également en forme de marteau pointu qui,
d'après ce qu'en a dit notre confrère, M. Aymard, rem-
place Vascia sur un cippe romain trouvé à Polignac et,
aujourd'hui, déposé au Musée.
Quant aux cercueils mérovingiens observés dans le
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NOVEMBRE. 155
Velay, ils sont également rétrécis de la léle aux pieds.
Leor couTercle paraît être plus ou moins plat. De plus,
on n'y a pas encore observé^ c«lte taille à raies symé-
triques qui se voit sur les tombes de la Boargogne.
Traité intervemi entre les sires de Mercœiir et le
chapitre noble de Briotide, au mois de mars é29L — •
Tel est le titre d'une notice suivie du texte de ce docu-
ment, que M. de Sartiges d'Angles a publiée aux Mémoi-
res de r Académie de Clermont-Ferrand (tome xi. 4869).
L'auteur a soin d'ajouter en note que la traduction de
cette pièce historique, qui est en latin, doit inspirer toute
confiance, étant due à notre confrère, M. Chassaing.
L'auteur a donné un grand intérêt h ce document en
le Taisant précéder d'un « parallèle qui explique le rôle
que durent jouer, vis-à-vis l'une de l'autre, deux puis-
sances féodales, l'une ecclésiastique, l'autre laïque, pen-
dant une existence de huit à neuf siècles qu'elles vécu-
rent côte à côte, avec des richesses et des prérogatives
qui devaient les rendre rivales. »
M. de Sartiges fait ensuite un historique de la maison
de Mercœur dont les possessions s'étendaient, sur un es-
pace de près de vingt lieues, depuis Saint-Germain-
Lembron et Ardes, en Basse-Auvergne, jusques au delà
de Saugues, en Gévaudan. Parmi les prélats qu'elle a
fournis, on remarque saint Odilon, abbé de Cluny, mort
en 4048, qui aurait sufli pour illustrer cette puissante
race, alliée, en outre, aux maisons de France, de Bour-
gogne et d'Auvergne.
Ajoutons, pour rappeler les liens qui rattachent la
même maison de Mercœur à notre pays, qu'elle a donné
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156 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
deux évêques au siège du Puy , Etienne II el Pierre II,
inhumés à Layoûte-Chilhac, dans le monastère fondé,
en 1025, par saint Odilon (1), el que, dans une charle
de 1434 relative & l'institution consulaire de la ville de
Saugues , la suzeraineté de cette ville est attribuée aux
barons de Mercœur (2). Le traité de 1291 , dont il est ici
question, démontre que « plusieurs parties des possessions
de cette maison, notamment le territoire de Mercœur,
berceau de la famille, étaient assujetties à la foi et hom-
mage envers le chapitre de Brioude. Il semble même
que cet acte eut pour principal objet la reconnaissance
du droit de suzeraineté du chapitre sur la terre du ba-
ron. »
L'historique du Chapitre de Brioude n*est pas moins
intéressant. L'auteur a su condenser, dans quelques pa-
ges, avec une parfaite précision, les traits principaux do
l'organisation et de l'histoire de cette célèbre institution
religieuse.
Quant au document, il sera certainement une annexe
importante du Cartulaire du même Chapitre, publié par
les soins de notre confrère et compatriote, M. H. Doniol.
Mathieu de Morgues, sieur de Saint-Germain. ~
Dans le môme Recueil de mémoires, M. Eugène Talion,
abordant historiquement la question des pamphlets po-
litiques, sous le titre : la Presse en 4634, rappelle le .
(1) Eglise du quinzième iiécle et porte sculptée du onzième à Lavoûte-Ckillmc,
par If. Aymardy Annales de la Société, tome xiv, p. 199.
(^) Notes historiques sur la ville de Saugues et son chapitre, par M. Labrc-
toigne» ihid., p. 165.
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NOVEMBRE. 157
dramatique conflit qui, à cette époque, était engagé en-
tre Richelieu, le ministre omnipotent, et ses ennemis
qui tentaient de rabattre.
Nous savions, par une remarquable monographie de
l'un de nos confrères, M. Perroud (1), le rôle batailleur
de notre compatriote, Mathieu de Morgues, sieur de
Saint-Germain, dans ce conflit si bien nommé, par Henri
Martin, la guerre des pamphlets; mais M. Talion, dans
son écrit, nous le montre en lutte avec un antagoniste
non moins ardent, Jean Sirmond, savant jurisconsulte
de Riom, lutte dans laquelle était aussi mêlé le Père
de Chantelouve, né à Brioude. A leurs divers points de
vue, ces deux études sont également instructives, en
nous permettant de remonter jusqnes aux causes plus
ou moins éloignées, plus ou moins apparentes, desquel-
les, d'après les vues judicieuses de M. Talion, a pu dé-
couler rinstitution de la presse périodique actuelle.
Dessèchemenis de lacs et marais en Auvergne. —
M. Michel Cohendy, archiviste du département du Puy-
de-Dôme, a publié aussi, dans les Mémoires de V Aca-
démie de Clermont, une Notice sur les entreprises de
dessèchements de lacs et marais dans la généralité
d* Auvergne.
Les documents que Tauteur a mis en œuvre dans cet
important travail embrassent une période de temps
comprise entre les années 1599 et 1769. Ils ont un vé-
ritable intérêt historique, en ce qu'ils concernent di's
(l) Eftti sur la vie et les œuvres de Mathieu de Morgues {\5IS^-\CnO) y Annu-
les de U Société, tome xxvi, p. 905.
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458 RRSUMÉ DRS SEANCES.
entreprises dont les etfets furent considérables en Au-
vergne pour Tamélioration et Taccroîssement de Tagri-
cullure, malgré les difficultés nombreuses qu'elles sus-
citèrent, à l'exemple de toutes les grandes et fécondes
mesures d'utilité publique qui, tout d'abord, froissent
des Iftbitudes et préjugés invétérés on quelques intérêts
privés, mais sont sanctionnées plus lard par l'approbation
générale.
Toutefois, les entreprises les plus considérables, li-
mitées à des régions où certaines circonstances pu-
rent mieux en faciliter l'exécution, ne s'étendirent pas,
au moins d'après les textes cités au Mémoire de M. Co-
hendy, dans celte partie orientale de l'Auvergne qui
est devenue, pour notre déparlement, l'arrondissement
de Brioude. Ce fait devait éveiller la curiosité de notre
Société toujours attentive à recueillir toutes les données
concernant l'histoire du pays, el, en parliculier, celle
encore peu connue de notre agriculture. En consé-
quence, de plus amples renseignements ont été demandés
par noire vice-président, archiviste du département,
à son savant collègue, M. Cohendy, qui a bien voulu lui
transmettre un complément de ses recherches, récc^m-
ment pubhé par le môme auteur. Il s'agit d'un tableau
de l'extension de la culture par les défrichements çt
les dessèchements de marais opérés, chaque année, de-
puis les déclarations du roi, de 4764 et 4766 jusqu'en
4790, dans chacune des élections de la généralité de
Riom. Les éléments de ce tableau, qui est autographié,
ont été relevés dans les documents officiels de l'inten-
dance, lesquels sont mentionnés à l'inventaire des ar-
chives départementales du Puy-de-Dôme, dans les ar-
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NOVEMBRE. 459
liclesC. 424 àC. 436.0Dy voitquerélecliondeBrioude.
de 4764 à 4789, est comprise pour le chiffre lolai de 879
arpenls, soil 374 hectares, 4 are, sur 4 0,94 5 arpents que
donne le total de ia généralité pendant la même période
de temps.
En outre, M. Tarchiviste du Puy-de-Dôme s*est em-
pressé de joindre à cet envoi le sommaire suivant de
la liasse C. 432 — 33 pièces, papier, de 4784 à 4782. —
« M. Gueyffier, subdélégué de Brioude, déclare que les
formalités préalables à accomplir, la difficulté d'obtenir,
sans procès, l'exemption des dîmes sur les terrains dé-
frichés, rebutent les agriculteurs de la subdélégation. »
« Les exemptions de (aille, ajoule M. Gueyffier, sont
illusoires, attendu que, si on ne cotise pas le propriétaire
à raison du produit des terres défrichées, on augmente
sa cote personnelle. Ainsi les encouragements ont-ils été
sans influence sur le petit nombre de défrichements ef-
fectués. Une seule communauté, celle de Lorlanges, a
exécuté un travail utile et lucratif, le dessèchement
d*un marais ; mais elle s'est dispensée, parce que, le ma-
rais devant être mis en prairie, elle ne redoutait rien
au sujet des impositions, à cette occasion, de Taccomplis-
sement des formalités requises. » (Correspondance de
M. Gueyffier à M. de Chaxerat; Brioude, 40 jan-
tier478^) (4).
(l) Les documents cités par M. Cohendy évoquent le souvenir d*un fonc-
tionnaire des plus estimables : Jean Gocyffler do Talairat, conseiller do roi en
l'élection de Brioude, bailli de celte ville et subdélégué de l'intendance d'Au-
vergne, né b Briorde en 1739, décédé au Puy, le i octobre 1793.
Ilétait lepjre de notre honorable et regretté confrère, le baron deTaluiiat
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160 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
L'assemblée, intéressée par celte commanicalioD, ex-
prime des remerclmenls à M. Cohendy, en le priant
de nous transmettre toutes les nolions historiques con-
cernant les lieux deFarrondissement de Brioude, à l'oc-
casion des découvertes que pourront lui fournir ses ac-
tives investigations dans les archives du Puy-de-Dôme.
Kpizooties. — Fièvre aphlheuse, — M. de Brive fait
la communication suivante :
(Jean-François), ancien maire de Brioude et membre Lonoraire de la Société,
décédé i tirioude en 1851.
Jean Gueyfller de Talairat exerçait la charge de sobdélégué, au moins eu 1780,
pour Brioude, Langeac et la Chaise-Dieu (note de M. Paul Le Blanc aux 7a-
blettet hisioriguet du Yelay, 1879, p. 339.
Le cé!^brc voyageur anglai.«, Arthur Young, l'a mentionné dans son Voyage
en France, 1789-1793. Aux qualités d''Dn administrateur écUirc, il joignait des
connaissances aussi étendues que variées. Il avait fourni aux Ephéitiérides plu-
sieurs articles justement estimés. Un sentiment élevé en faveur du progrès
agricole inspira une clause générease de son testament, en date du 4 mars 1785,
pour le cnliivatcurle plus méritant en Télection dcBrioide. Jean Gucyflierde
Talairat y dispose « d'une somme de 150 livres que son héritier paiera, chaque
année, pendant vingt ans, ès-mains de telle personne que commettra M. l'fn-
tendant d'Auvergne, peur être appliquée k gratifier un taillable laboorour de
réicction do Brioude, dans l'état de médiocrité pour la fortune, qui aura mérite
l'éloge de citoyen vertueux, attaché aux devoirs et aux principes de la religion,
d'une probité intacte, bon flis, bon mari et bon père, laborienx, sage, vigilant,
charitable suivant ses moyens, attentif ii l'éducation de ses enfants, soit pour le
travail, soit pour les mœurs, et qui, à ces qualités malheureusement trop rares,
aura réuni l'industrie et l'activité pour la culture et l'entretien de la terre. >
< Mon projet, dit le testateur, est de donner on faible encouragement h une
classe de citoyens dont l'utilité est trop peu connue, et j'ose espérer que mes
dispositions n'éprouveront point d'obstacle de la part de l'autorité supérieure. »
{Exiraii de l'acte testamentaire communiqué à ta Société par M. Louis
Gueylper, ancien notaire, petit-neveu du suhdélégué Jean Gueyffler.)
Note du Président de la Sociét(\
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NOVRMRRR. 161
Messieurs,
Une épîzootie, connue dans nos campagnes sous le nom
de mal des pieds, qu'ailleurs on nomme cocote et que les
médecins vétérinaires appellent yfèvre aphtheuse, a sévi, dans
le cours de cette année, sur les hétes bovines de presque
tous les cimtons de notre département. L'Afrique, l'Angle-
terre et plusieurs contrées de notre territoire en ont égale-
ment été atteintes. Sa marche, dans notre département,
paraît avoir été concentrique, s'étant montrée d'abord sur
les montagnes qui ceignent notre pays, vers le mois de juin,
et s'étant successivement rapprochée de nous, jusque dans
le courant de septembre et octobre où elle frappait nos éta-
blés des environs du Puy. Cette maladie épidémique et dont
on n'explique pas encore les causes , est éminemment con-
tagieuse et se communique d'un individu à l'autre avec
une extrême facilité. Les animaux qui boivent dans le
même réservoir, qui passent par les mêmes chemins, qui
paissent ensemble et habitent sous le même toit, sont pres-
que toujours contaminés. Cette affection, rarement mor-
telle, n'en occasionne pas moins de graves dommages à nos
agriculteurs par le repos forcé qu'elle impose à leurs ani-
maux da travail, la diminution ou même quelquefois la
suppression de la sécrétion lactée qu'en éprouvent les fe-
ujelles et l'amaigrissement qui frappe toutes les bêtes attein-
TOME XXXI. 11
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162 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
tes. Elle est malheureusement très-fréquente dans nos con-
trées et il se passe rarement plusieurs années sans qu'elle
fasse son apparition sur quelques-uns de ses points.
L'invasion de la maladie est signalée par la tristesse des
animaux , un piétinement constant lorsque le mal se porte
au pied, et l'écoulement d'une bave visqueuse lorsque le mal
est dans la bouche. Une fièvre ardente ne tarde pas à se
déclarer; ils cessent de manger et leur poil se hérisse. L'af-
fection frappe les pieds, la bouche et les mamelles, quelque-
fois simultanément, le plus souvent successivement et quel-
quefois partiellement seulement. Les pieds sont atteints
d'ampoules interdigitées et sous les onglons; la langue, les
j<encives et les mamelles présentent les mêmes symptômes.
Après trois ou quatre jours, les ampoules s'ouvrent, don-
nent issue à un liquide blanc et visqueux et les ulcères qui
en résultent tendent assez vite à la cicatrisation qui a lieu,
en quelques jours, si rien ne vient contrarier ce travail do
la nature. La durée de la maladie, livrée à elle-même, est
de quinze à vingt jours et souvent beaucoup plus, s'il se
présente des accidents consécutifs, comme la chute des sa-
bots, la dénudation de la langue, etc. Le défaut de litière,
un travail forcé, une nourriture mal appropriée sont les cau-
ses ordinaires de ces accidents.
Dans le cas oii la maladie a marché régulièrement, les
animaux rentrent promptement dans leur situation normale
et tous les symptômes du retour à la santé ne tardent pas à
se montrer.
Nos agriculteurs, connaissant, par l'expérience, le peu de
gravité du mal, se contentent, en général, de laisser en re-
pos leurs animaux et attendent tout de la nature.
La science vétérinaire s'est occupée de cette maladie,
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NOVEMBRR. 163
elle eu a caractérisé les symptômes, étudié les ellets et lui
a opposé des médicaments. Ceux-ci consistent , en général,
dans l'emploi de lotions locales et émollientes, lors de la pé-
riode inflammatoire : décoctions de sureau, de graines de
lin, de mauves, etc., et dans celui des astringents légers,
lorsque le travail de réparation se fait : dissolutions d*a-
lun (1), eau de Gowterrf, décoctions d'écorce de chêne ou de
feuilles de noyer. Tels sont les moyens indiqués contre la
fièvre aphtheuse dans divers articles publiés par le Journal
d*agricuUure pratique et le Journal de l'agriculture. Ces re-
mèdes conviennent également pour les pieds, la bouche ou
les mamelles, en ayant, toutefois, le soin de diminuer la
dose des astringents pour les parties les plus délicates, tel-
les que les gencives et les mamelles.
On conseille plus particulièrement, pour le mal de la bou-
che, Teau miellée, plus ou moins acidulée avec du vinaigre,
suivant l'état du mal.
Pendant toute la durée de la maladie , il est recommando
do substituer les aliments liquides ou tendres aux aliments
secs et durs, afin d'arrêter ou diminuer l'amaigrissement
des sujets par une alimentation plus ap|)étissanto ot plus fa-
cile à absorber.
Un agriculteur vétérinaire, M. Adenot, du département
de la Loire, a cru trouver un remède spécifique qui abrége-
rait la durée de cette affection et la rendrait toujours béni-
gne. C'est Vacide phénique, substance dans laquelle on a cru
découvrir tant de propriétés diverses. Quoiqu'il en soit,
M. Adenot , dès que les symptômes du mal sont déclarés ,
( l) 30 grammes dissous dans un liire d'eau.
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164 RÉSUMÉ DES SÉANCRS.
lotionne , deux fois par jour , les parties atteintes avec une
eau phéniquée ainsi composée :
Pour la bouche et les mamelles :
Acide phénique 70 grammes.
Eau 1 litre.
Pour les pieds, la dose d'acide phénique est portée à
120 grammes.
Le résultat de ce traitement est, d*après M. Adenot, que
dans les vingt-quatre heures les ampoules éclatent. Au
deuxième jour, les ulcères se montrent, et, dès le troisième,
le travail de la cicatrisation commence; les animaux repren-
nent leur gaieté, commencent à goûter leur nourriture ; la
sécrétion lactée reprend progressivement et, du septième au
neuvième jour, la guérison est complète.
Mon étable de la Darne, quoiqu*étabUe dans les meilleu-
res conditions d*hygiène, a subi le sort commun et, dans les
premiers jours de septembre dernier, deux de mes meilleu-
res vaches laitières ont été prises du mal de la bouche d'a-
i)ord, et des pieds ensuite. Mes bœufs et le reste de mon
étable ont été atteints, successivement, c'est-à-dire à plu-
sieurs jours d'intervalle et de proche en proche, mais à des
degrés d'intensité différents. Presque tous mes animaux ont
eu le mal des pieds et de la bouche en même temps ; ma
meilleure laitière, seule, a eu mal à la mamelle et à la bou-
che sans le mal des pieds.
Le mal des pieds, sur mes bœufs, a été très-intense; de
grandes ampoules existaient sous les onglons et entre les
doigts des pieds. A leur ouverture, les vers s'étaient mis sur
les ulcères ; le bas des jambes était fortement tuméOé. Les
animaux s'étaient couchés sur leur litière.
J'ai voulu essayer, sur mes malades, l'emploi de l'acide
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NOVEMBRE. 165
phénique. Malheureusement et à raison des circonstances
si malheureuses de la guerre, n'ayant pu me procurer que
500 grammes de ce produit, je n*ai fait qu'une expérience
incomplète. Huit vaches of!t cependant été soumises , deux
fois par jour, à des lotions d'eau phéniquée à la dose de
100 grammes d'acide par litre d'eau, à la bouche et aux
pieds, suivant le besoin. Je dois dire que l'effet en a paru
immédiat, dans la bouche surtout. Les ulcères des gencives
se sont promptement cicatrisées et , dans les quarante-huit
heures, les animaux ont repris leur bonne humeur et ont re-
commencé à manger. Le mal des pieds , tout en paraissant
céder au remède, a été plus long à guérir et les animaux
ont encore boité quatre à cinq jours.
De ces faits, je crois pouvoir conclure que l'acide phéni-
que aurait la propriété de résoudre la maladie plus promp-
tement que les autres remèdes, puisque les animaux sou-
mis à ce traitement ont pu, en moins de huit jours, revenir
à une santé parfaite.
Par suite de l'impossibilité où je me suis trouvé de me
procurer une plus grande quantité de ce médicament, après
avoir livré à la nature mes autres animaux, pendant la pre-
mière période du mal, j'ai eu recours aux décoctions de
feuilles de noyer que j'ai employées en lotions, particulière-
ment sur les pieds. Il m'a paru que, sous leur influence, la
cicatrisation des ulcères se faisait assez bien. Mais il n'a
pas fallu moins de quinze jours pour atteindre la guérison.
Ce traitement serait, dès lors, bien moins efficace que celui
par l'acide phénique.
Tels sont, Messieurs, les renseignements que j'ai pu me
procurer sur l'épizootie de fièvre aphtheuse, qui est venue s'a-
jouter à tant d'autres désastres dont a souffert, cette année,
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166 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
notre agriculture. Je serais heureux que la communication
que je viens de vous faire déterminât MM. les Vétérinaires
de notre département, dont la compétence et le mérite ne
sauraient être contestés, à éclairer, par des instructions pré-
cises, les habitants de nos campagnes sur un mal très-fré-
quent , qui leur cause des pertes considérables et qu'il se-
rait , sans doute , possible d'atténuer par des soins et un
traitement intelligent.
Navigation aérienne. — Le service des aérostats,
en ce moment organisé à Paris pour mettre en commu-
nication la capitale avec les départements, donne oc-
casion à M. Aymard d'entretenir l'assemblée de la ques-
tion des voyages aériens. Notre confrère présente un
exposé historique de cet intéressant problème dont la
solution ne lui semble pas absolument impossible, sur-
tout depuis les tentatives de M. Giffard pour élever dans
les aii*s un ballon muni d'une petite machine à vapeur,
d'une hélice et d'un gouvernail. Il s'étonne qu'au lieu
d'égarer les recherches dans des systèmes nouveaux, on
ne mette pas à proflt cet heureux essai, au moyen de
plus puissantes machines à vapeur qui, maîtrisant la
violence des vents, permettraient probablement de diri-
ger les aérostats. Quoiqu'il advienne de cetle importante
question, l'emploi des ballons, dans les circonstances ac-
tuelles, est un fait qui, provoquant vivement l'attention
[)ublique, invite à rappeler qu'un de nos compatriotes,
physicien distingué, de l'aveu de ses contemporains ei
biographes, le P. Joseph Galien, de l'ordre de Saint-
Dominique, plusieurs années avant MontgolRer, aurait
conçu la pensée d'un ballon pouvant s'élever dans les
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NOVEMBRE. 167
airs au moyen d'un air plus léger que celui de Tatmos-
phère et recevoir, peut-être, certaines directions. Cette
conception théorique serait venue h Tesprit de Galien,
par voie de déduction, à la suite d'une étude qu'il avait
faile de l'air atmosphérique au point de vue de la na-
ture et de la formation de la grêle. Cela résulte d'un
petit livre publié d'abord en 1755, qu'il réédita avec des
corrections en 1757, et dans lequel il paraît que Galien
sut voiler la hardiesse de ses idées par l'enjouement du
style, en les présentant comme un simple amusement
de physique. Les biographes qui ont consacré quelques
lignes élogieuses à la mémoire de Galien, et les physi-
ciens, surtout ceux qui ont écrit sur les aérostats, ont
souvent cité ce curieux opuscule, mentionné également
par nos écrivains du Velay, l'abbé Laurent (1787) (1),
Arnaud (2), Deribier (3), Mandet (4) et le chanoine Sau-
zet (1849] (5). Les tentatives de voyages aériens, plus
réitérées depuis quelques années, ont, de nouveau, sol-
licité l'attention au sujet de notre compatriote et, ré-
cemment encore, sa théorie a été signalée dans des
articles et traités aérostatiques, entre autres, de 1866
à 1870, par MM. Pierre Larousse (6), Marion (7) et Louis
Figuier (8).
(1) Àlmanach hùt, de la pilU et diocéte du Pu^ pour 1787, p. 13).
(â) Hitt. du Yelan, 1816, tome ii, p. 333.
(3) Detcript.itaiistique du déparlement de la Haate-Loire, etc., 18^4, p. HT.
(4) Hitl, poétique et littéraire de l'ancien Velay, 1849, p. 439.
(.S) Biblio§rophie de la Htc-Loire, Annales de la Société, tome xiv, 1869, p. 500.
(6) Grand dictionnaire universel du dix-neuvième siècle, au mot aérostat.
(7) Les ballons et les voyages aériens.
(8) Les merveilles de ta science.
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168 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
Toutefois, les appréciations divergentes, généralement
trop succinctes, et par conséquent insufBsanles, que ces-
auteurs en ont faites, permettent de dire que l'ouvrage
de Galien ne parait être impartialement connu que par
son titre ainsi conçu :
Vart de naviguer dans les airs, amusement physique
et géométrique f précédé d*un mémoire sur la nature
et la formation de la grêle, etc. Avignon 1757, in-16.
Malheureusement cet ouvrage est à peu près introu-
vable. Cependant, il y aurait opportunité à Tétudier, ne
serait-ce qu'au point de vue historique. M. Aymard
ajoute qu'en faisant un appel à tous les bibliophiles de
notre pays, on parviendrait à retrouver un exemplaire.
A cet égard, notre confrère prie M. l'abbé Sauzet de
vouloir bien dire à quelle source il avait puisé l'énoncé
de ce livre donné par lui, en 1849, dans sa Bibliogra-
phie de la Haute 'Loire*
M. Sauzet répond qu'il avait eu en main un exemplaire
que lui avait communiqué une personne de la famille
même de Galien qui, depuis lors, aurait égaré ce livre.
M. le Président exprime l'espoir que les recherches
si souvent fructueuses de M. Aymard lui fourniront le
moyen de découvrir cet ouvrage qu'il serait, en effet, in-
téressant de consulter en ce moment.
•
MÉTÉOROLOGIE. — M. Nicolas, à l'occasion de l'aurore
boréale qui a été vue au Puy, les 24 et 25 octobre,
lit le rapport suivant :
Lundi 24 octobre, vers huit heures, il nous a été donné
d'assister à un des plus rareâ spectacles de la nature.
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NOVEMBRE. 1 69
Une magnifique aurore boréale, Tune des plus éclatantes
parmi celles apparues dans nos contrées, s'est élevée tout
d'un coup vers le nord.
Ge n'était d'abord qu'une lueur confuse, puis des rayons
lumineux de couleur rouge se dirigeant vers le zénith.
Bientôt deux grandes colonnes de feu, s'appuyant l'une à
l'orient sur l'horizon, l'autre à l'occident, grandissent en
rapprochant leur sonmiet l'une de l'autre et se réunissent
en formant un arc de lumière d'un pourpre étincelant. C'é-
tait comme une voûte de feu dont les proportions gigantes-
ques projetaient an loin des rayons brillants au milieu d'un
ciel noir.
Des stries noirâtres séparent régulièrement les deux par-
ties lumineuses de l'arc. L'espace sombre, entouré par cet
arc immense, est traversé de temps à autre par des rayons
qui forment des raies blanchâtres analogues aux dents d'un
peigne et qui, lancées au dehors, dépassent le zénith. Le
phénomène arrive bientôt à son dernier degré de splendeur ;
il ne tarde point à décroître, il s'affaiblit, et des lueurs in-
certaines sont les derniers vestiges de ce céleste incen-
die.
On a fait de nombreuses hypothèses sur la cause des au-
rores boréales. Aujourd'hui on l'attribue à l'électricité ; ce
qui vient à l'appui de cette idée, c'est qu'on peut, à l'aide
de ta machine électrique, obtenir une belle imitation dos
rayons de l'aurore, et que, dans les contrées où ce météore
est le plus brillant, il exerce plus d'influence sur l'aiguille
aimantée.
Selon. M. de la Rive, l'aurore boréale serait due à des dé-
charges électriques s'opérant entre l'électricité jiositive de
fatmosphère et l'électricité négative du globe terrestre.
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170 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
Les aurores boréales ne paraissent avoir aucune influence
sur la température, sur l'humidité, sur la pression de Tair,
sur la fréquence des vents. Elles se produisent, pour la plu-
part, à une si grande élévation qu'elles ne peuvent affecter
ni nos instruments météorologiques, ni nos sens, excepté ce-
lui de notre vue.
Oe phénomène s'est reproduit le lendemain 25, mais avec
un peu moins d'intensité.
Il va sans dire qu'en raison des circonstances présentes,
l'aurore dont nous avons eu le récent spectacle, a donné
lieu aux commentaires les plus variés. Ceux qui dominaient
étaient en faveur d'une paix prochaine.
Personnel des membres de la Société. — La mort
a fait, dans les rangs de la Compagnie, deux vides pro-
fondément regrettables, en nous privant de la collabora-
tion irès-méritante de MM. Prosper Mérimée, membre
honoraire, et Hippolyte Limozin, membre résidant. M. le
Président exprime à leur sujet les sentiments d'affec-
tueuse condoléance de la Compagnie.
Prosper Mérimée, né à Paris, en 1803. était membre de
l'Académie française, membre de l'Académie des Inscrip-
tions et Belles-Lettres, inspecteur général des monuments
historiques, sénateur et grand officier de la Légion d'hon-
neur.
Ses œuvres littéraires, ses travaux d'histoire et d'archéo-
logie sont trop connus pour qu'il soit nécessaire de les rap-
peler. Ils avaient acquis déjà à son nom une juste célébrité,
lorsque, en 1838, notre pays dut à une heureuse circons-
tance la visite de cet éminent écrivain, d'oi!i naquirent,
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NOVEMBRE. 171
ensuite, les liens de savante confraternité qui» en 1852.
l'attachèrent à notre Compagnie.
Mérimée avait reçu, du ministère de l'Intérieur, la mis-
sion de visiter les régions du centre, afin de donner au gou-
vernement et de répandre, par une savante publicité, la con-
naissance de leurs antiquités et monuments. Cette mission
l'amena dans la Haute-Loire et, peu après, il consignait, dans
un livre, ses notes sur quelques-unes des principales œuvres
d*art et d'antiquités du département, sans omettre le Musée
du Puy, assez important déjà pour mériter d*étre cité comme
« un des plus remarquables » qu'il eût vu en province (1).
Ses explorations se trouvèrent facilitées par de précédents
écrits dus à plusieurs de nos compatriotes et, à l'occasion
de son voyage, il noua des relations surtout avec l'un de nos
confrères, M. Aymard, inspecteur des monuments histori-
ques. Toutefois, les appréciations critiques de Mérimée sur
des points qu'il croyait insuffisamment élucidés, ayant trait
notamment aux curieuses antiquités romaines de Polignac
et à réglise de la Chaise-Dieu, suscitèrent des controverses
qui, à défaut de solutions définitives, eurent au moins le ré-
sultat heureux de consacrer chez nous le libre examen en
matière de science et de contribuer ainsi au progrès de l'ar-
chéologie.
Polignac, surtout, souleva des discussions dans lesquelles
se choquaient des opinions qui, toutes, avaient du vrai et
laissaient espérer une lumineuse conciliation. Ce fut comme
un brillant tournoi, où furent déployées toutes les armes que
rérudition et la critique pouvaient fournir alors aux com-
(1) yotes é'un voyage en Auvergne et dant le lipnouiin. Paris, 1838, p. 197
a J83.
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Mî RÉSUMÉ DBS SÉANCES.
battants; intéressant épisode de ce moavement scientifique
([ui, quinze ans auparavant, avait commencé par la double
création de notre Société et du Musée. Plusieurs de nos
confrères, MM. de Becdelièvre (1), Félix Grellet (2) et
Mandet, y prirent part, et MM. le duc et le prince de
Polignac s*y associèrent, plus tard, par des fouilles que, à
la demande de la Société, ils firent généreusement exécuter
dans les profondeurs de l'abîme et dans le sol du haut pla-
teau de Polignac.
Malgré toutes ces recherches, la discussion n'était pas
encore épuisée ; outre que le moyen âge n'a pas été le com-
mencement de toutes choses , il manquait à la question un
élément , à savoir : le point de vue préhistorique qui , d'a-
près les dernières notions de la science, doit ouvrir, ici
comme partout, un horizon plus lointain à l'origine du lieu
et à ses antiques et successives destinations. Â cet égard,
un autre de nos confrères, resté spectateur de la joute, au-
rait-il dit, récemment, le dernier mot de la question (3) ?
Mais, dans ce cas, on regretterait que le débat très-curieux
soulevé par Mérimée fût définitivement clos.
Si la critique un peu outrée de Mérimée à l'égard des an-
tiquités de Polignac puisait une sorte d'excuse dans les
exagérations contraires auxquelles ces antiquités avaient
donné lieu, on est porté à moins d'indulgence pour la sévé-
rité de son jugement à l'égard de l'église de la Ghaise-Dieu,
que recommandent son style d'architecture grandiose dans
(1) Koiet en réponu à celles publiées par Jf. Mérimée *ur Polignac j la ait'
tiquités et le Musée du Puy, À Hautes de la Société, tome fx, p. S18.
(2) Exposé de diverses opinions émises sur Polignac et ses antiquités, l»l(».
(3) Ancienne rouie un extrade du Puy au Forez, Annales de la Sociclê,
tome XXIX, p. 666
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NOVEMBRR. 473
sa simplicité et les souvenirs historiques qui s'y rattachent.
Sachons lui gré, cependant, de certains détails intéressants
et sérieux qu*ii a donnés sur cet édifice et surtout d'avoir
aiguillonné de nouvelles et nombreuses investigations, en
particulier celles qui sont dues à des membres de la So-
ciété : MM. Branche, Mandet, Aymard, Malègue, etc.
Du reste, les hésitations de l'archéologue, rassurées, sans
doute , par les observations de nos confrères et par Tinsis-
tance de l'inspecteur départemental, n'influencèrent point
l'inspecteur général qui fut, au ministère, l'un des membres
de la commission supérieure favorables au classement de
l'église de la Chaise- Dieu comme monument historique.
L'illustre écrivain devait nous donner d'autres preuves
de l'intérêt que notre pays lui avait inspiré. Quelques an-
nées après, il demanda et obtint du ministre de revenir au
Puy, à l'occasion des travaux de restauration de la cathé-
drale et de l'église Saint-Michel d'Aiguilhe, et, de concert
avec notre confrère, inspecteur départemental des monu-
ments historiques, ses conseils tendirent à la conservation
de toutes les parties de ces édifices ayant un véritable ca-
chet d'art et d'archéologie. Consulté, en bien d'autres occa-
sions, par le même membre de la Société, il lui donnait
d'utiles avis pour les constructions du nouveau musée et le
classement des collections d'antiquités; relativement à la
fontaine monumentale du Breuil ; à la statue de Notre-Dame
de France, etc. Il obtenait, en outre, de la commission su-
périeure des monuments, le classement, par le ministre, de
plusieurs de nos monuments historiques.
Enfin son appui, qui jamais ne nous fit défaut, put con-
tribuer, dans une certaine mesure, à la réalisation du che-
min de fer grand central par la ville du Puy « destinée, si
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171 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
ce vœu n'eût pas été exaucé, à retourner à l'état druidi-
que, » comme il le disait, en archéologue convaincu, au
plus haut personnage de l'empire.
Tels sont les titres qu'a Mérimée à nos regrets reconnais-
sants et qui justifient si bien le rang éminent que la Société
lui avait conféré au nombre de ses membres honoraires.
LiMoziN (Jean-François-Hippolyte- Achille), né à Saugues
(Haute- Loire), le 28 février 1822, et décédé au Puy, le
' 15 octobre 1870, était ûls de notre ancien et regretté con-
frère, Yves Limozin, membre correspondant de la Société,
maire de la ville de Saugues et longtemps conseiller géné-
ral.
Hippolyte Limozin avait fait ses classes, au lycée du
Puy , avec beaucoup de succès, et s'était ensuite distingué
à l'école forestière de Nancy. A sa sortie de cette école, il
fut nommé garde-général stagiaire à Haguenau, le 29 dé-
cembre 1844. Quelques années plus tard, appelé dans les
bureaux de l'administration générale, à Paris, oh il a laissé
les meilleurs souvenirs, il les quitta pour remplacer, commo
sous- inspecteur, dans la Haute-Loire/ un autre de nos zé-
lés et intelligents confrères, M. de l'EguilIe, avant lequel
le département n'avait jamais eu qu'un garde-général. Pro-
mu, en 1861, au rang d'inspecteur, dont il fut le premier ti-
tulaire au Puy, il imprima une impulsion d'autant plus
active aux améliorations forestières, qu'une nouvelle réor-
ganisation vint bientôt réunir, sous son inspection, le ser-
vice ordinaire à celui du reboisement. C'est ainsi que notre
confrère peut revendiquer une grande part dans les œuvres
les plus notables de l'administration laborieuse qui l'avait
élevé, jeune encore , au plus haut degré hiérarchique de
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NOVEMBRE. 175
son service dans le département. Il faut ajouter qu^, tout
en méritant l'estime et raifection de ses supérieurs par an
rare dévouement à ses fonctions, il avait su également, par
Taménité de son caractère accessible à de sages tempéra-
ments, applanir bien des difficultés que soulevait l'exten^
sion du régime forestier, en apportant des cbangements
dans les babitudes invétérées des populations de nos cam -
pagnes.
Les entreprises auxquelles son concours fut principale-
ment utile, sont : le reboisement des montagnes ; les sou-
missions de communaux au régime forestier; gazonnemeni
de terrains en pente; création, par l'état, d'une vaste pépi-
nière au terroir de Pologne, commune de Taulhac ; trans-
formation du lac du Boucbet en établissement départemen-
tal de pisciculture et plantations étendues autour de ce lac ;
construction d'une maison forestière au Mezcnc, à une al-
titude de 1,550 mètres, destinée aux gardes, dans ce péri-
mètre de reboisement, ainsi qu'aux employés, comme lieu
de station, dans leurs tournées administratives, et dans les*
quelles, en outre, les touristes reçoivent, au besoin, une
cordiale hospitalité.
Ces travaux importants, auxquels Limoz'm avait voué
toutes les forces de son intelligence, doublée d'un ardent
amour du pays, entraient trop bien dans les vues de la 80-
ciété, pour que notre excellent compatriote ne s'empress.U
de lui offrir sa collaboration. Aussi faisait-il partie de la
Compagnie depuis 1858.
Admis, au mois de mars, en qualité de membre résidant,
il avait été appelé , avant l'expiration de l'année, à la sup-
pléance du secrétariat et, en 1864, il était nommé secié-
•taire, fonctions que l'état de sa santé ébranlée par un travail
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176 RÉSUMÉ DBS SÉANCES.
excessif et par les premières atteintes de la cruelle maladie
qai nous Ta enlevé, l'obligea de résilier au mois de fé-
vrier 1867.
Notre confrère avait apporté dans Texercice du secréta-
riat une persévérante ponctualité, des connaissances va-
riées et toutes les ressources de Tart d* écrire dans un style
clair, simple et concis, conditions essentielles pour la rédac-
tion des procès-verbaux de nos réunions mensuelles , dans
lesquelles la compagnie manifeste sa vitalité par des études
très-diverses, que le mouvement intellectuel de chaque jour
impose au zèle des associations scientifiques.
Il collaborait, lui-même, à l'examen d'utiles questions,
surtout lorsqu'elles portaient sur des points se rattachant
aux diverses branches de son administration. C'est ainsi
qu'entre autres études, animé d'un sentiment de rare abné-
gation, il s'associait vivement à l'initiative de la Société et,
en particulier, aux démarches de notre honorable prési-
dent, M. de Brive, auprès du Conseil général et de l'admi-
nistration départementale, pour l'établissement piscicole du
lac du Bouchot , et nous faisait part des phases successives
de cette affaire, souvent entravée par divers obstacles. Il vou-
lut aussi que son administration eût une honorable part aux
expositions comprises dans le programme du dernier et bril-
lant concours régional d'agriculture qui eut lieu au Puy
en 1868. Ce fut une occasion pour le public de prendre con-
naissance, dans une partie spéciale du jardin public, des
plants d'arbres forestiers les mieux appropriés au sol et au
climat de nos pays.
Limozin ne portait pas un moindre intérêt à d'autres in-
vestigations scientifiques. Ses premiers travaux de reboise-
ment autour du lac du Bouchet avaient mis au jour quelques
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NOVKMBftK. 177
vestiges d'antiquité. La communication de cette découverte
à la Société provoqua une fouille que, de concert avec un
autre de nos confrères, il fit exécuter et qui révéla, à ce der-
nier, le souvenir d'établissements créés par d'antiques ci-
vilisations en ce lieu, de tous temps, très-remarquable (1).
Aussi Limozin s'était-il fait des amis de tous nos con-
frères qui appréciaient ses rares qualités d'esprit et de cœur,
rétendue de son savoir, sa franche aflabilité, sa modestie et
les sentiments de profonde affection qu'il avait voués à son
excellente famille.
■ Si la Compagnie ne pouvait récompenser son zèle excep-
tionnel que par un échange de vives sympathies, ses méri-
tes, non moins connus au dehors, lui avaient valu, non-seu-
lement un rapide avancement dans son administration, mais
encore diverses distinctions, en particulier, une médaille de
la Société française d'acclimatation.
Bien jeune, il avait quitté la ville de Saugues, berceau de
sa famille. Mais il avait désiré qu'on y portât sa dépouille
mortelle, et l'on ne peut lire sans émotion les paroles tou-
chantes , qu'au nom de ses concitoyens , M. Labretoigne ,
juge de paix, prononça, le 18 octobre, sur la tombe de l'un
de nos plus dévoués et plus regrettés confrères (2).
Objets d'administration. — Il est donné leclure d'une
lettre, en date du 9 août, par laquelle M. le Ministre des
lettres, sciences et beaux-arls, avait altribué à la Socié-
té une allocation de 400 fr., à litre d'encouragement
pour ses travaux scientifiques.
(1) Rap|>ort sur cette rouille, Annales de h Société, tome xxiv, p. 90.
(9} Voyez le joarnal la Haute-Lnre, n* du 95 octobre 1870.
TOME XXXI. 12
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1
178 RESUME DES SEANCES.
M. le Président aanonce que celle somme a élé or-
donnancée suivant l'usage, et il exprime les remerct-
ments de la Société.
A huit heures, la séance est levée.
Le Vice-Secrétaire,
Aimé GIRON.
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SEANCE MENSUELLE
DU LUNDI 5 DÉCEMBRE
SOMMAIRE
AjourneaieiU de la lecture du procès- verbal de U précédente séance. —
M. Cillet-Paris est chargé de suppléer les secrétaires absente. — Aliocu-
tiori de M. le Président au sujet d'un membre de la Société et de coiupa-
triotes morts sur les champs de bataille, le commandant Parron, Jast de
I^ Tour-Mauboorg et Joseph Philip; va'u de la Société qu'on recueille
tous les renseignements relatifs ii la belle conduite des militaires de la
Maute-Loire. — Musis , dons et acquisitions : Calcaire k induses du
Bourbonnais; silex taillés préhistoriques recueillis dans la commune de
Taulbac; vase et débris de poteries funéraires romains trouvés k Azaniërcs;
notice aur cette découverte par M. Lascombe; objets anciens provenant de
lloisset, près Tcstrade du Pnf à Rosières; bague en cuivre du moyen âge;
cachet aux armes du Puy. — Ouvrages reçus : Ils sont en petit nombre.
Malgré la gravité des événements, la Société est résolue à poursuivre ses
travaux. Repue agricole de Provence : moyen proposé pour produire la
pluie. Le Suii-Bsi : amodiation des communaux. liuUclin de la Société aca-
démique de ta Lozère : Hivernage des bestiaax dans le bas Languedoc.
Bulletin de la Société centrale d'Agriculture : Taille de la vigne. — Publi.
GATIONS DE LA SuciéTJ : Récoptiou des i4iifi<i/e« par diverses Sociétés scien-
tifiques. •• Carte DéPARTEMENTALe en relief par M. Malègue : En voie
d'achèvement j vote de fonds pour la conservation, au Musée, du moule et
d'un exemplaire avec zones en gradins de nivean, ainsi qne d'un exem-
plaire définitif avee configuration réelle du sol. — HYCièNB publiooi : Epi-
démie variolique au Pay. Militaires installés au Mosée, sans l'avis de la
Société; graves inconvénients qui en résultent; protestations de MM. Ay-
mard, Ghassaing et Gillet-Paris, auprès du Préfet; rapport de M. le docteur
Martel. — Navigation aérienne : Communication d'un portrait peint du
P. Galien. — Histoire : Communication, par M. Lascombe, d'nn acte de
confirmation de foires et marchés k Roche-€n-Reynier. — Objets d'abhi»
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\H0 RRSUMK DES SEANCES.
NisTRATioN : Rapport de M. Nicolas sar les machiues 2i rabriqucr Ie3 drains,
apparleoant k la Société. — Pbrsomivbl : Renvoi il la prochaine séance de
rélectiOQ du Président, do Vice-Président et du Trésorier. Acceptation,
par M. de Sartiges, da titre de membre non résidant. Nomination de
M. l'abbé Pmgère ao titre de membre résidant.
Présidence de M. de Brive.
M. le Président ouvre la séance en annonçant quMI
no sera pas donné lecture du procès-verbal de la préci^-
dénie réunion : M. Aimé Giron, vice-secrétaire, s'excuse
en effet, dans une lettre, de ce que sa nouvelle condi-
tion de mobilisé ne lui permet pas, en ce moment, de
remplir les devoirs du secrétariat, mais qu'il s'empres-
sera de remettre au bureau le procès-verbal en relard,
aussitôt qu'il lui en sera laissé le loisir.
M. Chassaing, secrétaire, siégeant à la Cour d'assises,
n'a pu, de son côté, assister h la séance.
COMP.ATRIOTES MORTS SUR LES CHAMPS DE BATAILLE. —
M. le Président rappelle la perte très-regrettable que
noire Société et le pays viennent de faire en la personne
de notre éminent confrère, M. le commandant Victor
Parron, officier de la Lép:ion d'honneur, tué glorieuse-
ment h Gravelolle.
Victor Parron, né le '2 février 1823 au Puy, où il avait
fait, au lycée, de fortes études, était membre de la Société
depuis Tannée 186'i. et il avait enrichi nos Annales de I8GG
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DÉCKMliRK. 181
d'une intéresftante monographie sous ce titre : Notice sur
VapUtude militaire en France, suivie d*un essai de statistique
militaire ds la Haute-Loiret etc. La première partie de ce
mémoire emprunte aux circonstances actuelles un puissant
. intérêt qui justifie, au plus haut point, les prévisions judi-
cieuses de l'auteur. 8' attachant à réfuter les attaques diri-
gées contre les armées permanentes, il se prononçait en fa-
veur de ce système. « Au lieu de déclamer contre l'esprit
militaire, il faut, > disait-il, « l'entretenir comme un des
principaux éléments de la puissance et de la gloire nationa-
les, comme le paUadium de Tindépendance et de l'avenir du
pays. » Après avoir exposé les conditions de l'aptitude mi-
litaire en France, Parron abordait l'examen de la popula-
tion de la Haute-Loire sous le même rapport, et en dressait
une statistique aussi complète qu'il était possiole (1).
Notre confrère avait publié également un Manuel d'infan-
terie, travail estimé, à la suite duquel, ayant concouru, en
1862, pour le majorat, il obtenait un des premiers numéros
sur un assez grand nombre de candidats.
Sorti de l'école de 6aiat-Gyr en 1844, Parron avait con-
quis tous ses grades et mérité la croix d'officier de la Lé-
gion d'honneur, à l'occasion d'expéditions périlleuses en
Afrique, en Grimée et en Italie.
Chef de bataillon au 1 5* de ligne, il était à l'armée du
Rhin et tomba mortellement frappé, au mois d*aoùt, sous
les murs de Metz, où son régiment, qui faisait partie du
corps Ladmirâult, placé en ligne pour les batailles de Gra-
(1) Aujourd'hai que le sooverneiiient se préoccope de la réorgaoïsation de
rarmée, on ne «aurait trop recommandiT à son attention l'excellent ménoirc
de Parron. fKoU du Président de lu Smété,)
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1
182 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
velotte et Saint-Privat, eut à sontenir le plus grand choc de
Tennemi.
Parron était doué de qualités éminentes : il ne négligeait
aucune occasion de se perfectionner dans Tart militaire, sans
négliger d'autres travaux intellectuels. Sa famille qu'il laisse
dans une désolation si bien justifiée, tous ceux qui Font con-
nu, se plaisent à rappeler combien son pays lui était cher,
combien il était affectueux pour ses amis, dévoué à ses ca-
marades et joignant, à un respect inflexible de la discipline
militaire, une parfaite bienveillance pour ses subordon-
nés (1).
C'est aussi avec un sentiment de pénible amertame
que la Société associe ses regrets aux larmes de nos ho-
norables confrères, MM. le marquis de La Tour-Mau-
bourg et Philip. Leurs flls, Jnst de La Tour-Maubourg
et Joseph Philip, nobles enfants pleins d'espérance, sont
tombés héroïquement pour la défense de la Patrie, Tun,
le 24 noyembre, à Bellegarde, à la tête des mobiles de
la Haute-Loire, l'autre, le 2 septembre, en guidant ses
hommes au fea, dans une sortie de ta garnison de Stras-
bourg.
A cette occasion, plusieurs membres citent des faits
établissant que les militaires de la Haute-Loire, fidèles
aux traditions de leurs pères, font bravement leur de-
voir sur tous les points du théâtre de la guerre. Il y au-
rait là un intéressant sujet d'études militaires dans leur
(l) Depuis la sétnee de décembre, notre confrère, M. Cb. Calcmard de La
Fajette, a pubtir dans ia Uau/e Loire, OjaoTier 187), tmc notice aécrologiqtie
é\of\nen{e cl d(*tailli*e sur le cotimandanl Parron.
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DÉCEMBRE. 183
appIicdtioQ à noire pays, no nouvel et glorieun élément
susceptible d'être ajouté an remarquable travail du com-
mandant Parron.
Ces vues reçoivent l'approbation de l'Assemblée et
motivent le vœu que des renseignements soient recueil-
lis pour un récit aussi complet que possible, lequel serait
inséré aux Annales de la Société.
Musée. — Dons et acquisitions. — M. le Président
appelle Tattenlion de l'Assemblée sur divers objets re-
cueillis pour le Musée et au sujet desquels il exprime
les remerctments de la Société :
M. Lascombe a offert des échantillons de calcaire à
induses, provenant des terrains tertiaires d'eau douce
du Bourbonnais.
M. Aymard a fait hommage, de la part de M. Arnau-
don, garde champêtre à Taulhac, de deux silex taillés,
instruments préhistoriques, dont un est une simple la-
melle, et l'autre un petit taraud ayant pu servir à perforer
des instruments en os , ainsi qu'on l'a supposé pour de
semblables outils trouvés dans des cavernes. Ces objets
ont été découverts,«comme une belle lame de silex don
née à la précédente séance, au terrain dit des Caves,
sur la propriété de M. Puissant, commune de Tau-
Ihac.
H. Lascombe a donné aussi un petit vase en terre
cuite et quelques autres fragments dépareilles poteries,
exhumés d'une sépulture romaine, près d'Azanières.
commune de Blanzac, dans un lieu voisin â*nne estrade
ou voie antique. Notre confrère fait lecture de la notice
suivante, relative à cette découverte :
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184 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
Une trouvaille assez intéressante a eu lieu au terroir
d'Âzanières, commune de Bianzac (Haute-Loire). Le 5 mai
dernier, des ouvriers défrichant un bois de pin appartenant
à M. Jules Eymère, de Saint-Paulien, mirent au jour huit
petits \a8es enfouis à la profondeur d'environ 18 centime <
très, rangés, quatre par quatre, sur deux lignes parallèles,
et brisés , à l'exception d'un seul que je dois à l'obligeante
de M. Savinien de Romizowski, receveur des domaines. Ce
vase, en terre grisâtre, comme seç semblables, mesure
10 centimètres de hauteur et 31 centimètres de circonfé-
rence. Sa surface extérieure présente des cercles creux, al-
ternant avec des bourrelets et des rangées de raies obliques
imprimées au moyen d'une molette. Ces vases , la plupart
sans ornementations et identiques de formes et do dimen-
sions, si Ton en juge par leurs débris, devaient avoir con-
tenu des offrandes ou des parfums. Ils étaient dépourvus
d'anses, sans vernis, et leur orifice n'était protégé ni par des
couvercles ni par des tuiles ou briques. L*urne funéraire,
accompagnement ordinaire de ces poteries, faisait ici défaut.
Peut être avait elle disparu dans un défrichement antérieur
ou avait-elle été brisée par la pioche des ouvriers. Malgré
son absence et malgré le manque absolu de monnaies ou
médailles, ces débris céramiques n'en constituent pas moins
une sépulture de la plus hiute ancienneté. L'abbé Cochet,
que l'exploration des vieux cimetières normands et les ma-
gnifiques découvertes faites dans ces champs de la mort,
ont rendu célèbre, a signalé des vases analogues. Il attribue
leur origine au deuxième siècle de notre ère et nous -pen-
sons que ceux d'Âzanières appartiennent à cette époque.
On sait que la coutume de brûler les morts, de déposer
leurs cendres dans une urne , en y joignant parfois des va-
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DÉCKMBKË. 185
ses à parfums et à offraades, de les enfouir dans des cime-
tières publics ou des propriétés privées et notamment à
proximité des grands chemins, était à peu près universelle,
au temps des premiers empereurs. Or, la sépulture d*Aza-
nières parait avoir bordé une estrade, comme semblent l'at-
tester des pierres disposées symétriquement sur un certain
espace, et cette voie romaine n*est autre que celle mention-
née par M. Aymard (1), .et qui conduisait de Revession à
la route de Lyon, en passant par le plateau de Viaye, La-
voûte-sur-IiOire, la Boutaresse, etc.
M. Aimé Giron a donné deux objets trouvés parmi
des squelettes, près de Boisset, entre ce village et la 6i-
Kaude, à peu de distance da ruisseau de Beaulieu et
d'une antique estrade allant jadis duPuy à Rosières.
Ces objets sont une noix d'arbalète en ivoire et une sorte
d'instrument, ou peut-être d'arme en fer, ayant la forme
d'une petite faucille ou d'une grande serpe. Des pote-
ries ont été trouvées dans le môme sol et pourront aider
à déterminer l'époque de l'enfouissement de ces objets.
Le frère Ozias, des Ecoles chrétiennes des Carmes, au
Pny, a fait don d'une bague en cuivre ayant, au chaton,
le monogramme IHS. Elle a été trouvée au doigt d'un
squelette, probablement d'un moine, dans le sol de l'an-
cien couvent des Carmes.
M. Aymard a acquis un cachet en cire rouge enfermé
dans une boite en fer-blanc II est au type et aux ai*mes
lie la ville du Puy.
1) AtiMfes ie U Société, tomf un, p. 679.
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f86 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
Ouvrages reçus. — M. le Président passe ensuite au
dépottillemenldes ouyrages reçns. Il fait observer qu*en
raison de la gravité des événements, l'intérêt des séan-
ces de la Société pourrait être amoindri par des ajour-
nements ou suppressions de publications périodiques ou
autres concernant Tagriculture et les sciences. M. le
Président a le regret de dire que, pour la présente réu-
nion, les ouvrages reçus sont en petit nombre. « La
Compagnie, ajoute-t-il, n*en poursuivra pas moins fer-
mement tous ses travaux ; » paroles qui reçoivent Tas-
sentiment unanime de rassemblée.
Pourrait-on produire la pluie ? — Tel est le titre
d'un article du Messager agricole reproduit par la Re-
vue agricole et forestière de Provence, Cet article pi-
quant d'originalité a peut-^tre son côté pratique. L'au-
teur se propose de produire, au sein d'une atmosphère
chargée de nuages, des détonations d'une force sufD-
' santé pour amener une perturbation dans les globules
dont ils sont composés, vaincre ainsi l'état d'inertie des
nuées et produire alors l'effet résultant de l'étincelle
électrique; à cet effet, l'auteur enverrait, à travers des
nuages, des ballons de quelques mètres cubes de capaci-
té, gonQés au mélange détonant : deux hydrogènes pour
un oxygène, et munis d'une mèche enflammée d'une
longueur jugée approximativement suffisante pour que
le feu se communique au mélange à son arrivée dans
les nuées.
Amodiation des communaux. — Le Sud^Est, de Gre-
noble, traite de la question de l'amodiation des com-
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nÉCRMBRK. f87
munaux et des pâturages et n*en est point partisan.
Dans le Doubs et le Jura on est <l*nn avis contraire.
Hivernage des bestiaux dans le bas Langxudoc. —
M. Ayrnard a la parole sur une communication insérée
au Bulletin de la Société académif/ue de la Lozère, au
sujet de Topporlunilé et de la facilité de l'hivernage des
bestiaux de nos régions dans le bas Languedoc, et par-
ticulièrement dans Tarrondissement d'Arles, dans le
Gard et l'Hérault. La sécheresse de Tannée s'est éten-
due malheureusement sur toute l^urope; l'abaAtage
de bestiaux a eu lieu un peu partout ; une disette d'a-
nimaux pour garnir les étables et pour Talimentation ne
manquera pas de se produire à partir du printemps pro-
chain. L'administration préfectorale de la Lozère s'est
préoccupée de procurer aux propriétaires de ce dépar-
tement, et partant à ceux du plateau central, les moyens
de conserver, cet hiver, leurs bôles ovine et bovine. Il
lui a paru, d'après les études faites par notre confrère
M. Doniol, inspecteur de l'agriculture, envoyé expressé-
ment pour l'étude de cette question par la délégation de
Tours, qu'un des moyens les plus praticables consistait
dans l'émigration.
Les renseignements qui ont été pris font connaître
que Tarrondissement d'Arles et une partie de celui de
Nîmes peuvent fournir la nourriture de 450,000 tètes
ovines et d'au moins 2,000 tètes bovines, de novembre
en avril ; il y a, en outre, place pour 25,000 brebis por-
tières dans de bons pâturages propres à leur permettre
d'allaiter avec avantage.
Voici les prix de pension demandés :
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188 lŒSUMÉ DES SÉANCES.
Brebis portières, de 1 3 à U fr. pour la saison, pai* télo
de bétail, garde comprise ;
Montons, 5 fr. par tête ;
Bœufs, vaches, veaux, 15 à 25 fr., suivant la force et
suivant le pâturage.
Ces prix n'ont pas élé débattus, ils sont plus élevés
qu'on ne les paie habituellement ; la sécheresse les a fait
monter comme elle a fait monter les fourrages. Du reste,
dans beaucoup de parties du Gard et de l'Hérault, où la
transhumance n'est pas recherchée, comme aux envi-
roni d'Arles, parle bétail des Alpes, on trouverait des
prix inférieurs.
Voici deux marchés conclus dans l'Hérault :
Soixante. têtes bovines nourries pendant six mois d'hi-
ver, moyennant le prélèvement, à celte époque, de dix
têtes de bétail ;
Soixante vaches nourries de foin grossier de marais
et de marc de raisin (4 kil. foin et 7 kil. tourteaux de
marc], à raison de 43 fr. 50 c. par tête et par mois pour
les vaches, nourriture du vacher comprise.
Si les propriétaires pensaient pouvoir faire consom-
mer chez eux, il est utile de leur indiquer le prix de
10 fr. les 100 kilos, foin de luzerne, en très-belle qua-
lité, à Arles ;
Foin de marais, dit triangle, 4 à 6 fr. les 100 kilos,
gare de Raphile, après Arles.
Les tourteaux de sésame valent, ù Marseille, de 12
à 14 fr. ; ils sont d'une grande ressource, délayés, tH)uil-
lis et mêlés aux pailles, aux feuilles, aux herbes gros-
sières.
Si M. Doniol pense que le système qui consisterait à
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DRGEMRRE. 189
consommer les matières alimentaires importées ne peut
être appliqué, à cause du prix des transports, on doit
faire exception toutefois pour les tourteaux, qui consti-
tuent un aliment précieux pour le bétail et, partant, un
appoint d'engrais.
Un membre propose l'insertion de cet article dans la
Haute-Loire, ce qui est accepté.
•
Taille de la vigne, — Le Bulletin de la Société cen-
trale d'agriculture de l'Hérault contient une notice
siw l'opportunité, rendue évidente par l'expérience, de
(ailler la vigne après la grêle. Certains vignobles de
l'Hérault, taillés en tert fln juin et même 9 juillet, ont
donné, la même année, un produit d'une certaine im-
porlance, et la récolte suivante a été notoirement supé-
rieure h celle des vignes qui n'avaient pas subi la taille.
PUBLICATIONS DE LA SOCIÉTÉ. — Il cst donué Commu-
nication de plusieurs lettres accusant réception du
vingt-neuvième volume de nos Annales, Elles éraancnl
du Ministère de rtnstruction publique, de F Académie
des sciences, de la Société scientifique et littéraire d'A-
lais, de la Société littéraire et scientifique d'Apt, et de
la Société des antiquaires de Picardie.
Carte départementalb en relief. — M. Aymard an-
nonce que cette belle carte, due au travail assidu et
consciencieux de M. Malègue, est sur le point d'être ter-
minée. La carte entière aura coulé environ < 2,000 fr.,
dont notre confrère a fait le généreux sacrifice, surtout
en utilisant, pendant les loisirs que lui laisse la guerre,
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190 UKSrMK ORS SÉANf.RS.
le personnel de ses employés d'entreprise (suspendue)
de chemin de fer, qu*à cet effet, il n'a pas voulu ren-
voyer. M. le Président, en exprimant à Fauteur sa vive
satisfaction, le remercie au nom de la Société.
M. Malègue manifeste, de nouveau, la satisfaction qu'il
éprouve de répondre aux désirs de la Société et du Con-
seil général. Bientôt la carte sera complètement achevée;
et, de plus, par une combinai^n facile, chaque com-
mune pourra avoir le relief de son canton pour ^5 à 30 fr.
r/auteur fait ensuite remarquer que, d'après Topinion
de MM. Aymard et Gillet-Paris, opinion qu'il partage
entièrement, il conservera la carte en relief avec les zo-
nes en gradins de niveau. Cette forme, prélude de lu
carte définitive qui sera ensuite modelée suivant la con-
figuration réelle du sol, est la mieux appropriée aux étu-
des scientifiques, industrielles et d'économie rurale.
L'assemblée, pénétrée de l'importance de la carte
scientifique, décide qu'elle fera les frais d'une repro-
duction en plâtre, dont le moule deviendra la propriété
de la Société ; en outre, elle souscrira pour un exem-
|)laire définitif en carton-plâtre ou en staff. Ce dernier
procédé est, paraît-il, exclusivement employé à l'écolo
des Beaux-Arts de Paris ; il joint à une grande légèreté
une exactitude admirable des plus légers reliefs.
Hygiène publique. — M. le docteur Martel a la parole
sur l'étal hygiénique de la ville du Puy, dans le courant
du mois de novembre, éti\l qui persiste encore aujour-
d'hui. M. Martel dit que l'épidémie variolique a été, à
peu de choses près, spéciale aux casernes, qu'elle a fait
peu de victimes en ville, où elle a rencontré les nom-
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DKXEMliRK. 191
breuses vaccinations opérées les années précédentes et
notanament l*année dernière. La mortalité a été grande
parmi les soldats : on a compté, pendant un temps as-
sez long, jusqu'à six décès par jour. L'entassement des
soldats a été, parait-il, la seule cause du développement
notable de la contagion et de son intensité. On s'est oc-
cupé, une fois la cause connue, d'augmenter le nombre
des points de casernement, et une des salles du nouveau
Musée a été d*abord proposée à Tadministration préfec-
torale et occupée par des mobiles, sans qu'on ait préala-
blement consulté la Société, k qui est dévolue l'adminis-
tration du Musée. Pour les salles postérieures, ou de
Tancien Musée, on n*a pas tenu compte de cette forma-
lité, ces salles étant vides de tableaux et d'œuvres d'art
ou de collections. Plusieurs militaires y ont contracté
des maladies, par suite de la trop nombreuse garnison
qu*on y avait mise. En outre, ou n'aurait pas dû en ins-
taller dans les galeries du nouveau Musée, qui n'étaient
pas vacantes.
M. Aymard, à ce sujet, dit qu'en qualité de vice-pré-
sident de la Société, accompagné de MM. Chassalng, se-
crétaire, et Gillet-Paris, il a fait part à M. Lefort, préfet,
de ce qui s'était passé. M. le Préfet a promis de venir
au Musée. 11 y est vegiu et il a été convenu que la salle
des dentelles serait respectée, et que, dans tous les cas,
on n'irait pas plus loin, dans cette occupation des salles
du Musée, sans que la Société soit consultée. M. Aymard
a fait ressortir, en outre, au point de vue sanitaire, Tin-
cûnvénient d'occuper les galeries du nouveau Musée :
la ventilation y est impossible et la température est à
peu près celle de l'extérieur, par suite des combles cons-
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192 IIKSUMK hRS SK\Nr>:s.
traits en châssis vitrés; il a fait observer également h
M. le Préfet combien il est pénible de penser que la col-
lection des tableaax amassés à grands frais peut, dans
tous ces déplacements inconsidérés, subir des avaries :
Tune des salles, elle-même, n'a pas été à l'abri des dé-
gradations que ne peat manquer de produire le caser-*
nement de 250 hommes.
M. le docteur Martel est prié de donner lecture du
rapport qu'il a fait à M. le Préfet sur sa demande , au
sujet du casernement du Musée au point de vue sa-
nitaire. L'assemblée en décide l'insertion au procès-
verbal.
L'ancien Musée, qui n'a qu'un rez-de-chaussée, se com-
[)0se de trois pièces ; deux sont latérales et parfaitement sy-
métriques; la troisième se trouve au milieu.
La salle qui sert actuellement d'entrée est située à l'ouest;
la feimilaire est à l'est.
L'une et l'autre ont les dimensions suivantes :
Longueur 1 2"' 3U^'
Largeur G 85
Hauteur 8 70
Ce qui donne, pour chacune, un cube de 733 mètres Oie.
D'après les calculs de Tenon, chaque homme a besoin,
au moins, de 1 3 mètres cubes d'air à respirer ; je tiendrai
compte de ce principe en déterminant le nombre d'hommes
(lue peut contenir chaque salle.
La salle de l'ouest est dans de bonnes conditions d'aéra-r
lion ; elle peut contenir des lits pour trente personnes.
La salle de l'est, telle qu'eUe est, ne peut pas être aérée,
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DECEMBRE. 493
maïs il y a possibilité de faire une ouverture au-dessus du
piédestal du monument Macheco ; cette baie devrait avoir
en largeur 0" 70 centimètres et çn hauteur 0" 50 centi*
mètres.
Le courant d'air s'établirait de la porte de la salle d*ouest
à l'ouverture que je viens d'indiquer en traversant la salle
du milieu.
Cette salle, en raison de son volume d'air, pourrait con-*
tenir , comme sa similaire, des lits pour plus de trente per-
sonnes, si son sol le permettait.
La grande salle du milieu mesure :
i longueur. 24» 10«
largeur 12» »
hauteur • 7» 70
EUe cube 2,226« 84*
Par deux grandes portes, elle communique avec les deux
salles latérales et avec le nouveau Musée, qui lui est con-
tigu au nord, par une porte semblable aux deux autres.
Elle est plafonnée ; elle reçoit la lumière, au midi, par trois
grandes fenêtres qui touchent au plafond et sont élevées au-
dessus du plancher de plus de 5 mètres.
Cette salle ne présente point d'humidité, mais le renouvel-
lement de l'air y est incomplet et insuffisant, surtout pour
dortoir.
Les vapeurs qui s'exhalent des corps humains vicient
l'air, ce qui justifie, dans certains cas, l'expression énergi-
que de Rousseau lorsqu'il s'écrie que • Tbaleine de l'homme
est mortelle pour l'homme, au physique comme au moral. »
En effet, la respiration de l'homme, comme celle des ani-
maux, altère l'air autant en lui enlevant l'oxygène qu'en lui
TOME XXXI. 13
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104 RÉSUMÉ. A8S gBAIIGES.
4ommnt UOB trpp forte praportion d'aciof» carbonique a|; en
le chj^r^Q^Qt (l'émaq^tiona animales prodaita» p}ir 1^6 per-
spin^tioni pulu^ouaire, cutanée 9t même intestinale.
L'air ainsi altéré est plus lourd et occupe les couii^hes
qui jie rapprQcUeut le plne d4 i^ol; d'oi^ 1^ nécessité, pour
^s^ainir les appartements, 4e pratiquer des ouverture? U
plus près possible des planchers. Les cheminées remplis*
sent parfaitement c^ttQ in4îcatiQn,
D'après ce principe, je proposa de pratiquer, 4&ns la
grande salle vis-à-vis la portp 4^ CQpvnifnicaUon av9C U
nouveau Musée, une ouverture mesurant , eomme celle de
la salle de l'est, en largeur 0°^ 70 c. et en hauteur 0™ 50 c. ;
deux autres ouvertures pareilles seraient fiiîtes à droite et à
gauche de la première, à égale distance et à un mètre au-
dessus du plancher, afin d'éviter l'assise des pierres de taille
du mur.
Ces cinq baies provisoires, peu dispendieuses et qui peu-
vent être pratiquées eu quelques heures , seraient ouvertes
et fermées à volonté par de simples vplets intérieurs.
Cent quarautç hommes peuveut coucher dans cette fuiUe.
La salle du dôme du nouveau Mu^é^ présente ;
i longueur 10"» ■*
largeur 9 60
hauteur 12 40
EUecube 1,190 40
L'aération de cette salle es( trè^-facile e^, en raison de sa
grande élévation, elle ppurrait permettre d'y entasser ç^u
moiQs quarante perspunes, mais son aspect au nord et SQU
immense croisée dépourvue 4e volets la f cudrqnt inhabita-
ble si l'hivçr sç mPUtrç ri?oureu^. On peut TttltUiWf pravi-
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DÉCEMBRE. 495
soîrement et diminnêr sa froidure en plaçant aa-deseua de
la croisée une tringle à laquelle l'on suspendrait des tapis
qui s'appliqueraient, pendant la nuit, comme des rideaux,
aux vitrages.
La salle des tableaux, à gauche, ne pourrait être aérée
qu'en tenant ouvertes la porte et la croisée de la salle des
dentelles où se trouvent des objets bien précieux qui ne
peuvent être mis sous clef; il existe, d'ailleurs, un obstacle
péremptoire à son utilisation pour casernement dans son
plafond qui est en vitres et qui laisserait pénétrer le froid
avec une extrême facilité.
Il y a nécessité de laver les paillasses et de renouveler la
paille qui les garnit.
Les paillasses devraient reposer sur des planches suppor*
tées par des bancs, de manière à ce qu'il y eût, entre elles et
le sol, un-intervalle de 30 à 45 centimètres pour la circula*
tion de l'air.
Lee cheminées prussiennes, à défaut de cheminées prati-
quées dans les murs, sont un puissant moyeA de ventilation
que l'on pourrait employer avec avantage an pasememeiii
du M psée, en remplacement des poules.
NAYioATiorf AÉaitNifB. — Pof^^ait du physicien Ga^
lien. ~ M. Aymard fall nne commniileatioii qui, ae rat^
tachant h l'histoire de la narigation aérienne, wipninte
un certain intérêt aux circonstance» actuelles. Nôtre
confrère prêtante à raasemblée nn portrait de notre
compatriote, le Père Joseph Galien, Tnn des précurseurs
de Montgolfier dans Tart de naviguer dans les airs. Ce
portrait peint, qai appartient à M. de Vinole, parott Mre
réelleneipit celui de l'illustre piiysieieii. U esl de tridi*
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496 ' RÉSUMÉ DBS SÉANCES.
lion, dans la famille de notre honorable confrère, de re-
connaître ce portrait comme celai de < Toncle Galien. »
Galien était le neveu de la quatrième aïeule de M. de
Vinols.
M, Emile Giraud fait remonter à un siècle environ
cette œuvre sobre et consciencieuse : la peinture parait
être de Técole de Lesueur, elle en a la sécheresse et le
modelé très-fini, sans effet pittoresque dans la figure.
Ce portrait devait être trës«ressemblant. M. Giraud a
robligeance.de s'offrir pour en faire gratuitement, pour
le Musée, une copie peinte : une reproduction au crayon
ne serait pas suiBsante,
M. le Président remercie H. Giraud au nom de la So-
ciété.
Dans le portrait que rassemblée a sous les yeux, le
personnage tient à la main un livre dont le petit format
peut rappeler celui de l'ouvrage de Galien sur VArt de
naviguer dans les airs, que H. le chanoine Sauzet a eu,
dans le temps, à sa disposition, et qui, n'ayant malheu-
reusement pas été retrouvé, est, en ce moment, l'objet
des recherches de M. Âymard. H. Sauzet fait remarquer,
en outre, que le personnage porte le costume des do-
minicains, et l'on sait que Galien avait pris l'habit de
cet ordre dans le couvent de Saint-Laurent, au Puy. Il
n'y a donc pas de place au doute : le portrait que pos«
sède M. le baron de Vinols est bien celui de Galien, l'un
des ingénieux précurseurs de l'invention (^s ballons.
Science historique. — Confirmation, en 4579, de
foires et marchés à Roche-en-Reynier. — M. Lascombe
donne communication de la pièce suivante, pancarte.
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DÉGSMBRE. 497
imprimée, dont probablement il n'existe plus que cet
exemplaire qui est en la possession de M. Gallet, no*
taire à Roche-en«*Reynier :
DE PAR LE ROY,
Henry par la grâce de Dieu, roy de France et de Polo-
gne, à tons presens et advenir : salut; nos chers et biens
amez les manans et habitans du lieu de Roche-en-Heignier,
nous ont très humblement fait remonstrer, que pour estre
ledit lieu assis en bon et fertile pais où affluent plusieurs
marchands de diversses contrées : nos prédécesseurs roys
auroient audit lieu pour la décoration d*iceluy estably trois
foires en l'année, et un marché par chacune sepmaine, à
ficavoir , la première desdites foires le jour de la converssîon
saint Pol vingt-cinquième janvier, la seconde le jour de
saint Roch seisième jour d'aoust, et la troisième le jour de
Notre-Dame de TAdvent neuûème décembre, et ledit mar-
ché au mardyde chacune sepmaine, desquelles foires et mar-
ché, lesdits suppliants ont cy- devant paisiblement jouy
jusques à puis n*a guières, que tant au moyen des troubles
advenus en ce royaume, que de la perte de leurs lettres et
titres, on auroit discontinué lesdites foires et marché, par
ce moyen de quoy, ils voudroient qu*à présent il vous plût
leur permettre icelles restablir et remettre s'ils n'avoient
sur ce nos lettres de confirmation nécessaires, qu'ils nous
ont supplié et requis leur octroyer; scavoir faisons, que nous
inclinant libéralement à la supplication et requeste qui nous
a esté faite en faveur desdits habitans par nostre très cher
et très amé oncle le duc de Montpensier, sieur dudit lieu ;
avons à iceux suppUans continué et confirmé, continuons et
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498 RÉSUMÉ DBS SÉANCES.
cvnimions leaditèf foires et mâfché et ieelies de nostre
plaine pUiBëanËô et anthorité royàlle^ et partant cfiiè besoin
est ou seroit de nouveau ; crées et érigés et estably, créèn«
érigeons et establlssons par ces présentes , pour y estre do*
res navant, perpétuellement et toujours tenues et exercées,
à tels et semblables jours qu'il est cy-dessus déclaré, et que
en ioeUes {pires et marobé ainsin restablie, tous ma^cbands
y puissent librement aller et venir, marobanderf trafiguer et
négocier comme il est accoustumé faire aux autres foires et
marchez de oe royaume^ sans que au moyen de ladite dis-
oontinuation, et perte de leurs dites lettres^ nos officiers et
autres leur puissent ausdits supplians^ faire et dernier au-
cun trouble et empêchementi pourveu toutes fois que à qua-
tre lieues à la ronde n'y ait esdits jours autres foires et mar^-
cbé, ausquelles lesdites présentes puissent nuire ny prejudi-
cier : si donnons en mandement au sénéobal et balif de Ye«
lay ou son lieutenant, à tous nos autrra justiciers et officiers
qu'il appartiendra que nos présentes confirmation , conti*
nuation et rection^ establissementi et de tout le contenu oy«
dessus, ils fassent lire, publier et registrer, garder, obser*
ver et ejitretenir de point en point et lesdits supplians jouir
et sur plainement et paisiblement, cessant et faisant cesser
tous troubles et empêchements au contraire : car tel eet
nostre plaisir^ et afin que ce soit cbose ferme et estable à
toi2gottrS| nous avons fait mettre nostre soél à ces presen<-
tes« sauf en autres choses nostre droit et Tautruy à tous/
Donné à Paris au mole de janvier^ l'an de grâce 1579, et de
nostre règne le einquième^ Par le roy^ à vostre relation,
GOBiBAUD« Kisa* Gontênton ha aor.
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DÊCEUtoRE. 4d9
OBJBf S b'ADHiNisTRÀtioi^. — Il èàt hH lècttré de là
lettre suivante, adressée à M. le Président par nôtre
confrère M. Nicolas et qtii est suivi d*un vole de remer-
ctments :
MOABIBtJR LB PaitUBMT,
D'après votre désir, j*al visité les machines à fabriquer
les tuyaux de drainage que la So4îiété a confiées à divers
tuiliers des environs du Puy^ el j'ai l'honneur de vous ren-
dre compte de l'état dans lequel je les ai trouvée* aA mO*-
ment de ma visite.
Fabrique du sieur Sauzon, siluée dans le vitlage de Èrives.
La machine qui a été prêtée au propriétaire, depuis fort
longtemps, pour la fabrication des tuyaux de drainage, se
trouve aujourd'hui entre les mains de son fermier , appelé
Laine t (Joseph), qui, pour l'employer à la fabrication des
briques creuses, a été obligé de faire arranger la caisse et
de remplacer les filières.
C'est une machine Calla avec tablier à rouleaux ;
Trois filières ayant 0"» 08, 0" 06 et 0» 04 de diamètre
intérieur et une fourchette en bois à deux branches,
FabHque du sieur Perrière (Gilbert), située à Malescot, sur
le bord de la route d'Yssingeaux , un peu avant U vil-
lage de Fay-la-Triouleyre,
Cet tndûsiriel a eu^ un InstAnt^ detut knaehines à sa dis^
position; mais, »ar la ^siliatide d'uii àê ses èdtifrères de
Britesi là 0odié(é â dis^Atf û» l'une d'elleë ah fitvi*.Ui' de tfe
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200 RÉSUMÉ DVS SÉANCES.
dernier. Il ne possède, pour le moment, que les appareils
suivants : •
Une. machine Colla avec tablier à rouleaux ;
Un crible ;
Cinq filières ayant 0« 12, 0» 08, 0™ 06, O» 04 et 0« 03
de diamètre intérieur ;
Quatre fourchettes dont une à cinq branches, une à
quatre branches , une à deux branches et ki dernière à une
seule branche ;
Enfin, une clef anglaise.
La machine Galla est encore employée ici à la fabrica*
tion des briques creuses.
Fabrique du sieur Soulier (Pien^e), située sur la roule du
Monaslier, un peu après le viUage de Brives.
C'est à ce tuilier que la Société a confié la deuxième ma-
chine qui se trouvait entre les mains du sieur Perrière, et
qui, précédemment, avait fonctionné dans le domaine du
Chassagnon.
Voici le détail des appareils qu'il possède :
Une machine Calla avec tabli^i* à rouleaux ;
Un crible ;
Deux filières dont une de 0™ 06 de diamètre Intérieur
et Tautre de trois.
Les trois machines dont je viens de parler sont en bon
état.
Enfin, la Société a prêté au tuilier du sieur Exbrayat,
dont la {abrique est située sur le chemin d*EspaIy , entre le
village.de ce nom, et la ville du Puy, une machine GaUa
avec tablier, le tout en très-mauvais état. Ce. fabricant a dû
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DÉGEMBIIB, £01
faire réparer une partie de l'appareil, mais il n*a pa$ rem-
placé les roues de devant qui sont cassées, il s'est contenté
de rétablir sur un pilier en pierre de taille.
Tels sont, monsieur le Président, les détails que j'ai re-
cueillis, et, en terminant, je dois ajouter que, d'après vos
ordres, j'ai commandé, dans chacune des fabriques de Bri-
yes, mille tuyaux de drainage de différentes grosseurs qui,
j'espère, pourront être livrés incessamment.
Daignez agréer, monsieur le Président, Tassurance des
sentiments respectueux
de votre très-humble serviteur,
NICOLAS.
Personnel des officiers de la Société^ — M. le Pré-
sident dit que le moment est venu d'élire un Président,
un Vice-Président et nn Trésorier. La question sera
mise & Tordre du jour de la prochaine séance. H. de
Brire exprime en môme temps sa ferme résolution de
décliner l'honneur d'une réélection : sa santé s'y oppose
d'une manière absolue ; il demande donc que sa candi-
dature ne soit pas mise aux voix.
Peisonnel des membres de la Société. — M. le ba-
ron de Sartiges d'Angles , membre de l'Académie de
Clermont (Puy-de-Dôme), dans une lettre dont il est fait
lecture, remercie cordialement la Société de lui a?oir
conféré, dans sa séance du SI mai, le titre de membre
non résidant. Il regrette vivement que son grand ftge ne
lui permette pas de prendre une part, aussi active qu'il
le désirerait) aux travaux de la Compagnie.
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802 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
M. le curé Piligëre, membre non rèsid&nt, écHt pour
sollieiter l'échange de son titre de membre non rési-
dant en celui de membre résidant. Notre confrère dit
que, depuis sa réception à la Société, il s*est rendu as-
sidûment à nos réunions mensuelles qui, ajoute-t-il, ont
pour lui d'autant plus d'intérêt et de charme qu'elles
sont en harmonie avec ses goûts, et conformes à l'objet
de ses études privées. M. Frugëre s'en réfère» comme
titre d'admission parmi les membres résidants, à son
livre sur l'Apostolicité de l'Eglise du Velay.
M. le Président, en consultant l'assemblée sur cette
demande légitimée par le règlement, rappelle les tra-
vaux de divers genres dont M. l'abbé Frugère a entre-
tenu la Société ; les communications scientifiques qu'à
différentes époques il lui a transmises, notamment, il y
a plusieurs années, alors qu'il était curéd'Alleyraa; son
livre sur l'apostolicité de notre Eglise, qui a été accueilli
par les félicitations des personnes dont il partage l'epi*-
nion stir ce sujet; enfin, le zèle de notre confrère pour
les explorations archéologiques qui l'a porté récemment
k doter le Musée ded produits de ses intéressantes dé<-
couvertes.
Aussi, la demande de M. l'abbé Frugère, mise aux
voix, est-elle acceptée à l'unanimité, et notre coafrère
est proclamé membre résidant.
L'ordre du jour étant épuisé^ à sept heures la séance
est levée.
Le Secrétaire suppléant^
OfLLÉlSPARiB«
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PROCÈS-VERBAUX
SÉANCES DE L ANNÉE 1871
SEANCE MENSUELLE
DU JEUDI 7 JANVIER. '
SOMMAIHtS
Lecture da proeèe- verbal. — Ahwace d'oovrages recos, par soi te des mal-
hcnrs de la gaerre. — AiaoïiATieATioR : Commanication sor on nonveau
système de ballon, par M. Micciollo-Picasse. Communication par M. le Pré-
sident, da livre du P. Gaiien : l'Art ie naviguer iant let être. «^ AicalSo-
LOGiB : Acquisition de la colonne milliaire de Fontanes par les soins de
M. l'abbé Frngère; explications de M. Aymard snr ce monument. Décou-
verte de pierres sculptées romaines dans les murs apsidaux de la cathédrale;
leur description par M. Aymard. Vœu de la Société sur la demande de
M. Yinay, que les débris d'antiquités extraits des mûri de cette église ou
d'autres édifices soient réunis au Musée. — PiasomiiL : Renvoi \ la pro-
chaine séance, de l'éleeiion du président et do vice-président de la Société.
Présidence de M. Aymard, vice-président.
A trois heuréS) la séance est ouverte^
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204 ytÉSUfllK DES SKANCES.
M. Gillet-Paris donne lecture du procès-verbal de la
précédente réunion. Ce procès-verbal est adopté.
OUVRAGES REÇUS.
La Société, durant le mois qui vient de s'écouler, n'a
reçu aucune publication digne d'être signalée à son
attention. Cette stérilité des ti*avaux intellectuels ne
s'explique que trop par la guerre désastreuse qui dé-
sole et ruine le pays.
COMMUNICATIONS.
AÉRONAVIGATION. — Notivcau Système d'aérostat
proposé par M. Micciollo, — Notre compatriote, M. Mic-
ciollo-Picasse , ingénieur civil, est admis, sur sa de-
mande, à donner lecture d'un mémoire relatif à un
nouveau système d'aérostat dit anermastatique dont il
est l'inventeur. Les plans qu'il présente à l'assemblée
font voir toutes les dispositions de l'appareil.
Le ballon, dont l'enveloppe et les pièces d*armature
sont en aluminium, est un ovoïde très-allongé. « Sa
forme, dit M. Micciollo, est celle d'un solide engendré
par un segment de cercle tournant autour de sa corde,
dont la longueur est de 44 mètres; la flèche du segment
est égale à 6 mètres. Le volume qui en résulte est d'en-
viron 2,900 mètres cubes.
« La plus grande section normale au grand axe, celle
qui reçoit la résistance au déplacement de Tair calme et
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JANVIER. 205
l'effort du vent lorsque le ballon marchera veut debout,
est de 413 mètres carrés. Leballoa est gonflé à Thydro-
gène quatorze fois et demie plus léger que Tair. Sans
entrer dans tous les détails de la construction, on peut
dire qu'il est toujours en équilibre dans toutes les cou-
ches de l'atmosphère.
€ La direction en marche est maintenue dans le sens
du grand axe par une voile triangulaire placée h l'ar-
rière et mue de la nacelle au moyen de deux cordons.
€ L'outil propulseur est l'hélice; il y en a deux, pla-
cées aux extrémités du grand axe. L'action est donc di-
recte dans le plan méridien yertical du ballon.
« Les hélices doivent servir à produire le mouvement
horizontal du ballon et son mouvement ascendant et
descendant, en vertu de l'inclinaison que je donne, à vo-
lonté, au grand axe du flotteur.
« Le mouvement est transmis aux hélices par une
machine à vapeur en alummium, construite d'après le
principe des machines à grande vitesse de HH. Hollard
et Field, système qui permet et a permis, comme on le
sait, de diminuer notablement les dimensions de la ma-
chine elle-même et son poids. »
M. Micciollo donne ensuite des explications pour tous
les détails de la construction. Il fait connaître les di-
mensions, les poids et le jeu des différentes pièces ; il
motive l'emploi de Taluminium par les propriétés de ce
métal, en particulier son faible poids, qui le recommande
pour tous les usages où l'on a besoin d'une grande légè-
reté jointe à une grande ténacité. L'aluminium, permet-
tant, en outre, suivant les combinaisons indiquées au
mémoire» d!écarter l'endosmose, supprime les chances
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206 RÉSUMÉ DBS SEANCES.
de déperdition de Thydrogëne et même de 9on ioflam-
mation. L'inveatenr s'est préoccupé aussi des inconvé-
nients qui pourraient ôtre dus à la clialeur et à Télectri-
cité atmosphérique. En un mot, la plupart des objections
qui pourraient être foites k l'encontre de son système,
sont de sa part l'objet de réponses trës-détaiUées.
M. MiccioUo termine cet exposé en résumant les diffé-
rents systèmes proposés jusqu'à ce jour pour amener la
solution du problème de la navigation aérienne, lesquels
d'ailleurs, se rapportent tous à deux théories, celle du
plus lourd que l'air et celle dn plus léger que Vair. H
ajoute que le ballon anêrmoitatique, qui est Totijet de
son invention, participe des deux à la fois, tout en se
rapprochant beaucoup plus du plus Uger que Pair. En-
fin, il montre en quoi son appareil diffère de tous ceux
proposés par ses devanciers et, tout en s'honorant de se
déclarer le continuateur de l'idée de l'illustre ingénieur,
M. Henri Giffard, qui, en I8(&2, avait élevé en Tair un
ballon muni d'une petite machine à vapeur et l'avait fiait
mouvoir, notre compatriote énumère les modifications
ou perfectionnements assez notables qu'il apporte dans
la construction du ballon anermastatique«
M. Oillet-^Paris, qui a pris une connaissance attentive
du système d'aérostation proposé par M. MiccioUo et lui
a prêté sa collaboration dans les calculs très-compliqués
que nécessitait Tétude de ce nouvel appareil, se plaît à
en rendre un témoignage aussi favorable que puisse le
comporter un système non encore sanctionné par l'ex-
périence. Cette considération, en effet, impose des res-
serves inhérentes aux difficultés de ce genre d'entre-
prise et aux circonstances imprévues qui, jusqu'à ce jour»
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jÀNVieti. 307
ont renijk impossible la solation du problème de Taé-
ronavigation.
M. le Président exprime à M. Micciollp sesi félicitations
pour ses persévérants et laborieux efforts à poursuivre
la solution d'un problème ardemment étudié depuis
quelques années par d'habiles ingénieurs, et la Société
émet le vœu unanime que notre savant compatriote li-
vre au plus tôt à la publicité le mémoire don|;il vient de
lui donner communication (4) et qu'il parvienne pro-
chainement à donner à sa décoi^verte une application
pratique.
L'art de naviguer dans les airs, par le P. Çalien.-^
M, le Président présente ensuite à l'assemblée, cojnme
complément à la communication du portrait peint du
P. Galien, qu'il a faite à. la dernière séance, le livre même
de ce savant physicien, né àSaint-P^ulien (Haute.-Loire),
vers 1700. Cet ouvrage, de format petit in-12, de qua-
tre-vingt-sept pages, est intitulé : l'Art de naviguer
dam les airs, amusement physique et géométrique^
précédé d'un mémoire sur ta nature et la formation
de la grêle, par le R. P, Galien^ dominicain^ docteur
agrégé, ancien professeur de philosophie et de théolo-
(1) Ce mémoire a para pea de temps après la séance de la Société, soas le
litrt : BalononermMtatiquô dingeahUi en i^htVatuminium kreveiés.G,i>.B,^
en ^uilikre 4 iouUt lee kauUurs Je l'qimotfliéfe, pt^vant monter et deè-
cendre à volon(é, stns lett ni déperdition de gas, $vec hélice, machine à vu-
pew et charpente, en aluminium, par M. Uicciollo-Picatse, ingénieur civiU
inventeur; soumis le 4 décembre 1870 cl le f« fivriet iSfl au CemUé scienti-
fique du goupernement de la Défense nationale, — Appréciation du Comité avec
planche gravée, Paris, librairie centrale des sciences, rue de Seine, 18, 1871.
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â08 IIÉSUMË DES SÉANCES.
gie dans l'Université d'Avignon. Avignon. Antoine-
Ignace Fez. M. DGG. LVII.
Noire confrère, en faisant ressortir la rareté de cet
ouvrage, se demande s'il ne conviendrait pas d'en don-
ner une réimpression qui aurait certainement un débit
assuré à cause de la faveur dont les éludes aérostaliques
sont l'objet en ce moment; dans tous les cas, M. Ay-
mard veut bien promettre d*en faire une copie, qu'à dé-
faut du livre, qui lui a été communiqué, il tiendra à la
disposition de la Société.
Archéologie. — Colonne milliaire de Fonlanes.-^
M. le Président annonce que la colonne milliaire de
Fontanes, village situé à peu de distance de la voie
romaine , dite la Bolène, vient d'être acquise aux
frais de la Société et transportée au musée par les soins
de notre confrère, M. l'abbé Frugère.
M. Aymard, après lui avoir exprimé la reconnaissance
de la Société pour l'heureux résultat d'une négociation
qui n'était pas sans difficultés, rappelle qu'en sa qualité
d'archiviste départemental et d'inspecteur des monu-
ments historiques, il a publié cette inscription dans son
rapport à M. le Préfet, pour la session du conseil géné-
ral de 1864.
Malgré son état de dégradation, il a pu la déchiffrer
ainsi qu'il suit, et en proposer une interprétation con-
forme ix des épigraphes analogues qui ont été ti'ouvées
sur la même voie antique :
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JANVIER. 209
Hestitution d'après des inscriptions ûnalogues
provenant de la même route :
IMP ESGI JMPerator cxEsar caius luHus
VERVSM/ XI VKRVS ukiuminus
^IVSF LIXAV pivs veux kvgustus pontifex
AXTRI Pin mxxiînus imbimitiâ votestate m consul pro-
CO^ P M consul ^ater patries opHuus maximm prin^
C^V VS et caius ivlius verrs maximus [ceps noster
I optimus maximusque
N privceps juvenlutis
. cxsaris augusli nostri filius vias et
pontes vetustate con-
lapsos restituerunt,
M. Aymard ajoute qa'il ayait été condait à la décou-
verte de ce monument par un moyen très simple, qui
permettra, en outre, de retrouyer, sinon toutes les co-
lonnes qui, dans notre pays, marquaient les distances
sur la yoie militaire et stratégique dite la Bolène, au
moins les lieux où elles avaient été élevées. II suffit, en
effet, de pointer le tracé de cçtte voie, aujourd'hui bien
connue, de mille en mille pas romains, à partir de l'an-
tique capitale des Vellaves, Revession (Saint-Paulien).
C'est par ce moyen que notre confrère avait déjà décou-
vert la place et les subslructions d'une autre colonne,
près de Freissenet, monument dont la base avait été
transportée dans ce village, et une partie du fût au vil-
lage de Borne, où ce morceau est conservé à la maison
commune. Encouragé par cette heureuse] application
d'un procédé si facile, il n'hésita pas à fixer le lieu de
la colonne suivante, vers le point de jonction du chemin
de Fontanes et de la Bolène, dans un champ où la fa-
mille Valiorgues lui signala, en effet, des restes de subs-
TOME XXXI. u
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âiP KÉSUME DES 8ÉANGBS.
tructionfi* De là, il conclut que la pierre, suivant Tu-
sage, avait pu être portée an village le plus voisin,
c*est-&-dire à Foatanes où elle fut trouvée, servant de
pied-droit pour une porte.
Pierres sculptées romaines dans les murs de la ca-^
thédrale.— U. Aymard mentionne aussi la découverte
de fragments sculptés antiques, qui ont été mis au jour
par les travaux de restauration actuellement en voie
d'exécution aux murailles dies apsides nord et sud de la
Cathédrale ; on remarque surtout, à l'angle de Tapside
sud attenant au porche du For, deux grands blocs de
grès, dont les sculptures rappellent le genre d*ornemen-
tation des édicules funéi*aires romains, tels que ceux
dont notre confrère avait décrit un certain nombre de
morceau^, dans son mémoire sur les Origines de la
ville du Puy. (Con^rh scientifique de France^ de é855,
U II, p. 429 etsuiv.)
Ces pierres ne sont pas encore à découvert sur toutes
leurs faces ; néanmoins notre confrère a essayé de mon-
trer, par un dessin qu'il met sous les yeux de la Société,
quels peuvent être les sujets de sculpture des parties de
ces pieiTCs cachées dans Tépaisseur de la muraille. L'une
d'elles, qui est placée à une certaine hauteur, offre sur
sa face visible une portion supérieure de pilastre richC'^
ment sculptée et au-dessous un griffon. Ce décor est pa-
reil à celui d'un morceau conservé au Musée (n® 254 des
Origines de la faille du Puy), où l'on observe, sur deux
autres faces en retour, l'image en relief d'un person-
nage et une scène funèbre ; les proportions exactement
semblables des deux pierres, au moins d'après ce qu'on.
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ÙNVIBR. f^
voit de Mtû 4tt'ni6rf , ;p9f §aHH>s6r qve cell»-^ i^w^it
appart0fia au mélp^ mopaaiMt 4m^ #Q w^wl («nP^ Ift
pyriid ^opértoure ds Tardes deux piliers d'^rie a^el^|l^*
Dans ce cas, l'architecte aurait repréaeoté i^ laiifiiaâe
qui e^( en retour 4e Vna 4e oes piUejrs, Timfme^a dé-
font et syso^iquei^ent & I9 foisiade ea retour de r«ptre
pilier, Timag^ de sofi épouse. CetM ^ojeotiore Mt«
d'aiUeo^jSi appuyée par des exemples de moniimante
funéraires qui représentent, dans diyerses attitudes, l«s
adieux saprômes des époux. Quaat à Tiiutre face de la
pierre qui estégftleinent enci^trée dans le mur, la dessin
enicore oonjectural qu'an a fait noir» eoifetfe, ^fetraiee
u^ scène funèbrt à peu près diaposiiB cemme sur
l'autre pierre, suiyant les ràgl^ de symAlrle fasâliéras
aux artistes 4^ l'antiquité romaiiie.
M. Ayv)an4 djit que V. l'Architecte de la C^tbédnte,
d'après le désir qu'il lui a exprimé, se propose d'eUtr^tte
de (a Muraille ce curirettS morceau pour Je d^ioser au
Ifuaé9 auprès des débris du même monuaanqt ddjit re-
cueillis. H m:i alors >n|ljéresi»nt de savoir si la méth^
d'induction qui a guidé notre confrère» pour la raalita-
tîon ooQjeetiir^l^ 4«s l^es de la pterre aujMrd'hui
cachfi^ ds^s 1^ mur^lle, aura trouvé ici une emu^te
appUcfttion.
QiWkt à Tfiutre pierre qui $%' y^it h la besd 4a miur,
notre confrère ep présiàiM aussi le dessiQt 0« rUfili^Mtt
qu'elle a fait partie ^alçm^ut 4'ilAQ cbao^bre sépjiJh
crale r^ben^ent décor^^^sciiilptufes et qu'elle étiit à
la partie auj^eur^ 4'w pilasti^e 4<» Vm ^ «wlos i^t-
térioTuis 4e Védiçulç. L« fece 4^ ce *pilwti'«, fiWie yi»JbJe
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212 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
et des vestiges assez reconnaissables d'an gorgonium
ou masque de Méduse posé sur an disque ou égide,
sujet décoratif bien connu, en particulier pour les
monuments funéraires.
Ce pilastre se détache un peu en avant du surplus de
la même face de la pierre dont les sculptures représen-
tent des combinaisons de fleurons. Il devait faire
retour, au moins d'un cAté, et être suivi d'ornements
qu'à défaut de pièces de comparaison, il est presque
impossible de préciser.
Cette dernière pierre, dont l'extraction serait très-
difficile, doit rester à sa place; elle témoignera du genre
de construction usité à l'époque où fut édifiée l'apside
sud de la primitive église du Puy, comme addition h
cette église, c'est-à-dire vers le Y^ siècle, alors qu'on
utilisait presque exclusivement des matériaux provenant
d'édifices antérieurs.
A ce sujet, notre confrère fait remarquer que les murs
de cette apside offrent d'autres blocs antiques, quelques-
uns montrant les trous de louve qui caractérisent les
constructions romaines.
Il en est de même à l'apside nord, contemporaine de
celle-ci. Les travaux de restauration y ont aussi fait
découvrir plusieurs assises de grands blocs, mais telle-
ment altérés à leur surface, qu'on a peine à y reconnaî-
tre quelques traces des sculptures dont certaines de ces
IHerres paraissent avoir été décorées.
M. Vinay fait ressortir l'intérêt qu'il y a à réunir tous
les morceaux provenant de monuments dont ils permet-
tent la restitutioui et, sur sa proposition, la Société ex-
prime le vœu que, toutes les fois que des antiquités la-
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iANVIRR. 243
pidaires seront découvertes dans les murailles de la
Cathédrale on d'antres édifices, elles soient, autant que
possible, extraites et attribuées au Musée.
Personnel. — Ajournement de l'élection des pré^
sidents de la Société. — L'ordre du jour appelant la
nomination du président et du vice-président, plusieurs
membres demandent, à cause des circonstances pré-
sentes, le renvoi de ces élections à la prochaine séance.
L'assemblée adhère à cette proposition.
A cinq heures, la séance est l&vée.
Le Secrétaire,
AuG. CHASSAING.
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SÉANCE MENSUELLE
DU LUNOI 17 FÉVRIER
SOMMAIRB
Leetare du procès-verbal. — Ouvraois reçus : Mémoire de M. Macé sur les
poésies attribnées ^ Glotilde de Sarviiie. — GoMMUNicàTioNs : Premier mo-
dèle de la carte en relief do dé|>artemeni, avec zones d'altitade, présenté par
M. Malègue. Etade de cette carte par M. Alcide Maoras. M. le Président
félicite M. Malègae. Vote de fonds pour Texécation du moule du spécimen
^ sones. Explications de M. ^ticciollo-Picasse sur son ballon aoermasta-
tlque. AJeuhletoefll de l'élection des présidents de la Société. Décès de
M. le baron de Yeyrac, membre bonoraire.
Présidence de M. de Brîve.
A trois heares; la séance est ouverte.
Le procès-verbal de la dernière séance est la et
adopté.
OUVRAGES REÇUS.
Littérature. — Les poésies de Ctoiilde de SurvilU-
— Les publications qui sont parvenues à la Société,
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deptiift la pMcëdente MiiniM), sont encore eif petit
nombre, par snitiBdes malhenrent événeinènts qui affli*
gent la France. Parmi ces onvrages, H. le Président
mentionne particulièrement le Bulletin de F Académie
delphinale, qui contient un remarquable travail de
M. A. Macé, professeur à la faculté des lettres de Greno-
ble, sur une question d'histoire littéraire, vivement
débattue .depuis soixante ans : l'authenticité des poésies
de Glotilde de Survilie , publiées en deux volumes, l'un
en 1807, par Charles Yanderbourg, membre de l'insli-*
tut, et l'autre en 1 8S6, par MM . de Roujoûx et Ch . Kodièr.
Doit*on voir dans ces poésies, avec M. Raynouàrd,
une fraude habile, reconnue et avouée et, à tout prén-
dre cependant, une œuvre à conserver comme les faus^
ses médailles que les curieux placent à côté des véritar
blés; avec M. Villemain, un monument curieux, mais
une petite construction gothique, élevée à pla&ir paf*
un moderne architecte f Doitrbn dire, avec M. de Sainte
Beuve, que la prétendue Clotilde de Surville est un
poète de l'école moderne, h la veille de la renaissance
de 4800; en d'autres termes, doit^)n conjecturer que
les véritables auteurs sont ou le marquis de Surville,
ou même Vanderbourg? M. Macé combat les opinions
des illustres critiques et s'efforce de prouver, par une
biographie détaillée et l'examen comparé des œuvres
du marquis de Surville, que ce dernier ne pouvait être
l'auteur des poésies de Clotilde. Il établit parfaitement
que cette paternité ne saurait, le moins du monde, re^
venir à Vanderbourg, par les lettres de ce savant à
M»* la marquise de Surville qu'il puMie Comme pièces
justifloatives.
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216 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
M. Hacé cite également deux documents iaédits et
intéressants. Ce sont des lettres, Tune très-touchante
que M. de Survilie écrivit àsa femme, des cachots de
la prison du Puy-en-Velay, la veille de sa mort, en oc-
tobre 4798; l'autre de M~' de ChabanoUe à la môme,
en lui envoyant les manuscrits dont l'infortuné mai^quis
lui avait confié le dépôt.
La conclusion du docte professeur, le dernier mot de
la question résultant de son étude pleine d'érudition,
est que les poésies de Clotilde sont un excellent tableau
original, retouché par des mains habiles, et que Ton
doit rendre à Clotilde de Surville, parmi les poètes fran-
çais, son rang que les plus récents historiens de notre
littérature semblent avoir pris à tâche de lui enlever
par un injuste et dédaigneux silence.
Le marquis de Surville se rattache indirectement au
Velay par les derniers mois de sa vie passés dans la re-
traite qu'il trouva au petit ch&teau de ChabanoUe , et
enfin par son jugement sommaire et sa fin malheureuse.
On sait qu'il fut fusillé au Puy, au*devant de l'église
Saint-Laurent, en octobre n9S.
COMMUNICATIONS.
Topographie.— Car ^« en relief du département. —
Dans la salle des séances est exposé le modèle en plâ-
tre .de la grande C4irle en relief du département de la
Haute-Loire, que notre zélé et généreux confrère M. Ma-
lëgue — profitant des loisirs que lui laissait, à raison de
la guerre, la suspension de travaux publics dont il s'était
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FÉVRIRR. 217
chargé — a en à cœur d'achever ; désireux en cela de sa-
tisfaire aux vœax de ses compatriotes et en particulier
du Conseil général qui, h la demande de la Société, a
voulu honorer celte œuvre de son patronage.
Ce magnifique travail, sur lequel M. le Président ap-
pelle l'attention de rassemblée, n'est pas encore amené
à son état définitif : on y voit les zones d'altitude, dis-
posées en gradins, qui, par une opération ultérieure,
devront disparaître, pour que les contours et les déclivi-
tés du sol reçoivent leur configuration réelle*
Notre confrère, M. Alcide Mauras, qui a fait de l'œu-
vre de M. Malègue une étude particulière, développe,
dans une rapide et chaleureuse improvisation, des consi-
dérations qui, il différents points de vue, recommandent
Talilité de cette belle carte, et dont Topportunitë sur-
tout ne saurait être méconnue dans les circonstances
malheureuses des temps présents.
Après avoir rappelé qu'elle est, pour la Haute-Loire,
la traduction exacte de la carte de France du dépôt de la
guerre, il décrit les procédés, de plus en plus perfec-
tionnés, au moyen desquels les géographes sont parve-
nus successivement à satisfaire à quelques-unes des
principales exigences de la science topographique.
Toutefois, dans l'état actuel de nos connaissances à
ce sujet, il faut bien convenir que, sur les cartes planes,
dessinées ou gravées, lesquelles offrent, en réduction,
des surCeices considérables du sol, une exacte reproduc-
tion est fort difficile à obtenir et qu'en outre on est
obligé de suppléer, par des signes conventionnels, à
l'insuffisance des tracés et des hachures ou traits d'om-
bres qui ont pour objet d'accentuer les reliefs. Or, con-
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us RÉSUMÉ DES SÉANCES.
naître ces signes est indispensable pour lire les cartes
topographiques. C'est une étude assez longue et qui
exige beaucoup d'attention (1).
Notre confrère ajoute que c'est une science rentable
qui, malheureusement, aurait en France peu d'adeptes.
Il croit même qu'une partie des revers militaires qui
nous accablent en ce moment, peut être attribuée à une
connaissance insuffisante de Tinterprétation des car«
tes qui, dit-il, ne seraient guère accessibles qu'à nos
officiers d'état-major.
« Ce sera l'honneur de notre Société, dit encore
M. Mauras, d'ayoir compté, au nombre de ses membres,
un homme qui, profondément versé dans cette science,
la topographie, en connaissant toutes les difficultés, in-
surmontables, au plus grand nombre de ceux qui vou-
laient savoir, s'est dit : Il n'y aum plus de secret pour
personne ; ce que les caries représentent par des dispo*
sitions conventionnelles, des lignes ou traits énonçant les
zones d'altitude et autres signes, je vais, pour la Haute-
Loire, le représenter par la réalité. Après quoi, moins
d'un an s'est écoulé, depuis qu'il a entrepris la carte dû
département, et elle est exécutée. Nous sommes aujour*
(1) Deribier , en 1894, dans sa Statistique du départemeut de la Haute-
Luire, p. 97, s'eipriffiait ainsi au s^jet des diffleoltés de la représentaUoii
topographique de notre pays : < Les cartes ne représentent qno des surfftees
planes. Quelque nombreuses qae soient les bachttres dont on les ebarye,
quand il s'agit d'an terrain aussi eoupé que celui de la Haute-Loire, il est
difficile d'en faire ressortir les inégalités et ii peu près impossible d*indiquer
leurs différences relatives. Un plan eu relief ûevient dors, en quelque sorte,
nécessaire pour donner une parfaite intellifence de la forme du sol. »
Le desideratum de Deribier est donc accompli aujourd'hui, grAce h M. Ma-
l^gIle.
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FÉTRfKR. Si9
d'hai an f7 février : la France est envahie; Paris a ca-
pitale ; depols six mois toutes ses pensées ont été à la
guerre ; mais la science ne s'est pas laissée distraire :
Paris anx abois envoyait par ballons des émissaires étu-
dier Téclipse du mois passé ; et dans nos montagnes, tan-
dis que notre Société continuait de tenir se3 réunions,
l'un de ses membres les plus zélés, M. Malégue, accom-
plissait un travail réputé, jusqu'à ce jour, presque im«
praticable, surtout pour un pays aussi accidenté que le
nAtre. >
Après cette digression justifiée par Taccomplissement
d'une œuvre mémorable et, « comme la France sait les
enfanter dans ses douleurs, » M. Mauras n'hésite pas à
dire que le grand travail, entrepris par M. Malëguepour
notre déparlement, sera exécuté partout, lorsqu'il sera
connu. Il répond à trop de besoins, il simplifie trop de
problèmes pour ne point avoir bientôt un grand reten*
tissement*
Enumérer tous les services qu'il est appelé à rendre
est chose presque impossible : au point de vue militaire,
il facilite beaucoup l'étude de la science topographique
et met sous les yeux du chef un champ de manœuvre d'en-
viron 5,000 kilom. carrés que son œil peut embrasser
d'ensemble et jusque dans ses plus faibles saillies. Sous le
rapport économique et social, qui ne voit combien cette
carte sera utile dans bien des questions d'intérêt pu-
blic : opérations cadastrales, travaux si divers de la via-
bilité, régime des cours d'eau, conduites d'eaux, reboise*
menls, etc.? Aux points de vue agricole et industriel, ce
relief nous apprendra ft combiner rapidement, et avec
économie, de vastes systèmes d'irrigation et rétablisse*^
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220 RÉSUME DES SEANCES.
ment d'osines; en même temps qu*il nons permettra de
dresser nne carte agronomique, complète dans tous ses
détails, avec les indications propres à nos cultures va-
riées, aux expositions et autres conditions cUmatëri-
ques, aux altitudes, etc.
La science géologique qui, aujourd'hui, se rattache
intimement à Tagricullure, n'empruntera pas un moin-<
dre secours à l'œuvre de M. Malègue. Qui ne sait com-
bien est insulEsante une carte géologique plane qui, ne
pouvant retracer que les terrains superficiels, nous laisse
ignorer souvent ceux qu'ils recouvrent? Le relief,
en donnant les pentes des monts et des collines, pourra
jusqu'à un certain point comporter des indications d'af-
fleurements qui révéleront à l'observateur des terrains
sous-jacents et parfois aussi des mines en filons ou en
amas plus ou moins exploitables. Que d'études, de vues
nouvelles et instructives, n'éveillera pas la structure
physique de nos montagnes pour l'explication de leur
origine par voie de soulèvements ou par toute autre
cause !
La météorologie, qui n'intéresse pas moins l'agricul-
ture, nous révélera peut-être aussi, par la direction et
les hauteurs de nos chaînes de monts, quelques-unes
des lois qui, dans la contrée, régissent les orages et les
variations de température.
Parlerons-nous de la botanique et de la zoologie qui
puiseront, dans l'observation des diverses altitudes, de
précieux renseignements sur les stations diverses des
plantes, sur les habitats de tous les êtres utiles eu nui-
sibles qui, à divers degrés de l'échelle animale, peuplent
nos campagnes?
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FÉVRIER. 2î\
La représentation réelle de la conQguration da pays
n*èst-elle pas appelée aussi à fournir de précieuses res-
sources à rhistoire et à l'archéologie? Les aggloméra-
lions d'habitants sur divers points de notre sol, soit que
l'esprit se reporte jusqu'aux temps les plus reculés de
leur origine, soit qu'il se préoccupe des causes qui, suc-
cessivement, les ont développées; les établissements ci-
vils, militaires et religieux qui, depuis les temps préhis-
toriques et gaulois jusqu'à nos jours, se sont implantés
sur notre sol, monuments mégalithiques, bourgades et
oppida gaulois, villes, stations et camps romains, châ-
teaux et monastères du moyen ftge, se lient, sans aucun
doute, à la situation des lieux où l'histoire nous les si-
pale. Les relations des peuplades entr'elles et les évé-
nements qui s'y rattachent se motivent aussi par les
voies de communication établies, elles-mêmes, suivant
les conditions topographiques et on s'expliquera ainsi
parfaitement, & l'inspection de la carte en relief, ces ré-
seaux de voies antiques, dites estrades, dont on ne sau-
rait méconnaître l'existence dans la longue succession
de tous les ftges historiques. Espérons donc aussi qu'à
l'aide de l'œuvre de M. Malëgue, nous aurons, un jour,
une carte historique et archéologique du département.
Après avoir énuméré ainsi quelques-uns des points
de vue principaux qui rendent si précieuse une bonne
carte en relief, H. Mauras propose non-seulement que la
Société exprime à H. Malègue sa vive reconnaissance,
mais encore qu'elle le prie de faire au plus tôt un
moule et un tirage spécial d'épreuves de sa carte, avec
zones d'altitude en gradins, exécutés aux frais de la
Société, ainsi qu'il a été décidé à la séance de décem-
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222 RÉSUMÉ DRS SÉANCES.
bre 4870. Les exemplaires qu'on en tirera, d'une part,
consacreront le mode ingénieux appliqué par notre
confrère à Tinterprétation des lignes ou zones d'altitude
de la carte du dépôt de la guerre, et d'autre part, ils
seront d'une grande utilité pour certaines études scien-
tifiques que faciliteront ces mêmes gradins d'altitude.
L'assemblée témoigne unanimement qu'elle s'associe
au^ propositions énoncées par notre confrère, M. Mau-
ras. En conséquence, H. le Président exprime à M. Ma*
lègue les remerctments de la Compagnie pour le zèle
actif et intelligent qu'il a consacré à la proippte exécu-
tion de la carte en relief du département, et rappelle le
vote de la Société pour la confection d'un moule du spé-
cimen à zones en gradins. Il ajoute que si la Compagnie
fait l'avance des fmis, c'est dans l'espoir que le Conseil
général lui en tiendra comptai dans le chiffre de nos
allocations, en considérant que l'intérêt de cette œuvre
s'étend ^ tout le département.
AÉROMAViGATioN. —7 Système d'aérostat de M. Mie-
aiollo. — Notre compatriote, H. MiccioUo-Picasse,
qui, dans la précédente séance de la Société, avait
ë(é entendu au sujet du ballon anermastatique dont
i( est l'inventeur, est admis à fournir de nouvelles
explications concernant c-et appareil. M. Hicciollo in-
forme la Société que, depuis notre dernière réunion, ii
a fait le voyage de Bordeaux pour soumettre soa projet
d'aérostat à la Commission scientiflque instituée par le
gouvernement. Les conclusions du rapport4e cette Com*
mission relatent le bon 94^cueil qui lui ^ $té fait. Toute-»
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PÉVRIER. i23
fois, couine» restriclioos, qui y soat pontenues, don*
nent lieu à notre compatriote de les réfuter (4).
M. Gillet-Paris les dicule également, et H. le Prési-
dent^ au nom de la Société, félicite M, Micdollo pour ce
nouveau témoignage de sa persévérance, et l'engage à
continuer ses recherches, dans la but de sanctionner sa
découverte par une appliciition prochaine.
PERftOHNEL. *- 4}ourMment de l'élection des pré-^
sidents de la Société. — M. le Président donne lecture
d'une lettre qu'il avait écrite avant la dernière séance
pour présenter à la Société la situation des divers ser->
vices. Il ajoute que, les président et vice-président étant
arrivés au terme de leur mandat, il va être, confor-
mément à Tordre du jour, procédé à une nouvelle élec-
tion. H. de Brive déclare que sa santé ne lui permet
plus de conserver la présidence.
Plusieurs membres, se faisant les interprètes de la
Compagnie entière, font ressortir les graves inconvé-
nients que présenterait le renouvellement des présidents
de la Société dans la crise actuelle; ils font appel au clé-
vouement patriotique de M. de Brive, pour qu'il conti-
nue à donner à nos travaux une direction si expérimen-
tée, si active, si conforme aux besoins et à l'intérêt de
la Société. Sur l'insistance unanime de ses confrères,
(1) La décision de la Commission sciantiQqac de Bordcaax, en ddtc du
3 février, et les observations de M. Miccioilo sont consignées dans le me-
moire imprimé qai est mentionné en note a. la page 307 da présent volume
des ÀnnâleS'
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224 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
M. de Brive consent à rester, encore pendant quelques
mois, chargé de la présidence.
Décès de M. le baron de Veyrac, membre honoraire.
— M. le Président communique à la Société la perte ré-
cente de Tun de ses membres honoraires,* H. le baron
Théodore de Veyrac, ancien maire du Puy, chevalier
de la Légion d'honneur, qui avait contribué à la créa-
tion de la Société et du Musée, et n'avait cessé, dans
toutes les occasions, de nous donner des preuves de sym-
pathie.
La Compagnie s'associe unanimement aux regrets ex-
primés par M. le Président.
L'ordre du jour étant épuisé, la séance est levée à six
heures.
Le Secrétaire,
AuG. CHASSÂING.
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SÉANCE MENSUELLE
DU JEUDI 6 MARS.
80MMA1BB
Lecture da procès-vcrbah — MustfE : Dons de coquilles fossiles et de mé-
dailles, par M. Lascombe. Vœa de la Société ponr qne certaines salles da
Masée qni, pendant la guerre, ont senri k loger les gardes mobiles, soient
rendoes k leor destination et réparées par Tadministiation municipale. —
OaYiAGBS niçus : Mémoires sur des cultures exceptionnelles ; sélection des
graines derers k' soie, opinion de M. Pasteur li ce sujet, observations pré-
sentées par M. de Montalet-Alais et Alcide Maaras. Ouvrage do M. Bé-
ebardsur les États de Languedoc; souscription de la Société ï ce livre.—
CoMMuiricinoifs : Bapport de M. Nicolas sur la température exceptionnelle
de riiiver dernier. Bemarques de MM. Aymard et Martel sur les essences
d'arbres et d'arbustes qui ont résisté aux froids de cet biver. Fouilles arebéo.
logiques dans le sol de la rue Panessac; communication de M. Aymard rela-
tive k ces recherches.
Présidence de M. de Brive.
A trois heures la séance est ouverte.
Le procès-verbal de la dernière réunion est lu el
adopté.
TOME XIXU 15
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226 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
MUSÉE.
Dons. — Objets d'histoire naturelle. — M. Lascombe
offre, ponr les coUeetiODs d'histoire naturelle et d'ar-
chéologie, plosiears coquilles marines fossiles du terrain
tertiaire et diverses monnaies romaines et étrangères.
Des remerclments sont votés à notre généreux
confrère.*
BBOR6Àiii$iTioif w NusÉB. — H. le Président Signale
à la Société l'état fâcheux des galeries du Musée, les-
quelles avaient été converties en caserne et livrées à
la garde mobile ; ces salles ont reçu des dégradations et
il serait urgent qu'elles fussent réparées et rendues à
leur destination par la réinstallation des tableaux , des
statues, des collections agronomiques, etc. M. le Prési^
dent exprime l'espoir que l'administration municipale,
sur les ordres de laquelle ces galeries ont été détour-
nées provisoirement de leur destination, prendra à sa
charge les dépenses qu*entralneront leur restauration
et le replacement des collections.
OUVRAGES REÇUS.
Les cruelles épreuves que traverse notre patrie né
pouvaient manquer d*exercer un contre-coup fatal sur
les travaux des Sociétés savantes. Le nombre, encore
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MARS. 227
trës-restreint des pablicalions parvenues à la Compa-
gnie, durant le mois dernier, en est la preuve.
AfiBiCDLTUBE. — Cultures exeeption/nelles, •- Le
Journal d'agriculture pratiqua pour le Midi de la
France contient un travail intéressant sur les mesures
urgentes à prendre par les éleveurs et producteurs de
la région agricole du sud, pour conjnrer les dangers
d'une crise alimentaire. Quoique la région à laquelle
ces instructions s'adressent, présente une notable diffé-
rence avec la nôtre au point de vue de sa constitution
géologique, du climat et des cultures, un certain
nombre de ces recommandations peuvent s'appliquer à
la Haute-Loire.
Le premier point est de suppléer au temps : dans ce
but, il importe de faire violence aux assolements pour
leur demander les produits alimentaires les plus promp-
tement réalisables. Outre le blé de printemps dit de
mars que nombre de départements se disposent à semer,
les pommes de terre, le mais, Torge, Tavoine, le sarrasin ,
les légumes secs de toute espèce, fourniront le moyen
de contribuer plus efficacement à prévenir la disette. S'il
est nécessaire d'augmenter les ensemencements, comme
ce n'est pas tant ce que Ton sème que ce que l'on fume qui
produit, il est essentiel de tie laisser ni une parcelle de
terre ni une seule résern^ de matière fertilisante, sans
les remettre immédiatem^t dans la drculation organi^
que. Que les mousses, les fougères, les feuilles et les
menijLs débris des bocages et des bois soient convertis
en litière; qnie ies teprres des cbemins, des mares, des
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228 nÉsu5iÉ DES séances.
fossés, les terreaux de toute nature soient minutieuse-
ment recueillis; que le sol des étables et des bergeries,
défoncé à toute profondeur, livre les sucs nourriciers
qu*il contient. Que la chaux, la marne, le plâtre et les
plâtras complètent les fumiers ; ils sont les palliatifs des
grandes sécheresses comme des humidités excessives ;
que le sel dénaturé, les déchets des fabriques de laina-
ges, cuirs, etc., la suie, les cendres lessivées, les résidus
de forge, les scories de fonderie, la tannée, le noir ani-
mal et les os concassés soient mis à contribution. Leurs
effets sont aussi sûrs qu'exclusifs de mauvaises herbes ;
que Tengrais humain, le guano et les engrais chimiques
soient surtout employés en couverture sur les blés plà •
ces en terre maigre.
Quant au bétail dont la cherlé sera inévitable, il fau-
dra bien se garder de négliger ou de réduire la pari du
sol cultivé qui lui est destinée. Que les agriculteurs ré-
sistent à la tentation de se défaire de leurs reproduc-
teurs, surtout de leurs génisses, à quelque prix que ce
soil;* qu'ils soignent mieux leurs bergeries dont les bre-
bis seront certainement appelées à concourir au repeu-
plement de celles des pays dévastés par la guerre. Pour
la production animale comme pour celle des grains, la
précocité des espèces est une qualité dont il faut savoir
tirer parti. Que les agriculteurs se rappellent la fécondité
de la truie et la précocité des races porcines. Aucune
race ne permettra d'apporter plus vite, à la consomma-
tion de la viande de boucherie, l'appoint qui menace de
lui manquer.
Plus que jamais il faut donner à la basse-cour l'im^
portance et les soins intelligents qu'elle mérite; forcer
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MAns. 329
la prod action du laitage» de la volaille et des œafs; dé-
yelopper la faculté productrice de la poule par des ali-
ments chauds et anirnalisés» multiplier les couyées, abri-
ter chaudement les poussins dans le premier âge ;enfln»
qu'une assistance mutuelle dont nos populations rurales
ont déjà pris la touchante initiative, donne aux champs
des absents les façons nécessaires pour assui^r les se-
mailles du vieillard, de la veuve et des orphelins, vie*
limes désolées de nos désastres publics.
Sélection de graines de «en à soie. — Une bro-
chure de H. Pasteur, de TÂcadémie des sciences, relate
les résultais que ce savant a obtenus par la sélection
des graines de vers à soie ; son système consiste à étu- '
dier au microscope les œufs et à n'employer à Téclo-
gion que ceux qui lui paraissent parfaitement sains,
c'est-à-dire ceux surtout qui sont exempts de cette petite
lâche noirâtre que Ton retrouve ensuite sur les indivi-
dus éclos et dont le développement forme la maladie
qni a ruiné nos magnaneries. D'après M. Pasteur, les ré-
sultats auxquels il est arrivé par ce moyen seraient
trôs-salisfaisanls, et il engage vivement les séricicul-
teurs à y recourir.
Notre confrère, M. de Montalet-Alais, l'un des éle-
veurs les plus autorisés du Midi, conteste l'exactitude
de ces brillants résultats ; à ses yeux, on laisserait un
peu trop dans l'ombre les non-réussites pour ne s'atta-
cher qu'aux succès.
M. Âlcide Maures croit que l'existence sur les œufs
d'une petite tache noirâtre indique simplement que la
maladie a déjà commencé. M. Pasteur a donc raison de
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330 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
proscrire ces œtifs déjà malades; c'est an élément sérieux,
mais non absoln de succès, car la maladie qui attein.
lesrers à soie, est le produit de Tôducation elle-même
telle qu*elle est pratiquée aujourd'hui. Plusieurs causes
déterminent cette maladie : d'abord Tagglpmération d'un
grand nombre d'individus dans les mêmes locaux ; en-
suite la nature de Talimentation faite uniquement en
vue du rendement de la soie, c'est-à-dire l'emploi de la
feuille fournie par des mûriers greffés, feuille trop sub^^
slanlielle pour des animaux qui déjà, par des soins ex-
cessifs , ont été trop éloignés de leur état de nature.
Comme conclusion, M. Alcide Mauras croit que les édii^
cations de vers àsoie devraient être faites en double^.l'une
ayant pour objet la production exclusive de lasoie, et Tau-
tre en vue de la production de la graine. Dans le premier
cas, des insectes seraient nourris avec de la feuille de mû-
riers greffés, dans un milieu chaud, en favorisant au-
tant que possible leur développement et leur engraisse-
ment; dans le second, les insectes d&vraient être nourris
en entier de feuille sauvage et placés dans un milieu se
rapprochant le plus possible de l'état de nature.
M. de Montalet-ÂIais se rallie avec empressement
à l'opinion de H. Alcide Mauras, qui lui paraît très-*
rationnelle.
Histoire. — Us États de Languedoc. — Le jour-
nal la Décentralisation a récemment publié un compte-
rendu du livre de Hé F. Béchard concernant les Etats
dé Languedoc. Sur la proposition de H. le Président,
la Société décide l'acquisition de cet ouvrage^
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MARS. tai
COMMUNICATIONS.
MÉTÉOROLOGIE.— Température de Vhiter dernier.
*- M. Nicolas lit le résumé saivant des observations
qnll a faites au stijet de la température exceptionnelle
de l'hiver dernier :
Notes météobolooiques svb les mois de décembre 1870,
JANVIBA ET FÉVRIEA 1871.
Mais de décembre 1870.
Sous le rapport météorologique, le mois de décembre peut
être divisé en trois périodes. La première, qui comprend les
onze premiers jours, a été caractérisée par un froid intense;
dans cette période, la température est descendue à — 14*
et la moyenne a toujours été au-dessous de séro^ La deu-
xième s'étend du 12 au 22 décembre ; ces quelques jours
ont été plus doux, la température minima s'est maintenue
assez élevée et il n'y a eu que de faibles gelées. Mais pen-
dant la troisième, qui comprend les neuf derniers jours, il
y a eu une telle recrudescence de froid que la température
minima s'est abaissée, le 28 décembre, jusqu'à 25^,5 au-des-
sous de zéro ; et à partir du 25, il est tombé une telle quan-
tité de neige que les voies de communication ont été inter-
ceptées sur bien des points. Dans certains endroits, on a
mesuré jusqu'à 0^,hOàe neige en rase campagne.
En résumé, ce mois a été très-rigoureux et n'a permis
au cultivateur de s'occuper des travaux préparatoires aux
ensemencements de printemps qu'à de rares intervalles.
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i^î RÉSUMÉ DES SÉANCES
Températures moyennes de décembre. . . .}
à minima. — 7*,0
à maxima. — CM
Tempéralure moyenne du mois — 3''.5
{maximum le 15 16%9
mmimum le 28 — 2d''.o
La quantité d'eau fournie par la fonte des neiges est de
43"»», 1.
Mois dô janvier 1871.
Si le mois de décembre s'est signalé par une grande abon-
dance de neige et par des températures heureusement rares
dans nos pays, janvier n*a pas été moins rude : la neige a
persisté et tous nos cours d'eau sont restés complètement
gelés jusqu'à la un du mois. Cependant nous devons dire
que, vers le 16, il est survenu un vent du sud assez fort qui
a fait espérer un instant le dégel ; mais cette température
relativement douce qui a fait disparaître un peu de neige
sans découvrir le sol, ne s'est maintenue que pendant deux
jours. Pendant ce temps, le vent a formé sur les voies de
communication des amas de neige qui ont amené des pertur*
bâtions dans le service des courriers ; après cette bourras-
que, le froid a repris son intensité et a persisté jusqu'à la
fin du mois. Enfin, le 31 janvier, le vent du sud a recom*
mencé à souffler, et il faut espérer qu'il nous amènera la
fin de l'hiver, tant désirée pour les besoins de notre pays.
Nous n'avons rien à dire des travaux agricoles qui ont
été complètement nuls en janvier, et nous ne pouvons rien
présager sur l'avenir des récoltes. Nous pensons cependant
que la neige et les gelées peuvent exercer, comme toujours,
une influence salutaire sur le sol et contribuer à la destruc-
tion de certains insectes nuisibles; non-seulement elles fa-
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MARS. 233
vorisent l'aineublissement de la couche arable; mais encore
la fonte des neiges donne au gazon une force de végétation
bien connue de nos cultivateurs de la montagne qui disent
que la neige fait le foin. Espérons donc que, sous le man-
teau préservateur qui les recouvre encore, nos céréales d'hi-
ver auront conservé toute leur vigueur. Seulement il est à
craindre que la vigne et certains arbres fruitiers, tels que
les noyers^ aient eu beaucoup à souffrir des températures
excessives que nous avons endurées.
L'hiver de 1870 à 1871 peut être considéré comme l'un
des plus rigoureux que nous ayons eu depuis près d'un
demi-siècle. Il faut, en effet, remonter à l'année 1829 pour
retrouver des froids aussi intenses que ceux qui ont sévi de-
puis deux mois dans nos contrées. Des recherches récentes
tendent à démontrer que les hivers rudes, comme les inon-
dations, reviennent à des périodes à peu près fixes, et qu'ils
se reproduisent à des intervalles d'environ quarante ans ;
témoins les hivers de 1789, de 1829 et de 1870-71.
(
Températures moyennes de janvier j
à minima. — 8*,3
à maxima. — 0».3
Température moyenne du mois — 4%2
( maximum le 20 7'*,4
Températures extrêmes... < . . , „ ^^ ^
'^ ( mmimum le 3 — 22%3
La quantité d'eau fournie par la fonte des neiges est de
Mois de février 1871.
ià minima. — 0*,7
à maxima. Q^.S
Température moyenne du mois 4%6
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Î3i RÉSUMÉ DBS SÉANCES.
_ . ^1 maximum le 29
Températures extrêmes... { , .^
( mmimum le 13
La quantité d'eau tombée dans le mois est de 5""",6
19M
- e*,4
Arboriculture. — Es$enc€$ ayant réiiêté aux froids
de l'hivir. — M. Aymard fait observer que le froid
extraordinaire qui a séri cet hiver, fonniit à la
Société un critérium important dans le choix des ar-
bres et arbustes, principalement ceux à feuilles persis-
tantes appropriés soit à la silviculture, soit à l'orne-
mentation des jardins d*hiver, dont Tacclimatation ou
la culture doivent être encouragées, en tenant compte
des essences qui ont plus ou moins résisté aux effets de
la gelée. Notre confrère, bien qu*il ait constaté déjà que
certaines espèces d*arbres et d*arbustes ont été préser-
vées et que d'antres semblent avoir beaucoup souffert,
ne croit pas devoir condamner ces dernières à disparaî-
tre de nos bois et jardins. Dans certaines conditions dif-
férentes de celles où il a observé ces essences, celles-ci
peuvent avoir résisté. En outre, la saison n'est pas assez
avancée, pour qu*on ne puisse espérer qu'au moins
quelques arbustes, ayant été abrités au pied par une
couche de neige, fourniront des rejets.
Il semble, dès lors, que la Société doit solliciter, au-
près de nos confrères et autres personnes compétentes,
des observations qtii, d'ailleurs, ne pourront être exac-
tement fournies que dans quelques mois.
M. le docteur Martel signale, comme ayant résisté
dans son jardin, diverses sapinettes, les genévriers de
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MARS. 235
Virginie et antres, les thnyas, buis panachés et antres,
les mahonias.
il a perda des ifs qui avaient yingt-cinq ans, nn cèdre
de l'Atlas du même âge, des houx panachés, des buis de
Mahon, des lierres à larges feuilles.
Trente-cinq rosiers ont péri ; il n'a pu sauver que
deux de ces rosiers à haute tige : le Lion des com-
bats et le général Jacqueminoê.
H. Martel ajoute que, parmi les sujets qui ont péri,
les uns étaient à l'aspect du nord, d'autres à l'aspect du
midi.
M. Aymard, sous les réserves qu'il a déjà faites, re*
marque cependant que, dans le jardin public, les épi-
céas, mélèzes, pins d'Autriche, le pin sappo, etc.^
plantés, il y a plusieurs années, par la Société^ sem-
blent avoir résisté. Il en est de môme de quelques es-
sences placées dans ce jardin lors de sa création plus
récente. Tels sont, par exemple, les cèdres exposés au
nord, près du Musée, tandis que d'autres qui étaient
sur d'autres points ont beaucoup souffert et périront
probablement.
AncHBOLOGiB. — Fouilles dans la rue PanéSsac, au
Pny. — M. Aymard informe l'assemblée que les travaux
de construction d'un canal collecteur d'égouts qui , en
\ 869 et \ 870, avaient parcouru le sol de la rue Courrerie
et de la place du Plot, ont été repris, depuis quelques
jours, dès l'entrée de la rue Panessac. Comme précé-
demment, ils nécessitent une large et profonde tranchée
qui est déjà ouverte sur une certaine longueur et sera
continuée jusque vers l'extrémité ouest de la rue.
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i36 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
Notre confrère qui a signalé à la Société, dans sa
séance de juin 4870 (page 94 du présent volume), le ré-
sultat de ses premières et curieuses recherches faites à
l'occasion de ces mêmes travaux et qui , en 1864 , nous
* vait rendu compte d'une autre exploration du sol de
la rue Panessac (i), n'apporte pas moins de soins à re-
cueillir les révélations archéologiques que ces nouvelles
fouilles commencent à livrer à ses études. On en juge
d'après un plan qu'il met sous les yeux de rassemblée,
ainsi que divers objets provenant de ces fouilles , tels
que fragments de briques et de tuiles à rebords, de po-
teries très-variées , morceaux de marbre , d'enduits de
murs , un fer à cheval de forme antique , médailles ro-
maines, etc., le tout semblable à ce que l'on trouve ha-
biluellement, dans des travaux analogues, sur d'autres
points de la ville. Les constatations, déjà effectuées dans
la tranchée ouverte en ce moment, promettent donc des
découvertes intéressantes auxquelles pourront assister
les connaisseurs, avertis par la présente communication.
Notre confrère a repris l'examen de la tranchée au
point où s'était arrêtée la précédente exploration. A ce
sujet, il rappelle qu'à la jonction des rues Panessac et
Chènebouterie et de la place du Plot, les dispositions du
sol ayant dévoilé, dans un assez large espace, un état de
remuement du sol plus ou moins postérieur à l'époque
romaine, ne montraient pas d'indice de la voie antique
observée vers l'entrée est de la rue Courrerie. Il faut
croire que cette chaussée avait été détruite, là comme
(1) Fouilles au Puy et recherches historiques sur cette ville, aux AnnûleM
de la Sociale, tome xxvir, p. 386.
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MARS. 237
dans presque tout le parcours de la rue Ck)arrerie , ea
des temps fort anciens, c'est-à-dire antérieurs à an en-
semble de sépnltures signalé, au même endroit, par
notre confrère dans son précédent rapport, et dont
certaines offraient des tombes qaadrangulaires , larges
du haut et rétrécies au pied, à Texemple de celles usitées
vers les temps mérovingiens et d'autres pareilles à l'ex-
térieur, mais qui, au dedans, en différaient un peu par
la présence d'un compartiment carré à petit gradin en
chevet pour la tête du défunt.
Immédiatement après cet espace , ainsi marqué par
des modiflcations successives dans la conflguration du
sol, les sépultures cessaient à l'entrée de la rue Panes-
sac où Ton vient de retrouver des indices de la voie an-
tique assez bien caractérisée par une ruderatio à peu
près complète dans tousses éléments romains. C'est vers
cet endroit qu'on avait exhumé précédemment plu-
sieurs médailles romaines en bronze , dont deux , remi-
ses & notre confrère par les ouvriers, sont présentées à
la Société. Celles-ci sont aux effigies des empereurs Ves-
pasien et Trajan.
Toutefois, les traces de cette chaussée n'existaient que
sur un faible parcours; après quoi les caves des maisons
voisines, qui pénétraient sous le sol de la rue, n'en ont
laissé voir presqu'aucun vestige jusqu'en regard des
maisons portant les n"» 49 et 24 . Là, elle a été bien visi-
ble sur un parcours d'environ 40 mètres dans un sol
qui, n'ayant pas été remué au moyen &ge pour des con-
structions de caves, n'a subi, depuis l'époque romaine,
d'autres changements que des surélévations successives.
Les caves des trois maisons n^ 23 à 27 font ensuite
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238 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
disparaître cette antique chaussée qui revient au jour,
à peu près intacte, dans un sol vierge de tons remanie-
ments, parallèlement aux maisons m^ 29 à 33. C'est là
qu'on peut très-bien l'observer en ce moment pendant
que la tranchée est encore ouverte avec une profondeur
de 3»,65.
Notre confrère démontre , par des coupes du terrain
qu*il a relevées sur plusieui*s points et particulièrement
en cet endroit, qu'entre le pavé actuel de la rue et la
chaussée antique, existent deux ou peut-être trois lits
de remblais ayant ensemble l'épaisseur de i'^,M , ainsi
qu'il l'avait dit, en 4864, au sujet des travaux de con-
duite d'eau des fontaines. Cette chaussée ou agger, dont
l'épaisseur totale est de 4 "",76 présente, en stratifica-
tion très^régulière, les éléments ordinaires des voies les
mieux établies suivant les règles de l'art, sauf le pavé
(summa crusta) qui doit avoir été enlevé loi*s du pre-
mier exhaussement du sol. On y observe, en effet, les
couches que les anciens désignaient sous les noms de
rudus, nucleuê et statumen.
Immédiatement au-dessous d'une mince couche ar-
gilo-sableuse, sorte de mortier qui représente probable-
ment le lit de pose du dallage ou de la gumma crmta,
se montre le rudus épais d'environ 0^,16 et formé
d^un mélange de petites pierres concassées, de cailloux,
d'assez nombreux morceaux de briques et de tuiles épais-
ses à rebords, parmi lesquels on a trouvé aussi quelques
morceaux de poteries également antiques.
Le nucteus est un simple blocage de cailloux et de
petites pierres, généralement sans débris de briques on
de tuiles. Son épaisseur est de O'^itii
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HARS. à39
Le siatumen qui constitae, miyanl Tosage, la base
ou fondalioD de Vagger, de constracUon pins soignée
qu'on robsenre ordinairement, comporte trois lits bien
distincts; le sapérienr, de sable noir blenâtre on détri-
tus volcanique qui, n'étant pas un sable de riyiëfe,
doit avoir été extrait d'une carrière; le deuxième,
formé de pierres basaltiques assez fortes, à vives arê-
tes et rangées à sec les unes à côté des autres ; et Tinfé-
rieur, qui consiste en une couche de terre glaise ou ar-
gile. Ces trois lits, à peu près d*égale épaisseur, ont
ensemble 0"*,77.
Tout ce systèitte de Vagger repose sur de la terre vé-
gétale noire, dans laquelle la tranchée a pénétré jusqu'à
la profondeur de 0",45.
La présence du sol végétal au-dessous de la voie ro-
maine, sans la moindre apparence de gravier ou de cail-
loutage pouvant indiquer la préexistence d'une route
gauloise, aurait lieu de nous étonner, si Ton ne connais-
sait le mode de coiistruction perfectionnée auqael les
anciens donnaient la préférence, en certaines circons-
tances, notamment à Tintérieur des villes. On sait que,
pour ces voies si bien établies, ils enlevaient profondé-
ment le terrain dans toute la largeur de la chaussée (1);
n en résultait une excavation qui était comblée par des
matériaux de choix, habilement stratifiés, comme Vag-
ger de la rue Panessac en offre le plus remarquable
exemple qui ait été observé dans notre pays.
M. Aymard termine cet exposé en disant que la fouille
(1) Vo^ex L. Baduier. aist. de l'êrt mtnumental. Paris, 1845, p. 348
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240 nÉSUME DES SÉANCES.
a parcouru à peine la moitié de la longueur de la rue.
Après rachèyement des trayaux, il fera connaître, dans
un rapport, d'autres particularités que révèlent non*
seulement la structure de la voie romaine et des cou-
ches de remblai qui lui sont superposées, mais encore
certaines .substructions et la présence de canaux d'é-
gouts souterrains, qui semblent assigner à quelques-
unes des fondations de maisons bordant la rue une ori-
gine plus ou moins reculée»
M. Aymard reçoit les félicitations de l'assemblée, vi-
vement intéressée par ces nouvelles trouvailles qui,
rapprochées de celles faites précédemment sur d'autres
points de la ville du Puy, contribuent à établir l'antique
origine de notre cité.
L'ordre du jour étant épuisé, la séance est levée à
cinq heures.
Le Secrétaire,
AuG. CHASSAING.
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SEANCE MENSUELLE
DU LUNDI 3 AVRIL
SOMMAIRE
Lecture du proccs-verbal. — Mvêit : Dons de morceaux de poteries romaines
trouvés il Saint-Paulien, par M. César Falcon. — Ouvrages reçus: Engrais
artiOciels et cullore des pommes de terre- Peste bovioe; observations de
MM . de Brive, Martel et Maaras. Étiquettes de jardin. Le livre de M. Bé-
rbard sur les Etats du Languedoc. Brochure biographique sur le P. Odo
de Gissevi par M. La^combc. Publication des budgets départemental et mu-
nicipal; réductions sur les subventions allouées li la Société en 1871. —
CoMMumcATioRS .* Secours aux agriculteurs des départements envahis. Etat
des semailles du printemps. Ravage des légumes par l'insecte dit/0 bruche;
moyens de pré&enation indiqués par M. Plantade et d'antres membres.
Fouilles archéologiques dans la rue Panessac. Demandes par M. Gillet-
Paris de conserver son titre de membre résidant, bien que domicilié pro-
visoirement k Lyon; par M. Isidore Hedde, pour recevoir ce titre en
échange de celui de non-résidant. Candidature au même titre, de M. Jules
de La Batic. Ahscncc de certains membres aux réunions de la Société;
renvoi 2i la prochaine réunion, de l'exécution du règlement i ce sujet. Pu-
blication du XXX" volume des Annales de la Société.
Présidence de M. de Brive.
A trois heures, la séance est ouverte.
Le procès-verbal de la précédente réunion est lu ei
approuvé.
TOME XXXI. ^fi
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24^ RÉSUMÉ DES SÉANCES.
MUSEE:
Dons. — Fragments de poteries romaiiies trouvés
à Saint'Paulien. — Sont déposés sur le bureau cinq
morceaux de poteries romaine trouvés à Saint-Paulien
et offerts au Musée par M. César Falcon.
Ce sont des fragments de vases en terre rouge lustrée,
dite samienne, sur lesquels on voit des sujets décoratifs
en relief. L'un d'eux offre Testampille de l'atelier de
fabricalion, ainsi figurée en creux sur deux lignes :
GN.ATTIVS
HILARVS
M. Aymard fait remarquer que c'est la première fois
qu'oa trouve dans notre pays une marque de potier
romain ainsi disposée en deux lignes, au lieu d'une seule.
M. César Falcon reçoit lesremerclmentsde la Société.
OUVRAGES REÇUS.
Agriculture. — Engrais a$fti/iciels et culture des
pommes de terre. — Le Journal d'agriculture pro-
gressive recommdindù: 1<> pour l'augmentation du produit
des céréales, l'emploi des engrais artificiels et composés,
et donne un tableau proportionnel de ces engrais d'après
leur rendement; ^ dans la culture de la pomme de terre.
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AVRIL. U3
l'efiSBuencemen t précoce comme produisant des l'ésultats
très-avantageux.
Ces deux conseils, que les misères de Tannée précé-
dente rendent plus que jamais utiles , ont été , par les
«oins du Président de la Société, publiés dans le jour-
nal la Haute^Lbire.
Peste bovine, — La même revue agricole, au snjet
de la situation générale de Tagricalture, fait entrer en
compte , dans le bilan de nos malheurs publics, Finva-
sion delà peste bovine. Ce fléau, il y a quelques années,
a sévi en Angleterre et en Belgique. La France en fut
alors préservée ; mais cette maladie, endémique dans
les contrées du Nord, est entrée en France h la suite des
Prussiens. Partout des mesures sérieuses étaient à pren-
dre. Elles l'ont été dans un département voisin, celui
de la Loire. Si l'épidémie ne semblait pas avoir été
refoulée en Allemagne, M. le Président pense qu'Userait
urgent de provoquer auprès de Fadministralion dépar-
tementale l'emploi de moyens préventifs.
A cette occasion , une autre question est soulevée au
sein de l'assemblée. Les animaux atteints de la i>este
bovine peuvent-ils être livrés ii la boucherie? Jusqu'à
ce jour il est de police que les animaux infestés doivent
être enfouis, la peau tailladée , afin qu'ils soient sous-
traits à tous usages. On n'en a pas moins émis l'opinion
que la chair des animaux morts de ht peste bovine se-
rait d une complète innocuité.
Sur ce point, M. le docteur Martel conteste la valeur
de Fasserlion mise en avant par M. Bouley , professeur
à l'école vétérinaire d'Alfort, qui, dit-il, a écrit que l'on
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244 RÉStMÉ DES SKA.NCKS.
pouvail mettre en vente la viande du bétail mort de la
pesle bovine. Suivant notre confrère, cette doctrine se-
rait dangereuse, et la question de la non-innocuité de
. cette viande a été plusieurs fois traitée à fond , notam-
ment au Congrès scientifique de France-, au Puy, en
4855. En admettant que les chairs perdent, par Tébulli-
tion, leurs principes morbides, le dépouillement de
ranimai, la manipulation de son sang, présentent par
eux-mêmes un danger réel.
M. le Président fait observer que jusqu'ici la Société
ne s'est occupée que des animaux morts du charbon,
maladie contagieuse dont on a reconnu les terribles pé-
rils; mais la peste bovine est entièrement diiïérente.
M. Martel est disposé à trouver entre ces deux mala-
dies une affinité notable; d- après lui, si elles ne sont pas
sœurs, elles sont cousines germaines, et il serait d'un
grand intérêt, puisque l'occasion s'en présente, de les
soumettre h l'étude de la Société.
M. Mauras appuie la proposition de Ai. Mnriel, et ciie
des faits desquels on pourrait conclure que la peste bo-
vine est non-seulement épidémique, mais encore conta-
gieuse, et que la prohibition absolue de l'usage des
peaux et des chairs des animaux qui en sont atteints, est
une précaution sage et indispensable.
M. le Président, en raison de l'utilité de Texamen
spécial qui est réclamé, désigne uue commission com-
posée de MM. Martel, Mauras et Vissaguol. Nos confrères,
à défaut de sujets atteints de ces deux maladies, qui
n'existent heureusement pas en ce moment dans notre
contrée, pourront tout au moins les étudier dans les
nombreuses publications qui sont parvenues à la So-
ciété, sur ce sujet, dans les dernières années.
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AvniL. 245
HouTicuLTUBE. — Etiqtietics de jardin. — Le jour-
nal le Sud-Est coniîeni unrenseignemenl sur une encre
indélébile propre aux étiquettes de jardin et dont nous
trouverions une utile application, déjà réclamée, dans
le jardin public de la ville du Puy. Ces étiquettes, en
eiïet, seraient indispensables surtout pour les plantes,
arbustes et arbres rares ou exotiques qui ont été heu-
reusement admis à orner les massifs ou accidenter les
pelouses. Écrites surdes plaquettes en zinc, elles feraient
connaître aux visiteurs les noms des espèces et leur
provenance, et contribueraient ainsi à propager ces
intéressants végétaux dans le pays.
Toutefois la recelte préconisée par le Sud-Est paraît
être, de Tavis de plusieurs de nos confrères, d'un prix
trop élevé et, dans leur opinion, il convient de s'en te-
nir à celle de Braconet, insérée par Belôze dans le Die-
tiomxaire de la vie pratique. La voici : on délaye
2 gram. de noir de fumée dans une quantité suffisante
d'esprit-de-vin; on triture et on fait fondre \0 gram.
d'acétate de cuivre et 10 gram. de sel ammoniac dans
100 gîMm. d'eau; après avoir mélangé le tout, on con-
serve cette encre dans une bouteille bien bouchée, qu'il
faut avoir soin d'agiter quand on veut faire usage de
Tencre. Pour écrire ^ il vaut mieux se servir de plumes
d'oie, les plumes métalliques s'oxydant facilement au
contact de cette encre. On doit s'abstenir de porter la
plume à la bouche, parce que le vert-de-gris est un.poi-
son. On peut tirer parli des vieilles étiquettes altérées
par l'humidité, en les nettoyant avec un peu d'acide
chlorhydriqucOn enlève l'ancienne écriture au moyen
d'un bouchon de liège trempé dans cet acide concentré,
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24t> UÉSL'MK DES SÉAffCKS.
et il suffit ensuite de laver immédiatement dans l'eau
les étiquettes pour les i*endre propres à être employées
de nouveau.
Histoire. ^ le /îtra de M. Bechard mr les Éiats du
Languedoc. — La Société, dans sa précédente séance,
avait voté Taehat d'une brochure dont le titre : les Étais
de Languedoc, alléchait notre curiosité et notre amour
des documents de l'histoire locale ou prpviociale. Celle
brochure ne nous apporte aucun fait ou renseignemeut
nouveau. Mais de l'historique des anciennes organisa-
tions provinciales, Tauteur, M. Frédéric Bechard, conclut
à la remise en jeu d'un système de gouvernement que
nos statuts, à raison des principes politiques exposés
par l'auteur, nous interdisent d'examiner dans cette
enceinte.
Notice biographique sur le P. Odo de Gissey. —
Notre confrère, M. Lascombe, a fait hommage à la
Société d'une intéressante brochure sur le P. Odo de
Gissey, le vieil historien de Notre-Dame du Puy. Les
curieuses indications biographiques, consignées dans ce
travail, donnent sujet à M. le Président de féliciter son
auteur.
Pîiblication des budgets départemental et munici-
pal. — La Société a reçu deux exemplaires imprimés,
l'un du budget départemental pour 4874, et Tautre du
budget municipal pour le môme exercice. M. le Président
donne lecture des chapitres concernant les subventions
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AVRIL. 247
ûttribaées à la Société, et exprime les Yifs regrets de la
Compagnie que, dans Tun et l'autre de ces budgets, nos
allocations aient subi inopinément de notables réduc*
lions. « Les affreux désastres, ajoute-t-U, infligés à la
patrie exigent, sans doute, des économies dans l'emploi
des finances ; mais ne serait-ce pas tarir les sources de
la richesse publique que d'arrêter Tessor de la produc-
tion agricole, en restreignant les moyens d'encouragé-*
ment mis aux mains de la Société ? et, d'un autre côté,
le mouYement industriel, le développement des études
scientifiques, des lettres et des arts, que le programme
de la Société impose à ses efforts, ne sont-ils pas plus
que jamais indispensables, ne doivent-ils pas môme re-
cevoir une plus forte impulsion, pour relever la France
d'un abaissement qui ne saurait être que tempm-aire? »
L'assemblée opine avec M. le Président que ces ques-
tions ne doivent être résolues que par l'afErmative;
convaincue, d'ailleurs, que le département et la ville
rétabliront au budget de 4873 les subventions intégra-
les attribuées précédemment à la Compagnie pour les
divers services dont elle s'est donné la charge (4).
COMMUNICATIONS.
ÂGRicuiTCAE. — Secours aux agriculteurs des dé-
partements envahis. -— M. René de Mars a communiqué
à M . le Président une circulaire émanant d'une commis-
(t) Le Conseil général et h Mairie, en 1S7S, ont générenêèment satisfiit
•oa propoBlttons de la Sodété.
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248 RESUME DES SÉANCES. '
sion prise dans le sein de la Société d'agriculture, his-
toire naturelle et arts utiles de Lyon, et se constituant
intermédiaire des secours à envoyer aux cultivateurs
des départements dévastés par la guerre. Aux termes de
ce document, M. de Mars fait un appel pressant à nos
libéralités.
M. le Président a reçu une semblable circulaire, qui
lui a été transmise directement par la Société des agri-
culteurs de France, laquelle a pris l'initiative de cette
œuvre généreuse. L*assemblée, désireuse d'y prendre
part autant que le lui permettent ses modestes ressour-
ces, malheureusement amoindries par les délibérations
départementales et municipales dont il a été question
précédemment, vote une somme de 400 francs, sans pré-
judice de souscriptions individuelles, auxquelles M, le
Président convie tous nos confrères.
État des semailles du printemps. — M. le Préfet,
dans une lettre dont il est fait lecture, demande d'ur-
gence un rapport sur les semailles du printemps, Tappa-
rencedes récoltes en terre et principalement des céréales.
Plusieurs membres s'empressent de fournir les indi-
cations suivantes : Il est impossible de donner encore
aucune appréciation rationnelle de l'état des semailles
du printemps. Quant k celles de l'automne, elles sont
généralement belles, excepté dans les terrains légers.
Aux environs du Puy, la gelée a fait du mal dans les
plaines et détruit presque entièrement les froments. Sur
les rives de l'Allier et dans les terres un peu humides,
les froments surtout ont soufTerl. Dans le canton d'Allè-
gre, les seigles se sont défendus et promettent assez,
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AVRIL. 249
quoique lai neige les ait sérieuscmenl attaqués. Ea
résumé, on espère une récolte moyenne.
Ravage des légumes par Vinsecte dit l.\ hruche. —
L'attenlion de la Société est ensuite appelée sur un
fléau qui atteint Tune des principales productions agri-
coles de notre pays. Il s'agit de Tinsecte qui dévore les
lentilles et autres légumineuses, telles que fèves noires,
pois, etc. Il est universellement reconnu que cet insecte
est la larve de la bruche, genre de coléoptère, voi-
sin des charançons, et comprenant cent quarante es-
pèces environ. La femelle, à Télat parfait, dépose ses
œufs dans les fleurs des légumineuses, et il n'est pas
rare de voir, le soir, des champs entiers couverts de
nuages de <:es insectes. La larve, que les cultivateurs
nomment en leur patois gargouï, ronge le grain des lé-
gumineuses et s'y transforme en nymphe. Ce qui prou-
verait que Tœuf a été pondu dans la fleur, c'est que la
graine n*offre à Texlérieur aucune trace de la présence
de cette- larve, car l'insecte a la précaution de ne point
percer l'enveloppe, mais seulement de Tamincir sur un
point, de manière qu'elle puisse être facilement perfo-
rée par l'insecte parfait, à sa sortie. Quand l'insecte a
quitté la graine, ilpullule rapidement dans les greniers,
sur les tas de légumineuses, si l'on n'a pu prévenir leur
éclosion, car il est encore utile de se débarrasser de
l'invasion.
M. Plantade indique un moyen qu'il a, deux fois, et
avec succès, expérimenté. Ce moyen consiste à faire un
bouquet de sauge, de lavande et d'autres plantes for-
tement odoriférantes, et de le placer dans le Jas à se-
courir. L'odeur met en fuite les bruches.
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850 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
Un autre moyen, signalé par quelques auteurs, serait
de préserver encore la récolle, au moins en partie, en
mélangeant les lentilles ou les pois avec du sable, de
la cendre, de la sciure de bois, qui, isolant les grains
attaqués, empêchent les bruches de s*accoupIer, et, par
suite, de pondre. Mais ce moyen prétendu pratique ne
saui*ait être employé, car le mélange des lentilles avec
du sablé rendrait impossible la vente de ce légume.
Les lentilles ainsi rongées et perforées par les larves
sont-elles stérilisées pour la semence? Non! l'insecte
épargne le germe; la graine fermente, mais l'inconvé-
nient est que le germe ne rencontrant souvent pas une
substance suffisante à son alimentation, la plante pousse
frêle, s'étiole et difficilement suiBt à son œuvre de dé-
veloppement et de fécondation. On peut manger sans
danger les lentilles ainsi infectées; les naturalistes re-
connaissent, tout au moins, leur innocuité. — Les mar-
chands les livrent au commerce en les soumettant, pour
ralimentation pure et simple, à la haute température
d'un séchoir, qui étouffe l'insecte dans la graine. Ils
les vendent pour la semence, en séparant, au moyen
d'un fort ventilateur, les graines vidées des graines
intactes.
Mais reste toujours, et en première ligne, la question
de chercher et de trouver des moyens préventifs, pour
empêcher les bruches de déposer leurs œufs dans la
fleur des légumineuses; nous n'en connaissons pas.
C'est au cultivateur à essayer la chaux, le plâtre, la
cendre, l'assa-fetida, l'acide phénique peut-être, si préco-
nisé en ce moment en économie agricole, le chlorure de
chaux, etc. Le service à rendre à l'agriculture serait
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AYRII.. iM
immense; car nos récoltes de iégaminenses, enrahies
d'une façon désastreuse par le fait de cet insecte, sont
sérieusement compromises dans leur rendement el leurs
qualités alimentaires.
Archéologie. — Fouilles au Puy. — Conformément
à Tordre du joui*, M. Aymard se proposait de faire l'ex-
posé de la continuation des fouilles qu'il surveille àyec
les plus grands soins dans le sol de la rue Panessâc.
Mais ces explorations, si fructueuses pour l'histoire de
notre yille, ne sont pas terminées. Nôtre confrère se
borne donc à les signaler de nouveau à Fattention des
membres de la Société et annonce qu'après leur achève-
ment, il fera un rapport complet.
Pbrsonnbl. — Demandes du titre de membre rési-
dant. — Notre confrèi'e M. Gillet-Paris écrit qu'il est
sur le point de changer de résidence et d'habiter la
ville de Lyon. Il n'en continuera pas moins, ajoute-t-il,
d'être avec nous d'esprit et de cœur, conservant Tespoir
de venir, plus tard, se consacrer à la poursuite, dans no-
tre cher pays, du noble but que s'est assigné lu Société.
Il se propose, en outre, de venir chaque année au Puy
et d'assister quelquefois à nos séances. En conséquence,
M. Gillet-Paris désire conserver, s'il est possible, son ti-
tre de membre résidant.
L'assemblée, regrettant vivement la privation de l'ex-
cellente collaboration de noire confrère, acquiesce à sa
demande.
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2oî RÉSUMÉ DKS SÉANCES.
M. Isidore Hedde, membre non résidant, écrit qa'é-
tanl domicilié au Puy depuis plus de dix ans, il espère
que la Société voudra bien Tinscrire sur la liste des
résidants.
Celte demande, qui est justifiée par le règlement, re-»
çoit aussi Tassentiment de rassemblée.
M. Jules de La Bâtie, avocat, ayant demandé à faire
partie de la Société au titre de membre résidant, avait
présenté à cet effet une publication dont il est l'auteur,
intitulée : la Constitution de 4874, Il lui fut répondu
qu'aux termes du règlement, ce travail, trailant de ma-
tières politiques, ne pouvait constituer un titre d'admis-
sion. C'est pourquoi M. de La Bâtie adresse aujourd'hui '
la première partie d'une étude manuscrite sur les con-
ditions des classes ouvrières dans le département de la
Haule-Loire.
M. le Président fait observer que la liste des mem-
bres résidants, au nombre fixé par les statuts, se trouve
au complet par la nomination de M. Hedde. En consé-
quence, M. de La Bâtie sera informé de celle circons-
tance qui lui permettra cependant de recevoir, s'il le dé-
sire, le litre de membre non résidant, après examen de
son mémoire par une commission spéciale.
Absence de certains membres aux réunions de la
Société. — A cette occasion, M. le docteur Martel
invoque une disposition du règlement qui semble être
tombée en désuétude. Elle concerne les absents aux
séances pendant un laps de temps déterminé. Notre
confrère demande que cette disposition soit mise en
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AVUIL. 553
vigueur afln que la Société imprime à ses iravaux une
nouvelle acliviié. '
Après diverses observations présentées par quelques
membres , Texamen de cette question est ajourné à la
prochaine réunion.
Publications de la Société. — M. le Président fait
remettre à chacun des membres présenls le XXX® vo-
lume des Annales qui vient de paraître.
Cette publication rappelle la nécessité d*une table gé-
nérale des matières contenues dans ces trente premiei-s
volumes. M. le Président annonce que ce Iravail, confié
à M. ragent comptable, est en voie d'exécution et qu'aus-
sitôt après son achèvement et la révision par le conseil
d'administration, il sera livré à l'impression.
A six heures, la séance est levée.
Le vice-secrétaire^
Aimé GIRON.
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SÉANCE MENSUELLE
DU JEUDI !•' MAI
80MMA1HË
Lecture du procès-verbal. — Mrsés : Dons de matrices de vieux cachets
administntirs par M. André, arcbivrstc de la Lozère.— Octbages bbçds:
Question du reboisement. Fabrication des fromages ; observations présenté^
a ce sujet par MM. de Brive, Mauras, Robert, Martel et de Surrel. Les
origine de la foi chrétienne dans les Gaules. Publication des Tablettes histo-
fiquet du Yelay. — Communications : Fragment de colonne milliairc,
trouvé à Saint-Paulieo, par M. Romizowski. Aperçu par M. Aymard, sur
des monuments romains érigés il St-Paulien, Il Lavoûte-sur-LoireetauPuy,
en l'honneur des impératrices Etrucillc, et Tranqiiiliine et d'Agrippine,
épouse de Germanicns. Notice snr on sceau ancien d'one dame de Poli-
gnac, par M. Chassaing. Estampille d'un fondeur du Puy; observations de
MM. Lascombe et Aymard. Demande d'admission au titre de membre nou
résidant, par M. Jules de La Bâtie. Décès de M. Edouard Lartet, membre
non résidant; nécrologie de ce savant, par M. Aymard. Décès de M. le docteur
Andrieux, membre non résidant. Question de l'assistance des membres aux
séances de la Société; rappel aux absents des prescriptions du règlement.
Présidence de M. de Brive.
A trois heures, la séance est ouverte.
Le procès-verbal de la précédente réunion est lu el
approuvé*
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MAI. 355
MUSJÈË.
Dons. — Matrices de vieiuc cachets administratifs.
— Notre confrère M. Bèlibeiiy inspecteur d'académie,
offre au nom de M. André , archiviste départemental
de la Lozère, trois matrices de sceaux, en cuivre,
trouvés à Monde. Ces pièces, qui sont de Tépoque
révolutionnaire, offrent les types suivants :
{"* Dans le champ : la nation, la loi, le roy. Légende :
District du Puy; S^ dans le champ : une figure de
femme, debout; la tète casquée; tenant d'une mainte
faisceau, de l'autre une lance surmonléo du bonnet
phrygien. Légende : District du Puy, Haute- Loire ;
30 dans le champ : Juge de paix. Légende : Canton du
Puy.
M. Béliben est prié, par M. le Président, de transmet-
tre à M. André les remercimenis de la Société.
OUVRAGES REÇUS.
Agrioultube. — Question du reboisement. — - Le
Journal de l'agriculture, ù% M. Barrai, contient un ar-
ticle intéressant sur tes reboisements du département
du Puy*de-Dôme. Dans les considérations générales,
Tauteur démontre Tinfluence des forêts sur la tempéra-
ture moyenne et le régime des eaux. Vers le IX« siècle,
toute la Belgique était couverte de vignes; on la culti-
vait également dans la Bretagne et la Picardie ; mais
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2o6 RESUME DES SEANCES.
avec le déboisement elle a successivement abandonné
ces contrées où elle ne mûrissait plus son fruit, pendant
que, dans le Languedoc, Tolivier reculait ses limites vei's
le Sud, et que parallèlement Toranger déserlant le Rous-
sillon et la Provence, Perpignan, Aix et Marseille, se
1 réfugiait dans des climats plus privilégiés. Dans les ré-
gions alpestres, les mômes phénomènes s'accusent avec
plus d'intensité. A la destruction des forêts, correspond
rabaissement du niveau de Ja végétation arborescente.
Quelque nombreuses, complexes et encore mal défi-
nies que soient les causes qui ont amené le refroidisse-
ment de notre climat, le déboisement n*y est pas resté
étranger. Si les forêts n*engendrent pas la chaleur ,
elles tendent à la mieux: répartir. C'est en effet dans les
pays découverts que se constatent les oscillations ther-
mométriques les plus extrêmes, tandis que la tempéra-
ture est plus égale dans les pays protégés par des mas-
sifs boisés.
Leur action sur le régime des eaux ne semble pas
moins évidente. Pour la montagne, la forêt est un abri;
ses racines fixent le sol; et son feuillage, qui brise les
vents, retient et divise la pluie. Annuellement, il cou-
vre la surface de ses épais débris, et, quand viennent les
grandes pluies ou que fondent les neiges, cette surface
fait Toflice d'une vaste éponge. L'eau qui lentement s'in-
! filtre, lentement se restitue; c'est le réservoir pour la
j ' source, c'est le filet d'eau qui se forme, c'est le ruisseau
qui arrose, ce n'est pas le débordement. Détruisez la fo-
rêt, l'aspect change. Sous l'action dissolvanlc et conti-
nue des agents atmosphériques, les calcaires et les schis-
tes se désagrégeât et s'etTritent. Les roches cristallines,
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MAI. 357
même les plus dures, se laissent entamer, et les neiges
que rien n'arrête glissent en avalanches, entratnaiit
des masses énormes, terres et rochers, La ploie, qui
tombe sur des flancs dénudés, s'écoule rapide et bour^
beuse; ce n'est plus l'eau limpide et fécondante ; c'est le
torrent furieux et dérastateur.
L'expérience tirée de Thisloire. proare assez que la
profonde altération du régime des eaux a été la consé*
quence directe du déboisement. Les inondations dont les
âges passés se transmettaient de siècle en siècle la sinis-
tre mémoire, semblent se généraliser pour reparaître
régulièrement aujourd'hui dans une courte période dé-
cennale, et sous ce rapport 4835, 4846, 4856, 4866,
resteront à jamais, dans nos souvenirs, des dates aussi
désolantes que signiflcatives.
M. le Président rappelle aussi que^ dans son^ étude
sur rinondation du 24 septembre 4866, dans la Haute^
Loire, il avait signalé la tendance des inondations à être
périodiques et décennales. Cette tendance ne peut être
efficacement combattue que par des reboisements qui
fixeront les sols montagneux. Le reboisement dans le
Puy-de-Dôme, grâce aux efforts de la Société d'agricul-
ture, du département, des communes et de quelques
grands propriétaires, a reçu des développements consi-
dérables. De 4843 à 4860, on était parvenu à reboiser
4,879 hectaresde teiTains communaux. De 4868 à 4870,
les semis et plantations se sont élevés à près de 8,000hec-
tares.
La disparition des vignes en Belgique, ainsi qu'en
d'autres pays, durant le cours du moyen âge, donne oc-
casion également à notre confrère M. Ayraard de re-
TOME X\K\. 17
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S58 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
inarquer rexteoftiou, plus considérable qu'aujourd'hui,
de la même culture dans le Velay avant le XV* siècle.
C'est un fait qui résulte des énoncés de plusieurs de nos
anciens terriers^ d'après les recherches de M. Aymard
et celles d'un autre de nos confrères, Af. Paul Le Blanc.
Faudra-t-il y voir aussi un effet du déboisement? Con*
sidérée à ce point de vue, la question, si elle était réso-
lue affirmativement, ajouterait un nouvel intérêt à ces
investigations*
FabrieaHoH des fromages. -* Le môme recueil ren-
ferme un article non moins intéressanti de M. Turgau,
sur le^ cavfps de Roquefort. Les fromages de Roque-
fort sont fabriqués avec le lait de brebis d*one race
particulière nommée race du Larzal, parce qu'elle vit
sur ce plateau dont on la croit originaire. Un grand
nombre d'essais ont été iails pour modifier cette fabri-
cation première, soit en se servant de lait de vache ou
de chèvre, soit en changeant la race elle-même des
moulons, mais ces tentatives n'ont pas réussi.
Quelque soit le soin que Ton apporte à la fabrication
de ces fromages, leur excellence parait surtout être due
à la température basse et constante des caves où ils sont
gardés. Les plus profondes caves de Roquefort, par une
particularilé singulière et dont on n'a pas jusqu'ici
irouvé d'explication satisbisanie, sont constamment, été,
comme hiver et quelque temps qu'il fasse, à une tempé-
rature moyenne de quatre à six degrés au-dessus de
zéro, tandis qu'en règle commune, les caves les plus
ft*atcties, que peuvent obtenir les brasseurs avec les pré-
cautions les plds ttflmdas, ost lie huit à dix degrés« Ces
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MAI. • ^
coiMlilions atmoftpbériqaas d^veloppeoi û^m la pftle 4(^
«tries de yeîDM parfaiteipeni bl^u^, Qt de temp^ ait
lempa (le$ craqaelarea d'une matière onetaeiise e( rq^
geâtre, qai font da Roquefort un froiqpge exquis,-
M. Alcide Mauras fait remarquer que Iqs fromages
d'ane certaine partie de la Haute-UHresont Meus, Lors-
que Je lait caillé a été bien brisé et caaaé arant 6|e l<r
mettre dans la fescelle, Tair pénètre plus facilement ^
rîDtériettr, et y développe des végétalionsmii^og-aphi-
qaes oa champignons imperceptibles, qui ne sont autre
que le bleu», qui donne au fromage une saveur particu-
lière et recherobée. Quelques méns^ères d^ la caippa-^
gne, frappées de cette observation, ont recours, peur co*
lorer leurs produits et en liiciliter la vente, à des moyens
artificiels, comme Timmixlion de pain de seigle, de nois
moisies qui développent de proche en proche la moisis t
sure. Ge procédé artificiel est d'une innocuité parfait^
et ne saurait lire impronvé. Mais d*aptres ménagères,
moins délicates, emploient la teinture d'indigo, qui se
reooaaatt à ce que la p&te est entièrement bleue et ne
présente pas seulement des stries ou foyers bleuAtJ*esa
Ce moyen-là est essentiellement daogereai et reprében^
sible. M. Mauras croit que si nos cultivateurs étaient
encDoragés & bien casser le cailla et à déposer leurs fré-
mîmes nouvellement leiits dans des locaux ayant une
température constante de dix à douze degrés, les végé •
talions tuberculeuses et microscopiques qui font le bleu
s'y développeraient rapidement. La qualité et la répu-
tation des fromages de nos contrées ne pourraient (j|u'y
gagoar. _
M. te Présideot^ à J'aj^pui de Tqivmqn de M /^Miuf^f
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2^ RÉSUME peS SÉAIS'CKS.
rappelle qae dans les campagnes on place les fromages
dans. des réduits ménagés derrière les foars, pour adi-
rer la formation du bleu; cet usage est dû à l'observa-
tion qui a été faite, que la chaleur artiflcioUe aide à la
moisissure.
M. Robert indique que certaines ménagères, pour ob-
tenir des fromages bleus, mélangent le caillé de la veille
avec celui du jour.
M. le docteur Martel croit qu'avant d'encourager les
cultivateurs à rendre leurs fromages bleus, il faudrait
s'assurer si le fromage bleu est réellement meilleur que
celui qui ne l'est pas; il admet parfaitement que Ton
préconise les fromages devenus bleus par la force de la
nature ou la température de la cave, mais il désapprouve
remploi de moyens artiQciels consistant en immixtion
de matières étrangères quelles qu'elles soient; il y voit
une fraude et un danger pour la santé publique.
M. de Surrel fait remarquer que les fromages de la
Haute-Loire se font, les uns avec du lait frais et les
autres avec du lait écrémé. Cette différence dans leoi*s
éléments constitutifs doit nécessairement influer sur
leur aptitude à devenir bleus.
M. le Président clôt la discussion, en invitant ceux de
nos confrères que cette question intéresse, à recueillir
des observations et à en faire part à la Société, lorsque
l'occasion pourra s'en présenter.
HisTomE. — Les Origines de la foi chrétienne dans
les Gaules. — Tel est le sujet d'un mémoire de M.
l'abbé Corblet, en ce qui concerne surtout le diocèse
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MAI. 26i
d*Aimens; mémoire meolionné dans le Bulletin de la
Société des Antiquaires de l'Ouest. C'est une nouvelle
page de la grande conlroverse engagée depuis d^nx
siècles sur la question de savoir si les premiers propa*
gateurs du christianisme dans les Gaules remontent
aax temps apostoliques, ou s'il ne faut les placer qu'au
11^ siôcle. Notre confrère, M. Tabbé Frugère, dans son
savant livre sur VApostoliciié de l'Eglise du Ytlay^ a
traité cette question; il adopte, comme on sait, le pre-*
mier système qui est aussi soutenu par M. Tabbé Corblet,
Les Tablettes historiques de la tinute^Loire, dont
M. le Président présente la dernière livraison , conte-
nant, comme les précédentes, des articles pleins d'inté-
rêt, vont être remplacées par une publication, mensuelle
également, portant le titre de Tablettes historiques du
Yelay* La Société souhaite longue vie à cette nouvelle
revue, à la rédaction de laquelle concourent plusieurs
de nos confrères et quelques-uns des principaux curieux
de nos histoires locales. Sur la proposition de H. le Pré-
sident, l'assemblée décide qu'un abonnement sera sous*
crit en son nom.
COMMUNICATIONS.
Archéologie. — Fragment de colonne milliaire
trouvé à Saint-Paulien. — M. Aymard annonce que
M. de Romîzowski, receveur de l'enregistrement à Saint-
Paulien, a trouvé dans cette ville, dans un mur de clô-
ture d'an champ situé à peu de distance de la place du
Marchadiài^t de l'ancienne église de Notre-Damé-du-
Haul-Solier, un petit fragment de colonne milliaire, d'an '
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96f URSUMÉ MS SÉANCES.
Jiâmèlfe à pdtt ffrèÈ senétinbte h celtii ^ la pierre iliaé-
mir&fle Sdifit-J6aa-de-Nay,
L'inscription ne lame nAv qae les lettres IMP; C. .. dç
la première ligne qui ne font pas connaître Tempereur
an nom duquel la colonne avait été érigée. Ce mona-
ment soHicité Tattention par Tendroit où il a été rencon-
ti*é, près d*ane place dontle.nom, probablement ant^
que I semble indiquer la présence d*un marché, et où
existent d'ailleurs d'antres antiquités romaines de quel-
que importance > entre autres rinscription d'un monu*
ment dédié par les Vellaves à Timpératrice Élruscille.
Notre confrère s'est demandé si nous n'aurions pas ici
la borne placée au chef-lieu gallo-romain des Vellaves,
pour marquer le point initial d'où l'on comptait sur la
voie militaire dite Boline, les distances en milles dans
les deux directions nord et sud au-delà de cette ville,
ainsi que l'attestent d'autres milliaires dont un certain
nombre ont été retrouvés sur le parcours de la roule.
Cette question , au sujet de laquelle il est difficile de se
prononcer , fait vivement désirer la découverte du sur-
plus de lia colonne qui pourrait fournir quelque éclair-
cissement par le contexte de l'inscription .
M. Aymard ajoute que le fragment lui-môme, si-
gnalé par M. de Rômizowski, a été, peu après sa décou-
verte, malheureusement employé par le propriétaire du
champ. dans la fondation d'une muraille et que, s'élant.
rendu à Saint-Paulieu pour l'étudier, il n'a pu voir la
pierre* Sur sa demande, M. de Romizowski a bien voulu
Pf^omettre de faire les démarches nécessaires pour obte-
nir du propriétaire la remise de cet intéressant débris
dft monument itinéraire .
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M\f. 263
MmiumentB romains érigés â Samt-Pauliên, à La*
voûte et au Puy , en l honneur des impératriees
Étruscille et Traiiqtiitline et d'Agrippine.^M. Aymard
dit que son TOyage à Saint-Panlieo lui a donné lieu de
revoir les inscriptions romaines conservées dans cette
Yîlle. Il a relevé Feslampage sur papier de celle qnl est
dédiée à Étmscille par la eité libre des Vellavet (l'an
S49 à 254). La reproduction parfaite qii*il en a obtenue»
Ta conduit à constater que l'inscription a été inexacte-
ment copiée par la plupart des auteurs auxquels on eu
iloit la publication. Mangon de La Lande, dans ses Es-
sais historiques sur les antiquités du département de
la Haute-Loire, 4826, p. 48, avait essayé, il est vrai,
d'en donner une représentation aussi fidèle qu'il lui était
possible avec des caractères d'imprimerie, mais sans
obtenir un résultat pleinement satisfaisant.
En outre , ce zélé antiquaire , à défaut d'un relevé
tout à fait exact, et, après lui, tous les archéologoefe
n'ont remarqué ni expliqué une particularité curieuse
de cette inscription : tandis que la quatrième ligne, men-
tionnant la cité des Vellaves qui avait dédié le monu-
ment, occupe toute la largeur de la pierre, les trois pre-
mières concernantle nom et les qualités d'Étruscille,
très-régulièrement ordonnées, n'occupent qu*à peu près
a moitié de cette même largeur et laissent, à leur gau'
che, un espace libre que le lapicide paraît avoir voulu
réserver pour y graver une autre partie de Tinscrip-
tion , à l'instar de certains monuments du même genre
consacrés à deux, trois et même quatre personnageis de
la famille impériale. Cette lacune plus ou moins inten^
tionnelle et qui était plus considérable avant qu'une
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264 RKSl\MK DRS SÉA^CKS.
recoape de la pierre eût fait disparaître dans le iiaut le
pr^Bnotnen et le nomen d*Étrascille , appelle d'autant
plus rattentioQ que ce reste d'épigraphe de Tépouse
de l'empereur Dèce» persécuteur des chrétiens, est
invoqué en ce moment au sujet de Képoque de l'intro-
ductioD et des développements du christianisme à Rêves-
sion (Saint-Paulien), capitale des Vellaves sous la do*
mination romaine.
Sous ce rapport, notre confrère expose diverses hy-
pothèses que provoque ce fait anormal et qui ouvrent
nne voie nouvelle aux investigations concernant Tina*
•cription d'Étruscille.
M. Aymard mentionne ensuite un fragment ôpigraphi-
que trouvé aussi, il y a quelques années, à Saint*Pau-
lien et dont il n'avait pas été possible de donner une
explication satisfaisante. La restitution , au moins par-
tielle, qu'on peut en faire à l'aide de plusieurs inscrip-
tions analogues, nous apprend que celle*ci était dédiée
également à une épouse d*empereur par la cité libre des
Vellaves. On y lit :
• • • AV (jr M* • •
...CASTRO...
...VELLAV...
qu*il convient d'interpréter ainsi :
conjugi domini nostri A\GusU î/latri
atigustorum nostrorum (ou augusli nostri) et G ASTROrum
cmtasVELLWorum libéra.
Enfin on connaît une autre inscription consacrée par
les Vellaves à l'épouse de l'empereur Mare- Antoine Gor-
dien (Furia Sabinia Tranqùillina, vers l'an 244.) Notre
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MAf. . 265
confrèiie^ au lome XXII de nds.A/maie^, . p. 3i9, a
signalé Texistence de ce raonameot au Tillage de
Layoûte*sur-Loire.
Ces tribuls de reconnaissance réitérés, rendus à des
irppéralrices par les Vellaves, probablement à Toccasion
de bienfaits, entre antres la restauration des routes
qu*attestent des inscriptions de colonnes itinéraires, est
an fait de quelque importance pour Thistoire de notre
pays à une époque sur laquelle l'archéologie, presque
seule, peut porter quelque lumière.
Ce fait acquiert un nouvel intérêt si on le rapproche
de la découverte, effectuée au Puy , d'un fragment de
tête en marbre blanc, où Ton reconnaît un précieux
reste de Timage d'Agrippine, femme de Germanicus.
Après avoir rappelé que des villes et colonies avaient
érigé des statues à cette princesse, et avoir établi la
dîâtinction qui existait, à Tépoque romaine, entre le
territoire du pays dit cité libre des Vellaves et la cir-
eoBscription territoriale qui, à tilre de colonie, avait le
Puy pour chef-lieu , notre confrère remarque, d'après
le nombre des monuments déjà observés dans notre
pays, TinQuence que devait avoir Tintervenlion des
princesses impériales dans les hautes sphères du gou-
vernement romain pour la protection des cités, aussi
bien que des colonies.
Cette communication de M. Aymard, qui projette un
jour nouveau sur des temps historiques encore peu
connus, a été accueillie avec intérêt par rassemblée.
Sceau de Jeanne de Jambes, dame de Lugxiet. -—
M. Cbassaing présente la matrice en cuivre d'un sceau
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266 UKSlîMR DES SÉANCES.
de Jeanne de Jambes, dame da Lnguet, veuve de Jean
de Polignac, seigneur de Beaumont et de Randon; la
précieuse Histoire manuscrite de la maison de Poli^
gnac, par Chabron, donne sur Tun et Tautre de ces
personnages d'intéressants renseignements que liotre
confrère résume dans la note suivante :
La matrice de sceau, en cuivre, que représente la gravure
ci-jointe, a été trouvée en Auvergne; pendant plusieurs an-^
nées, elle a été possédée par M. Gustave Grange, antiquaire
à Giermont, qui me Ta cédée (1). M. Douët d' Arcq, sous-chef
de la section historique aux archives de TËnipire , en avait
eu communication, et voici la description que notre savant
confrère en donne dans le tome premier de la CoUection dé
sceaus (2)^ faisant partie des Documents et inventaires pu-
bliés par r£tat sous la direction de M. de Laborde :
« Ecu carré, parti : à dextre, coupé d'un, au 1, un fliscé
de six pièces; au ?, un équipoUé de quatre pointa à l'orle
de huit fleurs de lys ; au 2 du parti, un lion rampant sur
champ semé de fleurs de lys.
9frl . W . u^anitf ^t tonbrs . kome . >s . lusmt.
(Séel de Johanne de Jambes, dame du Luguet). »
Un examen attentif m*a fait reconnaître que cette matrice
(le sceau appartenait à la famille de Polignac, et grâce à la
précieuse histoire manuscrite de cette maison, dont la So-
(1) Depuis 11 présente eommuDicition, nous irons cééé ce soMu ai Musée.
(S) Paris, 1868, \»A% t. i, p. 0».
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Sceau de Jeanne de Jambes
dame du Luguet
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MM. m
ciété académique doit aile oopie à ta .courtoisie de M. le duc
de Poiignac et au zèle éclAiré de notre président, M. Albert
de Brlve, je crois pouvoir justifier de tous points cette at-
tribution et résoudre le problème historique que soulève le
petit monument tombé entre mes mains.
• Notons d'abord que, comme tous les sceaux antérieurs
au XVJI^ siècle, oeite matrice de sceau n'offre que les
(icnes ou dessins tracés sur le champ de l'écu; il faut
donc compléter, par l'indication des couleurs, les trois bla-
sons qui. s'y trouvent associés et qui sont ceux des maisons
de Poiignac, de Chalancon et de Jambes.
lies vicomtes de Poiignac s'armaient d'un fascé d'argent
el de gumks de siw pièces ; les Ghalancon portaient un écar^
ieU d'or el de gueules à la bordure de sable fleurdelisée d'or (1),
et la maison de Jambes d'azur semé de fleurs de lys d'argenl ;
sur le tout, un lion morné d^ gueules (?).
La disposition de ces trois blasons sur l'écu indique une
alliance entre les familles de Poiignac et de Jambes ; mais,
avant de s'adresser aux secours généalogiques et d'y re-
chercher quelle est cette alliance, j'observe que l'association
des armoiries de Poiignac et de Ghalancon dénote une al-
liance qui ne peut être celle d'un vicomte de Poiignac , et
voici pourquoi :
A la mort du vicomte Randon-Armand VU, en 1421,
Pierre de Ghalancon , fils de Guillaume de Ghalancon et de
Walpurge de Poiignac , succéda à la vicomte de Poiignac
(1) Vallct de Viri ville, Armoriai du héraut Berry. Paris, 186C» p. S3. ^
Bo«illel, IféàiHmra é'Auwerçne, t. ir, p. 78.
(») àrm, du hérêui Merfy, p. 160. — D'iprès la P. Ménétrier, la liOA sa-
rtiC tf'aryMi, ra«f«iM# 4'er fMéikode du Biwon, 1761, p. 900); le lion ttiaré
sur le aaaat atc c» effet, eeuniié»
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i68 RKSt MK DKS SÉANCES.
par l'ouveilure de la Bubstitùtion établie, en 13B1, à son
profit, par le testament de son oncle Randonnet-Armand VI,
dit le Grand , digne de ce glorieux snmom , disons-le en
passant, par les services qu'il rendit au Velày contt^ les
routiers et les Anglais; mais une charge expresse était im-
posée au substitué et à ses successeurs, celle de porter les
nom, cri et armes pures et entières de Polignàc. Pierre
de Chalancon , à son avènement à la vicomte, quitta donc
les armes de Chalancon, pour prendre celles de Polignàc,
et à son nom de Pierre il joignit celui d'Armand. Ses suc-
cesseurs Euivirent rigoureusement cet exemple. C'était là
une des lois fondamentales de la vicomte. Aussi, tontes les
fois qu'on est en présence des armes entières de Polignàc
(fascé d'argent et de gueules de six pièces), peut-oii être as-
suré que ce blason désigne le vicomte de Polignàc seul (l).
Ce n'est pas tout. Par son testament, Louis-Armand P"",
vicomte de Polignàc, mort en 145^, disposa de la baronnie
de Chalancon en faveur du fils aîné des vicomtes, ses suc-
cesseurs, à la charge de porter les nom et armes de Cha-
lancon (écartelé d'or et de gueules à la bordure de sable
fleurdelisée d'ar) (2). C'était aussi une autre loi fondamen-
tale de la maison de Polignàc, et chaque génération s'y
conforma jusqu'au XVIIP siècle. Du vivant du vicomte
son père, le fils afné s'appelait donc le baron de Chalan-
con (3) et portait sur son écu (mi-parti, coupé d'un ou écar-
(1) ChabroD, Hhf. de la maison de Polignuc, liv. x, chap. 1.
(3) W., liv. X, chap. 19.
(3) Lors des Étms génc^raox en 1G14, la rrine-mcre, aa nom da roi, con-
réra ao vicomte de Polignàc le titre de marquis; le vicomte, pour nd rien
refuser qui vint de son .prince, accepta bien eo titre, mais il en diaifea sa
barounie de ChalancoD dont son fll< aîné portait le nom, et celtti-ci, dès lors.
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MA(. .269
télé, peu importe) les armes de Poiignac et de Ghalancon,
les unes comme fils du vicomte de Poiignac, et les autres
comme baron de Ghalancon^
De cette façon, le blason du père et le blason du fils
étaient distincts Tun de l'autre, sans confusion possible.
Les fils puînés du vicomte , eux aussi , portaient les
armes de Poiignac et de Ghalancon; mais, pour se dis-
tinguer de leur frère aîné, le baron de Ghalancon, ils les
différenciaient par une brisure, s'ils n'étaient pas mariés,
ou, s'ils étaient mariés, ils plaçaient sur leur écu, à côté Je
leurs armes, celles de leur alliance.
Quant aux femmes, qu'elles fussent vicomtesses de Poii-
gnac, baronnes de Ghalancon ou mariées à des cadets, leur
blason, suivant l'usage, se composait d'un écu mi-parti
aux armes de leurs maris et de la maison d'où elles étaient
sorties.
Le style gothique de la légende inscrite autour de l'écu
dénote Tépoque approximative où fut façonnée la matrice
de sceau qui nous occupe : c'est la un dû quinzième siècle
ou le commencement du seizième. Or, en se reportant à la
généalogie de la maison de Poiignac, on y voit, précisé-
ment, figurer un Jean de Poligoac, marié à Jeanne de
Jambes : leur contrat de mariage date du 24 juin 1493.
Jean de Poiignac était le deuxième iîls de Guillaume -Ar-
mand II, vicomte de Poiignac, et d'Amée de Saluées. Son
père l'institua, en 1478, avant de mourir, son héritier par-
s'Éppeli le minfois de Cbalaoeoa. Qaaat b Ioi«méme, ii préfén rester vicomte
de Poiignac, « «'estimant, dit Chabroo, beaucoup plus gloricoi et relevé de
< se dire vicomte de Polignao, que non pas comte ou marquis de ceux de la
« doazaine et depuis trois jours. > (Liv. ir, chap. 7.)
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^70 RÉSUMÉ J>E8 SÉANCES.
4icttU«r dans les baronnies de Ghalanooa çt de EaïuUn (1),
à la charge de porter lei nom et armes de GhaUacon. Mais
cette institution particulière ne pat sortir à effet» du moins
pour la baronnie de Ghalancon, car il se troii?a que cette
terre é(ait déjà grevée par Louis-Armand V^^ d'nae substim-
tion en faveur des seuls ^aînés de la maison à l'infiniv Sim-
ple putné, Jean de Potignac dut chercher le nom d'une au*
tre terre, et de Tagrément du chef de ia famille, le vicomte
Claude^ Armand I*', son frère aîné, il prit le titre de seigneur
de Beaumont, terre située dans le voismage de la Chaise-
Dieu et qui n'était que Tun des quatre membres de la
grande baronnie de Ghalancon <^). Gemme tons les cadets
de son temps qui n'étaient pas d'égUse, il embrassa la car-
rière des armes ; il fit sous Mathieu, bâtard de Bonihon,
seigneur de Roche-en -Régnier et amiral de France, les
guerres de Flandre et de Bretagne, qui marquèrent Jes pre-
mières années du règne de Charles YIII ; et, lorsque ce roi
alla conquérir le royaume de Naples, Jean de Polignae
remplit en Italie d'importants commandements, Sn 1495,
il était gouverneur de Livourae, et, à la veille de la journée
(1) La terre de Randan avait été apportée en «ariage, ea 1^6, par tf Mf nerite
d« Saligny, fille de Lourdin de Saiignr, haron de SaligDj et de Randani et de
Catherine de la Mothe-Saint-Jeau, i Pierre de Ghalancon, fils de Gnillaume de
Chalancon et de Valpurge de Polignac, le premier des baret» de Chalanwit ^ui
soeoéda à la Ticemté de PolisMc. (Gdabn», lir. is» cb|p, l& et liv, x. efaap. 2.)
(3) Le château de Beaumont, aujourd'hai rainô, sï'luTait» entre Jullian^es
et Saint-Victor, sur une jolie colline, d'où la vue embrasse la riante vallée
de la Dore jusqacs par-delîi Dore-rÉglise et Ariane. C'est par le mariage,
Ters 1S40, d'ÉgiîBc de ScaaBMt arec Bertraad ds Ciiatoiic»ii« ^m cetta Jm-
renaie était airivée daoa la aaaisoa d« ChalaiwMi. Us aicifiift seiga^sn éi
BeaamoBt étaient les foaëalearf da pneoré de GbiBaK^Ni-Mf-Loire, (Clia-
brou , liv. IX, chap. 7.)
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MAI. ^74
de Fornoue^ il fat détadaéi ay«o \9 seigneur de Bresse, de-
puis duo de Savoie, et le seigneur d'Aubijoux, pour tenter,
à la tète de six vingts hommes d'armes et de cinq mille ar«
balétriers, une attaque contre Gènes. En l&OO, il reçut des
Lucquois, au nom du roi Louis XII, les clefs de Pietra-
Santa, et le 29 juin de la même année, il mit, mais sans
succès, le siège devant Pise. U mourut en octobre sui*
¥ant<i). C'est de lui que parlent GrUichardin. (2) et autres
historiais italiens du temps, sous le nom de seigneur de
Beumont ou de Beaumont.
Jeanne de Jambes ou de Ghambes (on disait et on écri*
valt indilTéremment l'un ou l'autre) était la fille ainée, d'à*
près Godefroy, l'éditenr des mémoires de Philippe de Corn-
myues (3)^ ou la fiUe cadette, d'après Ghabron (4), dont
l'autorité me parait préférable, de Jean de Jambes, seigneur
de Montsoreau, premier maître d'hôtel et l'un des principaux
conseillers du roi Gharles VU, et de Jeanne de Chabot. Sa
sœur Hélène avait épousé, en 1473, Philippe deCommynes,
prince de Talmond et seigneur d'Argenton, le confident de
Louis XI eti*immortel historien de ce roi et de Charles VIII.
Jeanne de Jambes était Tune des demoiselles d'Anne, du^
chesse de Bretagne et reine de France ; en son contrat de
mariage, suivant Ghabron, le roi et la reine « usèrent de li*
béralité en son endroit. »
La terre du Luguet^ seigneurie située dans les montagnes
(1) Ghibron» liv. t, cbap. 19.
{2j Hist. des guerres â'IMie, Irai, de t'Uai,, 1738, ia-l«, l /, p. *^li
•391, SSiiiSn.
(3) Bnuelles, in-13, 17d3, t. ir, p. 9^. .
(4) Ghabron, liv. x, cbap. 19.
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272 RKStMÉ DKS SÉANCKS.
du Gézailler, sur les confins de la basse et de la haute Au-
vergne, appartenait à la maison de Polignac, depuis qa*en
1320.Beraud de Mercœur, connétable de Champagne, en
avait disposé, par son codicille, en faveur de Pons de Poli-
gnac, doyen de Brioude, son cousin ( 1 ). D*après les lois
traditionnelles qui régissaient la dévolution des biens de cette
grande famille, cette seigneurie faisait partie de la « terre
cléricale (2), » c'est-à-dire qu'elle éiait Tune des terres
spécialement réservées pour l'apanage des cadets d'église;
à leur défaut, elle était, suivant les circonstances, attri-
buée aux autres cadets non d'église , ou même donnée en
douaire à leurs veuves.
Le titre de dame du Luguet, que Jeanne de Jambes prit
sur son sceau, signifie donc que cette seigneurie formait
son douaire après la mort de son mari ; c'est ainsi qu'elle
en était vraiment la dame, domina. Aussi doit-on assigner
aux deux derniers mois de l'année 1500 ou à 1501 l'épo*
que où elle fit graver son sceau.
Du mariage de Jean de Polignac et de Jeanne de Jam«
bes, naquit une fille unique, Anne de Polignac, dite aussi
Antoinette, filleule de la reine Anne. Elle fut mariée en
premières noces à Charles de Bueil, comte de Sancerre, tué
à Marlgnan, et en secondes noces à François II, comte de
La Rochefoucaud. Par la liquidation, en 1503, de ses droits
paternels dans les biens de la maison de Polignac, elle
a\ait recueilli la terre de Randan et la coseigneurie de Pra-
(1) Baluze, Uist. de la maison d'Auvergne, t. ii, p. 339.
(S) La c terre cléricale > de la maison de Polignac comprenait les terres
et seigneuries du Lugaet, de Salezait et des Etangs d'Alleret. C'était Pons de
Polignac, dojen de Brioude, qui avait établi, ea 1335, par son testament, cette
curiettEe substitution. (Chabron, liv* tiii, p. 8.)
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MAI. 273
délies (remplacée depuis, après éviction, par la terre du
Luguet), qu'elle porta, par son 'mariage, dans la maison de
La Rochefoucaud. Deux souvenirs historiques se rattachent
à Anne de Polignac : Elle eut, en 1540, l'honneur de rece-
voir au château de Verteuil l'empereur Gharles-Quint et les
enfants de France, et elle fit commencer la reconstruction
du château actuel de Randan (1).
Estampilles d'un fondeur duPuy. — M. Lascombes
communique rempreinte d'une matrice d'estampille en
fer, d'un fondeur du Puy. Dans le champ figure^le mo-
nogramme du Christ avec la date 1732; autour on lit :
Jacque Gtiilhaume, et", au-dessous du monogramme, le
chiffre '50.
M. Aymard dit que cette marque de fabrique offre,
dans le chiffre 50, une variété de deux autres emprein-
tes précédemment offertes aux collections du Musée par
M. Hector Falcon qui en possède les originaux trouvés
au Puy. Celles-ci,— qui montrent le môme nom, rappe-
vant Tune des anciennes familles de fondeurs de notre
eilleetun semblable monogramme difChrist, ainsi que
la date 1732 — portent Tune le chiffre 25 et l'autre 55.
En outre , M. Falcon a recueilli une plus petite ma-
trice d'estampille ayant pour type une croix sur un globe
accosté des lettres!, G. Au dessous une rosace et le chif-
fre 9. Cette marque rappelle aussi le fondeur Jacque
Guilhaume-
Ces sortes d'estampilles servaient h marquer surtout
des vases en fonte alors que le métal était en fusion,
(1) Chabron, liv. x, chap. -20.
TOME XXXI. 18
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274 RÉSUMB DES SKANGRS.
comme on le yoit sur des marmites de forme élégante
dont M. Falcon a recueilli quelques débris (4).
Personnel. — Demande d'admission. — M. le Pré-
sident fait connaître que, conformément à ce qui a été
décidé à la précédente réunion, M. Jules de La Bâtie,
avocat, ne pouvant, k défaut de vacances sur la liste des
membres de la Société, recevoir le titre de membre ré-
sidant, sollicite celui de membre non résidant pour
lequel il avait présenté un mémoire sur les conditions
des classes ouvrières dans le département,
£n conséquence, ce travail sera examiné par une
commission composée de MM. Chevallier-Balme, Lan-
glois et Âlcide Hauras.
Décès de M. Edouard Lartet, membre de la Société.
-^ H. le Président annonce la mort de H. Lartet père,
membre non résidant, et acquitte, au nom de la Société,
le tribut de ses regrets. Il donne ensuite la parole à
H. Aymard, qui s'exprime ainsi :
M. Edouard Lartet, professeur de paléontologie au Mu-
séum d'histoire naturelle de Paris, était connu par des tra-
(1) Depuis cette eommunicatioa faite à la Société, M. Hector Falcon a
donné la Masée ces cnrienses marques de fabriqae, et M. Loais Bondoin a
offert également des spécimens de semblables marques appliquées sur des
frigments de vases en fonte. Ces pièces font partie d'une collection déjîi in-
téressante d'objets de fonderie provenant, en grande partie, des ateliers d'an-
ciens fabricants de la ville du Pny, dont la renommée avait franchi les limi-
tes de notre pays.
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MAI. S75
Taux qui, depaîs quelques années, ravalent placé au pre-
mier rang parmi les savants qui ont le plus contribué à
Tavancement de la science des fossiles et, en outre, à la
connaissance de la haute ancienneté de l'homme.
Il avait préludé, dans ses recherches, par Texploration de
la colline de Sansans qui lui fournit une faune des plus in-
téressantes appartenant à l'un des étages supérieurs du ter-
rain tertiaire moyen ou miocène. Parmi les nombreuses es-
pèces dont elle se composait, Lartet signala la présence du
premier singe qui ait été rencontré à l'état fossile (proiO'
piihecus aniiquus). Cette découverte était importante, car
l'illustre initiateur de la paléontologie en France, Guvier,
dans son Discours sur les révolutions du globe, non-seulement
n'admettait pas que Thomme eût été trouvé à Tétat fossile,
mais ne croyait même pas à l'existence du singe fossile.
Les éludes de notre savant confrère l'amenèrent ensuite
à prendre une part active aux investigations qui, de toutes
parts, en France, comme en d'autres pays de l'Europe,
avaient pour objet la recherche des traces de l'homme à des
époques considérées comme géologiques.
Après les Tournai, les de Christel, Bmilien Dumas qui,
sous ce rapport, avaient exploré fructueusement les caver-
nes du midi de la France, Boucher Je Perlhes recueillait pa-
tiemment, dans les graviers des environs d'Abbeville, les
silex taillés qui devaient bientôt établir, malgré bien des
préventions, l'un des plus anciens âges des temps dits pré-
hisloriques.
C'était alors également qu'en 1844^ nous signalions à la
Société géologique de France la découverte de fossiles hu*
mains dans les déjections des cendres et brèches volcani-
ques du mont Denise, près le Puy. Cette trouvaille, dont
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276 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
l'intérêt n*est plus mécoiinn, avait alors , en commun avec
celle d'Âbbevillo, le sort de toutes celles qui les avaient
précédées : elle était le sujet de contestations qui s'étaient
produites d'abord à la Société géologique et puis au Congrès
scientifique tenu au Puy en 1855. Néanmoins, à Tappel de
M. le Ministre de l'Instruction publique, en 1859, M. Lartet
se joignit à M. Hébert, géologue et professeur très-distin-
gué, pour visiter le lieu de la découverte, ainsi que les fos-
siles qui y avaient été recueillis. C'était l'époque où les
recherches de Boucher de Perthes commençaient à appeler
l'attention d'illustres savants anglais qui ne devaient pas
tarder, conjointement avec d'autres géologues éminents de
la France, à proclamer toute leur importance. Mais les nou-
velles croyances n'avaient pas conquis encore la faveur
qu'elles ont reçues depuis lors, et Lartet, dont l'extrême
prudence était un des traits de son esprit, hésitait encore
à se prononcer sur nos fossiles de Denise, lorsque, peu
après, M. Lyell, l'éminent président de la Société géologi-
que de Londres, se rendit également au Puy, et, après en
avoir conféré à Paris avec MM. Hébert et Lartet et recueilli
leurs opinions, publiait, plus tard, en 1864, de judicieuses
observations, au sujet de ces fossiles, dans son ouvrage sur
VAncienneié de Vhomme prouvée par la géologie, tandis que,
de son côté, M. Poulett Scrope, son savant compagnon de
voyage, confirmait la même découverte qu'il avait déjà
consignée, en 1858, après une précédente visite, dans un
intéressant chapitre de la réédition de son ouvrage sur la
Géologie des volcans éteints du centre de la France,
C'est à partir de cette époque que notre confrère entreprit
de s'occuper plus complètement de recherches anthropolo-
giques. Dès l'année 1860, il publiait une Note sur Vancien"
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MAI. 377
neté géologique de Vespèee humaine dans VEurope occidentale,
note qui fut imprimée dans la bibliothèque universelle de
Genève. A dater de cette même année, nous le voyons étu-
diant avec une rare persévérance et des succès très-remar-
quables les cavernes qui recèlent tant et de si curieux
restes du séjour de l'homme aux premiers âges des temps
préhistoriques.
Durant ces belles recherches dans les cavernes, Lartet ne
nous avait point oublié. Très-généreux, et en collaboration
avec un riche collectionneur anglais, M* Ghristy, en 1863,
il avait pris soin d'enlever de la caverne des Eyzies
toute Taire de la caverne, sorte de concrétion ossifère rem-
plie d'objets en silex et d'os fossiles de renne, etc., que ces
savants répartirent libéralement entre les principaux Mu-
sées de l'Europe, celui de la ville du Puy compris.
Ces investigations, jointes à beaucoup d'autres travaux
paléontologiques, non moins considérables et qu'il serait
trop long d'énumérer, ne l'empochèrent point cependant de
revenir au Puy. Il nous visitait encore une fois, en 1863,
en compagnie d'un illustre paléontologiste anglais, fd. Fal-
coner, pour y étudier le gisement devenu célèbre des fossiles
de Ronzon, le seul qui représentât alors, en Europe et ail-
leurs, l'étage le' plus inférieur du terrain tertiaire miocène,
non moins que les richesses paléontologiques que ce gise-
ment et beaucoup d'autres avaient fournies aux collections
du Musée et à celles de divers observateurs de notre pays.
Depuis cette époque, notre excellent confrère n'avait pas
cessé d'entretenir avec nous de scientifiques et affectueuses
relations. En 1866, il en donnait un nouveau témoignage
par un don d'objets provenant de la caverne de la Madeleine
qu'il o£&it pour notre Musée. L'un de nous, l'année suivante,
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278 RÉSUMÉ DBS SÉANCES.
venu à Paris pour étudier les galeries archéologiques de
l'histoire du IraTail à rezpositionuniTerselle, avait occasion
do le revoir et d*admirer Tordre très-méthodique des salons
d'antiquités préhistoriques auquel Lartet avait coopéré en
sa qualité de président de la commission chargée de les
organiser.
Durant le cours de ces bons rapports de confraternité fut
conçue, au sein de notre Société, la pensée de réunir au
Musée, dans un salon spécial, les antiquités préhistoriques
du département mises en regard, à titre de comparaison,
des spécimens provenant de toutes les stations préhistori-
ques et des objets ethnologiques apportés des pays sauva-
ges. Lartet se plut à encourager ce projet à . la réalisation
duquel il désirait coopérer par sa haute position dans la
science, ses titres d'ancien président et membre de plusieurs
associations scientifiques et de membre de la commission
du Musée national de Saint-Germain. Mais sa mort, hâtée
par la crise lamentable que nous avons traversée, vient de
laisser, comme dans les hautes sphères de la science, un
vide au sein de notre Société.
Né dans le Gers, le 15 avril 1801 , Edouard Lartet est dé-
cédé, d^ns ce département, le 28 janvier 1871 (t).
Son fils, M. Louis Lartet, remplace dignement notre re-
(l) Depuis la féaace de la Société, de mai 1871, la famille de notre
confrère a piblié une brochore intitulée : Vie et tfvaux d'Edouard Lar-
M. Jfntieu et dUeourt fu^liét à l'oceation de ta mort. Paris, G. Reinwald et
€'•, 1879. On trouvera dans eet intéressant recueil toutes les notions con-
cernant les éludes générales de Lartet. Celles qui sont consignées ici, n'ayant
pu 7 trouver place , par lear application restreinte aux travaux de notre
Société, auront au Moins l'intérêt de conserver, parmi nous, ie souvenir de
l'un de DOS plus regttttés confrères.
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MAI. S79
gretté confrère dans los belles études qni l'ont illustré,
aussi bien que dans nos sympathies. Elu membre de notre
Société, en 1869, il avait contribué au choix que la Société
géologique avait fait de la ville du Puy pour la session du
Congrès tenu cette même aimée. Il se distingua également
daus l'organisation et les travaux de cette laborieuse
assemblée.
Décès de Af. le docteur Andrieux.^ M. Je Président
fait part de la mort d'un autre de nos confrères non ré-
sidants, en exprimant aussi les regrets de là Société.
M. Ândrieux, docteur médecin, a succombé encore jeune.
Esprit élevé et pratique, il brillait par ses rares qualités
d'administrateur. II a été le créateur d*un remarquable
établissement d'hydrothérapie et de la Société d'horti-
culture et de viticulture de Brioude. Comme maire de
cette ville, il avait réalisé de notables améliorations. Ou-
tre ses diverses publications scientifiques, les services
publics et privés qu'il a rendus à son pays natal ren-
dront longtemps sa mémoire chère à ses concitoyens.
Question de l'assistance des membres de la Société
aitx séances. — M. le Président appelle l'attention de
la Société sur la question soulevée, dans la précédente
réunion, relativement à Texôcution de l'art. 3 du règle-
ment. Aux termes de cet article, le nombre des membres
résidants ne peut excéder Cinquante. Le titre de mem-
bre résidant emporte virtuellement l'obligation d'assister
aux séances mensuelles. Or, depuis plusieurs années,
quelques-uns de nos confrères ne s'y rendent plus ; dans
le courant de l'année dernière, neuf d'entre eux n'ont
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280 RRSUMÉ DES SÉANCES.
été préseats à aucune des réunions de la Société. Cette
abstention est un abus qui, à la longue, pourrait rendre
nos séances presque désertes. M. le Président demande
comment il serait possible d*y obvier.
M. Louis Balme exprime la pensée que Tart. 3 semble
être abrogé par la désuétude dans laquelle il est tombé.
M. le docteur Martel rappelle qu'il y a quelques an-
nées, on réclama Texécution de cette disposition du rè-
glement. Des candidatures au titre de membre résidant
s'étaient produites et un membre résidant qui n'habitait
plus le Puy, sur la demande qui lui fut faite, échangea
ce titre contre celui de membre non résidant. Si ac-
tuellement on recule devant des demandes analogues,
M. Martel émet l'avis que, pour ouvrir les rangs de la
Société aux candidats qui désirent prendre une part ac-
tive à nos travaux, le nombre des membres résidants
doit être rendu illimité.
M. Balme se rallie à cette dernière opinion.
M. le Président fait observer que c'est toujours chose
grave de modifier un règlement ancien et sagement
mûri. De plus, rendre le nombre des membres résidants
illimité comme celui des membres non résidants, ce se-
rait porter atteinte à la valeur du premier titre, lequel
ne serait plus aussi recherché, à cause de la facilité avec
laquelle on saurait pouvoir l'obtenir. D'ailleurs, notre
nouveau confrère M. Isidore Hedde, qui n'a pu assister
à la présente réunion, annonce l'intention de propose,
des modifications au règlement; peut-être conviendrait-il
de surseoir pour le tout jusqu'à la séance prochaines
£n attendant, la Société charge M. le Secrétaire d'é-
crire à ceux de nos confrères qui n'assistent plus aux
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MAI. 2H1
séances poar les préyenir qu'elle se propose de remet-
tre en yigaenr l'article 3 du règlement.
A sept heures, la séance est levée.
Le Secrétaire,
AuG. CHASSAING.
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SÉANCE MENSUELLE
DU LUNDI 5 JUIN
SOMMAIRE
Ledore du procès-verbal. — Mus<i : Dons d*an psautier des capocins de
Langeac ofTerl au nom du conseil de fabrique de l'église paroissiale de
cette ville par M. Aimé Giron. — OuvaAais niços: Culture des pommes
de terre. Effets des froids de l'hiver ïur les vignes et arbres fruitiers ; re-
marques îi ce sujet par M. le Président et MM. le docteur Langlois, Chevallier,
de Châteauneuf et Benott. Le sinapis arvetuis, Chaulage des terres d'après
un ouvrage de MM. Justin Dorlhac et Saminn. Concours régional de Gler-
mont, d'après un rapport imprimé de M. Félix Grellet. — Communications :
Observations de M. de Cliâieauneuf sur la mission et les charges qui incom-
bent aux Sociétés savantes dans les circonstances présentes. Station d'étalons
au Pny. Apostolidté desiglvtetic France, par M. l'abbé Frugère. Manuscrit
de Chabron sur la maison de Polignac. Reprise de la publication des Chroniques
d'fitieone Médicis. Rapport de M. Cheval lier-Balme, sur la candidature
de M. Jules de La Bâtie, au titre de membre non résidant; admission. De-
mande par M. Giron-Pislre, d'une mutation du titre de membre résidant
en celui de non résidant. Décès de M. Vibert; sa nécrologie par M. de
Brive, Président. Décès de M . Bonnet, concierge du Musée ; regrets expri-
més par M . le Président.
Présidence de M. de Briye.
A trois heures, la séance est ouverte.
Le procès-verbal de la précédente réunion est lu et
adopté.
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JUIN. 283
MUSEE.
Dons. — Psautier des capucins de Langeac et vieux
cadenas. — M. Aimé Giron, yice-secrétaire, rappelle
qu'à la séance du i*' août 1870, la Société, désireuse
d'accroUre la collection typographique qui est en voie
de formation dans notre Musée, avait accueilli avec
intérêt la proposition d'y joindre un grand et beau
psautier récemment découvert dans un réduit du
clocher de l'église paroissiale de Langeac. A la séance
suivante, notre confrère fit part du succès de ses dé-
marches et nous donna un succinct aperçu du livre.
Aujourd'hui que cet ouvrage est déposé sous les yeux
de la Société, notre confrère peut en faire une descrip-
tion plus détaillée.
Ce psautier paraît provenir d'un couvent de capucins
qui, depais l'an 4631 jusqu'à la première Révolution, a
existé à Langeac. Imprimé en 4686 chez les capucins
de Carcassonne, il est de format grand in-folio en deux
volumes de 405 et 406 pages sur très-fort papier velin
sans filigrane.
Il a pour titre : psalterium rohanuh juxta brrvia-
RIUM EX DEGRETO SANGROSANGTI GONGIUI TRIDENTINI
RBSTITUTUM IN DUOS TOMOS RESTITDTUM. CaVCaSSOnneB
apud Capucinos. m. dg. lxxxvi.
La première page frontispice renferme cet intitulé
dans une magnifique gravure, exécutée à Paris par Pi-
card dit le Romain, et dont le sujet est la Vierge imma-
culée, adorée dans le ciet par deux anges et sur la terre
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264 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
par deux religieux ; avec insignes des capucins au bas
de la planche.
L'impression du texte est, pour l'époque, un type re-
marquable de Tart typographique appliqué aux livres
liturgiques, soit à cause de la grandeur et de la forme
des lettres et de l'espacement des lignes, soit pour la
régularité du tirage, la vigueur et la pureté des encres
noire et rouge dans les alternances des lignes et les
titres courants et intercalations de mots qui jouent un
rôle si important dans ces sortes d'ouvrages. L'oeuvre
serait parfaite si parfois l'alignement des lettres ne lais-
sait à désirer.
La forme ou Y oeil de la lettre est en elzémr. Sa force,
en termes typographiques, répond au corps 1% ou triple
canon.
On n'admire pas moins les grandes lettres initiales
dites lettrines gravées sur un fond que décorent des
sujets divers tels que fleurons, figures d'animaux, cor-
beilles et vases de fleurs.
Le dernier feuillet du môme premier volume présente,
écrit à la main, en caractères semblables à l'elzévir du
texte imprimé, un hymne en vers saphiques à l'hon-
neur de l'archange saint Michel. Il est orné d'une grande
lettre initiale se détachant sur une gracieuse tige de
feuilles et de fleurs dont la coloration à l'aquarelle, au-
jourd'hui atténuée par le temps, ne devait pas être sans
éclat.
Enfin la reliure en basane est renforcée de coins en
cuivre ornementés, outre les plaques de même métal
ayant servi pour les courroies à fermoirs.
M. Aimé Giron offre également, pour la collection des
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JUIN. 385
pièces de serrurerie, trois cadenas en fer, dn dix-hui-
tième siècle, intéressants par leurs formes et leurs mé-
canismes assez curieux.
M. le Président exprime à M. Giron les remercîments
de la Compagnie.
OUVRAGES REÇUS.
Agriculture. — Culture des pommes de terre. —
M. le Président signale un article du Journal d'agri-
culttire de M. Barrai qui mérile d'être pris en sérieuse
considération, cette année, au sortir des crises terribles
de rinvasion et des intempéries du dernier hiver. Cet
article, signé par M. V. Chatel, le savant expérimen-
tateur en ces matières, est intitulé : Moyen très-facile
d'obtenir^ cette année, une abondante récolte suppléa
mentaire de pommes de terre, entre celle des fourra-
ges de printemps et les labours d'automne. Le moyen
consiste à exposer et à étendre dès à présent sur le
sol, au grand air et au jour, les pommes de terre
destinées aux plantations de juin ou même encore du
commencement de juillet. Sous cette double influence
du grand air et du soleil, ces tubercules verdissent, le
travail de germination se ralentit considérablement.
Les germes restent très-verts, courts et trapus. Dans
cet état, ils ne s'étiolent pas avant les plantations et
conservent, ainsi que les tubercules, toute leur force
végétative. Les pommes de terre ainsi semées poussent
immédiatement avec une grande vigueur et donnent,
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M6 RÉSUMÉ DES SÉAFTCBS.
après quatre mois ou quatre mois et demi de végàtation,
une aboudaule récolte exempte de maladies.
Vignes et arbres fruitiers, — ^Le même journal contient
un article concernant les effets du froid de l'hiver
4870 4874 sur les vignes du Bordelais. Dans beaucoup
de situations basses et humides, dans des terrains lé-
gers, sur des plateaux argilo-siliceux, à des expositions
méridionales, etc., on a vu les vignes se montrer insen-
sibles aux excitations du printemps et offrir les aspects
tristes et désolés du milieu de Thiver. La vigne a été
tuée sur bien des points dans ce terrible hiver de 4 870-
4874, par les basses températures et les alternatives su-
bites de gel et de dégel.
En ce qui concerne notre région, M. le docteur Lan-
glois constate qu'aux environs de Brioude bien des ceps
ont péri; les souches généralement atteintes sont celles
qui étaient élevées sur bois, 40 à 50 centimètres envi-
ron; celles au ras du sol n*ont pas souffert.
Cette remarque de notre confrère soulève la question
de savoir quelle doit être, pour la vigne, l'époque de la
taille. M. Chevallier-Balme a taillé après la vendange,
et chez lui aucun cep n'a péri. La souche, étant recou-
verte par une épaisse couche de neige, a échappé aux
rudes influences de la gelée.
M. de Brive dit que dans une vigne entourée de murs,
qu'il possède à Brive, les ceps courts ont généralement
résisté au froid autour des murs. Les ceps en espalier,
k bois élevé, sont morts, mais ils repoussent du pied.
Ces trois observations, se confirmant Tune par l'autre,
établissent un fait qui mérite d'être étudié plus complé-
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JUIN. 287
tement pour en déduire toutes les applications possi-
bles.
M. le Président signale ensuite les effets des rigueurs
du même hiver sur les arbres fruitiers. Les noyers ont
été gravement atteints, slls ne sont pas tués. Les ar-
bres des jardins, en quenouilles et espaliers , offrent
beaucoup de branches mortes. Ceux des vergers, plus
élevés et par conséquent plus exposés aux oscillations
et aux courants de Tair, en général, n'ont que peu souf-
fert. En somme , ce. sont les arbres fruitiers à noyaux
qui^ plus que tous les autres, ont éprouvé les rigueurs
de cet hiver exceptionnel.
M. de Chàteauneuf se demande si la gelée est bien
Tunique cause de la mort des arbres dont il vient d'ôtre
parlé, car il a observé que de petits arbres à l'exposi-
tion du nord ont résisté. La sécheresse qui a précédé
l'hiver n'entrerait-elle pas pour une part dans le désas-
tre de nos arbres fruitiers?
M. Benoît, sans rejeter formellement l'opinion de
M. de Chàteauneuf, pense que les arbres exposés au
nord ont été plus ou moins préservés parce qu'ils n'ont
pas subi, après les gelées, l'impression trop prompte du
dégel; on sait combien peuvent être funestes à certaines
essences d'arbres ces alternatives de température.
M. le Président ajoute que, chez lui, à la Darne,
commune de Coubon , le sol est d'une nature humide,
reposant sur un sous-sol constamment imbibé par les
infiltrations des eaux de la Loire et que, dans ces con-
ditions, ses arbres ont eu le même sort des autres. La
sécheresse ne lui paraît donc pas une raison à ajouter à
celle déjà très-grave delà rigueur hivernale. D'ailleurs,
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288 RÉSUME DES SÉANCES.
les arbres attaqués par la sécheresse dépérissent ordi-
nairement dès Tautomne.
Le sinapis arvensis. — M. le Président a remarqué
aussi, dans le Journal d'agriculture, un petit article
sous le titre : Un bon légume fourni par une mauvaise
plante. Il existe, dans les champs et les lieux incultes,
une plante trës-rirace et très-envahissante que le bétail
ne mange qu'avec une extrême répugnance. C'est le si-
napis arvensis, la moutarde blanche. Un agriculteur a
eu ridée de le faire entrer dans la consommation. L'ex
périence est assez concluante. M. de Brive demande si
ce végétal ne serait point celui que nos paysans dési-
gnent sous le nom de rabanelle. Il en enverra une tige
que M. Giron se charge de soumettre à Texamen d'un
botaniste pour en obtenir l'exacte délermination.
Chaulage des terres. — Notre confrère, membre non
résidant, M. Justin Dorlhac, et M. Saminn, auteurs
d'une brochure inlitulée : Utilité et nécessité du chau-
lage des terres, ont fait hommage d'un exemplaire à
la Société. M. le Président a beaucoup pratiqué le chau-
lage et il a lu, par conséquent, avec une grande atten-
tion ce nouvel appel à un procédé de féconde fertilisa-
tion € qui, disent les auteurs, depuis cinquante ans, a
quintuplé le rendement de la terre dans le département
de la Mayenne, et fait la fortune des propriétaires
comme des cultivateurs, » là surtout où Ton a donné au
sol beaucoup de chaux, à la condition de lui donner
aussi beaucoup de fumier. A cet égard, les auteurs ont
essayé de contredire H. Barrai dans son opinion que les
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JUIN. S89
agriculteurs de Tarrondissement de Chàteau-Gontier
avaient abusé du chaulage et que, par suite, l'épuisé-
ment du sol végétal le rendait moins productif; à quoi
ils répondent que <c c'est bien plutôt à un assolement
vicieux qu'on doit les résultats peu satisfaisants signalés
stir plusieurs points de cet arrondissement. » Mais les
observations de M. Barrai, qui avaient surtout en vue
la culture de la luzerne, probablement confondue par
les auteurs avec celle du trèfle, conservent une partie
de leur valeur. U n'en faut pas moins remarquer que le
mémoire de MM. Dorlhac et Saminn, outre le mérite
très-réel des études chimiques qui le recommande, a,
de plus, celui d'être très-instructif et utile dans ses
conclusions sur les avantages du chaulage des terres.
Les mêmes auteurs avaient déjà publié en 4866 un
mémoire remarquable au double point de vue agricole
et industriel. Il a pour titre : Du chaulage des terres et
de la fabrication de la chaux dans le département de
la Mayenne, Les renseignements qu'ils donnent sur le
chaulage ne sont pas moins intéressants que ceux relatifs
aux procédés de fabrication delà chaux; des planches
d'une parfaite exécution offrent des plans et coupes
de fours à chaux qu'on peut recommander comme
pouvant fournir une application dans notre pays.
Concours régional de Clermont. — La Société a re-
çu également d'un autre de nos confrères, M. Félix Grel-
let, secrétaire général de la Société d'agriculture du
Puy-de-Dôme, un compte-rendu du Concours régional
tenu à Clermont-Ferrand au mois de mai 4870. C'est un
exposé écrit & un point de vue critique, mais plein de
TOME XXXI. 10
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i90 nÉSUMK DES SKANCES.
modération et basé sur une série de faits indubitables.
L'auteur remarque que la partie granitique du départe-
ment du Puy-de-Dôme n'a pas été représentée au Con-
cours. Le motif de cette abstention, d'après M. Grellet,
est que l'agriculture, dans cette région, n'a réalisé en-
core que dé bien faibles progrèf^ sous le double rapport
de la production des fourrages et, par suite, de Télève et
de l'amélioration du bétail. Il est regrettable aussi qu'on
n'y ait que fort peu tenté l'emploi rationnel de la chaux,
éminemment propre à opérer sur ces terrains une vé-
ritable révolution agricole. M. Grellet critique les con-
cours régionaux sur d'autres points de leur programme,
entre autres leur mode de circonscription.
COMMUNICATIONS.
Mouvement scientifique. — M. de Châteauneuf
donne lecture d'une étude sur la mission et les charges
qui incombent aux Sociétés savantes dans les circons-
tances présentes. Ce travail a pour but de montrer
que notre Société, dont les efforts persévérants ont tou-
jours tendu à répondre au programme de son institution,
doit, plus que jamais, aborder tous les genres de tra-
vaux qui intéressent le progrès très-sérieux de l'agri-
culture^ des sciences, de l'industrie et des arts.
M. le Président exprime l'intention formelle de la
Compagnie de maintenir la tradition de ses vues labo-
rieuses dont elle a, d'ailleurs, donné la preuve en con-
tinuant, pendant le cours des désastres qui ont affligé
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JUIN. 291
la patrie, de te&ir ses réunions, nourries , toutes, de
communicatioDS ayant un intérêt d'actualité.
Agriculture. - Station (T étalons au Puy. — H. le
Maire de la yille du Puy, à propos d'une proposition de
M. le Préfet de rétablir au Pu; une station des étalons
d'Aurillac, a écrit à M. le Président pour le consulter
sur la question de savoir jusqu'à quel point cette mesure
intéresse la production chevaline dans notre pays. Il
demande également si les Irais de location de Técurie
des étalons et du logement du palefrenier incombaient
jadis à la Société d'agriculture .
M. le Président rappelle que le Conseil général votait,
chaque année, une somme de 200 francs affectée au lo-
cal des étalons. Mais cette somme ne passait jamais par
les mains de la Société : le propriétaire de l'écurie la
touchait directement. En ce qui concerne la réalisation
de la mesure proposée, l'assemblée estime que, par suite
du retard apporté à la proposition de M. le Préfet, l'ap*
pel des étalons du gouvernement est inopportun, au
moins pour cette année. Il sera répondu dans ce sens &
M. fe Maire.
RisToiBE. — Apostolicité des Églises de France, —
M. Tabbé Prugôre lit un rapide historique de la ques*
tion de Tévangélisation des Gaules au premier siècle.
Ce mémoire embrasse principalement les travaux d'é-
rudition mis au jour sur celte question de critique bis-'
torique, depuis 4848 jusqu'à ce jour.
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t9S RÉSUMÉ DBS séauges.
L'assemblée, intéressée par cette communication qui
pourra être utile aux personnes qui font de cette étude
l'objet de leurs recherches, décide la publication du
travail de notre confrère dans les Annales.
Manuseriê de Chabron sur la maison de Polignac.
-— M. le Président annonce avec douleur qu'au milieu
des désastres civils qui ont ensanglanté et incendié Pa-
ris, a péri Thôtel de M. le duc de Polignac dans lequel
se trouvait THisloire manuscrite de la maison de Poli-
gnac, par Chabron. Toutefois il avait été réservé à no-
tre Société la bonne fortune d'obtenir à temps une co-
pie de ce précieux document. L'œuvre a donc échappé
ainsi à la destruction; et M. de Brive, à la demande de
qui le manuscrit nous avait été communiqué, sera heu-
reux de retourner à M. de Polignac son généreux pro-
cédé en lui faisant part, à son tour, de la copie des fas-
tes de ses glorieux ancêtres.
L'assemblée témoigne qu'elle s associe pleinement aux
sentiments exprimés par son président et le prie d'en
transmettre le témoignage à M. le duc de Polignac.
Chroniques manuscrites de Médicis. — M, le î^ré*
sident a la satisfaction d'apprendre à la Société la re-
prise de l'impression des Chroniques d'Etienne Médicis,
Notre secrétaire, M. Chassaing, qui consacre au service
de notre histoire ses intelligentes études, &it impri-
mer le deuxième volume, lequel partagera, sans nul
doute, le succès de celui qui l'avait précédé; on en juge
déjà par de nombreuses notes qui contiennent beaucoup
de renseignements inédits et d'un véritable intérêt his-
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JUIN. 893
toriqae. M. de Brive exprime à notre confrère les féli-
citations de la Compagnie.
Personnel de la Société. — Admisiion d'un nou-
veau membre. — M. Cbevallier-Balme, au nom de la
commission chargée d'examiner un travail présenté par
H. Jules de La Bâtie, candidat au titre de membre non
résidant, lit le rapport suivant :
Messieurs,
M. Jules de La Bâtie, avocat, ancien membre du Ck>n8eU
général de la Haute-Loire, sollicite l'honneur de s'associer
à votre Compagnie comme membre non résidant et, dans
ce but, il vous a présenté un mémoire intitulé : De la condù
tion des classes ouvrières dans le département de la Haute"
Loire.
Le titre seul de cette notice éveille l'intérêt et comporte,
soit au point de vue général, soit au point de vue local, des
considérations que l'auteur a développées avec talent. Au
nom de votre commission, j'ai Thonneur de vous présenter
l'analyse de ce remarquable travail.
Depuis un demi-siècle, une heureuse transformation s'est
accomplie dans la condition sociale des ouvriers. AÛranchis
comme hommes par la Révolution qui leur avait donné
l'égalité devant la loi et comme ouvriers par la suppression
des maîtrises, ils ont participé aux bienfaits de la loi de
1833 sur l'instruction primaire qui, en les délivrant de la
servitude de l'ignorance, a créé presque partout des écoles
gratuites et multiplié dans les villes les divers cours ren-
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294 RÉSUME DES SÉANCES.
dant tontes les carrières accessibles au travail et à la capa-
cité. ^
Si les causes de l'inégalité des fortunes sont inévitables
et permanentes, on a cherché les moyens d'alléger, autant
que possible, la pauvreté en mettant l'utile et quelquefois le
confortable à la portée des travailleurs de toute nature.
Ce qu'ils ne pouvaient se procurer auparavant qu'au prix
de l'or, ils l'obtiennent aujourd'hui dans des conditions très-
inférieures, par suite des progrès incessants de l'industrie.
Dans tous les grands centres, l'intérieur des manufactures
où l'ouvrier passe la plus grande partie de sa vie, témoigne
de la sollicitude que Ton montre pour son bien-être; par-
tout il y a préoccupation constante de l'hygiène, de l'ali-
mentation et de l'éducation de la classe ouvrière. Enfin, par
de véritables prodiges, la science a transformé les machines,
souvent redoutables, en instruments dociles et inoffensifs
de la volonté et de l'intelligence humaine.
Une page détachée du mémoire de M. de La Bâtie com-
plétera cet aperçu général et vous permettra, messieurs,
d'apprécier les connaissances approfondies de l'auteur en
pareille matière.
« On comprend, dit-il, cette sollicitude qui anime tous
jes hommes sérieux, vrais amis de l'humanité, pour les
questions si nombreuses, si complexes qui se rattachent aux
intérêts de la classe ouvrière.
c Autour de ces questions, en effet, viennent se grouper
les problèmes les plus ardus des sociétés modernes : l'ins-
truction et l'éducation, les droits et les devoirs politiques,
la hiérarchie sociale, le patronage, l'association, le crédit,
les grèves, l'assistance publique, le paupérisme, etc., etc.
c Rien qu'à cette nomenclature quelques esprits s'ef*
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JUIN. 295
frayent, tant il est vrai que toutes choses renferment en
elles le germe du bien et du mal. - ^^
c Mais le progrès est la loi de Thamanité ; il ne faut s'ef-
frayer ni des mots ni des choses ; Us onl eu raison, ceux
qui n*ont pas cru à Tétemité de la misère.
« Elle sera définitivement abolie dans un État, le jour où
on gouvernement sage, avec l'aide de ses meilleurs citoyens,
facilitant le travail à tous les hommes valides, développant
les associations ouvrières, extirpant les vices qu'on rencon-
tre trop souvent encore dans la classe des travailleurs, as-
sistant les vieillards et les infirmes, aura pu ainsi assurer
à tous des moyens réguliers de subsistance.
« Concourir à cette grande œuvre pour une part tant mi-
nime qu'elle soit, est, à Tépoque oii.nous vivons, un devoir
qui s'impose à tous les esprits soucieux de l'avenir de la
société. •
M. de La Bâtie arrive ensuite à examiner la condition
des classes ouvrières dans le département de la Haute-
Loire.
Selon lui, deux centres attractifs y existent. Tandis que
les rapports de mœurs et de relations lient l'arrondissement
d^ Brioude avec Glermont-Ferrand, nous voyons l'arrondis-
sement d'Yssingeaux et une grande partie de celui du Puy
converger incessamment vers Saint-Etienne et Lyon.
Ces divers centres offrent à l'écoulement de nos pro-
duits et à l'emploi des forces ouvrières, des ressources fé-
condes ayant pour puissant auxiliaire la voie ferrée qui
sillonne le département. Il en est résulté, dans les mœurs
des habitants de nos montagnes, un adoucissement notable
auquel ont puissamment contribué les progrès de l'instruc-
tion et de l'éducation.
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296 RÉSUMÉ DBS SÉANCES.
Malgré ces conséquences favorables au bien-être de nos
ouvriers, M. de La Bâtie signale, à juste titre et avec désir
de la voir disparaître, la fréquentation abusive des cabarets
dont le nombre n'est que trop grand, eu égard à la popula*
tion. Gomme il le dit fort bien, ce vice ne peut se réformer
que par les mœurs elles-mêmes.
En continuant l'analyse de son mémoire, je constate avec
lui que ceux qui cultivent la propriété si divisée dans notre
département sont en général robustes, laborieux et relative-
ment sobres; ils luttent avec succès contre l'âpreté du cli-
mat et les asp.érités du sol. Aussi, il y a peu de gens pau-
vres dans nos campagnes ; il est vrai d'ajouter que la cbarité
publique et privée vient en aide aux malheureux.
Mais d'autres causes concourent au bien-être qu'on re-
marque dans nos contrées. La principale tient au développe-
ment de l'industrie dentellière.
Chacun sait que cette industrie est une source féconde
procurant non-seulement un travail assuré à un nombre
considérable d'ouvrières, mais encore contribuant à l'ac-
croissement de la fortune des cultivateurs.
Dans le rapport du jury international de l'Exposition
universelle de 1867, M. Félix Aubry, président de la classe
33, donne l'appréciation suivante sur l'industrie de notre
contrée :
ff Le Pot. — Si. la fabrique de Mirecourt est la plus apte
du monde à créer des nouveautés, celle du Puy est la plus
importante. Elle s'étend dans quatre déparlements de l'Au-
vergne (Haute-Loire, Cantal, Puy-de-Dôme, Loire), et
donne de l'occupieition à près de cent mille femmes et jeu-
nes filles répandues dans les montagnes. Le centre du mar-
ché est au Puy.
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JUIN 99?
c Les dentelles d'Auvergne, variées dans lears types,
sont surtout réputées pour leurs bas prix relatifs» les ouvriè-
res de ce groupe industriel, stimulées par quelques person-
nes énergiques et éclairées (1), ont fait de notables progrès
depuis dix an^. Elles savent se plier à la demande du mo-
ment, utilisent toutes les matières textiles : les ûls de lin,
de soie, de coton et de laine en toutes couleurs; et, lorsque
un genre cesse d*être demandé, elles modifient leur travail,
emploient un filé nouveau et changent rapidement leura
productions.
• Cette fabrication est des plus actives ; elle se perfec-
tionne chaque jour.
• De toutes les manufactures de dentelles, en France et
à l'étranger, aucune ne provoque un commerce d'exporta-
tion aussi considérable que celle du Puy. »
Pour prouver, s'il en était besoin, la vitalité de notre
grand centre de production, qui s'est affirmée môme au mi-
lieu des immenses désastres de la France, je suis heureux
de faire remarquer que, pour l' industrie dentellière, la crise
a été moins' fatale qu'on ne l'aurait craint. On a lutté avec
énergie, ayant foi dans un avenir meilleur et si l'impor-
tant débouché de la capitale a manqué pendant de longs
mois, les étrangers en nombre sont venus visiter la fabri-
que du Puy, créer de nouvelles relations et fortifier les
anciennes.
Ce ne sera peut-être qu'un déplacement momentané de
la clientèle, mais il n'en aura pas moins montré la route
(1) Notamment par les membres de la Société d'agricnlture du Puy, avee le
eoneours du Conseil général et des administrations préfectorale et municipatç.
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S98 RÉSUMÉ DES SÉANCRS.
dn Pny à de nombreax acheteurs étrangers qui emportent,
avec le souvenir d un marché bien approvisionné, celui de
nos sit^s pittoresques, ce qui fait qu'ils ne nous disent ja-
mais : Adieu ! mais bien : Au revoir !
M. de La Bati^ signale avec étonnement Tinfériorité du
salaire des ouvrières de la Haute-Loire; mais comme il
base son appréciation sur une statistique officielle de 1856
et que, depuis cette époque, des progrès considérables ont
été apportés à la fabrication et ont entraîné une hausse dans
les prix, je ne réfuterai son observation qu'en indiquant la
moyenne des salaires relatée dans le rapport du jury inter-
national dont j'ai eu l'honneur de vous donner un extrait.
Je cite encore ici les assertions de M. Félix Aubry :
c On estime que le nombre dés dentellières en France
s'élève à deux cent mille femmes et jeunes filles. Leur sa-
laire est en moyenne de 1 fr. à 1 fr. 50 c, par journée de
dix heures de travail ; il y en a qui gagnent jusqu'à 3 fr. 50.
Ce prix varie nécessairement suivant les lois générales et
plus encore en raison de la loi spéciale qui domine cette in-
dustrie, c'est-à-dire de la mode, avec ses exigences impé-
rieuses et fugitives. »
En attribuant, d'après le même rapport, cent mille ou-
vrières à la production qui se centralise au Puy et en con-
sidérant aussi que, de toutes les manufactures en France et
à l'étranger, aucune ne provoque un commerce d'exportation
aussi considérable, j'arrive à conclure que, dans notre dé-
partement, la moyenne des salaires peut s'évaluer aujour-
d'hui de 1 fr. à i fr. 50.
n me reste, Messieurs, à analyser la partie du mémoire
de M. de La Bâtie, qui concerne les ouvriers de la petite in-
dustrie.
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JUIN. 299
En 1856, la nomenclature officielle en élevait le nombre
à cinquante-neuf corps d'état. Depuis lors, et par suite de
l'établissement des chemins de fer, il y a eu évidemment
une progression assez importante.
Déjà, de 1853 à 1857, il y avait eu, sur les salaires, une
augmentation de 14 0^0 qui a dû croître en raison du ren-
chérissement des denrées.
Si Ton considère ensuite que les produits industriels su-
bissent une loi inverse de dépréciation, on peut remarquer
que ce résultat permet aux classes laborieuses de se nour-
rir, loger et vêtir plus convenablement et à meilleur marché.
Les ouvriers des différents corps d*état qui travaillent
principalement dans les villes sont payés à un prix relative-
ment supérieur à la moyenne des salaires en France, c'est-
à-dire de 1 fr. 50 à 2 fr. et de 2 fr. 50 à 3 fr. pour les pro-
fessions qui exigent plus d'aptitude.
D'un autre côté, le prix des denrées alimentaires offre à
la comparaison une moyenne inférieure à celle de la France
entière; il faut donc en conclure que, dans la Haute-Loire,
les ouvriers de toutes les industries se trouvent dans des
conditions exceptionnellement avantageuses.
Telle est, messieurs, l'esquisse à grands traits du mé-
moire produit par M. de La Bâtie. Ce remarquable travail, lu
avec le plus vif intérêt par votre commission, comporterait
une analyse plus détaillée, mais nous savons tous que ce
candidat sera pour la Société un collaborateur plein de lu-
mières et de zèle; aussi la commission a-t-elle unanime-
ment conclu à l'admission de M. Jules de La Bâtie au titre
de membre non résidant.
Le scrutin, auquel il est ensuite procédé, donne la
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300 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
majorité des voix à M.Jules de La Bâtie, qui est procla-
mé membre non résidant.
Demande de mutation du titre de membre résidant
en celui de non résidant. — Il est donné lecture d'une
lettre par laquelle M. Giron-Pistre demande que son
titre de membre résidant soit converti en celui de non
résidant. Notre confrère, souvent empêché d'assister aux
réunions de la Société, pense qu'il ne doit pas occuper
une place qui serait plus activement remplie par un
membre nouveau.
M. le Président, en adhérant au judicieux principe
émis par M. Giron-Pistre, annonce que des mesures ul-
térieures seront prises pour déterminer h quel titre les
membres parfois absents ou démissionnaires resteront
dans le sein de la Société. Quant au petit nombre de
membres manquant depuis plus longtemps aux séances,
ils ont été mis en demeure par M. le Secrétaire, afin de
savoir si la mesure générale qui sera prise devra leur
être appliquée. Il est donc probable que la Société
pourra statuer définitivement & ce sujet dans sa pro-
chaine réunion.
Déch de M, Vibert, membre résidante — M. le Pré-
sident exprime les profonds regrets de la Société au su-
jet de la mort de notre confrère M. Vibert père, membre
résidant, conservateur de la section des beaux-arts et
directeur du Musée. Il lit ensuite la notice nécrologique
que voici :
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JUIN. 304
Messieurs,
Depuis votre dernière séance, la Société a perdu un de
ses membres les plus anciens et les. plus distingués, dans la
personne de M. Vibert père.
Né en mai 1800, J. N. Vibert perdit son père et sa
mère de très-bonne beure et fut confié, dès Tâge de neuf ans,
à un vénérable ecclésiastique, qui. exerçait les fonctions eu-
rialôs à Jax, près de Fix. On a attribué à cet isolement de
toute famille et à son séjour solitaire dans les montagnes, dans
un âge ot les impressions sont si vives et si durables, la
teinte de mélancolie douce et sérieuse qui se refléta sur son
caractère et dont il ne se départit presque jamais dans le
cours de sa Vie. Il acbeva ses études au collège du Puy, qu'il
quitta pour aller à Lyon, avec plusieurs de ses condisciples >
étudier et pratiquer Tart de dessinateur en fabrique. Ses
succès lui valurent des offres avantageuses de la part d'une
maison* importante de Paris et il partit pour la capitale
vers 1824.
Le séjour de la grande ville et la vue des cbefs-d'œuvre
de tout genre qui y abondent, révélèrent sans doute à notre
jeune dessinateur ses dispositions naturelles pour les arts.
Car, peu de temps avant son départ précipité de Paris, il
était devenu l'élève d'un peintre de mérite et il avait fré-
quenté pendant trois mois l'atelier à' Hersent. C'est, avec
les leçons de dessin que lui avait données M. Giraud père
au collège du Puy , la seule éducation artistique qu'il ait
jamais reçue. La nature et ses observations personnelles
firent le reste.
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30? RÉSUMR DES SÉANCFS.
En 1827, rappelé au Puy par la mort de son frère, son
goût pour les arts le rapprocha vite de M. de Becdelièvre et
des personnages éminents qui avaient fondé la Société d*a-
griculturê« sciences et arts. Ce fut dans le courant de cette
même année qu*il en fut reçu membre titulaire et, trois ans
après, en 1830, qu*il fut appelé, soit comme directeur des éco-
les industrielles de la Société, soit comme conservateur de
la section des beaux arts au Musée, à succéder à M. dé Bec-
delièvre que les événements politiques de cette année avaient
éloigné des affaires publiques. A partir de ce moment, il se
consacra tout entier à rexeroice de ces deux importantes
fonctions qu*il a pratiquées jusqu'à sa mort avec un zèle et
un dévouement sans bornes.
Jusqu'en 1842, M. Yibert n'avait appliqué son goût pour
le dessin qu'à des croquis et des charges qui faisaient de
son album un objet de curiosité pour les uns et de terreur
pour les autres. Jusqu'alors également, il s'était contenté de
signaler ses dispositions poétiques par de petites poésies
qu'il adressait à VÀbeiUe caitchoise sur des sujets indiqués à
l'avance.
Mais, en 1842, l'une des meilleures toiles de notre Musée
dépérissant de jour en jour, il consi léra comme un devoir
de sa charge de s'occuper de la restauration du Caton d'Util
que. Il eut le courage de l'entreprendre et le bonheur d'y
réussir. Il en ût une copie réduite très -exacte. Plus tard, il
copia également la BacchanU de Miéris et avec un tel succès,
que les spectateurs avaient quelque peine à distinguer la
copie de l'original.
En 1844, il esquissa son premier tableau de genre» un
Groupe de dentellières, consacra plusieurs mois à son exécu-
tion et vit ses efforts récompensés par l'admission de son
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JUIN. 303
-œuvre à l'exposition de Paris, en 1845. Ce petit tableau,
qui rappelle heureusement l'école hollandaise, eut le privi-
lège d'attirer l'attention des maîtres. L'année suivante, il
fit le pendant de ce premier tableau, la Noce de campagne.
Malgré les succès qu'obtinrent ces œuvres, M. Yibert dut
bientôt renoncer à la peinture, dunt le travail trop séden-
taire avait porté atteinte à une santé naturellement vigou-
reuse. C'est alors qu'il s'adonna plus particulièrement à la
poésie et il ne quitta, pour ainsi dire, une sœur que pour
courtiser l'autre avec plus d'assiduité. Vos Annales ont pu-
blié successivement : Le Marché aux cheveux, une Réponse à
M, F, Bernard, une EpUre à M, F. fiandet, À .mon Pays,
l'Espérance et t Illusion, et plusieurs de ces pièces avaient
déjà été applaudies dans nos séances publiques dont elles
faisaient l'un des principaux charmes.
M. Vibert avait fait partie longtemps du Conseil munici-
pal du Puy et avait été membre de la commission pour l'é-
rection de la statue colossale de la Sainte Vierge et de
beaucoup 4'autres d'une moindre importance. Dans l'exer*
cice de toutes ces fonctions publiques, il apportait un juge-
ment si sûr et une si consciencieuse appréciation, que mal-
gré son extrême modestie, son opinion avait toujours une
grande influence sur les décisions à prendre.
Mais les soins qui préoccupèrent le plus ses dernières an-
nées furent le transfert du Musée Sainte- Marie au Musée
neuf du Fer- à-Cheval et plus tard l'installation, au Musée
Crozatier, des objets d'art, tableaux et statues dont il avait
la responsabilité, et en&n la préparation minutieuse des élé-
ments du Catalogue de la section des beaux- arts du Musée.
Ce dernier travail couronna dignement sa vie d'artiste, en
facilitant à tous nos compatriotes et aux nombreux étran-
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301 RÉSUME DES SÉANCES.
gers qni viennent visiter notre Musée, leurs études et leurs
appréciations.
C'est au milieu de ces travaux que la maladie qui nous-a
ravi notre cher confrère, est venue le surprendre. La mort de
M. Vibert père a ainsi été un deuil profond, non-seulement
pour sa famille qui le vénérait, pour les nombreux amis
que sa nature sympathique lui avait faits, mais surtout pour
notre Société donc il avait été un des membres à la fois les
plus dévoués et les plus utiles.
Personnel du service de la Société. — Décès de
M, Bonnet, concierge. — Au sujet de la mort de ce zélé
et fidèle serviteur que la Société déplore, M. le Pré-
sident rappelle que M. Bonnet remplissait depuis bien
des années la modeste charge de concierge de la Société
et du Musée, t Trois mots, dît-il, le caractérisaient pour
le rendre digne de nos regrets : extrême assiduité, grand
dévouement, parfaite honnêteté. >
M. de Brive ajoute qu'il s'est entendu avec le maire,
notre confrère M. Vinay, et il a été convenu qu'à rai-
son des bons services du vieux serviteur, sa femme et
ses . filles seront provisoirement maintenues dans sa
charge.
La séance est levée à six heures.
Le nce-secrétaite,
Aimé GIRON.
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SÉANCE MENSUELLE
DU 11 JUILLET
SOMMAIRE
Lectarc dn procès-TerbaU — Mus<k : Dons d'objets préhistoriques (silex
taillas, etc.) de Cliassey (SaAne^t-Loire), par M. Pemalt; de deax rases en
poterie des âges de la pierre polie et da bronze, trouvés dans le département
par MM. Garde et Rambaut; d'an morceau de poutrelle sculptée» offert par
M. Girard; de nombreuses pièces de Toutitlage des anciens orfivres du Puy,
par IIM. Gillet-Paris et Babany; d*on moulage de matrice ^ mouler une
image de Notre-Dame do Puy, par N. Hector Falcon. Acquisition d'une
vieille tasse de muletier en cuivre. Don par M. Mestre, de Langeac, de deux
haches et de pierre de fronde en pierre polie, provenant de peuplades san«
vages. — OuvaAOBs nvçns : Fauchage des céréales et moyettes. Le tinapit
arvensis; notice sur cette plante, par M. Fiston. Autre plante dite épinard
de Jérutttlem. Emploi du sel pour la culture des asperges. La peste bovine.
Destruction des vers blancs. Cultures Si l'eau dVgoût. Origine des armoiries,
d'après on mémoire de M. A. de Barthélémy. Observations de M. Aymard
sur les sceaux, les armoiries, les pancartes consulaires, etc., dans notre pays.
— Communications : Fauchage des céréales. Nouveau modèle de fourche.
Les grands jours au Puy, en 1666. Décision concernant la copie du manuscrit
des antiquités bénédictines de Dom Estiennot. Impression du deuxième vo-
lume des Chroniques de Mèdicis. Projet de conférer au président les fonctions
.de directeur du Musée. Ajournement de l'élection du conservateur des
beaux-arts. Remereîments de M. Jules de La Bâtie, pour son admission k la
Société. M. Mestre, de Laogeac, nommé membre correspondant.
TOME ZXXI. 20
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306 R&SUMÉ DES SÉANCES.
Présidence de H. de Brive.
La séance est ouverte à trois heures
Le procès-verbal de la précédente réunion est in et
adopté.
MUSÉE. •
Dons. — Archéologie préhistorique (silex taillés,
vases, etc), outillage d'orfèvrerie, bois sculpté, vieille
tasse de muletier, instruments de peuplades sauva-
ges. — M. Âymard donne les explications suivantes sur
les objets offerts au Musée depuis la dernière séance et
qui sont déposés sur le bureau :
« M. Ernest Perrault qui, dans un mémoire intéres-
sant sur des fouilles effectuées par lui-même à Chassey
(Saône -et-Loire), a signalé des foyers préhistoriques,
nous a envoyé diverses pièces provenant de ces explo-
rations. On y remarque quinze silex taillés en grattoirs,
en lames, pointes, petites scies et des morceaux de pote-
ries en terre cuite, façonnées à la main et offrant, entre
autres particularités, diverses variétés d'anses et de
tubérosités à trous de suspension. 11 y a aussi quelques
dents molaires d'une espèce de bœuf.
« La Société, qui ne se préoccupe pas moins de l'élude
des temps préhistoriques dans notre pays, a, depuis plu-
sieurs années, consigné dans ses Annales des découver-
tes qui rappellent ces âges reculés, entre autres une sé-
pulture par inhumation trouvée au Puy, dans la prairie
communale du Breuil et caractérisée par la présence de
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JUILLET. 307
silex taillés; ainsi qu'une station dont nous avions si-
gnalé des restes consistant en silex taillés et débris de
poteries plus ou moins grossières, recueillis au contact
des grottes de Peylenc, commune de Saint -Pierre -
Eynac. C'est à la fin de Tâge de la pierre taillée, con-
temporaine, comme on le croit, des monuments mégali-
thiques, dolmens, roches à bassins, etc., que ces divers
débris peuvent être rapportés. L*&ge du bronze nous a
fourni aussi des/ haches, épées, bracelets, etc., prove-
nant de diverses localités et conservés au Musée.
« Nous avons aujourd'hui à mentionner des restes de
deux vases curieux, en terre cuite et façonnés à la main,
Tun de l'âge de la pierre polie, l'autre de l'âge du bronze,
autant du moins qu'on peut en juger d'après leur fac-
ture. La première de ces poteries était entière, lorsqu'elle
fut découverte au fond d'une tranchée du chemin de fer,
à environ 8 mètres de profondeur, près du lieu de Cor-
mail, commune d'Espaly. Les ouvriers n'en conservè-
rent que quelques morceaax qui, rujustés ensemble, sont
suffisants pour indiquer la forme du vase à panse irrégu-
lièrement ovoïde sans pied ou base ; probablement à
col plus ou moins court et droit; ainsi que sa dimension
ayant dû mesurer environ 33 cçntimètres de hautear et
0,19 cent, de grosseur au milieu de la panse. Ces mor-
ceaux de vases révèlent, dans leurs cassures, une terre
argileuse dont la pâte, parsemée de grossiers grains de
quartz et généralement noire, passe parfois au rou-
geâlre aux parois externe et interne , indices d'une
cuisson imparfaite. Toutefois on observe que la paroi
externe a été unie avec grand soin et en quelque sorte
lissée à la main.
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.308 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
< C'est à M. Louis Garde, avoué au Puy, que l'on
doit la GOBserraliou de ces intéressants restes de pote-
rie* II les a recueillis des mains des ouvriers et a bien
voulu nous les offrir.
< Ayant visité avec lui le lieu de la découverte, j'ai
-trouvé, à peu de distance de cet endroit, dans les déblais
rejetés hors de la tranchée, une hachette en pierre po-
lie (ûbrolithe) qui peut avoir été enfouie à la môme épo-
-que que le vase.
< L!autre vase qui, comparé à des poteries analogues
trouvées dans d'autres contrées, peut être attribué à
J'ftge du bronze, a été découvert également par suite
.des travaux de chemin de fer sur les bords de TAlIier
et donné au Musée par M. Rambaut, entrepreneur. Les
fragments qui nous ont été remis permettent, au moins
, approximativement, d'en reconstituer la panse globu-
loïde et grosse d'environ 0,12 cent. Celle-ci est ornée,
vers le milieu de sa hauteur, d'une large zone de dessins
en creux figurant des alternances de chevrons et de
points, entre des lignes de traits parallèles; le tout
bordé, de chaque côté de la zone, par une ligne d'en-
coches en guise de frange ou de dentelure; combinaison
de dessins qui, pour avoir été exécutée à la main, au
moyen de quelque poinçon en bois ou en os, n'est pas
sans élégance. La terre est assez bien cuite, à pâte fine
et de couleur rouge noirâtre.
A Nous avons reçu un morceau de poutrelle ornée
d'une léle d'animal, à la gueule béante qui, d'après le
: style de la sculpture, semble indiquer le XIV' ou le
.XV* siècle. Cette pièce, donnée par M. François Girard,
charpentier, a été trouvée au Pùy dans les décombres
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JUILLET. 90$^
d'une maison de la place du Plot. Elle doit provenir,
soit d*un support de galerie intérieure, soit de Fun de
ces forgets de nos yieilles maisons, lesquels jadis cons*
tituaient, au-dessus du rez-de-chaussée, un avant-corps
en saillie sur la rue.
< L'orfèvrerie, industrie autrefois très-florissante
dans la ville du Puy, nous sollicite à recueillir des spé-
cimens de ses vieux produits. La collection, qui est en
voie de formation au Musée, vient de s'enrichir d'an
certain nombre d'objets d'outillage, tels que poinçons
d'acier qui naguëres servaient à estamper des plaquettes
pour bijoux, croix, saint-esprit, rosettes, pendants d'o-
reille, chatons de bagues, etc. Nous en devons l'offrande
à notre confrère M. Gillet-Paris. D'autres outils, en
particulier un mortier en bronze et une presse à moule
pour pièces ouvragées en argent, ont été donnés par
M. Rabaify, orfèvre, et complétés par l'achat d'assez '
nombreux modèles en plomb, de poinçons en acier,
d'un mortier en agate et de matières diverses à
émailler, le tout provenant de divers ateliers de nos
argentiers et orfèvres.
€ C'est au Puy également qu'a été trouvée et achetée
une petite coupe en enivre avec anse élégamment for-
mée de deux serpents, qui porte gravée la date 1664.
Elle ressemble à la tasse h déguster le vin, vulgairement
taie, dont se servent les rares muletiei*s qui, de temps
à autre, viennent encore visiter notre ville. Probable-
ment elle était employée au môme usage.
< La vieille image de Noire-Dame du Puy représen-
tée avec tons ses accessoires, niche ou tabernacle, au-
tel, anges adorateurs, etc., se voit sur un moulage en
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340 RÉSUMÉ DES SÉAIfGES.
plâtre que M. Hector Falcon a fait exécuter pour le Mu-
sée, d'après un moule en bois qu'il possède et qui ser-
rait, sans doute, à la confection de tableaux pieux à
sujets en relief. »
Ethnologie. — A titre de comparaison avec les ha-
ches préhistoriques en pierre polie, le Musée a reçu
deux semblables instruments et deux pierres de fronde,
spécimens curieux d*outils et d*armes employés, de nos
jours, par des peuplades sauvages. Ces objets ont été of-
ferts par M. Meslre, capitaine en retraite, à Langeac.
M. le Président exprime aux donateurs les remercî-
ments de la Compagnie et à M. Aymard l'intérêt avec le-
quel rassemblée a entendu ses scientifiques explications.
OUVRAGES REÇUS.
Agricultdrc. — Fauchage des céréales *Moy elles,
— La pratique des moyettes est conseillée dans le der-
nier numéro du Journal d'agriculture pratique, afin,
dans les grandes exploitations, d'éviter la presse des
moissons, échapper aux aléa de la saison des orages
subits et désastreux et bénéficier d'une différence dans
les salaires. En effet, on peut échelonner ainsi sur
plusieurs semaines la grosse opération des moissons et
sans le concours de nombreux ouvriers. Mises en
moyettes, les gerbes mûrissent à l'abri de tous les ris-
ques de température. On sait que, pour le système des
moyettes, le grain est bon à couper, lorsqu'il est encore
vert et s'écrase sous la simple pression des doigts. Si
les moyettes sont bien faites, il n'y a pas d'égrenage :
mûrissant lentement, sans coups de soleil, sans avarie,
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JUILLET. 31 1
le grain acquiert de la qualité pour la vente ; sa farine
se présente plus blanche. Mais pour la semence, il pa-
rait résulter de la plupart des expériences qu'il vaut
mieux récolter en complële maturité.
Culture du trèfle. — k propos d'une petite machine,
dite cueille-trèfle, le Journal d'agriculture progrès^
sive rappelle quelques principes sur la culture du trèfle
et la récolte de la graine. Sous ce dernier rapport, quelle
que soit la manière de procéder, trop souvent on re-
cueille la graine en vue seulement du commerce et
dans de mauvaises conditions de maturité' et de soins.
Aussi doit-on signaler la dégénérescence de cette pré-
cieuse plante; c il serait à désirer, dit M. le Président,
que quelques-uns de nos confrères s'occupassent de re-
cueillir chez eux les graines de trèfle et de luzerne, afin
de les obtenir pures. Les graines sont devenues très-ra-
res et très-coûteuses dans les années de sécheresse que
nous venons de traverser. Celte année, elles se sont
vendues jusqu'à 4 fr. 40 et 4 fr. 50. La graine de rave
se trouve dans les mêmes conditions : à Cayres, elle a
été vendue jusqu'à 5 fr. la livre. »
Le sinapis arvensis. — Un des derniers articles du
Journal d'agriculture pratique revient sur remploi
dans Talimentation du sinapis arvensis (moutarde
blanche), signalé par M. le Président dans la précédente
séance de la Société. La plante, connue dans nos cam-
pagnes sous le nom AerabaneUe, est bien le sinapis ar-
vensis, M. Fiston, inspecteur des postes au Puy et mem-
bre de la Société botanique de Finance, a bien voulu le
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342 RESUME DES SÉANCES.
cléterminec ea regard du sUymbrium officinale dont
UQ spéciméa loi avait été soumis également. En voici
la description et les caractères scientifiques ;
LB. SQfÀPlS ARVEMSIS.
Sinapis ênenHi (Linnée, spee. 931), vulgairement moutarde sawage, famlle
iêi enuÀfàrtSy division 1». SUiqneutet,
Tige de 4 à 8 décimètres, rameuse, ordinairement his-
pide, surtout à la base, à poils souvent réfléchis. Feuilles
ovales-oblongues, irrégulièrement sinuées- dentées, subses-
siles. — Sépales étalés. — Pétales 4, jaunes. — Siliques
oblongues, cylindriques, plus ou moins étalées, ordinai-
rement glabres, quelquefois hérissées de poils réfléchis
(variété B, Aûjnda), subtoruleuses à loges polyspermes, sou-
vent monospermes par Tavortement des graines inférieures.
— Valves convexes, à trois à cinq nervures longitudinales.
— Bec ensiforme, comprimé, environ de la longueur de la
sUique. — Graines unisériées, globuleuses, noires, lisses.
— Plante annuelle, à saveur piquante. — Mai-août.
Cette plante, très-commune dans les champs, les mois-
sons maigres, les terrains cultivés, les bords des chemins, est
quelquefois employée pour la fabrication de la moutarde,
comme succédanée du branica nigra (sinapû nigra, Linnée)
qui croit dans les mêmes lieux, et 8*en distingue par ses
feuilles toutes pétiolées, ses siliques serrées contre la tige et
ses valves carénées par la saillie de la nervure dorsale. Sa
fertilité est très-grande ; Fischer de Grusheim rapporte que,
d*une livre de graines semées dans un champ d'un demi-
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JUILLET. 313
hectare, il récolta 558 livres, indépendamment de ce qui
s'était perdu. Elle a été analysée par plusieurs chimistes i
entre autres par Dumas, Pelouze, Margraaf, Julia de Fon-
tenelle ; ils en ont extrait une huile douce, d'une couleur
ambrée, soluble dans Téther qui entre dans sa composition
pour 20 0/0. Elle donne, en outre, une autre huile d'une
odeur ammoniacale, d'une saveur très-âcre et très- caustique
^t plus pesante que l'eau ; cette huile dissout à froid le sou-
fre et le phosphore.
Tout le monde connaît remploi de la moutarde comme
condiment. La médecine l'emploie comme rubéfiant. J. de
Fontenelle la préconise dans les maladies psoriqaes et re-
garde ses graines comme douées d'une grande antisepticité.
Une espèce très-voisine, le sinapis Ma, qui est commun
dans les moissons des terrains calcaires et argileux, diffère
du Sinapis arvensis par ses feuilles toutes lyrées-pinnatifi-
des, ses siliques toruleuses, contenant deux à trois graines,
à valves plus courtes que le bec qui est très-comprimé, et
enfin à ses graines d*un jaune pâle, finement ponctuées,
d'un volume à peu près double de celles du sinapis arvensis.
Cette phnte est bisannuelle et quelquefois vivace. Ses pro-
priétés sont les mômes que celles des autres sinapis ; ses
graines contiennent beaucoup de mucilage.
La plante dont un échantillon m'a été présenté est le si-
symbrium officinale (erysimum officinale, Linnée, Spec, 922)
vulgairement c herbe aux chantres. » Elle croît dans les
mômes lieux que le sinapis arvensis, mais elle s'en distin-
gue facilement à ses feuilles radicales et inférieures ronci-
nées pionatipartites à 5-11 lobes anguleux, inégalement
dentés, les terminaux confluents en un lobe plus ample, ses
feuilles supérieures bastées, à lobes étroits, le terminal
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34 4 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
oblong très-allongé, et enfin à ses siliqnes velues, dépour-
vaes de bec et étroitement apprimées contre la tige.
G. FrsTON.
Membre de U Société botanique de Frtnee.
Après la lecture de cette savante notice, M. le Prési-
dent fait connaître qae la Revue agricole et forestière
de Provence nous apporte aussi son appréciation favo-
rable sur la moutarde sauvage et nous apprend que sa
dénomination provençale est la rabanelle [petite rave),
diminutif de rabo, rave ; ce qui nous confirme dans la
détermination que nous en avions faite. En conséquence,
M. de Brive demande que la connaissance de cette nou-
velle plante alimentaire soit vulgarisée.
A cette occasion, M. le Président présente une autre
plante qu'il a cultivée comme épinard ; elle pousse vite
«t donne une lige très-élevée. La feuille, très-précoce et
vivace, persiste toute l'année et, à quelque âge qu'elle
soit arrivée, elle reste tendre et excellente à manger*
Son nom populaire est celui à! épinard de Jérusalem.
M. Benott dit qu'il connaît cette plante sous le nom
A*épinard de blette.
M. Giron se charge d'exprimer les remercîments de
la Société à M. Fiston, pour la notice qu'il a bien voulu
nous transmettre et, en même temps, de le prier de
déterminer scientifiquement aussi le pseudo-épinard
dont il vient d'être parlé.
Culture des asperges. — Le journal le Sud-Bst si-
gnale, pour la culture des asperges, un procédé préco-
nisé par un cultivateur anglais. II assure que le sel est le
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JUILLET. 345
seul engrais nécessaire pour produire de belles asper-
ges. Le sel nourrit la plante qui est d'une espèce mari-
time. Il suffit de donner à la plantation, par mètre carré,
un demi-kilogramme de sel qu'on laisse à la pluie pour
être dissous; grâce à cette méthode, le lit produira
toujours des asperges saines, succulentes et de belle
apparence, dont on peut tout manger; le même cultiva-
teur soutient que de longues tiges blanches avec une
pointe dorée de trois centimètres de long et sans aucun
goût ne sont pas des asperges, mais un légume dé-
gradé par une culture mal entendue. Il s'en réfère,
comme preuve, au délicieux végétal obtenu par les
Espagnols des côtes de la mer, simplement au moyen
d'irrigations d*eau salée.
M. Aymard fait observer qu'au Puy on obtient, à
moins de frais, le même résultat par l'emploi de Ans
gravats plus ou moins salpêtres et que, sans doute par
cette raison, on nomme marin,
La peste bovine. — Le même journal le Sud-Est re-
produit la circulaire de M. le Ministre de l'agriculture
sur les mesures propres à combattre le développement
de répizootie : la peste bovine. Le paragraphe 5 de
cette circulaire est relatif à la question soulevée, à la
dernière séance de notre Société, sur la consommation
de la chair des animaux atteints de la peste bovine. Nous
le citons in extenso :
€ Mais pour rendre plus facile et plus efficace Tinter-
€ vention de l'autorité, et pour atténuer les pertes que
« la peste bovine occasionne aux propriétaires, l'admi-
f nistration ne s'opposera pas à la vente des animaux
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316 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
€ abattus dans la localité même. Elle permettra égale-
nt ment le transport de celte viande au dehors, en fai-
« sant savoir qu'elle peut être consommée sans danger,
« à la condition qu'elle ne laissera rien à désirer sous le
« rapport de sa conservation. L'expérience de plus d'un
« siècle démontre que la chair des bétes atteintes de la
« peste bovine, mais abattues avant leur mort, ne pré-
€ sente aucun inconvénient pour la santé publique. A
« plus forte raison, la viande, provenant du bétail placé
« au milieu des foyers de la contagion, peut-elle être
« utilisée et transportée sans le moindre inconvénienUt
Destruction des vers blancs. — Nous trouvons, dans
le Bulletin trimestriel de la Société des sciences, agri-
culture et arts du département du Bas-Rhin, un arti-
cle intitulé : La destruction des vers blancs. Ce moyen
de destruction se base sur ce principe reconnu que le
ver blanc, au contact de Tatmosphère, meurt en quel-
ques instants. L'auteur de l'article, après plusieurs an-
nées d'expériences heureuses, conclut que, pendant
trois années de suite, par un temps sec, il faut extirper
en deux fois les terres dépouillées de leurs récoltes. Les
extirpages ne doivent pas atteindre une profondeur dé-
passant 6 centimètres. Chacun d'eux sera séparé par une
interruption de deux heures. A chaque pièce, la première
dent sera donnée en long, et la seconde en diagonale.
C'est une opération facile et peu coûteuse. M. le Prési-
dent pense que ce moyen pourrait être essayé afin de
combattre le ver blanc, cette plaie de notre agriculture.
Cultures à l'eau d'égout. — Nous lisons dans le
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4UILLRT. 247
Journal de la Société centrale d* horticulture de France
une lettre sur la culture à Feau d'égoat. L'emploi de cet
engrais serait d'une action trës-fertilisaate et donnerait
de grands résultats économiques. Cet engrais, si considé-
rable dans toutes les villes au sein des agglomérations
humaines, peut deyenir une source nouvelle de riches-
ses pour Tagriculture. Dans Tapplication de ce système
à notre localité, on peut constater que les terres arro-
sées par les eaux du Dolezon, après qu'elles ont recules
eaux boueuses de nos rues, sont d'une fertilité excep-
tionnelle ; on sait aussi que les boues de notre ville, en-
tassées à son voisinage et employées pour les jardins et
les vignes, si Ton a soin de les soumettre à certaines
manipulations, amènent des produits très-remarquables.
Il y a donc là, en môme temps qu'une question d'écono-
mie agricole, un intérêt administratif; car la municipa-
lité du Puy, qui jusqu'à ce jour avait payé pour
l'enlèvement des boues, pourrait au contraire en tirer
un large profit, s'il était possible de combiner le net-
toyage des rues avec le système des nouveaux égouts
qui est en voie d'application dans diverses parties de
la ville du Puy.
Histoire. — Origine des armoiries. — M. le Prési-
dent a remarqué, dans le Bulletin de la Société des an-
tiquaires de l'Ouest, l'analyse d'un travail de M. Ana-
tole de Barthélémy sur l'origine des armoiries et sur
leur utilité au point de vue de la critique historique.
H. de Barthélémy établit par les textes et les monu-
ments une distinction entre le blason qui a existé de
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348 RÉSUMÉ DBS SÉANCES.
tout temps et les armoiries féodales qui ont commencé
en France vers 1180 au plus tôt. Il ajoute que, de cette
date au règne de Louis IX, les armoiries ont été pure-
ment réelles, c'est-à-dire a^Uachées au fief et non à la
personne qui le possédait. Tout monument peint, sculpté
ou gravé portant des armoiries, est nécessairement pos-
térieur à 1180.. En résumé, le blason est l'expression
générale qui désigne les signes et symboles adoptés par
un individu, les armoiries sont les figures ou symboles
attachés à un fief ou adoptés par une personne noble.
Les non-nobles avaient des blasons sur leurs sceaux; les
fiefs, les nobles et les communes avaient des armoiries.
Les premières étaient personnelles et variables, les se-
condes immobilisées. Le blason d'un non-noble deve-
nait armoirie, lorsque celui-ci était anobli.
M. Aymard fait observer que ces vues judicieuses de
Tun de nos plus savants archéologues seront suscepti-
bles dans notre pays d'intéressantes applications que la
Société doit recommander aux investigateurs de l'his-
toire locale. On découvre journellement des cachets
plus ou moins anciens qui portent des signes et symbo-
les, concernant des personnes dont rien n'atteste la no-
blesse. Il conviendra souvent de ne point considérer ces
emblèmes comme de véritables pièces d'armoiries.
Notre confrère mentionne aussi un curieux usage qui
existait au Puy, sans qu'on puisse encore préciser son
origine, d'après lequel des bourgeois ou même de sim-
ples citoyens, élevés aux honneurs du consulat, se don-
naient un blason en façon d'armoirie sur des pancartes
peintes qui, au moins dans le dernier siècle, étaient
illustrées aussi des armes du roi et de la ville et de
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JUILLET. 319
figures de renommées et d'autres génies en guise de
supports (4). Ces tableaux, dont Tautorité municipale,
officiellement et à ses frais, gratifiaient les consuls, ne
semblent pas avoir constitué un droit héraldique; mais
on vit parfois leurs possesseurs obtenir, sur la produc-
tion de ces blasons, de royales autorisations qui les
transformaient en vraies armoiries.
£n remontant à des temps plus reculés, il ne sera
pas moins instructif de rechercher Torigine des pièces
héraldiques de nos plus anciens barons, soit qu'elles
aient été empruntées au blason de lears sceaux, soit
qu'elles aient été créées à rori|;ine même des armoiries^
A ce dernier point de vue, M. Aymard rappelle une
étude qu'il avait faite sur les sceaux et armoiries de la
ville du Puy et qui a été consignée dans les Annales de
notre Société (tome XXVI, 1863, p. 30). Dans ce tra-
vail, notre confrère avait été amené à peu près aux mê-
mes conclusions que celles du mémoire de M. de Bar-
thélémy, c'est-à-dire qu'avant de posséder un écusson
armorié, cette ville avait, de temps immémorial, un
(l) Depuis la séance de la Société do 11 juillet 1871, notre regretté compa^
triote M. Hector Falcon a légué au Musée, entr'autres dons intéressants, cinq
de ces tableaux peints aux armes des familles Lantbenas, Sotchon, Dulac, etc»,
et aux dates des années 17:29 à 1789. Notre confrère, M. le docteur Martel, a
bien voulu y joindre deux quittances de 1760 et 1768, dt'livrées aux consuls par
le peintre Portai cadet, pour le prix de confection de semblables Jableaox.
L'une d'elle est ainsi conçue :
< Je déclare avoir receu de Monsieur Gencstet bourgeoix et second consul
j^nnée présente mil sept cent soixante la somme de vingt quatre livres et c'est
pour avoir fait les armoiries de Messieurs les consuls en exercice et celle de la
ville dont tiens quitte.
< Au Pay ce vingt quatriesme novembre mil sept cens soixante.
< Porta L cadet. >
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320 RÉSUMÉ DES SÉANGKS.
sceau qui, suivant Tusage, devait offrir un signe, sym-
bole ou emblème, un blason. A cet égard, les dates four-
nies par nos documents concordent aussi avec tes don-
nées résultant du travail de M. de Barlhélemy. C'est, en
effet, vers le premier tiers du XIII* siècle, probablement
peu après l'an 4218, que la ville du Puy aurait com-
mencé à posséder de vraies armoiries (armaturœ), d'a-
près diverses notions et aux termes d'un titre qui paratt
en reporter l'existence au moins en 1277, toutefois
sans énoncé descriptif. Des monuments de la fin du
XV* siècle et du XVP, pierres sculptées, peintures,
cachets et sceaux qui, sans doute, reproduisent de plus
vieilles représentations de ces armoiries, nous les mon-
trent ainsi figurées : semé de France, à l'aigle d'ar-
gent, allumée, becquée, membrée et armée de gueules,
au vol abaissé.
Quant au sceau communal, une charte royale d'ac-
cord entre l'évêque et les citoyens du Puy au sujet de
leurs droits réciproques, reconnaît à ceux-ci, en 1218,
le droit de sceau (sigillum), dont ils jouissaient anté-
rieurement. Il est même possible, à l'aide d'autres don-
nées historiques, d'en reporter l'existence au moins
jusqu'au X* siècle (l'an 982).
Le symbole ou blason du sceau, dont la connaissance
pour ces temps reculés ne nous est pas encore parve-
nue, ne pouvait être que Vaigle, sans le semis de fleurs
de lis, addition qui ne peut remonter au-delà du
XIII* siècle, c'est-à-dire avant l'institution des armoi*
ries de la ville.
L'origine des signes constitutifs du blason n'est pas
moins digne d'intérêt. Sous ce rapport également,
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4UILLET. 321
M. Aymard serait porté à voir dans Vaigle de notre
sceau communal comme un lointain souvenir de la
colonie romaine dont une grande inscription lapidaire
et de beaux débris de monuments ont révélé l'antique
existence dans notre ville. C'est du moins ce que laisse
entrevoir un rapprochement curieux entre Tembléme
de la ville du Puy et ceux d'autres cités antiques, telles
que Périgueux (Vesunna), Avignon (Avenio), Agea
(Àginnum),Kvles (Arelas), etc., dont les anciens sceaux
offrent, comme au Puy, l'aigle au vol abaissé, à l'instar
de Taigle des légions romaines.
COMMUNICATIONS.
Agriculture. — Fauchage des céréales. — M. fè
Président demande si, à l'approche des moissons, il ne
conviendrait pas encore cette année, comme en 1870,
d'effectuer une expérience publique du fauchage des cé-
réales dans les environs du Puy. Il est constant que la
faux à râtelier, dans les conditions exigées pour ce genre
d'opération, accomplit quatre fois plus d'ouvrage et
beaucoup mieux qae la faucille. Les dépenses que coû-
tent à la Société ces expériences sont peu en regard de
l'intérêt incontestable qu'il y aurait à introduire dans la
pratique agricole ce mode de fauchaison qui est, d'ail-
leurs, employé avec succès en d'autres pays.
La Société ayant été d'avis que l'expérience soit re«
nouvelée, M. Langlois propose de profiter de cette cir*
constance pour faire aussi Tessai des moyettes.
M. le Président reconnaît qu'il serait avantageux de
TOME XXXI. 91
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322 RÈSUMi DES SÉANCES.
donner devant le public une leçon de ce nouveau pro-
cédé. En conséquence, notre confrère H. ChouTon, n'é-
tant pas présent à la séance, sera prié de vouloir bien
dresser dans ce but quelques-uns des élèves de la ferme-
école.
Nouveau modèle de faurche, — M. de Brive annonte
qu'eu égard à la difficulté de se procurer de bonnes
fourches sur place, il a cru devoir acheter à Lyon un
certain nombre de ces instruments en bois, d*un mo-
dèle qui est en usage dans le département du Rhône.
Ces fourches très-simples d'exécution, facilement mania-
bles, ne coûtent que la modique somme de 50 centimes.
L'assemblée remercie M. le Président de cette utile
acquisition et décide que ces fourches seront délivrées
an prix de revient à tous les agriculteurs qui en feront
la demande.
Histoire. — Les Grands- Jours au Puy. — Il est
donné lecture d'une lettre adressée à M. le Secrétaire,
dans laquelle notre confrère, M. le baron de Sartiges
d'Angles, remerciant dô renvoi du tome XXX* de nos
Annales, déclare que la partie du volume, concernant
la tenue des Grands- Jours au Puy en 4666, Ta forte-
ment intéressé : c Ce mémoire, écrit-il, a une autre va-
leur que le mémoire publié par M. Gonod sur les
Grands-Jours d'Auvergne à la même époque, lequel, à
vrai dire, n'est autre chose qu'un roman, tandis que le
mémoire (de M. Paul Leblanc), inséré dans les Annales,
»ffre un caractère plus historique, en faisant connaître
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JUILLET. 323
les noms des accusés et les motifs de leurs condamna-
tions. »
M. Chassaing ajoute que ce qui donne un puissant in-
térêt à ce travail, c'est qu'il reproduit les, textes mêmes
des documents contemporains, reflétant à un haut degré
rhisloire et les mœurs de Tépoque.
Les antiquités bénédictines de Dom Estiennot. —
M. le Président fait lecture de la lettre suivante que lui
ont remise nos confrères, MM. Aymard et Chassaing :
LePuy, le 10 juin 1871.
Monsieur le Président,
Nous avons Thonnear de vous prier de vouloir bien adres
ser à M. le Ministre de Tlnstruction publique, par Tinter-
médiaire de M. le Préfet de la Haute-Loire qui, nous en
sommes convaincus d'avance, y donnera son bienveillant
appui, une demande tendant au prêt à la Société académi-
que du Puy, par la Bibliothèque nationale, des deux volu-
mes manuscrits des Antiquités bénédictines pour le diocèse
du Puy, contenant les extraits que Dom Estiennot avait
recueillis, vers 1685, dans les cbartriers de l'Evèché de
cette ville et des monastères du diocèse, en vue de la se-
conde édition du GaUia christ iana. Ce prêt permettra à la
Société de prendre une copie de ces précieuses notes qui
offrent le plus grand intérêt pour Thistoire de nos contrées ,
parce que les documents originaux explorés et analysés par
Dom Estiennot sont aujourd'hui pour la plupart détruits
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324 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
on dûpenés. Les périls auxquels là Bibliothèque de la rue
Richelieu a récemment échappé dans les é|>ouvantables
désastres de Paris, justifient surabondamment Tintelligenle
précaution dont le devoir incombe aux Sociétés savantes
de faire copier les documents qui intéressent le plus This-
toire de la province et sont accumulés dans notre grand
dépôt national ; ce serait conjurer les cbances de destruc-
tion irréparable que courent les exemplaires uniques et
sauver à jamais les sources de nos annales. Nous venons
d'en avoir une preuve frappante dans le sort de VHis-
toire de la maison de Polignae, par Ghabron, qui a péri
dans rincendie de Thôtel de Grillon. La perte de. ce
manuscrit composé sur des titres originaux, qui ont été
consumés en 1792 dans Tincendie du couvent des Gor-
deliers du Puy, serait Tobjet de nos éternels regrets, si la
Société ne devait à votre initiative si dévouée aux intérêts
de la science et du pays, et à la libérale communication
de M. le duc de Polignae, la copie qu'elle possède depuis
Tan dernier. Nous ajoutons que la copie des deux volumes
de Dom Estiennot suppléera, pour la partie ecclésiastique,
à l'insuffîsance des documents qui forment la bibliothèque
historique de la Société.
Si les ressources de la Gompagnie ne lui permettaient pas
de subvenir aux dé|.enses de la copie, il serait facile de trou-
ver une combinaison quelconque, telle qu'une souscription,
qui, dans cette circonstance comme dans bien d'autres déjà,
allégerait cette charge.
Veuillez agréer, monsieur le Président, l'assurance de
notre respectueuse confraternité et de notre sincère dévoue-
ment.
Ayvard, Ghassaino.
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JUILLET. 325
M. le Président s'est empressé de transmettre cette
demande à M. le Préfet qni, Ini-méme, Ta immédiate*
ment envoyée à l'administration de la Bibliothèque na-
tionale. D'aillears, M. Léopold Delisle, membre bono«
raire de notre Société, vient d'être nommé conservateur
du département des manuscrits de cette bibliothèque.
Il n'est pas douteux qu'il se fera un plaisir d'appuyer le
vœu de la Société.
Chroniques de Médicis. — Il est donné communica-
tion à la Société, au nom de M. Marchessou, imprimeur,
des six premières feuilles du second volume de Me'dicis.
L'impression est satisfaisante et répondra, il faut l'es-
pérer, aux soins intelligents qui ont été donnés à la pu-
blication du premier volume.
Personnel du Musée. — Direction. — M. Aimé Gi-
ron expose que, dans le but de supprimer toute préémi-
nence, reconnue inutile entre MM. les conservateurs du
Masée qui, chacun dans sa spécialité, consacrent le même
zèle dévoué et intelligent à Torganisation des collections,
il serait convenable de n'attribuer à aucun d'eux la di-
rection du Musée. Aux termes du règlement de la Com-
pagnie, la présidence de toutes les commissions appar-
tient au Président de la Société ; celle du Musée, seule,
fait exception à cette règle, sans qu'il soit nécessaire
d'y déroger sur ce point. Il y aura, au contraire, sim-
plification dans les rouages administratifs, lorsque le
Président, ayant directement la gestion supérieure du
Musée, devra, dans l'intérêt de cet établissement, inter-
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3S6 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
Tenir pins oa moins promptement auprès des autorités
départementale et municipale.
M. de BriTe, en annonçant son intention de résilier
prochainement la présidence, appuie cette proposition
qui est aussi admise en principe par rassemblée. Tou-
tefois, comme toute modification au règlement relèye
avant tout du conseil d*administration, celle-ci devra
être formulée par écrit, sous la signature de trois mem-
bres. En conséquence, M. le vice -secrétaire, après s*étre
conformé à celte prescription des statuts, présentera
la dem ande à la prochaine réunion du conseil.
Élection du conservateur des beau^x-arts. — H est
procédé au scrutin pour celte élection , en remplace-
ment de M. Yibert père, décédé. Aucun des candidats
n'obtient la majorité exigée par le règlement, et la So-
ciété ensuite ne se trouvant pas en nombre suffisant,
après avoir été consultée sur l'opportunité d'un nou-
veau scrutin, remet à la prochaine séance la nomina-
tion du conservateur de la section des beaux-arts.
PeRSONFCKL DBS MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ. — H. JulOS
de La Bâtie a écrit à M. le Président de vouloir bien être
auprès de la Société Tinterprète de ses remerctments
pour sa nomination au titre de membre non résidant.
Sur la proposition de MM. Ghassaing, Aimé Giron et
l'abbé Frugère, rassemblée confère le titre de membre
correspondant à M. Mestre, capitaine en retraite, che-
valier delà Légion d'honneur, zélé collectionneur qui
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JUILLET. 327
a donné an Musée des témoignages de vive sympathie
par des offrandes intéressantes.
A sept heures, la séance est levée.
Le vice-secréiairef
kiui GIRON.
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SÉANCE MENSUELLE
DU JEUDI 7 AOUT.
SOMMAlHa
Lecture da proeès-verbal. — Mnstfi : Dons d*nne fnnée épingle de brome,
préhistoriqae oo gaoloise, par M. Monteil; d'un petit buste romsin en brome
et de vieilles cartes k joaer» par M. Tnja ; d'une râpe k tabac et d*ime plan-
chette de dentellière, par M. Aymard. — Ouviigbs ebçds : Nomination de
M. Galenard de Lafayette comme secrétaire de la réanion des agricnltenrs
de l'Assemblée nationale. Chemins ruraax, proposition de M. Aymard d'ap-
peler sur cette qaestion l'intérêt des députés agriculteurs. Tannée employée
comme récipient d'engrais. Question chevaline. Procédé de conservation des
fruits. Le phi/lloxera voflatrix. Utilisation de la cendrée comme engrais ;
observation de M. le docteur Langlois k ce sujet. Morsure des serpents;
observations de MM. de Brive» Martel, Aymard, l'abbé Frugère sur l'étude
de ces reptiles et le traitement de leurs morsures. Dons d'ouvrages k la
Société, par M. Desdevises du Désert. — Commuiiicâtioics : Expérience
ikite au Puy, du moissonnage k la faux ; rapport k ce sujet par M. de
Brive; mention de ce procédé dans un vieux registre du général de
l'Estrade. Communication d'un manuscrit de Dom Estiennot; explications y
relatives, par M. Chassaing. Grottes et cavernes, signalées et décrite; par
MM. Chassaing et Aymard. La direction du Musée est conférée au président
de la Société. M. le baron de Yinols, nommé conservateur de la section des
beaax-urts. Question de l'assistance des membres aux séances. Nominations
de divers membres au titre d'honoraires. Demande d'admission par M. le
docteur Mouret au titre de membre non résidant.
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AOUT. 329
Présidence de M. de Brive.
A trois heures, la séance est onyerte.
Le procès-verbal de la précédente réunion est lu et
adopté.
MUSÉE.
Dons.— Grande épingle à cheveux, préhistorique (?)
petit buste romain, râpe à tabac, planchette à dentel-
les, vieilles cartes à jouer. — M. Aymard fait Ténumé-
ration des objets suivants qui ont été offerts au Musée :
Par M. Monteil, surveillant des travaux de la ville,
une très-longue et élégante épingle à che^reux, en
bronze, ornée, dans le haut, d'un bouton et, au-dessous,
cerclée d'annelets, comme on en voit à des épingles
analogues de Tâge préhistorique du bronze. Toutefois
cette pièce ne serait pas moins intéressante, si on Tattri-
buait, d'après des spécimens plus ou moins approchants,
soit à l'époque gauloise, soit au temps des Romains.
Elle a été trouvée dans le sol du jardin public de la ville
du Pny, en creusant une tranchée pour une conduite
d'eau. Elle était à deux mètres de profondeur dans une
couche de sable et de galets, inférieure à celle qui, en
divers endroits du même jardin, avait déjà fourni aux
recherches de notre confrère des médailles romaines,
des fragments de tuiles à rebords, des fers de cheval, etc.;
Par M. Emile Tuja, propriétaire au Puy, un petit buste
d'homme en bronze, probablement gallo-romain qui
provient de Saint-Panlien (l'antique Revession) ; et de
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330 RÉSUMÉ DES SÉilNGES
vieux spécinf^ens de cartes à jouer;
Par M. Aymard, une râpe à tabac en fer, avec mar-
que fleurdelisée ;
Et une planchette de dentellière, élégamment ajourée
et ornée de dessins naïfs en creux, avec la date 1744.
H. le Président, au sujet de ces dons, exprime les
remerciments de la Société.
OUVRAGES REÇUS.
M. le Président fait le dépouillement des publications
qui sont parvenues à la Société depuis la dernière
séance. L'une d*elles, donnant le compte rendu de la
RéunionJibre des agriculteurs de t Assemblée natio-
nale, annonce que cette association, importante par son
influence sur les questions législatives intéressant Ta-
griculture, a procédé au renouvellement de son bu-
reau et a élu au nombre de ses secrétaires notre
honorable confrère et ancien président M. Charles Ca-
lemard de la Fayette, député de la Haute-Loire.
Agriculture. — Chemins ruratix. — Au sujet de la
communication qui précède, M. Aymard dit qu'il y au-
rait opportunité d'invoquer la sollicitude de MM. les
députés agriculteurs en faveur de la solution simple ,
économique et très-pratique de la question des ekemins
ruraux au moyen des syndicats obligatoires. Depuis
dix-sept ans, notre Société n'a pas cessé de préconiser
ce système qui, s'il recevait une sanction législative,
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AOUT. 33 f
aurait pour effet très-prochain de favoriser aa plus
haut point le progrès agricole et d'accroître la fortune
territoriale de la France dans des proportions considé-
rables: résultat d'autant plus désirable en ce moment,
que de cruels désastres ont infligé à la France la perte
de plusieurs milliards.
La Haute-Loire, comme tous les départements acci-
dentés où la propriété est sujette aui morcellements, a
surtout le plus grand intérêt à la réalisation de cette
mesure. En effet , les ressources des communes sont
loin d'élre suffisantes pour les chemins vicinaux classés.
Il ne faut donc pas penser à les appliquer aux chemins
non classés ou chemins ruraux, lesquels, dès lors,
sont livrés à Tincurie la plus complète et à un état de
dégradation tel que certains ne peuvent pas laisser pas-
sage aux chars. Beaucoup ont été réduits par des em-
piétements à un simple sentier ; et à l'égard des terres
qu'ils desservent, l'impossibilité de transporter les fu-
miers et les récoltes rend ces propriétés presque im-
productives. Aussi l'initiative de la Société a trouvé
de constants échos d'abord au Congrès scientifique de
France, tenu au Puy en 4855, ensuite dans les conseils
départementaux. Avec ces assemblées, les agriculteurs
intelligents et vraiment soucieux du bon entretien de
ces chemins reconnaissent tous qu'ayant à bénéficier de
cette amélioration dans une large mesure^ ils feraient
une spéculation très-lucrative , en restaurant les che-
mins ruraux par syndicats, à leurs propres frais et sans
le concours pécuniaire, toujours tardif et insuffisant, de
l'Etat, du département ou de la commune. Ce système
est celui déjà consacré par les lois des 46 septem-
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332 RESUME DES SÉANCES.
bra 4807 et 21 juin 4865, pour des travaux d'un in-
térêt collectif, tels que de défense contre les cours
d'eau, dessèchement des marais, assainissement de
terres humides , etc. ; système rendant obligatoire
la coopération de la minorité des intéressés par
la majorité et au moyen d'un vote ou assentiment
régulier.
La législation trouverait là, encore une fois, une belle
occasion de faire appel à Tinitiative privée, souvent si
féconde en résultats pratiques et immédiats. La théorie,
dans notre département, a été suivie dé près par Texpé-
rimentation qui en a consacré toute la valeur, au moyen
des syndicats facultatifs organisés par Tinfluence active
des maires dans queiqaes communes, telles que Vais et
Taulhac près le Puy, Polignac, Yssingeaux, etc., dont
les territoires montrent aujourd'hui des champs bien
cultivés là où naguères, à défaut de bons chemins ru-
raux, on ne voyait qu'un sol aride et couvert de pierres
et de broussailles. Que serait-ce si l'association syndi-
cale, trop souvent entravée par le mauvais vouloir de
quelques-uns, se propageait largement, en devenant
obligatoire pour la minorité, le plus souvent infime,
des propriétaires réunis en syndicats?
La plupart des Sociétés d'agriculture, qui se sont oc-
cupées des chemins ruraux, partagent les mômes vues.
Des députés, très-autorisés dans celte question, les ont
soutenues au Corps législatif, sans toutefois qu*ils aient
pu obtenir une solution favorable : résultat regretta-
ble qui a tenu, sans doute, à ce que les représentants de
certains départements, peu initiés aux intérêts agrico-
les, n'avaient pas voulu prendre la peine d'étudier Tu-
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AOUT. 333
tililé de ces modestes, mais très-nombreuses voies de
commuDication (I).
L'assemblée, forlement pénétrée des vues émises par
notre confrère M. Aymard, réitère le vœu qu|une loi
vienne enfin satisfaire à l'une des pins impérieuses né-
cessités du progrès agricole, en étendant aux chemins
ruraux le bienfait du syndicat obligatoire.
La tannée employée comme récipient d'engrais. —
L'application agricole de la tannée est l'objet d'une note
insérée au Bulletin de la Société d'agriculture de Poi-
tiers. Les tanneries, comme on sait, disposent d'une
énorme quantité de résidus ligneux, bois ou écorces,
matières de rejet qu'il pourrait être utile d'employer
dans réconomie agricole. On avait commencé à les utili-
ser comme engrais, à une époque où, en raison des
prix modiques de l'écorce du chêne, on en extrayait im-
parfaitement l'acide tannique. Aujourd'hui que les prix
ont doublé et même triplé, les corroyeurs épuisent da-
vantage cet acide, en donnant à l'écorce deux ou trois
bains. Le tan, ainsi traité, peut encore rendre des ser-
vices à l'agriculture comme litière propre à recevoir
les engrais. Le moment est venu de l'affecter à cet
usage. La tannée qu'on utilisait pour le chauffage, après
(L) Depuis notre séance du 7 août 1871, la Société a été inforniée que M. le
ministre de l'intérieur, dans une circulaire du !•' février 1873, a demandé ^
MM. les Préfets des renseignements statistiques sur les chemin:, ruraux en
Yue de rélaboration d'un projet de loi. Il est résulté des données founiiespar
M. le préfet de la Haute-Loire, que, dans ce département, le nombre des chc
mins ruraux s'élève au cbiiTre notable de 7,065, et que leur développement total
n'est pas moindre de 9,000 kilom^tresr
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334 RÉSUMÉ DBS SÉANCKS.
avoir été préparée en pains au moyen de moules, troare
peu d*acquérenrs/et les tanneurs la livrent à bas prix.
C'est ainsi qu'au Puy, ces résidus se vendent à peine
0,50 centimes la voiture. La Société doit retenir cette
indication d'autant plus utHe en ce moment, que la
paille, récipient ordinaire de nos engrais, a acquis une
élévation de prix qu'elle peut conserver plus ou moin^
de temps.
Question chevaline. — L 'opinion qui a prévalu an
sein de notre Société, en ce qui concerne l'amélioration
de la race chevaline dans notre pays, est partagée, d'a-
près le Bulletin agricole de l'arrondissement de Douai,
par les éleveurs de sa région ; c'est-à-dire qu'il convient,
pour les croisements, de tenir grand compte des races
présentant le mieux les conditions spéciales aux difficul-
tés de l'élevage, aux ressources et aux besoins du pays.
L'administration des haras, au contraii*e, lutte contre
ces exigences locales, trop résistantes, à noire avis, pour
qu'il soit possible de les vaincre. Aussi chaque départe-
ment tend-il à repousser le système des haras dans ce
qu'il a de trop exclusif, pour produire des animaux d'u-
tilité réelle et de services pratiques et spéciaux.
Conservation des fruits, — On trouve dans le Jour-
nal d'agriculture progressive un procédé pour la con-
servation des fruits pendant l'hiver. M. le Président fait
observer que ce procédé est préférable à celui recom-
mandé par Mathieu de Dombasles et qu'il a expérimenté.
II s'agissait d'un fruitier portatif, se composant de plu-
sieurs caisses superposées, faciles h couvrir et à visiter.
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AOUT. 335
Ce fruitier avait bien l'avantage de tenir pen de place ;
mais rhumidilé, ne pouvant facilement s'évaporer, ame-
nait la pourriture des fruits. Celui que préconise le Jour-
nal d'agriculture pratique est aussi simple que peu
coûteux. Il consiste à placer dans des caisses les fruits
de même espèce, par couches, en les séparant avec du
sable trës-fln, ni humide ni trèssec. Par ce moyen, les
fruits ne se pourrissent pas et conservent une remar-
quable fraîcheur. Il n*est besoin que d'un espace res-
treint pour une grande quantité de fruits et les frais d'é-
tablissement et d'entretien sont très-minimes.
Viticulture. — Le phylloxéra vastatrix. — Cet in-
secte, qui est en ce moment le plus redoutable ennemi
de la vigne pour certaines contrées du Midi, a fourni
le sujet d*une étude dans le Journal d'agriculture
pratique. Après avoir énuméré diverses substances
inutilement employées pour combattre ce fléau, Tauteur
croit que le salut des vignes serait dans remploi de la
potasse et, par conséquent, dans la fumure par la cendre.
M. Langlois, sans avoir à constater la présence du
phylloxéra dans les vignes de notre département, fait
observer qu'en ce qui concerne rulilisalion de la cen-
dre comme engrais, il a fait un essai comparatif de la
cendre de bois et de celle de houille. Malgré la faible
quantité de potasse contenue dans cette dernière, les ré-
sultats en faveur de celle-ci n'en ont pas moins été sa-
tisfaisants.
M. Aymard, revenant à la question du phylloxéra,
rappelle, au nombre des essais entrepris pour détruire
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336 RÉSUMÉ DES SÉilNGES.
cet insecte, rimmersion da sol par d'abondantes irriga-
tions. Mais si le fléau venait à atteindre notre pays, ce
procédé ne serait que très-rarement applicable à nos vi-
gnes, le plus souvent situées aux pentes des collines et
plus ou moins éloignées des cours d*eau.
SÉANCE MÉDICALE. — Morsuvô dts serpents. — M. le
docteur Yiand-Grandmarais, dans les Annales de la So-
ciéCé académique d'Indre-et-Loire, a traité la question
des moyens curatifs contre la morsure des serpents.
M. le Président exprime lé vœu qu'il soit possible de
compléter bientôt les collections zoologiques du Mu*
sée, en ajoutant à nos belles séries des mammifères et
d'oiseaux du pays celle des reptiles et en particulier
des serpents. On apprendrait ainsi à distinguer les dif-
férences spécifiques et même les simples variétés , les-
quelles, étant parfois assez peu apparentes, permettent
de se méprendre sur les caractères des espèces et , par
suite, sur la malignité de leur venin.
M. le docteur Martel fait observer qu'en attendant
cette utile collection , des dessins bien faits et soigneu-
sement coloriés rempliraient provisoirement le but
qu'on se propose.
M. Aymard informe l'assemblée que M. Moullade,
pharmacien chimiste de notre ville, pratique avec
succès un procédé au moyen duquel des reptiles et
poissons , sans être empaillés ou enfermés dans des
bocaux, conservent toutes leurs formes et leur colora-
tion. Il est probable que si on en faisait la demande à
ce savant naturaliste, il s'empresserait de doter le Musée
d'une collection ainsi préparée.
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AOUT. 337
M. le caré Frngère dit qae les Frères des écoles
Notre-Dame de France possèdent et s'efforcent de
compléter une collection de serpents vivants qu'ils se
procurent dans le pays et qu'ils s'empresseront de livrer
à l'étude des connaisseurs.
M. le docteur Martel, à propos des traitements à em*
ployer contre la morsure des serpents , fait connaître
qu'un frère de Paradis fut mordu, il y a quelques se-
mainesy par une vipère vieille, trësirritée, et dans une
journée très-chaude, trois éléments de grave morbidité
dans ces sortes d'accidents. Malgré une forte ligature
au bras, l'enflure, au bout de deux heures, avait fait de
grands progrès ; les vomissements survinrent, unepa*
leur mortelle se répandit sur tout le corps et l'enflure
avait, le lendemain, gagné la poitrine. La cautérisation
avec l'ammoniaque aurait été insufQsanle; mais grâce
à l'ammoniaque employée à Tintérieur , grâce aussi au
quinquina, aux frictions d'huile d'olive, remède nou-
vellement préconisé , le malade a pu être sauvé , après
quinze jours de très-sérieuses souffrances.
Don d'ouvrages à la Société. — M. Desdevises du
Désert, membre non-résidant et professeur d'histoire à la
Faculté des lettres de Clermont, fait offrande à la bi-
bliothèque de la Société de deux beaux volumes. Le
premier est intitulé : Antiquités grecques du Bosphore
cimmérien , publiées et expliquées par M. Raoul Ro-
chetle; le second a pour titre : The Topography of
aihens by Liem, coL IV, in leake, R. A.
Ce don est accueilli par un vote de remerctments.
TOME XXXr. 89
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338 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
COMMUNICATIONS.
AGRICULTURE. — Moissontiage à la faux. — M. le
Président rend compte de l'expérience qui , d'après la
décision prise par la Société à la précédente réunion, a
eu pour objet Tapplication de la faux au moissonnage.
La Société doit se féliciter d'avoir renouvelé cette opé-
ration qui avait eu lieu avec succès Tan dernier, et
dont un rapport fut inséré au procès-verbal de la séance
du <« août 4870.
L'expérience n'a pas été moins satisfaisante ; elle a été
faite le 24 juillet, dans un champ situé au terroir de
Ronzade, près de la ville du Puy, et que le propriétaire,
M. Demblé , s'était empressé de mettre à la disposition
de la Société. L'assistance était nombreuse : elle comp-
tait un certain nombre de nos confrères, des agricul-
teurs de localités diverses des environs du Puy et des
élèves de l'École normale qui, sous l'habile professorat
de notre confrère M. Nicolas, sont initiés aux pratiques
agricoles perfectionnées qu'ils s'efforcent plus tard de
propager dans nos campagnes, en leur qualité d'institu-
teurs communaux.
Le champ, convenablement épierré, offrait une éten-
due approximative d'un hectare, semé en froment et
avoine. Quatre élèves de la Ferme-Ecole, offerts par
son honorable directeur, M. Chouvon, et auxquels s'é-
tait joint M. Baptiste Besson, chef d'exploitation du
domaine de M. de Brive, et ancien élève de la Ferme-
Ecole, ont opéré sur ces deux espèces de céréales. Ils
en ont moissonné environ 30 ares avec la dextérité d'ou-
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AOUT. 339
Triers niranK exercés à un travail qui exige nécessaire-
ment nne certaine habitude du sciage des blés par la
faux; car il ne feut pas dissimuler que pour ce genre
d^opération, comme pour tous les autres travaux agri-
coles, l'habile maniement des instruments et outils s'ac-
quiert par une pi-atique plus ou moins prolongée.
M. le Président ne doute pas que ce moyen de récoK
ter les céréales, malgré la difficulté de vaincre les pré-
ventions et de changer tous procédés de culture invété-
rés, ne soit un jour généralement appliqué dans le pays',
à moins que des machines moîssonnensesi bien appro-
priées à notre sol mouvementé et à tènements morce-
léSy ne viennent bientôt chez nous alléger l'agriculture
des frais exorbitants de la main-d'œuvre. D*ailleurs,
le moissonnage à la faux est déjà répandu en France.
M. de Brive le pratique depuis deux ans dans son do-
maine de la Darne et il a la certitude que l'économie
de main-d'œuvre est très-notable : la dépense n'est,
chez lui, que d'un quart de celle que nécessitait l'em-
ploi de la faucille.
M. Aymard dit que le sciage des blés par la faux
n'est pas une invention nouvelle : il a, sous ce rapport,
la consécration du temps. Le général de TËstrade, no-
tre compatriote, qui, dans ses opérations militaires avant
n90, recueillait attentivement toutes sortes d'indica-
tions agricoles pour les approprier plus tard à Texploi-
-lalion de sa terre de Bari'et, aujourd'hui commune de
Sanssac-rËglise, avait consigné, sur un registre que
possède M. Hector Falcon, la mention de ce même pro-
cédé, usité alors assez généralement dans les campagnes
des bords- du Rhin. Il avait môme dessiné l'instrument
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idiO RÉSUMÉ DES SÉANCES.
qu-il ayait yq fonctionner ei semblable à la faux à r&te-
lier qoi Tient d'être employée par la Société dans l'ex-
périmentation faite au champ de Ronzade.
Histoire. — Manuscrits de Dom Estiennot. — H. lé
Préfet, dans une lettre dont il est fait lecture, annonce
qu'il vient de recevoir de M. le ministre de l'Instruc-
tion publique, sur la demande de la Société, la com-
munication du manuscrit de Dom Estiennot, intitulé :
Antiquitates benedictinm dimcesis Podiensis.
M. Chassaing donne quelques explications à ce siy^^ •
€ En 4677, dit-il, Dom Estiennot résidait à la Chaise-
Dieu. Chargé, par l'ordre de Saint-Benoit, de préparer
le travail des antiquités bénédictines, c'est-à-dire le re-
cueil des éléments historiques concernant les maisons
religieuses des Bénédictins dans la première et la deu-
xième Aquitaine, il visita les diocèses du Puy« de Cler-
mont et de Saint-Flour, et, pour chacun d'eux, il com-
posa un manuscrit pareil & celui qui nous est commu-
niqué. »
L'assemblée, satisfaite d'avoir à sa disposition cette
nouvelle source d'informations historiques, remercie
M. le Préfet de sa bienveillante intervention auprès du
ministre, et prie M. Chassaing de faire exécuter une
copie du manuscrit.
Sur la proposition de M. Âymard, il est, en outre,
décidé qu'après avoir renvoyé ce document à la Biblio-
thèque nationale, des demandes seront faites pour obte-
nir successivement la communication des manuscrits
concernant les diocèses limitrophes, afin d'en extraire
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AOUT. 341:
tout cd qai peut concerner les parties de notre dépar-
tement comprises dans ces circonscriptions religieuses.
Arghêologib. — Grottes et caiûernes. — M. Chas^
saing signale la récente découyerle de grottes artifl«<
cielles anciennes, dans an monticule sitaé à 100 mètres
environ da village de la Villette, commune de Saint-
Paul-de-Tartas. Elles ont été creusées dans une brèche
argiloïde, surmontée par des basaltes. On y descend
par une étroite ouverture et un escalier fort dégradé
qui aboutit au milieu d*une galerie semi-circulaire qui
se développe à droite et à gauche, à une assez grande
distance, et autour de laquelle s'ouvrent des salles,
les unes rondes, d'autres affectant une forme rectangu-
laire. Leur hauteur répond & peu près à la taille ordi-
naire d'un homme.
Sur un des côtés de la galerie, se trouvent les mar<
ches d*un escalier obstrué par des éboulements et qui
paraît conduire à un étage supérieur, à moins toutefois
qu'il n'ait servi à l'accès sur un autre point de ces grot-
tes, ce qu'on ne pourra vérifier que par une fouille.
La brèche argiloïde, ramollie par l'humidité, présente
peu de résistance et a dû être facile à entamer. La ga*
lerie et les chambres paraissent avoir été creusées à
coups de pioche en fer; en examinant avec attention
les traces qu'offrent les parois et les voûtes, on voit
que ces traces sont de deux sortes, comme si elles
avaient été faites par un instrument à bout pointu pour
les unes et à bout tranchant pour les autres. Les em-
pruntes sont assez bien conseiTées et assez fraîches
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Hi RÉSUME DBS SÉANCES.
potïr permettre de distinguer les éraillores da bout
tranchant qui était ébrdché.
M. Chassaing se demande s'il n*est pas téméraire
d'assigner à ces grottes-là une ancienneté très-recnlée
et si elles ne remonteraient pas an moyen âge et prin-
cipalement à l'époqae des guerres des Anglais. Cette
période de notre histoire est encore fort obscure et il ne
sera peut-être pas impossible bientôt de la mettre en
lumière, d'après des documents inédits qu'il a décou-
verts et qu'il publiera ultérieurement. M. Chassaing ra*
conte qu'en 4 381 , les Anglais occupaient Cariât, AUeuze»
ilercœur et Salzuit et poussaient leurs incursions jus-
qu'au Puy. A chaque instant, les seigneurs du bassin
de l'Allier et notamment Astruc Dantil, seigneur de
Taillac, dépéchaient des émissaires au vicomte de PoU-
gnac, Handonet-Armand le Grand, pour l'avertir que
les Anglais « allaient discourir le pays de Velay et qu'ils
se jactoient de venir planter l'étendard, une fois an
Bouchet-Saint-Nicolas, une autre fois à Saint^Paulien
et à Craponne. » Cette année-là, les bandes des routiers
saccagèrent tout le plateau méridional du Velay et
emmenèrent prisonniers les enfants des mandements
dé Saint-Jean-Lachalm, Montbonnet, Mirmande, Bains,
Ch&teauneuf-du-Monastier et Montlaur; ces étages res-
tèrent détenus à Aubenas jusqu'à ce que les Etats du
pays eussent acquitté leur i*ancon. Il était naturel que,
sous la menace et l'eiTroi de ces courses, les habitants
de la Villette et de beauco\ip d'autres villages eussent
la précaution de se créer des refuges quand il n'en
existait pas d'anciens dans ces localités. U est certain
qu'en temps de guerre ou de péril, quand des bandes
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AOOT. 343
eDoenûes parcouraient le pays, les habitants des cam-i
pagnes conrsiient se cacher dans des cavernes. Mdme
pendant les guerres de religion, il en fut ainsi : Jean
Burel, dans ses Mémoires, en donne un exemple remar-
quable et & date certaine. En avril 4590, en pleine li-
gue, les troupes assemblées à Polignac par H. de
Chaste, sénéchal, en allant assiéger le ch&teau de
Saint-Haond, traversèrent la paroisse de Saint-Christo-
phe-sur-Dolezon. Les habitants de ce lieu et de Cerey^
zet, village voisin, se réfugièrent à leur approche dans
deux cavernes. Ces retraites furent malheureusement
découvertes par Tennemî qui les enfuma, et le chroni-
queur rapporte que, dans une seule de ces cavernes,
vingt-deux personnes périrent; dans l'autre, dix per-
sonnes, dont trois prêtres.
Notre confrère cite, également, ce passage de Jean
Bnrel, relatif à Tannée 1594, et qui prouve combien cet
usage de se réfugier dans les grottes et cavernes était
général en Velay, de la part des populations rurales, à.
cette époque calamiteuse : « Les pouvres laboureurs,,
c dit l'auteur contemporain, laysoient leurs maisons et
« et alloyent demeurer aux boscages et cavernes,,
c comme bestes, ne saichant plus où se retirer, estant
c ravagés et pilhés de toutes partz de ces garnysons et
€ jandarmes. »
H. Chassaing, en outre, a visité des grottes creusées
d'après le même système que celles de la Villetle et qui
existent près de Fay-le-Froid, dans la petite vallée du.
Lignott, à Test et non loin des ruines du.chftteau du.
Halard. Ces grottes se trouvent dans un bois de hêtre,,
sur iQ penchant d*une colline très-rapide ; elles iX)nsis-
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344 RÉSUMÉ €ES SÉANCES.
tent en un système àe chambres crensées dans une
brèche , également volcanique, mais d'une dnreté très-
grande. Il n'est pas possible d*y reconnaître snr les
parois des traces des outils qui ont servi k les creuser.
Mais on est frappé de l'analogie qu'elles offrent,
quant à leur distribution, avec celles de la Villelte et
cette circonstance amène logiquement à induire qu'elles
remontent à la même époque. Les grottes si nombreuses
qui existent sur les divers points de la Haute-Loire, mé-
riteraient une étude spéciale d'un très-grand intérêt et
qui , par la comparaison de leurs plans, arriverait
peut-être à les classer chronologiquement.
M. Aymard, sans nier l'emploi très-possible et plus
on moins temporaire de quelques-unes de nos cavernes
en des temps d'invasions ou de guerres civiles, refuse
d^admettre, au moins pour le plus grand nombre de cel-
les observées jusqu'à ce jour dans la Haute-Loire, qu'el-
les doivent leur origine aux guerres des XIV* et XV!"*
siècles.
L'état de conservation de la grotte de la Villette et
de quelques autres tient à ce que ces cavernes ne sont
pas exposées aux intempéries qui en ont dégradé un cer-
tain nombre.
La nature du sol, plus ou moins tendre ou friable, est
souvent un indice de haute antiquité, car dans le prin-
cipe l'imperfection des outils, en particulier l'emploi de
la pierre comme instrument, se prêtant moins au creu-
sement des roches dures, imposait l'obligation de choi-
sir pour ces cavités des sols peu résistants.
De bonne heure également et à l'imitation de quel-
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AOUT. 34ë
qaes cavernes nalurelles qui, tout d*abord, donnèrent
asile à l'homme, la nécessité de se soustraire aux at-
teintes des bétes féroces dut lui inspirer l'idée de mul-
tiplier ces retraites en les creusant de sa propre main.
Plus ou moins informes au début, elles reçurent ensuite
l'empreinte d*un art un peu plus avancé.
Telle fut probablement Torigine des plus anciennes
grottes. En tous cas, si Teffroi des invasions et des guer-
res en avait suggéré la pensée, un vaste et libre champ
serait ouvert aux conjectures. Avant les déprédations
des temps plus ou moins modernes, les populations
avaient été souvent temfiées par de formidables inva*
sions, entr'autres, en remontant le cours des âges, les
irruptions des Normands et des Sarrasins aux X« et
VIII* siècles, des Visigoths qui occupèrent le Velay de
472 à 533, des hordes germaniques aux ¥• et IV*, et à
des époques de plus en plus reculées, des Romains, des
Celtes, des Kimris, etc., etc.
€ A vrai dire, ainsi que M. Aymard l'avait déclaré
dans une communication sur ces grottes faite au Congrès
scientiQque de 4855 (4), il est bien difiScile d'assigner
des époques précises à la plupart de ces cavernes : il est
probable qu'on en a creusé dans tous les temps... Tou-
tefois, il ne serait pas impossible que les plus anciennes
eussent servi de retraites aux premiers habitants de la
contrée... Une étude comparée de leur plan de disln-
bution intérieure, des dispositions de leurs ouverlures
et de leur emplacement, ainsi que des dénominations et
traditions qui s'y rapportent, fournirait d*utiles données
(1) Gompte-foMlv, tom* I, p. 664.
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346 RÉSUMÉ DBS SÉANCES.
pour leur classement chronologique. En l'absence d»
cette étnde comparée, qui devrait étre.surlout graphi-
que, on a quelques renseignements qui pourront guider
dans ce genre de recherches. »
Notre confrère mentionne à ce sujet les remarques
suivantes :
Outre que beaucoup de ces grottes ont en commun,
avec les monuments mégalithiques, dolmens, peulvans,
etc., des légendes relatives aux fées ou fascMneires, aux
lutins, à Gargantua, etc., elles présentent parfois des.
particularités qui assignent à leur origine des temps
plus ou moins reculés. . .
Au château de Larochelambert, un mur en maçonne-
rie, construit après coup, pour fermer l'ouverture d'une
assez vaste cavité, oBre une fenêtre d'un style d'archiT
tecture antérieur aux guerres de religion. Au château de
Bouzols, des vestiges de grottes indiquent qu'elles ont
été creusées avant la construction de cette très-ancienne
forteresse. Le (ait n'est pas moins remarquable au vieux
château de Charrouil, dont les murs de fondation, évi
demment postérieurs à des souterrains creusés dans le
roc au dessous de cet édifice, ont travei*sé et coupé cer-
taines parties de ces cavités. Lorsqu'on établit, il y a
quelques années, le jardin de l'évôché du Puy, on trou*,
va, dans le sol, un groupe de deux ou trois grottes laiK.
lées dans la brèche volcanique. Leur déblaiement fit
voir, qu'elles étaient surmontées d'une couche de débris
d'antiquités romaines, attestant l'antériorité de la ca-
verne.
A la Roche-sur-Dolezon, on voit dans une roche vol-
canique des restes de grottes qui ont été presqu'entiè-
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AOUT. 347
rement détruites par les érosions successives da Dole-
zon. Celles-ci doivent être fort anciennes, si Ton a égard
à la durée de temps qu'il a fallu pour produire une ac-
tion si puissante du cours d'eau.
Le nom du très-ancien village de Borne, qui, dans le
vieux langage du pays, comme en d'autres régions du
Midi, signifie caverne (en patois aussi caborne), ne peut
provenir, depuis un temps plus ou moins reculé, que
d'une grotte voisine qui, évidée à une. certaine hauteur
dans un rocher très-apparent, au-dessus de la rivière de
Borne, domine une partie de ce village. C'est à cette
circonstance que probablement ce cours d*eau doit son
nom qu'il porte de temps immémorial.
Il faut donner la môme signification à l'appellation
également ancienne du village de Bournae, commune
de Saint-Front, à cause des grottes qu^on y voit.
L'étymologie est loin de fournir toujoui*s des données
aussi certaines, et sans l'invoquer avec trop d'assurance,
on peut remarquer le nom de l'ancien village de Cha^
cornac, qui semble indiquer une habitation et un sou-
terrain : chac ou chas (casa) orn (bom) ac; cette cou*
jecture est fortifiée par la présence d'un immense
souterrain à corridors, galeries, chambres, etc. : type
des plus intéressants d'un genre de cavernes qui se
distingue éminemment des grottes en groupes ou iso-
lées, creusées à une certaine hauteur dans nos roches
volcaniques et ayant leurs ouvertures à la paroi plus ou
moins verticale du roc (1}.
(1) Le ndieal hom on om n'est pas le seul qni entre dons la composition de
plusiears noms de lieox plus ott moins lenurqoables pur leurs ircotte84 De
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348 RÉSUMÉ DBS SÉANCES.
C'est à ce dernier système de (évités artificielles qne
se rapportent les grottes de Chadron, an pied desquelles
on a trouvé des haches en pierre polie ; celle de Laro-
che-prës-Coubon dont le sol environnant a fourni des
silex taillés et contre lesquelles le moyen âge avait ac-
collé un castel ; enfla les grottes de Peyienc, au contact
desquelles se sont révélés des indices d'une station pré-
historique reconnaissable à d'assez nombreux éclats et
lames de silex, hachette en silex quarlzeux, fragments
de poteries plus ou moins grossières, caractérisant la fin
de Tâge de la pierre taillée.
11 faut, en outre, remarquer que dans le plus grand
nombre de ces différentes excavations, toutes les pièces
de fermeture, gonds, barres et verrouUers, les crampons
et scellements de cloisons, etc., si Ton en juge d'après
les dispositions des creux qui les recevaient, dénotent
l'emploi du bois, k Texclusion de tout métal, cuivre,
bronze et fer; comme si la pensée première de ce mode
de construction avait été conçue avant les âges caracté^
risés par ces métaux et se fût ensuite perpétuée jusques
à des temps moins anciens où il semble que certaines
grottes ont dû être agrandies et améliorées par le tra*
vail d'un instrument à pointe, peut-être en fer, ainsi
que le fait conjecturer quelquefois la taille du roc mon-
trant des empreintes d'outils plus ou moins analogues à
nos pics ou pioches.
M. Âymard termine cet exposé en recommandant ii
yienx doeiments mentionnant aotsi les noms de la Bëlme on la Bêums, les
CIuhU on U Utel, ciantel on da CiâuMl, comme s'sppUqaant, soit k dei
ctTarnae, soit à des Tiltaf es oà se tronvent ees eiesvsiions*
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AOOT. 3*9
Texamen très-atteatif des observateurs toutes les parti-
cularités qui peuvent fournir soit des dates, soit des ren-
seignements sur les diverses destinations des cavernes,
lesquelles ont donné lieu, en d'autres pays, à bien des
coi^ectures. Déjà il est acquis que nos grpttes, disposées
en groupes aux flancs de rochers plus ou moins abrupts, .
ont servi d'habitations plus ou moins permanentes. Iso-
lées, on les prendrait parfois pour des postes d'observa-
tion ou vedettes destinées à surveiller les approches d'un
centre de population ou village, à commander un valloo,
une route ou estrade, une étendue de pays plus ou
moins vaste ; souterraines, elles ont dû comporter des
usages plus ou moins variés, soit comme cryptes d'ap-
provisionnement, soit pour y remiser les bestiaux, à
l'exemple des souterrains du Charrouiloùles parois des
corridors ont été usées et comme polies par le passage
sans doute très- prolongé du bétail dans ces étroites
galeries, soit enfin comme habitations troglodytiques et
refuges en temps de guerre ; quoique l'occupation de
l'Algérie nous ait appris combien ces retraites sont peu
sûres pour des populations qu'on peut si facilement
exterminer par le simple procédé de l'enfumage, à
moins qu'enfermées dans des forêts, elles fussent dé-
fendues, comme les oppida des Germains, par d'impé-
nétrables retranchements formés d'abattis d'arbres.
Dans ce dernier cas, leur emploi aussi bien que la
structure des excavations comportant quelquefois,
comme à Chacornac, des corridors construits à pierres
sèches, sans indice d'assises, recouverts de grandes dal-
les brutes, révéleraient peut-être, dans nos pays, un
état de civilisation moins avancé qu'à l'époque gauloise
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350 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
proprement dite, où Ton trouve des oppida établis à dé-
couvert au sommet de monts plus ou moins inaccessibles,
comme Gergovie et Corent en Auvergne, comme PoU-
gnac et probablement aussi Corneille et le mont Anis au
Puy-en-Velay.
Personnel. — Présidence de la Société- ^ M. de
Brive rappelle que la présente réunion clôt, pour la So-
ciété, Tannée de ses travaux. A la séance de rentrée,
du mois de novembre, il fera mettre à Tordre du jour
la nomination d'un nouveau Président. Ayant accepté
provisoirement la continuation de celte charge, il re-
grette que Tétat de sa santé Toblige à réitérer la de-
mande que la Société veuille bien Ten relever.
Direction du Musée. M. Balme, au nom du Conseil
d'administration, fait un rapport sur la proposition pré-
sentée par MM. Aimé Giron, Chassaing et Tabbé Frugère,
au sujet d'une modification de Tarticle 2 du règlement
concernant la direction du Musée. « Le Conseil est d'a-
vis, dit M. Balme, que les fonctions de directeur du Mu-
sée soient supprimées. Elles seront exercées par le Pré-
sident de la Société à titre de président de la Commission
du Musée et de toutes les autres commissions émanant
de la Société. En conséquence, il est chargé de la sur-
veillance générale du Musée , du classement des diver-
ses collections entre elles, de la vérification des catalo-
gues, de la convocation et de la présidence de la
Commission et de rendre à la séance de janvier un
compte annuel de Tétat de situation du Musée et des
dépenses faites pour cet établissement.
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AOUT. 351
H. le Président met aux voix l'article 2 ainsi modifié,
qui est adopté à Tananimité.
Élection du conservateur de la section des beaux-
arts. — M. le docteur Martel a la parole pour une ques-
tion de principe.
« La galerie des tableaux et autres œuvres d'art, dit-
il, est une des collections les plus riches du Musée. A
qui appartient le Musée? A la ville. A qui appartient en
principe la nomination du conservateur? Au maire. Eh
bien! je m'étonne qu'au moment où je parle, M. le Pré-
sident ne nous dise pas qu'à propos de cette nomination,
il s'est mis en rapport avec M. le Maire. Cependant il
me semble que cet acte de déférence était indispensable,
d'autant plus que M. le Maire, après l'Exposition univer-
selle de 1867, a dépensé , en fonds de la Mairie, plus de
ï 2,000 francs pour l'achat de vitrines et objets mobiliers
provenant de cette exposition; objets qui, avec nos
richesses scientifiques, concourent à donner au Musée
du Puy une supériorité incontestable sur le plus grand
nombre des musées de France.
« Je suis persuadé, ajoute M. Martel, que si M. le
Maire avait été informé oflBciellement de ce projet de no-
mination et que, pour la forme, on lui eût demandé son
avis, M. le Maire, satisfait de cette démarche , aurait
sans doute répondu qu'il s'en rapportait à la sagesse de
la Société. Ne seraii-il pas convenable, messieure, d'a-
journer le vote, afin de réparer l'omission que je viens
de signaler, omission qui peut froisser l'autorité du
Maire et faire naître un conflit? »
Notre confrère, M. Chevallier-Balme, adjoint h la mai-
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352 RÉSUMÉ DBS SÉANCES.
rie, au nom de l'administration municipale, décline
tonte ingérence dans las nominations des conservateurs
du Musée, et rappelant les bons et sympathiques
rapports qui existent entre la Mairie et la Société, dé-
clare s'en tenir aux anciens errements.
M. Chassaing fait remarquer, en outre, que le Con^
seil général alloue des subventions au Musée, parceque
cet établissement a toujours été considéré à bon droit
comme intéressant le département de la Haute-Loire
tout entier et non pas seulement la ville du Puy; qu'il
ne peut y avoir que des inconvénients à soulever la
question de propriété du Musée et de ses collections;
que personne ne conteste les droits de la ville; qu'il
est donc sans intérêt de changer un régime qui a pro«
duit d'excellents résultais, que le maire de la ville,
tout le premier, ne demande qu*à maintenir et res«
pecter, et qui constitue une des prérogatives les plus
honorables de la Société, prérogative qu'elle abdique-
rait sans aucune nécessité.
MM. Louis Paul et docteur Langlois, appuyant les
observations de M. le Secrétaire, sont aussi d'avis que
dans l'intérêt bien entendu du Musée, il est de notre
devoir de maintenir les attributions de la Société.
L'Assemblée, s'en tenant aux précédents de la com-
pagnie à l'égard de la nomination des conservateurs,
procède au scrutin et notre confrère, M. le baron Jules
de Vinols de Montfleury, député de la Haute-Loire, est
nommé conservateur de la section des beaux-arts.
Question de l'assistance des membres aux séances.
— M. le Président rappelle qu'à la séance du <•' mai
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AOUT. 353
dernier, la Société avait décidé qu'il serait écrit par
M. le Secrétaire à ceux de nos confrères qui n'assistent
plus aux séances poar les prévenir qu'il y a lieu de re-
mettre en vigueur Tarticle 3 du règlement. M. le Se*-
crétaire s'est conformé à la décision de la Compagnie.
M. le chanoine Alirol, secrétaire de Tévêché, empoché
par ses nombreuses occupations, a écrit pour demander
à échanger son titre de membre résidant contre celui
que la Société voudra bien lui accorder.
M. Victor Robert, dans une lettre datée de Dieppe ,
fait connaître qu'il exprimera ultérieurement ses in-
tentions.
M. le Président appelle ensuite l'Assemblée h délibé-
rer sur le titre à donner à ceux de nos confrères qui,
ne pouvant plus assister à nos réunions, désirent
néanmoins rester affiliés à la Société. Trois membres
sont dans cette situation : M. le docteur Reynaud qui
a manifesté ce désir à M. le Secrétaire et MM. le cha-
noine Alirol et Giron-Pislre.
M. le Président, considérant les services rendus à la
Société par ces excellents confrères et la persistance
de leur dévouement à notre œuvre commune, propose
de leur conférer le titre de membre honoraire; ce qui
est adopté par TAssemblée.
Remerctment d'un membre correspondant, — M. le
capitaine Mestre, de Langeac écrit pour remercier la
Société de lui avoir conféré le litre de membre corres-
pondant et lui promet son concours le plus actif.
Demande d'admission au litre de membre non ré-
TOME XXXI. 23
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3&i RÉSUMÉ BBfi SÉANCES.
iidcmt.^^ M. le Président donne lednre d*ane lettre
par laquelle, M. Mourel, docteur en médecine à Ho-
nistrol^nr-Loire, sollicite le titre de membre non rési-
dant et envoie, à l'appui de sa demande, une élude
manuscrite intitulée : Erreurs populaires en médecine,
La commission nommée pour rendre compte de cet
ouvrage est composée de MM. les docteurs Langlois et
Vibert et de M. Cbassaing.
A sept heures, la séance est levée.
Le Secrétaire,
AuGUSTiif CHASSAING.
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SÉAlVtl^lVIKNSUÉ'tlt:
DU JEUDI 7 NOVEMBRE
sommaihb:
Lecture du procès-Terbal. — Mus^b : Dons de deux blocs de la brèche volca-
nique des GoAbes (Espaly); d'une substance bUdmineuse trouvée près de
JagODzao} d'os foscites provenaot de Saint-Privat. Colleetion d'objets pré-
historiques de la station lacustre de Robenhansen (Suisse) ^t da foyer
slave d'Ischarna, près Dresde, offerts, avec divers dessins et mémoires, de
moulages d'antiquités romaines, des assignats, des dentelles de Saxe, etc.,
par ltf-« Ja baronne de Boxberg. Matrices de trois vieux caebets données
par M. Jayeux, et d'un cachet maoonnique d'une loge d'Avignon, par
M. Mestre; insigne maçonnique envoyé de Yicille-Brioude, par M. l'abbé
Sijan. Don par M. de Brive, président, d'une grande hache en pierre polie
provenant do Dampierre, commune de €oubon. Proposition de créer an
Musée un «aton préhistorique et offre gratuite, par M. Aymard, de sa collec-
tion d'instruments de pierro et de bronze. — Oovbagbs hiçus : Blé
hybride Galland cultivé par M. de Morteuîl. Fanage par la méthode des
moyettes. Étiquettes de jardin. Proeédé d'imperméabitité k l'eau des papiers
et étoffes. Métrologie gauloise et romaino d'après M. Anrès. Oppidum de
Nages et de Mus. Monuments chrétiens primitifs. Antiquités des eaux ther-
males de Bourbon et d'Évaux; les dieux Bovvo, Ivahu et Àdidon. Céramique
gallo-romaine. Album typographique imprimé par M. Marcbessou. -* Coh-
MURicATiONs : Subvention ministérielle accordée k la Sociéié. Rapport
annuel de M. Balme sur les Caisses d't^pargne du Puy et de Craponne.
Proposition par M. Isidore Hedde d'établir au Mezenc une station météo-
rologique. Nouveau système d'aérostat proposé par M. Félix Varenncs;
M. Nicolas est chargé d'en rendre compte à la Société. Rapport de M. le
docteur Langlois sur ta candidature de M. Mouret au titre de membre non
résidant; admission du récipiendaire.
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1
356 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
Présidence de M. de Brive.
A trois beur£8, la séi^ce.est opver/e.
Le procès-verbal de la précédente réunion est la et
adopté.
MUSÉE.
Dons. — Blocs de brèche volcanique et d'une subs-
tance bitumineuse, os fossiles, objets préhistoriques,
antiquités romaines, matrices de cachets, insigne
maçonnique, assignats, dentelles de Saxe, grande
hache en pierre polie, — M. Âymard présente un grand
nombre d'objets exposés sur des tables, autour du
bureau et dont il fait Ténumération suivante :
€ 40 Deux blocs de brèche volcanique, renfermant,
Tun un galet basaltique et l'autre un débris de bois en
partie calciné. Ces morceaux ont été acquis des ouvriei*s
d'une carrière actuellement en exploitation au terroir
des Combes, commune d'Espaly. Ils sont intéressants
au point de vue de Torigine des brèches, lesquelles, en
cet endroit comme en bien d'autres, témoignent par
tous les éléments constitutifs de la roche qu'elles pro-
viennent d'une éruption sur place. On y trouve, en ef-
fet, quelques galets de phonolithe et de basalte évidem-
ment détachés d'un lit de semblables cailloux dont les
affleurements existent à peu près au même niveau, sous
les basaltes des plateaux voisins. On y observe aussi en
amas isolés, au milieu de la brèche, des sables qui en-
trent dans la composition de ce terrain de transport.
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NOTEMBRE. 3^7
ainsi que des blocs de marne argiiense et des fragments
de calcaire arrachés, sans aacun doate, par Témption
des brèches à la formation des calcaires marneux sous-
jacents. Ces faits excluent absolument l'hypothèse émise
au sujet de ces brèches par MM. Poulett^Scrope et Ber«
trand de Doue, aussi bien que celle produite au congrès
géologique, tenu au Puy en 4869, par MM. Delanone,
Lory et Grûner. Ils confirment nos observations éta-
blissant l'origine éruptive des brèches, qui reçurent au
congrès la pleine adhésion de nos confrères MM. Félix
Robert, Vinay et Lecoq, ainsi que de M. Tingénieur
Toumeire qui a dressé la carte géologique du dépar-
tement, et d'autres membres- du congrès, lesquels par-*
tagent aussi notre opinion à regard des brèches en dike$
de Corneille, Saint Michel, Espaly, Polignac, etc.;
€ io Un bloc d'une substance bitumineuse qui parait
avoir été fondue. Il a été trouvé, avec plusieurs autres,
dans le sol et sous la couche arable d'un champ près de
Jagonzac, commune de Saint-Haon. C'est la première
fois qu'une découverte de ce genre est signalée dans la
Haute-Loire. Elle 'donnera lieu à une étude géologique
par la comparaison du gisement avec celui du Puy-de*
la-Poix, en Auvergne, où une éruption de \vakile ou
pépérite a produit une source d'eau minérale ayant € la
€ singulière propriété d'amener du bitume (pissasphalte)
€ .... et de le pousser au dehors par un dégagement de
€ gaz sulfbydrique assez abondant (1). » Cette pièce a
été donnée au Musée par le propriétaire du champ ;
€ 3» Divers débris d'os fossiles extraits des tufs vol-
B .LMoq» L«t ipofueê §éùiôgiqueê ie Vàutwgnêy 1869, t. n, p. 8i« •':
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358 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
eàniqaes de Saint*Priyat-d' Allier. Il y a surtout un
astragale de grand ruminant, qui est dans un état de
parfaite conservation. Ces morceaux ont été acquis par
nos confrères MM. Aimé Giron et Tabbé Frugère;
€ 4° Une collection d'objets préhistoriques de l'&ge
néolithique ou de la pierre polie, qui, joints à d'autres
qui sont au Musée, nous font connalti*e l'état social de
l'homme à une époque très-ancienne où des peuplades
lacustres habitaient des villages construits sur pilotis et
tels qu'il semblerait en avoir existé aux lacs du Velay
et du Gévaudan (1).
€ Ces pièces qui ont été recueillies à la station lacus-
tre de Robenhausen , en* Suisse, par notre généreuse
correspondante, M^^^" la baronne de Boxberg , sont les
suivantes : deux morceaux de tourbe extraits du fond
du lac entre les tronçons des pieux ou pilotis qui avaient
supporté la plate-forme du village, un de c^ morceaux
contenant un fragment de hache en pierre ; d'autres
haches, plus ou moins fortes, entière^ ou en fragments,
imparfaitement polies ; un gros galet de serpentine qui
fait voir l'ébauche d'une grande hache et , de chaque
côté, des traces de rainures ou d'un travail de sciage
au moyen duquel on avait détaché deux autres sem-
blables instruments ; une hachette emmanchée dans une
(l) Voyez ponr les lacs de la Saisse : Die f'iahlbauten tn deen Schweizer-
Seen, von J. Staub, Lekrer. Fluntern bei Zurich, etc., 186i, et le savant oa-
vrage de M. John Lnbbock : Prehistoric limes, 1866, traduit par E. Birbier,
sous ce titre : L'Homme avant l'histoire, Paris, Germer-Baillière, 1867.
Voyez aussi, pour les lacs de nos pays, la légende du Bouchet, relative ï un
village englouti dans les eaux f Annales de la Société, tome xxiv, 1861-1869,
pige 60). Od a trouvé des restes de pilotis dans un des lacs d'Aobiae.
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IfOVEMBAB. 3&9
corne (moalage) ; une boaie en pierre que Ton croit i^voir
servi à écraser le grain; une lame de couteau et divers
éclats de silex ; deux silex taillés en lame et en pointe
de flèche (moulages); une hachette et un poinçon en os
(moulages) ; une large côte fendue et dont un des bouts
finit en pointe, comme on en a trouvé dans la plupart
des stations lacustres, et qu'on croit avoir servi pour le
teillage de matières textiles; des morceaux de grands
vases noirâtres, de cuisson imparfaite, façonnés sans em-
ploi du tour, les uns à surfaces rugueuses, d'autres ornés
de rainures plus ou moins régulières et de dépressions
produites simplement par l'ongle; un gros poids en
terre cuite pour filet de pèche ou pour métier à tisser;
des fragments d'étoffe et de fil en chanvre; un éclat de
bois carbonisé; trois débris d*os de ruminants (humérus,
fémur et métacarpien] ; enfin des substances alimen-
taires tels qu'une de ces moitiés de poire sauvage re-
cueillies fréquemment dans les stations lacustres et qui
pai*aissent avoir été séchées et conservées pour les
provisions d'hiver et surtout des grains de céréales, blé
et orge, dénotant qu'en ces temps reculés où l'usage
des métaux était encore inconnu, les hommes prati-
quaient l'agriculture.
€ A cette collection, et pour en faciliter Tintelligence,
M"* de Boxberg a joint une carte imprimée du canton
de Zurich avec ses lacs à stations préhistoriques, ainsi
qu'une brochure illustrée de planches où sont figurés
les objets découverts dans les lacs de la Suisse (1).
(I } Cette brochure, déjà citée en note, a pour titre : Die Pthalbauthen in
dêéu SchwetzerSeen, etc. Depuis cet envoi, M°« de Boiberg a bien voala nous
faire ose tradaeUon de ee mémoiif .
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960 RÉSUMÉ DBS SÉANCES.
€ Ces documents se complètent aussi par une notice,
dont M"' de Boxberg est l'auteur, avec dessins coloriés
de deux croissants lunaires, un en terre cuite, trouvé
dans la forêt de TEbersberg, canton de Berne, l'autre
en bronze, près Soleure, lesquels, comme un semblable
symbole en grès conservé au musée de Genève et décou-
vert dans une station palafltique du lac Léman^ feraient
remonter Tadoralion de la lune jusqu'aux temps préhis-
toriques.
< Notre correspondante nous a remis également des
traductions de mémoires publiés dans le journal Y Etran-
ger, h Augsbourg. Ils concernent les témoignages pré-
historiques en Danemark, l'antiquité de l'usage du fer,
des outils en pierre recueillis dans des mines de l'E-
gypte , une figurine en bronze trouvée à Vessobrunn
et représentant une divinité indigène;
€ 50 M"' de Boxberg, en outre, nous a apporté du
foyer slave dlscharna, près Dresde, déjà si fructueuse-
ment exploré par elle au profit de notre Musée, des
pièces non moins curieuses, les unes en nature, d'autres
en moulages habilement exécutés par elle-même. Ce
sont une pierre de fronde, des poteries entières ou en
fragments, dont une cuillère, ainsi que deux épingles en
bronze ;
« 6» Nous lui devons également des moulages — exé-
cutés aussi par la donatrice — d'antiquités romaines.
Ils reproduisent une terre cuite représentant Vénus à
sa toilette, trouvée à Cologne; cinq lampes provenant
d'Afrique, de Rome, de Paris, Clermont en Auvergne,
etc. ; et un andouiller de corne de cerf percé d'un trou
de suspension, qui a été exhumé de l'un des puits fa -
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NOVEMBRE. 364
néraires do Bernard en Vendée, par M. le cnré Baadry ;
€ 7° C'est encore à l'époque romaine qu'il convient
d'attribuer des fragments de poteries trouvés près de
Saint-Privat-d'AIlier, probablement au même lieu de
sépulture d'un oculiste, d'où proviennent un cachet la-
pidaire, une trousse d'instruments de chirurgie, d'autres
morceaux de vases et divers objets acquis par la Société
et conservés au Musée. M. le curé de St-Privat, aujour-
d'hui décédé, s'élait procuré ces poteries qui ont été cé-
dées par ses héritiers à MM. l'abbé Frugère et Giron;
€ 8<> Trois matrices de cachets armoriés ont été don-
nées par M. Joyeux, fils de l'un de nos anciens et regret-
tés confrères ;
€ 9^ Une matrice d'un beau cachet de la loge franc-
maçonnique de Saint-André, de l'aimable association
de l'Orient d'Avignon, nous a été envoyée par notre
confrère, M. le capitaine Mestre, de Langeac, à qui déjà
le Musée était redevable d'objets intéressants;
€ 10<> Notre collection franc-maçonnique, Tune des
premières de ce genre qui aient été organisées dans
on Musée, s'est accrue aussi par le don que lui a fait
H.Tabbé Sijan, curé de Vieille-Brioude, d'une écbarpe
en soie cramoisie avec insignes richement brodés ;
€ \\o Les libéralités de M"^ de Boxberg comprennent
encore dix assignats de 500 h 10,000 livres, des ans II
et III de la République française ;
€ 42? Et surtout une série d'échantillons de dentelles
de Saxe, ainsi qu'un modèle de carreau ou petit mé-
tier avec ses fuseaux, qui sert dans le même pays à la
fabrication de ces tissus, et sem un des curieux et ins-
tructifs ornements de notre Musée des dentelles. »
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362 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
M. le Yice-président dit ensuite qn'à sa demande,
M'^ la baronne de Boxberg et M»* la marquise de
Larochelambert ont bien voula assister an Masée, dans
une réunion de dames, à Touverture des caisses conte-
nant les dons de notre gi^acieuse correspondante et
fournir à leur sujet de savantes explications. MM. le
Maire et les Conserrateurs du Musée se sont empressés,
au nom de la Société et de la ville, de témoigner à
M"« de Boxberg leur vive gratitude.
M. le Président associe les remerciements de Tassem-*
blée à ceux que nos confrères ont si justement expri-
més. Il remercie également les autres personnes dont
les offrandes ont été énumérées.
M. de Brive témoigne, en outre, par l'offrande
d'une grande et belle bâche préhistorique en pierre
polie, qu'il est heureux lui-même de contribuer à
l'accroissement de Tune de nos plus curieuses collec-
tions. Cet instrument est en basalte, long de 22 centi-
mètres et large au tranchant de 5 à 6 centimètres. H
provient de la succession du sieur Séjalon, cultivateur
à Dampierre, commune de Coubon, qui le possédait,
lui ou les siens, de temps immémorial, sous le nom de
pierre du tonnerre. Comme la famille de ce cultiva-
teur lui attribuait des vertus merveilleuses, cette
croyance avait empêché le propriétaire de s'en dessaisir,
quelques instances que M. de Brive eût faites à plu-
sieurs reprises, pour en doter le Musée.
Projet de salon d'antiquités préhistoriques. —
M. Aymard, à l'occasion des dons qui viennent d'être
énoncés, rappelle ceux qui ont été faits précédemment
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NOVEMBRE. 363
en objets d'anUquitôs préhistoriques ; il ajoute que cette
collection, à laquelle se rattachent les ossements hu-
mains fossiles extraits d*un terrain volcanique du mont
Denise, tend à s'accrottre par le concours des savants
que cette découverte a intéressés. Notre confrère croit
donc le moment venu de réaliser un projet dont il a été
question dans une précédente séance de la Société,
celui d*affecter un salon spécial à cette collection. Elle
est déjà composée de belles et nombreuses pièces, dont
une grande partie,* & défaut d'espace, a dû provisoire-
ment être emmagasinée. Il est urgent de livrer aux re-
gards et aux études des connaisseurs ces éléments pré-
cieux d'une branche d'investigations scientifiques dont^
se préoccupent, à juste titre, toutes les sociétés savantes
de TEurope, et que la nôtre peut se glorifier d'avoir été
une des premières à prendre en sérieuse estime.
< Le Musée, ajoute-t-il, offre un local qu'il serait fa-
cile d'approprier à cette destination. Il s'agit d'une cour
contiguë aux galeries d'antiquités, et qui n'est en ce
moment d'aucune utilité, si même elle n'est pas nuisible
au Musée par le vent, le froid, la pluie et la neige
qu'elle y introduit. Il suffirait de couvrir cette cour
d'une toiture avec vitrage, et d'y établir des vitrines.
Dans ces conditions, les frais de réparations ne sau-
raient atteindre un chifFre bien élevé. La principale
dépense pour la toiture et le plafond ne s'élèverait pas
probablement à plus de 500 francs, en les bornant stric-
tement à de modestes travaux, comme on s'en est assuré
par un devis ; dans tous les cas, il faut bien espérer que
le concours du Conseil général ne ferait pas défaut à
cette intéressante création. ^
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364 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
Notre confrère dit également que si sa proposition
était agréée et suivie d'exécution, il se ferait un. plaisir
d'offrir gratuitement pour ce Musée sa collection parti-
culière d'objets préhistoriques en pierre et en bronze,
qu'il a formée dans la Haute-Loire depuis une trentaine
d'années. Ces pièces assez nombreuses contribueraient,
avec celles recueillies par la Société, à montrer la part
que nos ancêtres avaient prise aux phases successives
de civilisation qui ont précédé, dans ce pays comme
ailleurs, les temps dits historiques ; de plus, notre con*
frère, désii*eux de sauvegarder dans l'avenir l'intégra-
lité de la collection, entend que, sans son consente-
ment, aucune cession n'en altérerait la composition
locale, et qu'il en resterait le conservateur.
L'assemblée remercie M. Aymard de cette généreuse
communication. Elle accepte l'offre dont elle est l'objet,
et qui sera transmise à l'autorité municipale et au
Conseil général, avec le vœu de la Société pour la
création d'un musée préhistorique sous la direction de
notre confrère.
OUVRAGES REÇUS.
Agriculture. - Blé hybride Galland, — Notre
compatriote, M. le comte de Morteuil, dans le Jowrnal
d'agriculture pratique, signale les résultats très-avanta-
geux qu'il a obtenus du blé hybride Galland. Ce fro-
ment a produit 16 pour \ dans les mêmes terres où le
blé du pays ne lui a donné que 4. Ayant vu que l'on se
plaignait de ce qu'il y aurait deux variétés dans le blé
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NOTKIIBRC. 365
OàHand, Tune à épis barbus, l'autre à épis lisses, M. de
Morteoil eh a fait tin triage ; il a semé séparément les
deux variétés et leurs produits ont été également mélan-
gés. D'autre part, le même blé Galland qui n'avait pas
été trié, donnait, dans les parties les plus fertiles du
champ, beaucoup d'épis barbus, tandis que, dans le
même champ, les parties moins bonnes ne produisaient
presque que des épis lisses : d'ob l'on doit conclure que
c'est bien la même variété sous deux aspects différents.
M. le Président, après avoir ainsi rendu compte de
l'intéressant article de M. de Morteuil, fait observer
néanmoins que dans sa propriété de la Darne, commune
de Coubon, il n'a pas obtenu des résultats aussi fruc-
tueux ; mais ses essais ont été contrariés par des condi-
tions atmosphériques des plus défavorables et notam-
ment par le froid rigoureux de l'hiver dernier. Désireux
de renouveler l'expérience, M. de Brive a demandé à
M. de Morteuil des semences pour distribuer à quel-
ques-uns de nos confrères. M. de Morteuil, dans une
lettre dont il est fait lecture, s'est empressé de répondre
au désir de M. le Président, en ces termes :
€ Les produits du blé hybride Galland ont dépassé
mon attente. C'est vous dire qu'il est très-productif;
aussi je fais tout mon possible pour le multiplier; mais
les demandes ont été si nombreuses, que, la première se-
maine, j'ai écoulé tout ce que je possédais et il me reste
une quarantaine de lettres de demandes pour Tannée
prochaine.
€ Ce blé ne craint pas la gelée, se bat bien et ne s'é-
graine pas comme le froment bleu, productif sans doute»
mais craignant la gelée. En tout, le froment Galland est
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366 RÉSUMÉ DES SEANCES.
supérirar à toutes lea variétés qae je connaisse. Ca ptmie
est forte et hante; malgré cela, les bestiaux la mangent
très- bien; il n*est pas sujet à la .yerse.
« Je suis fâché de ne pouvoir en disposer même d'une
très-faible quantité; je l'aurais offerte avec plaisir à la
Société du Puy. L'année prochaine, je serai, je l'es-
père, plus heureux. J*en ai, malgré son prix élevé, se-
mé plus de 40 doubles décalitres, en le soignant comme
il le mérite ; l'expérience de tous vos bons agriculteurs
leur a appris qu'il en est des plantes comme des ani-
maux : mettez entre les mains d'un éleveur, comme il
y en a trop, un élève Durham ; s'il le nourrit à la paille,
comme toutes ses bétes, il est bien certain que sa crois-
sance sera non-seulement retardée, malgré sa précocité,
mais encore arrêtée ; il en est de même pour toutes les
variétés de froment. Labourez profondément, fumez,
chaulez si le terrain le comporte, et vous aurez de
belles et productives récoltes. Tant vaut l'homme, tant
vaut la terre, qui récompense toujours l'homme labo-
rieux et intelligent. Point de courbettes aux puissants
du jour, mais du travail, de l'ordre ; et la terre, comme
une bonne mère, récompensera largement, parce qu'elle
est reconnaissante de vos soins... 2^
L'assemblée, intéressée par cette communication de
l'un de nos plus habiles agronomes, prie M. le Prési-
dent de mettre à profit ses offres obligeantes pour que
la Société soit comprise, en 4872, dans la répartition
généreuse du blé Galland qui proviendra de la pro-
chaine récolte de M. de Morteuil.
Moyettespour les foikrrages. — A la séance du 41 juil-
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NOVEMBRE. 367
let dernier, il a été question de remploi des moyettes
pour la récolte des céréales. M. Heequet d'Orral, dans
un article du Journal de VagrieuUure, engage icussi
les agriculteurs à adopter sans hésitation le fanage par
la méthode des moyettes.
« Quoique nos cultures, dit-il, soient situées à peu de
distance de la mer, dont le voisinage détermine des va-
riations atmosphériques continuelles, la méthode que
nous recommandons, après une expérience de plus de
vingt ans, nous a toujours donné des résultats tellement
certains, que nous n'éprouvons jamais la moindre in-
quiétude pour la récolte de nos prairies artificielles.
« Cette année encore, elles ont été engrangées (les
premières coupes) tout en aussi bon état que celles de
4869 et 4870, qui furent favorisées par un temps excep-
tionnellement beau.
« Notre méthode, qui a l'avantage de n'exiger aucun
outillage spécial, de diminuer plutôt que d'augmenter
la main-d'œuvre ordinaire de fanage, est à la portée de
la petite comme de la grande culture. Elle conserve
aux fourrages une proportion importante de substances
de première qualité (feuilles et fleurs] en partie perdues
par les procédés ordinaires. Enfin, elle s'applique aussi
avec succès aux pois, aux fé véroles, aux vesces, à l'orge
et au sarrasin. >*
L'auteur n'insiste pas moins sur l'utilité de l'emploi
des moyettes pour les céréales.
Horticulture. — Étiquettes de jardin, — Un nou-
veau système d'étiquettes économiques pour les plan-
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368 HÉSUMÉ DES SÉANCES.
tes et arbustes rareset qui diffère de celui indiqué à la
séance du 3 avril 1874 , est recommandé par la Revue
agricole et forestière de Provence. On sait que les éti-
quettes en bois et en carton qui accompagnent, d'or-
dinaire, ces plantes dans les envois faits par les
marchands-horticulteurs, s'altèrent promptement par
Taclion de la pluie. Il est d'usage de leur substituer
des plaquettes en zinc , faciles à se procurer au moyen
des rognures qu'on trouve chez les ferblantiers et les
plombiers. L'expérience a démontré que Tinscription,
indiquant les noms et qualités de la plante ou de Tar-
buste, devient inaltérable par remploi d'une encra dont
la formule suit : Dix grammes d'eau distillée, addi-
tionnés d'un gramme de chlorure de platine et d'un
gramme de gomme arabique. L'écriture tracée avec ce
liquide devient immédiatement assez noire pour être
facilement lisible, et elle est ineffaçable.
M. Aymard rappelle, à cette occasion, qu'il y a quel-
ques années, loi'sque la Société avait une pépinière ex-
périmentale dans une partie de la prairie du Breuil,
aujourd'hui comprise dans le jardin public, notre con-
frère, qui en avait la direction, faisait usage d'étiquet-
tes en zinc flxées au sommet de tiges en fer. Les ins-
criptions, qui avaient longtemps résisté aux intempéries,
étaient d'une encre indélébile qu'avait bien voulu lui
fournir un autre de nos confrères. M, Gatillon. Peu
différente de celle de Braconet, insérée par Belèze
dans le Dictionnaire de la vie pratique, elle était
ainsi composée :
Vert-de gris en poudre. 10 grammes.
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NOVEMBRE. 369
Sel ammoniaque en poudre 40 grammes.
Noir de fumée 5 grammes.
Eau ordinaire .'• . 100 grammes.
Faire dissoudre le sel ammoniac et le vert-de-gris,
puis délayer le noir de fumée à Taide d'un mortier.
Arts INDUSTRIELS. — Moyen de rendre imperméa-
ble à l'eau le papier et les étoffes, — Un article du
Journal d'agriculture progressive fait connaître un
procédé fort utile pour rendre imperméable à Teau le
papier et les étoffes.
On fait dissoudre de la paraffine dans du naphte pur
qui ne laisse , après séchage , aucune tache sur le pa-
pier qui en aura été saturé. La paraffine doit être cou-
pée en petits morceaux et mise avec le naphte dans un
vase à fermeture étanche et commode qu'il faut ensuite
bien agiter. De cette façon, on obtient, sans Taide de
la chaleur , une solution froide , saturée. Il est mieux
d'employer un excès de paraffine dans le naphte, de
façon à obtenir une solution de vingt degrés centigra-
des. On plonge les articles ou tissus à préparer dans
celte solution pendant un temps qui varie suivant Té-
paisseur et la porosité de la matière à traiter. On re-
tire ensuite les articles ainsi traités, et on les fait sécher
sous l'action d'une chaleur naturelle ou artificielle, ou
d'un courant d'air; le naphte alors s'évapore, laissant
le papier ou la toile saturée de paraffine imperméable à
l'eau et capable de résister à l'action des acides. Il est
quelquefois nécessaire de soumettre certains articles à
l'action d'un fer ou d'un cylindre chaud.
TOME XXXl. 24
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370 RÉSUMÉ OBS SÉANCES
Archéologie. — Métrologie gauloise. — Oppidum
de Nages et de Mus. — Monuments chrétiens des
premiers siècles, etc. — Au nombre des publications
que M. le Président signale à l'attention de TAssem-
blée, il n'en est aucune plus intéressante, au point
de vue archéologique, que les Mémoires de V Aca-
démie du Gard, de 4868-4869. On y remarque sur-
tout une nouvelle dissertation de H. Auras sur les
deux sortes de métrologie romaine et gauloise, détermi-
nées par des mesures que ce savant prend soin de re-
lever très-exactement sur un assez grand nombre de
monuments. C'est d'abord un petit autel du Musée de
Nîmes, monument dont les proportions indiquent qu'il
a été fabriqué par un ouvrier qui se servait des mesu-
res romaines, c'est-à-dire d'un pied dont la longueur
égalait 0",296. L'auteur déduit ensuite le pied gaulois
des dimensions des murailles de l'oppidum gaulois de
Mursens , lequel aurait eu la même longueur que noire
pied-de-roi , pouvant être fixée approximativement à
0",325. Cette unité de mesure , dans l'opinion de
M. Aurès, très-bien motivée, serait confirmée par
des inscriptions et des bas-reliefs qui semblent surtout
remonter au commencement de la domination romaine.
On comprend combien cette séduisante théorie pourra
être féconde en applications et quel horizon nouveau
elle peut ouvrir, dans notre pays comme ailleurs, aux
investigations archéologiques. Sous ce rapport , notre
confrère M. Aymard annonce qu'il Ta déjà mise à pro"
fit dans ses études sur les restes des monuments ro-
mains découverts au Puy, notamment à l'égard des
nombreux moixeaux qui proviennent du temple prin-
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NOYEMbRE. 371
cipal. « Corniche, frise , architrave, fragments de co-
lonnes, en un mot tous les membres de Tarchitecture
se mesurent généralement, dit-il, par le pied gaulois, à
la différence des monuments postérieurs qui paraissent
accuser le pied romain introduit insensiblement an
Puy par le régime colonial de cette ville. On aurait
ainsi une nouvelle preuve que ee temple, le premier,
sans doute, érigé dans notre ville par les Romains,
l'aurait élé vers le temps de l'empereur Auguste,
comme on l'avait déjà présumé d'après d'autres notions
archéologiques. > A cet égard, notre confrère ne
craint pas de faire appel aux vérifications du savant
M. Aurès.
Le même volume contient le mémoire de notre com-
patriote M. Ed. Flouest, sur Voppidum de Nages, dont
il nous avait déjà envoyé un tlré-à-part mentionné à la
séance du 6 juin 1870 (page 80 du présent volume).
Rectifiant une erreur typographique de notre compte-
rendu qui donne Naves au lieu de Nages , rappelons
seulement que ce castellas, comme on l'appelle dans le
pays, occupe une position topographique à remarquer,
à savoir : au ^sommet d'une montagne dominant une
vallée riche et fertile, près le village de Nages, entre
Nîmes et le Verdoule. Outre les renseignements ex-
traits de ce mémoire à la séance de juin 4870, on voit
figurées sur une des planches qui l'accompagnent « des
fibules en bronze à ressort en boudin, du type de celles
qu'ont fait connaître les cimetières gaulois les plus au-
thentiques, » et dont une des variétés, gallo-romaine, a
été trouvée récemment dans nos environs, au terroir
du Cbeylounet, commune de Saint-Vidal.
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S7S RÉSUME DES SÉANCES.
Un autre oppidum gaulois non moins curieux est,
dans le même recueil , le sujet d*une savante disserta-
tion par M. Brun, sous le titre : la ville de Mus, etc.
C'esl là, en effet, une de ces nombreuses yilles antiques
entièrement oubliées dans l'histoire et que l'archéologie
seule nous révèle.
Mentionnons égaleipent : l» les découvertes archéo-
logiques de tous genres faites à Nîmes et dans le Gard,
en 1869, par M. Germer-Durand qui, chaque année, en-
registre, avec une constance très-méritante, tous les faits
qui intéressent la science des antiquités ; 2<> une notice
par M. l'abbé Azais sur deiuc monuments chrétiens
des premiers siècles, à Nîmes, Les inscriptions funérai-
res et les symboles qu'on y voit, ingénieusement com-
mentés par l'auteur, indiqueraient, suivant lui, la
première une femme chrétienne au IP ou bien au
IIP siècle, l'autre « un ancien chef du troupeau chré-
tien , un pasteur » qu'on reconnaîtrait à la représenta-
tion d'un personnage debout, portant une brebis sur les
épaules, image du Bon-Pasteur. Toutefois M. Aymard
remarque, au sujet de ce genre de représentation, qu'il
est antérieur aux chrétiens. On l'observe sur d'incon-
testables monuments du paganisme, comme on en a un
exemple curieux dans notre Musée, sur un des bas-
reliefs du monument romain de Pontempeyrat, offrant
un génie entièrement nu et portant de même une brebis
sur ses épaules.
Antiquités des eaux thermales. — La Société fran-
çaise d'archéologie, dans sa séance générale tenue le
16 août dernier à Anvers, et dont le compte rendu est
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NOVEMBRE. 373
inséré au Bulletin monumental, a entendu un rapport
intéressant de M. de Caumont qui contient, entr'autres
renseignements, des nofions sur les antiquités trouvées
à Néris et à Évaux, établissemenis thermaux au moins
du temps des Romains. 11 rappelle Tinscription concer-
nant la première de ces localités et consacrée aux divi-
nités des Augustes et au dieu Iférius. Les restes des
monuments romains, dont il signale les récentes décou-
vertes, donnent une haute idée de leur magnifi-
cence.
M. de Caumont qui, à ce propos, rappelle aussi le
nom du dieu Boroo ou Borbo, génie topique de la sta-
tion thermale de Bourbon, aurait pu ajouter la mention
du dieu gaulois IVAHV, d'après l'inscription gravée
sur une patère de bronze, trouvée dans une des pisci-
nes de l'établissement thermal d'Évaux.
Ainsi se confirme de jour en jour Toplnion de notre
confrère M. Aymard, qui, au sujet de notre dieu
Adidon (mont Adi ou mont Anl], le porte à croire que
ces appellations de dieux topiques n'étaient autres que
celles des lieux eux-mêmes, ou des lieux déifiés.
Dans nos pays également, les eaux minérales avaient
été Tobjet de la munificence romaine, comme le témoi-
gnent les belles antiquités trouvées à Margeaix et de
curieux vestiges observés près des Estreits.
Céramique gallo-romaine. — Le compte-rendu du
dernier Congrès archéologique de France, publié en
1871, contient des communications nombreuses et très-
variées parmi lesquelles on remarque la description et
les dessins de trois beaux vases, avec enduit métâlli-
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374 ' KRSGMÉ DES SÉANGIDS.
que et ornements en relief, qui présentent un grand
intérêt au point de vue de la céramique gallo-romaine.
Ce Ternis métallique ou oxyde de plomb, plus ou moins
semblable à celui qu'on emploie de nos jours, caracté-
rise aussi des vases dont différents débris ont été re-
cueillis dans les fouilles faites au Puy et à Saint-Pau-
lien, ainsi que dans l'exploration de plusieurs de nos
villa romaines.
Typographie. — Notre habile typographe, M. Mar-
chessou, a fait hommage à la Société d'un bel Album
de caractères divers, vignettes, bois gravé», etc., in-4",
dont il est l'éditeur. Cet ouvrage, tiré à un petit nom-
bre d'exemplaires, donne une idée très-favorable de la
perfection que M. Marchessuu apporte dans les œuvres
de choix. Il est, en outre, intéressant par la repro-
duction de tous les vieux bois à vignettes, lettrines, etc.,
jadis employés par nos imprimeurs du Puy et dont une
collection, qui a été communiquée pour cet objet à
H. Marchessou, existe dans notre Musée. A tous ces titres,
cet Album trouvera une honorable place dans cette col-
lection de pièces typographiques.
COMMUNICATIONS.
Travaux de la Société. --Subvention ministérielle.
-—Il est donné lecture d'une dépêche par laquelle M. le
ministre de rinstruciion publique annonce qu'il a attri-
bué à la Société une allocation de 400 francs, € heu*
reux, ajoute-t-il| d'encourager ainsi les travaux de la
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NOVEMBRE. 375
Compagnie et de lai donner an noaveaa témoignage de
son intérêt. >
M. le Président exprime la gratitude que fait naître,
an sein de l'assemblée, cette nouvelle marque des sym-
pathies du gouvernement que n'ont point altérées les ré-
cents et cruels désastres militaires et financiers de la
France.
Sciences économiques. — Caisses d'épargne du Puy
et de Craponne. — Notre confrère M. Balme, président
du conseil d'administration de la caisse d'épargne du
Puy, lit le rapport suivant sur la situation et le service
de cet établissement et de sa succursale de Craponne,
pour l'exercice 4870 :
Messieurs,
De nouveau appelé par mes collègues à la présidence du
conseil des directeurs de la Caisse d'épargne du Puy, j'ai
rhonneur de vous présenter le rapport d'usage sur la situa*
tion de son service.
Après les désastreux événements qui se sont accomplis
pendant le cours de 1870, mon premier devoir est de vous
rassurer sur le sort de l'institution dont vous avez pris l'i-
nitiative et protégé les débuts.
Vers le mois de juillet dernier, la déclaration d'une guerre
à laquelle personne ne songeait, fit aussitôt naître des ap-
préhensions malheureusement trop légitimes. Elles jetèrent
partout la perturbation dans les affaires, et menacèrent
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376 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
d'occasionner un préjudice considérable à tons les établis-
sements de crédit. La Caisse d'épargne du Puy se ressentit,
elle aussi, de la situation critique qui nous était Taite. Dès
les premières nouvelles de Tinsuccès de nos armes, les dé-
posants se présentèrent en foule pour retirer le montant de
leurs livrets ; à tel point que, dans les neuf séances du
24 juillet au 18 septembre, nous dûmes leur rembourser la
somme relativement énorme de 296,063 fr. 75 c, alors
que nous ne recevions en dépôt que des sommes insigni-
fiantes se composant, en grande partie, de sommes rever-
sées, c'est-à-dire de sommes demandées, mais que les
déposants ne venaient pas retirer, par un motif quelconque.
La panique qui s'était manifestée au Puy était générale.
Elle avait pris de telles proportions qu'elle menaçait de ta-
rir les ressources du Trésor et de lui créer de nouveaux em-
barras en le mettant dans l'impossibilité de subvenir aux
frais de guerre et d'assurer le fonctionnement régulier des
services de l'intérieur. Le gouvernement de la défense
nationale avisa, et, pour faire cesser un état de choses com-
promettant le salut de la France, il décréta le 17 beptembre
qu'à partir du 21, on ne rembourserait en numéraire sur
les livrets excédant 50 fr. que la somme de 50 fr., le sur-
plus ne pouvant plus être exigible qu'en bons du Trésor
négociables et payables à trois mois d'échéances, avec inté-
rêt à 5 0/0. Dans le but de faciliter les vrais besoins, ces ^
bons pouvaient être délivrés par coupures depuis 50 fr. jus-
qu'à la somme complète du livret.
Sauf quelques rares exception?, le public des Caisses d'épar-
gne accepta avec une patriotique résignation cette mesure,
qui, malgré son utilité, n'en était pas moins une atteinte
fort grave portée aux conditions existantes lors des verse-
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NOVEMBRE. 377
ments. Chacun comprit la nécessité de force majenre em-
pêchant la délivrance de fonds et conserva la plas entière
confiance dans le sort de l'institution . Et pour preuve, c'est
que, malgré la perspective d*étre payé, à Téchéance de trois
mois, malgré l'appât de l'intérêt porté de 3 3/4 0/0 à 5 0/0,
il n'y eut qu'un très-petit nombre de personnes qui échan-
gèrent leurs livrets contre des bons du Trésor. Si donc on
recherche la vraie cause des retraits énormes des. premiers
jours de nos malheurs, on ne la trouve point dans la crainte
d'une catastrophe générale compromettant le crédit et le
sort du pays, mais bien plutôt dans l'empressement que
nous avons tous dans les moments de dangers publics^ quel-
que soit notre situation de fortune, d'avoir, passez-moi l'ex-
pression, dans le coin de notre armoire, la plus grande somme
de numéraire possible, le tout en prévision des éventualités.
Toutefois il est bon de vous signaler un symptôme éta-
blissant combien les populations apprécient les avantages
des Caisses d'épargne. C'est que depuis la signature de la
paix, et surtout depuis la répression des troubles de Paris,
nous voyons nos recettes revenir insensiblement à leur
chiffre normal.
ADMINISTRATION ET PERSONNEL DE LA CAISSE.
Gomme vous le savez, messieurs, la Caisse est adminis-
trée par un conseil de dix directeurs. Aux termes des sta-
tuts, ils ont droit de nommer un nombre, égal au leur, de
directeurs adjoints. Ceux-ci prennent part aux délibérations
du conseil, mais seulement avec voix consultative. Dans le
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378 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
cours de l'annôe, les besoins du service nous ont fait porter
de quatre à six le nombre des directeurs adjoints.
Chaque séance hebdomadaire est présidée par un admi*
nistrateur. Dans ces temps de crise, tous ont tenu à hon*
neur d*être régulièrement à leur poste ; qu'il me soit donc
permis de rendre ici un hommage public au zèle intelligent
avec lequel mes collègues ont rempli une mission qui sou-
vent eût pu devenir des plus difficiles sans leur paternelle
influence. Je manquerais également à mon devoir si je ne
les remerciais du concours éclairé qu'ils n'ont cessé de me
donner dans mes fonctions de président.
Les rapports les plus bienveillants n'ont cessé de régner
entre la Trésorerie générale et l'administration de la Caisse.
Au moment oii la pénurie du numéraire était la plus grande,
M. le Trésorier Payeur général, par son activité ôt la pro^
fonde connaissance qu'il possède des affaires de finances, a
toujours strictement pourvu à nos remboursements. Il nous
a ainsi évité les plus grands embarras. Que M. Octave
Thomas veuille bien accepter ce témoignage de notre re*
connaissance.
La comptabilité est confiée à un caissier responsable.
M. Allemand occupe toujours ce poste avec assiduité et
probité. Les deux employés qu'il a sous ses ordres, MM. Dé-
chaseaux et Rivet, méritent des éloges pour l'exactitude de
leurs travaux.
FIXATION DU TAUX DB l'iNTÈRÉT.
Chaque année, avant le premier janvier, le conseil des
directeurs se réunit à l'effet de déterminer le taux de l'in-
térêt à servir aux déposants. Depuis l'institution de la Caisse,
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NOVEMBRE. 379
ce taux a été Invariablement fixé à 3,75 0/0. Il n'y avait
aucun motif pour le changer, il a donc été maintenu à ce
chiffre. C'est, du reste, l'intérêt maximum que la loi du
7 mai 1853 détermine en faveur des déposants ; il ne peut
être dépassé.
SITUATION DE LA CAISSE 0*ÉPARONB.
Pour se rendre un compte exact de la situation de la
Caisse d'épargne, il faut connaître le mouvement des fonds,
le mouvement des livrets, enfin l'état du fond de dotation.
Je vais avoir l'honneur, messieurs, de vous donner un ré-
sumé de ces diverses opérations. Cela vous permettra d'ap-
précier en connaissance de cause notre position actuelle.
MOUVEMENT DES FONDS.
En principe, le succès des Caisses d'épargne est en rai-
son directe du solde dû aux déposants ; le motif en est fort
simple, c'est que plus ce solde est élevé, plus le chiffre des
intérêts qui leur est servi e^t considérable, plus aussi les
bénéfices de la Caisse sont grands, puisqu'ils se composent
d'une quote-part de ces intérêts.
Au premier janvier 1870, nous avions atteint un chiffre
qui, jusque-là, avait été l'apogée de nos progrès. Le solde
dû aux déposants s'élevait à i ,226,128^ 29<'
Les premiers mois faisaient espérer en-
core une année exceptionnelle en recettes
et par conséquent l'élévation de ce chiffre,
A reporter \ ,226,1 28 29
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Goo^^
380 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
Report. 1,226,428' 29«
lorsque les événements sont -venus arrêter
subitement cette marche ascendante pour
se convertir en une espèce de débâcle.
Malgré cela, les opérations de la Caisse
fournissent les résultats suivants :
Il a été versé en numéraire, pendant
1870 375,660^ »«
389,343 68
Par transfert recettes. 13,683 68 )
Il a été alloué aux déposants en intérêt 42,153 03
Le total des sommes dues aux dépo*-
sants, au 31 décembre 1870, s'élève à. . . 1 ,657,625 »
Duquel il faut retrancher les rembour-
sements eiïectués pendant le cours de la-
dite année.
Ces remboursements se composent des
sommes suivantes :
A deux déposants, en
achat de rentes 493 70 \
En espèces 640,957 99 | 654,161 04
En transfert paiement.. 12,709 35 )
Cette soustraction faite, le solde resté
dû aux déposants au 3 1 décembre n'e^t
donc plus que de 1,003,463 96
Déficit sur Tannée précédente de 222,704 fr. 33 c.
Nous joignons ici le tableau des versements et des rem-
boursements opérés dans chaque mois do cette malheu-
reuse année. Il n'est pas sans offrir quelqu'intérêt et cons-
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NOVEMBRE.
384
tate que les remboursements en numéraire ont excédé les
versements de la somme de 265,791 fr. 69 c.
Janvier
Février
Mars
Avril
Mai
Juin
Juillet
Août
Septembre..
Octobre ....
Novembre . .
Décembre . .
Total
VERSEMENTS.
73,678*
46,102
43,676
40,046
42,986
38,401
41,220
38,068
8,750
1,506
847
381
RBIBOURSBnNTS.
375,660
52,197' 96*=
35,054 56
49,016 18
36,019 67
73,890 27
38,778 21
63,963 92
138,157 60
117,378 15
22,366 33
9,797 80
4,831 04
641,451 69
MOUVEMENT DES LIVRETS.
Depuis de longues années, nous étions habitués à vous
signaler périodiquement une augmentation dans le nombre
des livrets. Les événements ont eu cette fâcheuse consé-
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382 RESUME DES SEANCES.
quencé qu'il nous faut aujourd'hui constater une diminu-
tion sensible pour l'année 1870.
Le chiffre des. livrets existant au 1*' janvier était de
ci 3,462
11 en a été ouvert pendant le cours de
l'année 414
Ceux reçus par transfert sont au nombre
de 25
Ensemble des livrets . . 3,901
n en a été Foldé pendant l'année. ..:... 738
Reste en circulation, au 31 décembre. .. 3,163 livretf,
nombre inférieur de 299 à celui du 1«' janvier.
Ces 3,163 livrets se divisent comme suit, d'après leur
importance :
En dessous de 500 fr 2,324
De 50.1 fr. à 800 fr 388
De 801 àt,000fr 272
. De 1,001 et au-dessus, réductibles au-dessus de
1 ,000 fr 76
De IfOOi fr. au-dessus, non réductibles 3
Ces derniers appartiennent à des militaires. C'est une fa-
veur spéciale qui leur a été faite par la loi du 7 mai
1853.
Nous mettons sous vos yeux un tableau du mouvement
des livrets par catégorie de professions des déposants. Il
peut avoir son utilité, au point de vue de la statistique :
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NOVKUUHE.
383
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384 R&SCMÉ DES SÉANCES.
SITUATION DES FONDS DE DOTATION.
Vous le savez, messieurs, depuis longtemps la Caisse ne
reçoit plus de subvention. Elle vit et se suffit avec ses pro-
pres ressources. Grâce à une sage économie inaugurée par
les administrations qui nous ont précédés et que nous tâ-
chons d'imiter, vous avez vu s'accroître insensiblement
notre fonds de dotation. En persistant dans ce rôle de four-
mi, la Caisse, à sa dissolution, livrera aux édiles de notre
chère cité une somme bien respectable qu'ils emploieront,
nous n'en doutons point, à consacrer par un établissement
d'utilité publique ce témoignage que l'épargne est la pierrq
angulaire de toutes les améliorations.
Toujours est-il qu'au 31 décembre 1869
le capital de dotation était de 29,813^ 99«
Les revenus de la Caisse pendant l'année
1870 se composent :
1© De la bonification de 0,25 c.
sur les intérêts 4,029 88]
2» Du produit des rentes déjà > 5,080 21
acquises 1 ,050 33 ;
A déduire les dépenses qui se
comprennent :
l» Des frais généraux 2,781 35 \
20 Des bénéfices dus à la suc- | 3,024 72
curtale de Craponne 243 27 )
Le passif étant retranché de l'actif, il reste
un bénéfice net de 2,055^49^
qui, ajouté au capital déjà acquis , le porte à
la somme de 31,869 fr. 48 c.
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NOTEMBBE. 386
Il 66t employé de la manière suivante :
lo En rentes sur TEtat 25,527' 78*
2^* En obligations départementales ^ 1,987 60
3o Fonds de roaleroen^ dû par la Caisse des
dépôts et consignations 3,S42 98
4» En mobilier 407 66
b° Solde de caisse 3 47
Total égal 31,869 48
Il est à remarquer que , d après les règlements , nous de-
vons avoir toujours à la Caisse des dépôts et consignations,
un fonds de roulement d'au moins 3,000 fr.
SUGCUBSALB DE CRAPONNB.
Contrairement à la généralité des Caisses d'épargne de
France, le compte de la succursale de Craponne se règle, au
31 décembre 1870, par un solde dû aux déposants supé>
rieur à celui du l*»" janvier 1870. Cela prouve qu'elle s'est
peu ou même point ressentie des événements de l'année.
Au 31 décembre, il est dû aux déposants 43,280' 96»
tandis qu'il ne leur était dû au 1*^ janvier que 42,489 48
DiPPËRBNGE en plus 791 48
Le nombre des livrets est resté stationnaire, vingt-cinq
livrets ont été soldés , vingt-cinq livrets nouveaux ont été
ouverts dans le cours de l'année. Dans sa petite circonscrip-
tion, la Caisse de Craponne rend encore de grands services
aux classes ouvrières.
TOME XXXI. 1^5
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386 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
£q résumé , meseieurs , la situation matérielle et morale
de notre GalFse est des plus satisfaisantes. D'une part» malgré
le malheur des temps, nous avons pu vous présenter un
budget se soldant par un bénéfice capitalisé; d'autre part,
nous voyons la partie saine des populations reprendre, avec
le travail, le chemin de notre Caisse et nous apporter avec
confiance les premiers proiuits de leurs récentes épargnes.
Faisons des vœux pour le progrès et la prospérité des cais-
ses d'épargne qui, inspirant aux classes populaires les idées
d'ordre et d'économie et les moralisant plus qu'on ne le
pense, contribuent puissamment à la prospérité générale
et sont un gage rassurant pour l'avenir de la nation.
Après celte lecture, M. le Président félicite M. Balme
et ses collègues de leur zèle et du dévouement qu'ils ap-
portent à assurer la marche régulière et satisfaisante
de la Caisse d'épargne, institution très-utile, à la fonda-
tion de laquelle la Compagnie a efficacement contribué.
MÉTÉOROLOGIE. — Projet (Tune station météorologi-
que au Mexenc. — Notre confrère, M. Isidore Hedde,
qui ne peut assister à la séance, s'excuse et prie H. le
Président d'appeler raltention de la Compagnie sur l'u-
tilité d'une station météorologique constante sur le som-
met du Mezenc, question qu'il a eu l'occasion de trai-
ter, l'an dernier, à la séance du 4 juillet. On sait que le
projet, dû à l'initiative de M. Allaard, professeur à la
faculté des sciences de Clermont, de créer un éta-
blissement de ce genre au sommet du Puy-de-Dôme,
va se réaliser, grâce aux subventions de l'Etat, du dé-
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NOVEMBRB. SfS?
parlement du Pay-de-Dôme et de la ville de Clermont.
H. Hedde rappelle qoe le Mezenc, dont l'altitude
est beaucoup plus grande que celle du Puy-de-Dôme,
est le point culminant de ce chaînon des Cévennes, qu*il
domine la vallée du Rhône et se trouve placé, de la
manière la plus heureuse, comme station de correspon-
dance entre les Alpes et les Pyrénées. Le moment n'est-
il pas Tenu de reprendre Tidée émise par notre zélé
confrère, de l'étudier et de rechercher les moyens pra-
tiques de son application? La Société du Puy ne pour-
rait-elle pas se concerter, au besoin, avec sa voisine de
l'Ardèche pour aviser à la création, sur le point inter-
médiaire des deux départements, d'un poste météorolo-
gique, essentiellement lié à la sauvegarde des intérêts
agricoles ? M. le Président soumet ces questions à Texa-
men réfléchi de ceux de nos confrères qui, par leurs
études spéciales, sont amenés à s'y intéresser plus direc-
tement, les engage à rechercher les meilleurs moyens
de solution et renvoie, pour une discussion approfon-
die, au retour de M. Isidore Hedde.
Arts industriels. — Aéronavigation. — M. le Pré-
sident présente un mémoire manuscrit, avec plan, sur
un nouveau système d'aérostat que l'inventeur, notre
compatriote, M. Félix Varennes, soumet à Tappréciation
de la Société.
Cette communication, accueillie avec intérêt par l'as-
semblée, donne lieu à M. le Président de désigner
H. Nicolas pour faire un rapport dans Tune des pro-
chaines séances.
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38& RÉSUME DK8 siANGES.
ScupNGEs HISTORIQUES. — InctêTiioni des Ànglau
dans U Velay. ^ H. Chassaiag entretient rassemblée
de la découverte qu*il a faite, durant les vacances, dans
les archives départementales du Puy-de-Dôme et de la
ville de Clermont, de documents inédits relatifs à Toc^
cupation par les Anglais de certains points de TAuver-
gne et du Velay. Ces documents complètent ceux qu*il
a trouvés au Puy et contribueront à jeter un nouveau
jour sur cette période de notre histoire locale, restée
jusqu'ici presque absolument ignorée.
Personnel. — Conservateur de la section des beaux-
arts. — M. le baron de Vinols de Monlfleury, dé-
puté, remercie la Société, parune lettre chaleureuse,
de l'avoir nommé conseiTateur de la section des beaux-
arts du Musée.
Election d*un membre non résidant. — M. le doc-
teur Langlois, au nom de la commission chargée d'exa-
miner l'ouvrage de M. le docteur Mourel, de Monistrol-
sur-Loire, sur les Erreurs populaires en médecine dans
la Haute*Loire, donne lecture du rapport suivant :
Messieurs ,
Dans sa dernière séance, la Société a désigné MM. Lan-
glois, Yibert et Ghassaing pour examiner la demande faite
par M. le docteur Mouret à Teffet de faire partie de notre
Société, au titre de membre non résidant. Un travail était
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NOTBMBRE. 389
envoyé par M. Moaret à l'appui de sa demande. C'est ce
travail qui m*a été confié et dont je viens vous rendre
compte, en mon nom et au nom de mes collègues.
Votre commission, messieurs, s*est trouvée en face, non
d'un mémoire ordinaire comme cela arrive souvent en pa-
reil cas, mais d'une œuvre de longue haleine, résultat
d'observations sérieuses et de nombreuses années d'une
pratique médicale intelligente et occupée. M. Mouret qui,
pendant sa carrière si bien remplie, a été à même d'obser*
ver les dangers des erreurs populaires en médecine, entre-
prend contre elles une charge vigoureuse qu'il divise en
huit chapitres , dont le dernier ne comprend pas moins de
six paragraphes et un résumé. Nous suivrons pas à pas l'au-
teur dans ce long travail dont nous tâcherons de faire un
extrait aussi bref que possible.
Suivant l'usage, une préface , écrite d'un très-beau
style, vient expliquer au lecteur le but de l'auteur, ses
hésitations, ses craintes, et enfin solliciter son indulgence.
Les deux premières parties sont faciles à comprendre.
Combattre des erreurs enracinées depuis un long temps,
lutter contre des préjugés qui sont passés dans l'esprit de la
majorité des gens à l'état de choses jugées, attaquer
enfin des idées généralement reçues môme par les gens da
monde , les attaquer en face, leur dire crûment leurs véri-
tés, il y avait, certes, de quoi faire reculer les plus hardis,
et vingt ans de moins sur la tête de l'honorable docteur
Mouret l'auraient certainement fait hésiter davantage. Il a
eu le courage de dire de bonnes choses, il les a bien dites ;
passons donc outre à la dernière partie de sa préface.
Dans le premier chapitre , l'auteur traite de la science
médicale. Il expose quelles sont les études des jeunes gens
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3^ RÉSUMÉ DBS SÉANCES.
pour arriver à cette science dont on exige qu'elle embrasse,
pour ainsi dire, toutes les connaissances humaines. Il cons-
tate que , pas plus et moins peut-être qae les autres scien-
ces , la médecine ne peut arriver de toutes pièces dans le
cerveau humain , et qu'à celui-là qui a le plus appris, on
doit plus se confier. L'auteur fait observer, en passant, que
des traitements qui, souvent aux yeux des gens du monde,
présentent une différence , sont idenliques pour les méde-
cins qui les ont mis en pratique et arrivent au même
résultat.
Le second chapitre, entièrement consacré au médecin
lui-même, se résume dans son titre : Du Médecin; ce qu'il
est, ce qu'il devrait être; sa mission complexe; guérir,
soulager, consoler. Rapports du malade et du médecin ; les
consultations; les débuts; des sentiments religieux. Un
mot seulement sur cette dernière partie. M. Mouret rejette,
au nom du corps médical , le reproche d'athéisme qui lui a
souvent été fait, et établit, au contraire, que la nature même
des fonctions qu'il remplit, les secours physiques et mo-
raux qu'il doit prodiguer chaque jour à l'humanité , tendent
à développer chez lui le sentiment de religiosité.
Le troisième chapitre, que surtout l'on fera bien de lire,
établit que l'application de la certitude à la chirurgie seule
est une erreur; que la médecine aussi, autant que sa
sœur dont elle est inséparable, a ses appréciations sûres,
positives, mathématiques en quelque sorte et devant les-
quelles l'homme qui raisonne de sang-froid et sans parti
pris, est obligé de s'incliner.
Le quatrième chapitre, tout scientifique, est consacré à
l'étude des systèmes en médecine. Dans un long paragra-
phe, l'auteur cherche à combattre ou plutôt à expliquer
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ffOVEMBBB. 394
l'homéopathie. Cette fantaisie allemande, autour de la-
qaelie on a fait beaucoup trop de bruit et qui n*a vécu que
parce qu'on a eu la maladresse de lui permettre de se poser
en martyr, doit mourir de sa belle mort le jour oti on ces-
sera de faire attention à elle.
. Un chapitre tout entier, et à juste titre, est consacré à une
des fautes-- je crois pouvoir la quaiiûer ainsi— les plus pré-
judiciables à la sauté humaine : la lecture des livres de mé-
decine. Si le public savait bien qu'il n'y a pas un étudiant
en médecine qui, pendant la première année de ses études,
n'ait parcouru toute l'échelle pathologique ; pas un qui ne .
se soit appliqué ou une maladie du poumon, ou une mala*
die du coeur, ou une maladie du cerveau; le public, dis-je,
comprendrait — en voyant chez la presque totalité de ces
jeunes gens, l'absence des maladies organiques et incu-
rables qu'ils avaient diagnostiquées — qu'une notion su-
perficielle de la science peut entraîner à des erreurs dont les
conséquences sont incalculables ; que si, chez des jeunes
gens destinés à approfondir les études médicales, cette ob«
servation, amenée par la lecture de traités momentanément
au-dessus de leur iulelligence, a été détruite plus tard par
des travaux plus sérieux » il n'en est pas de môme chez le
public lettré que chez les gens du monde ; l'instruction
médicale reste toujours à l'état d'embryon et que Tappli-
cation de ses principes incomplets et erronés, soit sur
autrui, soit sur sa propre personne, peut amener les plus
graves accidents. M. Mouret n'eût-il par son travail produit
qu'un seul résultat, amener les gens du monde à moins
lire de livres de médecine, il eût rendu un grand service à
l'humanité.
Le sixième chapitre, ayant pour titre : Des superstUiom
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392 RÉSUMÉ DBS SÉANCES.
êft médecine, est dans sa première partie une œuvre d'éru-
dition. La seconde partie est plutôt anecdo tique et prise sur
le ton de la plaisanterie; c'est aux gens du monde que s'a
dresse l'auteur et il a besoin de se départir un peu, de temps
en temps, du sérieux médical, sans quoi son hyre courrait
grand risque de ne pas être lu.
Une histoire toute moderne, spirituellement contée, fera
conimître le style et le bon choix des citations de Fauteur.
La scène se passe en 1868 : « Je veux rappeler un £ait
« qui vous donnera une idée de la crédulité superstitieuse
« des classes éclairées : je veux parler de la confiance
« instantanée, de la vogue inespérée dont a joui un nommé
c Jacob, faisant courir tout Paris à ses séances d'illu-
« miné. •
« Qu'est-ce que Jacob ? c'est un zouave de la garde^ pas
< précisément un de ces braves devenus presque légen-
€ daires à force d'audace dans les combats ; c'est simple- ,
€ ment un trombone-gagiste dans la musique de son ré-
€ giment, tout juste assez lettré pour déchiffrer son carton ;
€ un peu songeur, assez solitaire, très-infatué de sa per-
€ sonne, posant dans la chambrée. Un jour, un camarade
c avait la migraine ; le trombone le regarde un instant
« dans les deux yeux et lui dit : t Non, tu n'as pas la mi-
• graine ! — Gomment, s'exclame l'autre, je n'ai pas la
« migraine ? — Non, répond Jacob, tu ne l'as pas ! Je ne
M veux pas I Tu es guéri I... — Tiens, tiens, dit le malade,
« c'est vrai... ça va mieux... ça va bien!... > On rit
« d'abord de l'aventure. Le régiment tenait garnison aux
• environs de Paris, on parle de ce fait dans le vUlage,
« autour de la caserne; on l'interroge; Jacob feit le
« mystérieux.
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NOVEMBRE. 393
« A quelques jours de là, an villageois à qui on à conté
• le fait, malade depuis quelque temps, vient au quartier
c consulter l'illuminé qui pose un instant devant lui et
c prononce sentencieusement sa formule : « Allez tra-
« vailler; vous êtes guéri. » Le rastre s*en retourne dans
c sa famille, publie partout qu'il a été spontanément guéri,
« que le zouave ffuérit du regard. Le régiment Tient à
< Paris.
c Des scènes semblables se renouvellent... Trois mois
« plus tard, la réputation de Jacob était européenne ; les
< feuilles les plus sérieuses enregistraient ses nombreux
c succès. Il prend un appartement dans une rue bientôt
c encombrée de voitores ; la foule des malades devient
f tellement compacte, que la police est obligée d'intervenir
< pour rétablir la circulation. Depuis les étoufTements de
c la rue QuincampoiXy siège de la fameuse banque de Law,
f on n'avait vu pareille cohue... je ] uis ajouter : ni pareille
< mystification. »
Les deux derniers chapitres du travail de M. Mouret en
sont ce qu*on pourrait appeler la partie pratique. Il passe
successivement en revue les maladies les plus communes
de nos montagnes ; les médications vulgaires qui leur sont
appliquées, leurs inconvénients , leurs dangers. Une des
maladies les plus communes de nos montagnes est spécia-
lement étudiée par l'auteur : c'est la pleurésie. Elle se di-
vise, dit-il, en purésie d'eau et purésie de vin.
La première se traite par :
Une bouteille de vin ;
Une demi-livre de lard frais ;
Ou un verre d'huile de noix ;
Une poignée de poudre moulue.
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394 ni^^UNÉ DES SÉANGBS.
Faites bouillir Le tout pendant une demi-beore.
Dans le cas où la purésie est de vin, on ajoute une poi-
gnée de sucre, servez et buvez chaud, en une seule dose.
On visite, dit M. Mouret, peu de pleurétiques à la cam-
pagne qui n'aient déjà pris ce spécifique. L'auteur étudie
surtout avec une énergique indignation les diverses
catégories d'individus qui, exploitant la crédulité publique,
emploient à tort et à travers des remèJes complètement
inapplicables dans l'espèce et le plus souvent dangereux :
dangereux surtout parce qu'ils laissent le malade dans une
iausse sécurité et l'empochent d'avoir recours à des moyens
rationnels appliqués par un homme de l'art qui, le plus sou-
vent, n*est consulté que trop tard, lorsque le mal a déjà fait
des progrès qu'il n*est plus possible d'arrêter.
Un paragraphe spécial est consacré à une catégorie d'in-
dividus qui constituent une des plaies, non- seulement de
nos campagnes, mais de nos grandesf villes, les rebouteurs.
Malheureusement, quand les faits qui se passent, tous les
jours, sous nos yeux n'empêchent pas même les gens ins-
truits de croire au don des rebouteurs; quand le public
reste convaincu que les médecins n'entendent rien au rha^
biUage, comme on le dit en notre pays, et que pour bien re-
mettre un membre, il faut non savoir, mais croire à sa
science, il est bien à craindre que le travail de M. Mouret
ne produise pas sur les masses un effet plus profond que les
nombreux estropiés et les cas multipliés de gangrène suivis
de mort que nous avons tous les jours sous les yeux.
L'auteur termine son travail pir quelques conseils
d'hygiène générale. Il cherche à démontrer au peuple des
campagnes pour lequel il espère écrire, mais qui malheu-
sement ne le lira guère, que l'ivrognerie et la malpro-
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NOVEMBRE. 395
prêté sont la cause de la majeure partie des maladies de nos
paysans. Que de fluxions de poitrine, de rhumatismes, en
effet, gagnés pendant une nuit passée à la belle étoile ! que
de dartres rebelles, d'ulcères rongeurs, de gales invétérées
ne sont que le résultat de la saleté dans laquelle vivent les
gens qui en sont affectés !
Nous sommes arrivés, messieurs, au terme de cette trop
longue analyse. Deux mots de résumé et d'appréciation de
l'œuvre Buffii*ont maintenant à votre commission. L'ouvrage
que nous avons étudié est sérieux; c'est le résultat d'une
longue pratique, d'observations soutenues. Il pourrait, s'il
était vulgarisé, amener des résultats avantageux pour la santé
publique. Il ne peut, malheureusement, malgré les quelques
anecdoctes dont l'a émaillé l'auteur, convenir qu'à une caté-
gorie de lecteurs, et, quoique M. Mouret afGrme l'avoir écrit
uniquement pour les masses populaires, il ne sera lu que par
les gens du monde qui, disonsite, auraient bien, eux aussi,
sous beaucoup de rapports, autant à y gagner.
Comme œuvre littéraire, le style en e.-t élégant; et,
malgré l'aridité souvent évidente du sujet, M. Mouret a
le talent d'attacher son lecteur ; nous ne pouvons donc,
messieurs, que bénéficier en attachant à notre Société
comme naembre non résidant M. le docteur Mouret, et en
imprimant son travail dans nos Annales ; sauf, si le Conseil
d'administration le trouvait un peu long, à prier l'auteur d'y
faire des coupures, ne laissant subsister que ce qui a trait
plus directement à notre pays. Tel a été l'avis de votre
commission.
Après la lecture de ce rapport, M, le Président rap-
pelle que M. le docteur Mouret avait eu occasion, au
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396 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
mémorable congrès scientifiqne tenu an Pny en f 855,
de déployer ses vastes connaissances médicales» princi-
palement dans deux mémoires, Tun relatif à la question
de Tergot du seigle . considéré sous les différents rap-
ports médical, agricole et social, l'autre concernant la
fièvre typhoïde. Ce dernier travail publié in extenso
dans les comptes-rendus du congrès, fut considéré
comme un des plus remarquables qu'on eût fait jus-
qu'alors sur cet important sujet. Il présente, en outre,
un grand intérêt en ce que les vues les plus saillantes
de l'auteur, lumineusement exposées, s'appuient non -
seulement sur les observations de ses devanciers, mais
encore sur celles recueillies dans le pays par notre
savant compatriote.
Le scrutin est ouvert ensuite sur la candidature de
M. le docteur Mouret. Le récipiendaire, ayant obtenu
l'unanimité des suffrages, est proclamé membre non
résidant.
A huit heures, la séance est levée.
Le Secrétaire,
Adg. CHASSAING.
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SÉANCE MENSUELLE
JEUDI 4 DÉCEMBRE
SOMMAIRE
Ajoarnemeiit de la ledore do proc^terbal. » llustfi : Dom par 11 M. Gaille-
mioot, Aymard, etc., d'objets préhistoriqaes, gaulois et gallo-romains, do
Cheyloanet, commane de Saint-Vidal ; par M. Jacques Feuillette, de Brioude,
df prédeai insignes maconniqnes (renseignements historiqnes sor les loges
maçonniques du département, par M. Aymard); par M. Lafont-Pardinei, d'un
vieux jeu de cartes. — Outbagbs bbçus : Emploi de la tannée comme en-
grais. Question chevaline. Emploi de l'acide pbéniqnc en médecine. La
dynamite. Conservation du bois par le goudron. M. de Tkûu doMs le Telan,
d'après une notice de M. Lascombe. — Commubications : Exposition uni-
verselle de Lyon. Maladie de la vigne. Rapport de M. Nicolas sur le ballon
anermastatiqne de M. Micciollo-Picasse. Proposition par M. Béliben, d'é-
tablir un observatoire météorologique an Poy. Communication de II. Béliben
an sujet d'an gisement de serpentine près de Saint-Jean-d'Aubrigoux. I>ai)g«r
de démolition de la tour Panessac au Pay; lettres de M. le Préfet et de
M. le Président ponr assurer la conservation de ce monument. Tmpression
da catalogue de la seetion des Beaux-Arts du Musée. Don des AnnaUt de la
Société à des bibliothèques détruites pendant la guerre. Élection de MM. Ay
mardet Cbouvon aux fonctioDS de président et de vice-président de la Société'
Décès de MM. Alcide Mauras, membre résidant, et Mahul, ancien préfet'
membre honoraire.
Présidence de M. de Brive.
A trois heures, la séance est ouverte.
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398 BBSCJttÉ DES SÉANCRS.
M. le Président, ayant donné communication de let-
tres par lesquelles MM. Chassaing et Giron, secrétaires,
s'excusent de ne pouvoir se rendre à la réunion, prie
M. Lascombë de les remplacer au bureau. La lecture du
procès-verbal de la précédente séance est renvoyée à
celle du mois prochain.
MUSEE.
Dons. — Objets préhistoriques, gaulois et gallo^
romains du Cheylounet. Insignes maçonniques. Jeu
de caries. — M. Aymard signale une curieUse décou-
verte archéologique qui a été faite dans la commune
de Saint-Vidal, au terroir du Cheylounet, par suite
des travaux du chemin de fer. Elle consiste en divers
objets tels que silex taillés, instruments en pierre
polie, deux épées en bronze, débris de poteries, poids
en terre cuite de filets de pèche, se rapportant à
différents âges préhistoriques , et d'autres tessons de
vases, fibules en bronze et en fer, gauloiset gallo-romai-
ns. Notre confrère a constaté que la tranchée du chemin
de fer creusée dans un sol meuble de terre et de pier-
railles, à la profondeur d'environ 2 m. 50 c, révélait,
en coupe verticale, de lents exhaussements du sol, ca-
ractérisés par des vestiges de civilisations successives.
Les travaux du chemin de fer et les explorations fai-
tes par notre confrère ont également mis au jour, en
d'autres endroits autour du mamelon communal du
Cheylounet, de semblables antiquités. A cet égard,
M. Aymard mentionne particulièrement les deux épées
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DÉCEMBRE. 399
de bronze, qui ont été tronvées dans une sorte de ca-
chette, entre deux pierres brutes surmontées d'une plus
grande. Malheureusement ces curieuses pièces, malgré
la bonne Yolonté de MM. les ingénieurs, n*ont pu être
dét^oséesau Musée. Mais il en a été fait une exacte re-
production en plâtre qui est mise sous les yeux de l'as-
semblée, aussi bien que la collection de tous les autres
morceaux d'antiquité recueillis avec soin , soit par
M. Guilleminot, t&cheron des travaux du chemin de
fer, soit par MM. Âymard, Falcon, Micciollo neveu,
Bernard Pellegrini, etc.
Notre confrère précise tontes les particularités de ces
découvertes, et, comparant les objets qu'elles ont pro-
duits avec de semblables trouvailles effectuées en d'au-
tres pays, il fait connaître leurs emplois divei-s, les
époques qu'on doit leur assigner et enfin les causes de
leur enfouissement au Heu du Cheylounet.
Ces explications, qui ont intéressé rassemblée, don-
nent sujet à M. le Président de prier M. Aymard de les
consigner dans un mémoire qui sera inséré dans le pré-
sent volame des Annales.
M. le docteur Langlois, au nom de M. Jacques Feuil-
lette, greffier de la justice de paix à Brioude, fait hom-
mage d'un certain nombre d'insignes en riches bijoux,
en écharpes et tabliers artistement ornés de broderies,
en diplômes, etc., qui ajoutent de nouvelles et précieu-
ses pièces à la collection franc-maçonnique du Musée.
A cette occasion, M. Aymard dit qu'en attendant des
recherches plus complètes sur l'hisloire de toutes les
loges maçonniques du département, il y a lieu de rap«
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400 RÉSUMÉ DBS SÉANCES.
peler, d'après le calendrier maçonnique publié en 4812,
quelles étaient alors ces loges. On en comptait, au Puy,
trois en activité : Les Amis éprouves, fondée le 43 du 40*
mois 5808 (4808) ; la Parfaite sincérité, créée le 47 du
3* mois 5804 (4804); la Parfaite union, dont l'origine
plus ancienne remontait au 40« du 4" mois de 6770
(4770). La collection contient le titre de fondation sur
parchemin de cette association ainsi qu'un tableau des
dignitaires et membres de la loge pour 4807.
Ce calendrier relate aussi, parmi les loges dont les
travaux n'étaient pas en vigueur, celle du Puy dite
Saint-Jacqy^s des vrais amis.
Deux autres loges en activité. Tune à Brioude, sous
le titre de Saint-Julien, avait été constituée le 6 du 9*
mois 5774 (4774); l'autre à Yssingeaux, nommée les
Vrais amis, datait du 43 du 4« mois 5809 (4809).
A défaut d'indications fournies par le calendrier de
4812, on n'a pas de renseignements suffisants pour une
autre loge qui semblerait avoir existé dans la ville du
Monastier,si on en juge d'après une plaquette en plomb
de la collection de M. Hector Falcon, sur laquelle figu-
rent des emblèmes maçonniques avec la légende : Etroite
UNION. Orient du Monastier. Nous avons une em*
preinte de cette pièce , utile à consulter pour des re-
cbercbes ultérieures.
Cette loge aurait-elle été la même, sous un autre
nom plus ou moins postérieur, que celle qui parait
avoir occupé une salle de l'Hôtel-de- Ville, où on voit
au-dessus de la porte l'inscription : Loge des francs
écoliers, et la représentation d'un triangle ? A défaut
d'autres renseignements, il serait difficile de résoudre
cette question.
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DECEMBRE. 404
La coHection des cartes à jouer, qoi compte déj& des
planches xylographiqaes et des cartes protenant dé fa*
briques autrefois établies au Puy, s'est accrue d^un an-
cien jeu offert par M. Lafont-Pardinel, propriétaire.
M. le Président exprime aux donateurs les remercî-
ments de la Société.
OUVRAGES REÇUS.
Agriculture. — Emploi de la tannée comme en-
grais. — M. le Président qui avait déjà soumis cette
question à la Société dans la séance du mois d'août,
annonce qu'elle vient d'être étudiée à un nouveau point
de vue : M. Dauvemé, dans un article inséré au Jour-
nal d' agriculture progressive, rappelle que la tannée
fraîchement retirée des cuves, contient une grande
quantité de tannin, ce qui n'en permet pas l'emploi
immédiat comme engrais. Pour neutraliser l'effet cor-
rosif du tannin, il suffit d'ajouter un vingtième de
chaux, de retourner la tannée plusieurs fois, et de n'en
faire usage qu'après lui avoir fait subir une assez grande
fermentation.
Jusqu'à présent on avait reconnu que cette fermenta-
tion nécessitait un assez long temps, dix-huit mois en^
viron. D'après l'auteur de l'article, on peut utiliser la
tannée plus promptement, par un procédé très-simple,
qui consiste à changer les acides tannique et gallique
en tannate et gallate de fer, au moyen d'un arrosage
des tas avec du sulfate de fer dissous dans l'eau. Quel-
ques arrosemenUi effectués pendant quinze jours suffi-
TOME xxxî. se
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402 RÉSOMÉ DKS SEANCES.
seot pour que la tannée ne soit plus nuisible aux plan-
tes par ses acides. Mise alors dans une fosse à fumier,
à quantité égale avec des fumiers, la tannée dégage une
forle. chaleur qu'on ralentit à volonté avec des arrose-
ments; elle pourrit alors rapidement, et après un mois
de fermentation avec les fumiei*s et des matières fécales
et au moyen d*arrosements par du purin, on obtient un
excellent engrais.
Qmstion chevaline. — Le n? 24 du Journal d'agri-
etUturepratiqus contient un article sur l'amélioration
de la race chevaline. La dernière guerre a démontré
rinfériorilé de notre cavalerie comparée à celle des
Allemands, sous le double rapport de la qualité et du
nombre. De là, nécessité impérieuse d'augmenter cette
branche de la production agricole, pour la remonte de
l'artillerie et de la cavalerie. La production et l'élevage
des chevaux en France comprend les chevaux de trait
et les chevaux de selle. La production des chevaux de
trait qui prospère à raison de cet ancien principe éco-
nomique que la consommation fait la production, n'en
doit pas moins être encouragée par TËtat, auquel il
suffirait d'augmenter les prix et les primes dont dispo-
sent les Sociétés d'agriculture pour les étalons et les
juments poulinières.
L'auteur de l'article pense qu'un moyen efficace de
perfectionnement consisterait dans l'achat par l'admi-
nistration des meilleurs étalons des races, même à amé*
liorer : achats qui auraient pour but, non pas de peu-
pler les haras, mais bien de revendre aux enchères de
bons reproducteurs pour la contrée à laquelle ils se-
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* DECEMBRE. 403
raient destinés. On empêcherait ainsi les meillenrs éta-
lons de nos bonnes races de chevaux de trait de passer
à l'étranger. Ce système d'encouragement devrait s'é-
tendre également à l'industrie mulassière.
Inférieure à celle des chevaux de trait, la production
des chevaux de selle nécessite une double amélioration,
celle de la qualité et de la quantité. Pour atteindre ce
but, il y aurait lieu de demander de la part de l'Etat :
4* de la régularité dans les achats des remontes (car les
achats faits parTadministration militaire varient suivant
ses besoins) ; 2<> l'élévation des prix des chevaux de re-
monte, de manière à les rendre rémunérateurs pour
l'éleveur (or, personne n'ignore que l'Etat paye le moins
cher possible).
M. le Président fait remarquer à ce sujet que les
vues émises dans cet article confirment celles que la
Société met en pratique, depuis plusieurs années, pour
l'amélioration de la race chevaline dans le dépar-
tement.
MÉDECINE. — • Emploi de Vacide phénique. — M. le
Président signale ensuite dans le Journal d'agriculture
progressive un article sur la guérison radicale des af-
fections charbonneuses de Thomme et des animaux par
l'injection de l'acide phénique dans le tissu cellulaire.
Le docteur Déclat, auteur de cette précieuse décou-
verte, use d'un procédé encore plus efficace. Il suflSt,
selon lui, de cautériser largement la pustule dite mali-
gne avec l'acide phénique pur, de maintenir sur cette
petite plaie un peu de charpie, que Ton tient constam-
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404 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
ment imbibée d'eau phéniquéek 3 0/0 pendant quarante-
hnit heures environ, et faire boire par yingt-quatre
heures au malade de cinq à dix cuillerées iji soupe d'un
sirop à Tacide phénique titré à 0,10.
Industrie. — La dynamite. — Le Journal d'agri-
culiwe pratique, parlant de la dynamite, poudre
brisante formée de nitro-glycérine absorbée dans une
silice très-poreuse, annonce qu'elle a été employée avec
succès dans la forêt domaniale de Haye (Meurthe-et-Mo-
selle), pour faire éclater d'énormes souches de bétre.
Cette substance peut être également employée pour
l'abattage de la pierre h chaux, de la pierre à plâtre et
de la marne, le fonçage des puits en terrain dur, etc.
La dynamite est bien préférable à la poudre de mine, et
a bien plus de puissance que cette dernière. Voici
comment on procède pour briser les souches : on pra-
tique à la tarrière, dans la masse ligneuse et suivant
l'axe du tronc, un trou de 0™,25 à 0",40 de profon-
deur, et de 0",02 de diamètre. Une cartouche de dyna-
mite d'environ 50 grammes, pourvue d'une amorce
de fulminate de mercure et d'une mèche de mine ordi-
naire logée au fond du trou, après un bourrage som-
maire avec un tampon de glaise, suffit pour opérer la
division en gros fragments.
Conservation du bois par le goudron. — Dans le
n* 23 du Journal d'agriculture progressive est pré-
conisée, pour la conservation du bois et du fer, la pein-
ture au goudron minéral provenant de la distillation de
la houille. Cette peinture offre plus de solidité et de ré-
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DÉCEMBRE. 405
sistance à l'action de Tair que la peinture à Thuile.
Pour l'utiliser, il suflSt d'ajouteri au moment de Tem*
ploi, 420 grammes d'essence de térébenthine à chaque
kilogramme de goudron. Deux couches de cette pein-
ture, qui sèche ordinairement en vingt-quatre heures,
donnent une couverture d'un beau noir, qui ne se
gerce pas comme la peinture ordinaire* Si Ton veut ob-
tenir une couleur rouge*brun trës^solide, il suffit d*a-
jouter par chaque kilogramme de goudron ainsi pré-
paré 300 grammes de rouge anglais et 30 grammes
d'essence de térébenthine. Pour quelques centimes, on
peut peindre à deux couches une surface d'un mètre
carré.
M. Lascombe fait hommage d'une brochure dont il
est l'auteur, et qui a pour titre : M. de Thou dans le
Velay, C'est un tiré à part d'un mémoire qui a paru
dans les Tablettes historiques dt^ Velay.
COMMUNICATIONS.
Exposition uiviversëlle de Lyon. — Une exposition
universelle et internationale des produits de l'agricul-
ture, de l'industrie et des arts doit s'ouvrir à Lyon, le
i"^ mai 4872. M. Tharel, président du Comité d'organi-
sation, dans une lettre-circulaire dont il est fait lecture,
sollicite l'adhésion et le concours actif de toutes les So-
ciétés savantes pour une œuvre dont le succès et la
grandeur, dit-il, sont, en raison môme des circonstan-
ces où elle se produit, une question de patriotisme et
d'honneur national.
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406 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
La Société accueille avec plaisir celte communication.
Elle fera tons ses efforts pour stimuler le zèle de nos
compatriotes. Elle espère que nos exposants, en mé*
moire des succès Qalteurs et des légitimes récompenses
qu'ils obtinrent aux expositions de Paris et Londres en
4855, 4862 et 4867, tiendront à honneur de représenter
noblement au concours de Lyon les diverses industries
du pays, et surtout celle de la dentelle.
Viticulture. — Maladie de la tigne. — M. le Minis-
tre de Tagriculture a transmis à la Société un pro-
gramme du prix de 30,000 fi*ancs à rinventeur d'un
procédé pratique contre la maladie de la vigne. A cet
envoi est joint un exemplaire d'une instruction résu-
mant la situation actuelle du Qéau. Le délai fixé pour
le concours expire le 34 décembre 4872.
Arts industriels. — Aéronavigation. — M. Nicolas
qui, à la séance précédente, avait été prié par M. le
Président de rendre compte d'un projet d'aérostat que
notre compatriote M. Félix Varennes nous avait soumis,
lit le rapport suivant :
MSSSIBURB,
Depuis longtemps certains esprits sont à la recherche
d'un appareil qui permette de voyager avec commodité et
sécurité dans l'atmosphère ; ils rêvent de supplanter les
chemins de fer qui cependant ont déjà tant abr^é les
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DECEMBRE. 407
distances et rendu de si grands services. Ce problème s'est
imposé an génie de l'homme presque aussitôt après la dé-
couTerte due à nos voisins, les frères Montgolfier, ou tout
au moins après que le premier aéronante a eu la hardiesse
de se confier à une frêle nacelle pour s'élever dans les airs.
Malheureusement les chercheurs qui se sont occupés de la
quéôtion n'ont pas toujours eu des connaissances suffisan-
tes en mécanique : de là, des essais sans nombre et toujours
infructueux.
Dans ces derniers temps, les nécessités oiï la guerre avalent
placé notre malheureux pays, en isolant Paris du reste de
la France, ont fait comprendre plus que jamais l'impor-
tance des services que pourrait rendre la navigation
aérienne, et, malgré l'impuissance où l'on s'est trouvé de
diriger tes ballons, on les a utilisés pour transmettre à la
province les nouvelles de la capitale. C'est sans doute ce
qui a réveillé l'attention des inventeurs sur l'étude de ce
difficile problème.
Dernièrement, vous avez eu à étudier un système d'aéros-
tat assez compliqué, dans lequel la vapeur joue un grand
rôle. Aujourd'hui, c'est un appareil beaucoup plus simple
qui est présenté à votre appréciation par M. Félix Va-
rennes.
Il se compose d'un récipient en toile imperméable, dont
la forme est celle d'un œuf aplati et qu'on remplit d'hy-
drogène, gaz environ seize fois plus léger que Tair. C'est
' dans l'intéheur de ce ballon que l'inventeur place le méca-
nisme destiné à mettre l'appareil en mouvement par le.
moyen de deux hélices placées l'une à l'avant et l'autre
à l'arrière et tournant en sens contraire. Au dessous se
trouve fixé un premier pavillon supportant un tube long de
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i08 BÉSUMÉ DBS SÉARGBS.
22 mètres et assez laiige pour contenir un escalier intérieur.
Le long de ce tube se meuvent deux autres pavillons sus*
pendus aux extrémités d'une corde qui s*enronle sur un
tambour d*un mètre de circonférence disposé à Tintérieur
de l'aérostat. Pendant que Tun de ces pavillons descend,
l'autre monte, et, durant cette course, le tambour intérieur
fait vingt-deux tours. Ge mouvement est transmis à deux
systèmes de poulies, dont chacun fait mouvoir une des hé-
lices : chaque système se compose de six poulies reliées
deux à deux par des courroies sans fin et combinées de telle
sorte que Thélice correspondante fait seize mille trente huit
tours pendant une course des pavillons mobiles, ce qui
suppose une vitesse de mille à quinze cents tours environ
par minute.
A la base de Faérostat est tendue, dans le sens de la Ion -
gueur^ une corde sur laquelle peut glisser d'avant en ar-
rière un poids assez lourd, destiné à donner au ballon Tin-
clinaison convenable; suivant qu'au moyen de ce poids, on
relève l'avant ou qu'on l'abaisse, l'appareil monté ou des-
cend. Il y a, en outre, à l'arrière un gouvernail mu au
moyen de cordes à l'aide duquel on peut changer à volonté
la direction de la marche.
Le poids de l'appareil, y compris celui du lest et des six
personnes destinées à le manœuvrer, est calculé de foçon à
équilibrer complètement la poussée verticale; de telle sorte
que, contrairement à ce qui a lieu dans les appareils de ce
genre, il n*y a pas de force ascensionnelle ; et lorsque les
^ voyageurs sont tous dans le pavillon fixe, le système est en
repos. Pour déterminer le mouvement, cinq des aéronau-
tes pénètrent dans le pavillon mobile supérieur ; un seul
reste à son poste pour manœuvrer le gouvernail et le con-
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DÉGEMBBE. 109
tre-poids. Le poids des premiers fait descendre le papillon
mobile jusqu'à l'extrémité du tube de 2% mètres ; ce qui
met les hélices en mouvement, et, si l'appareil est convena-
blement dirigé au moyen du régulateur, il commence à s'é-
lever. Une fois le pavillon descendu au bout de sa course ,
les aéronautes pénètrent dans le tube et en gravissent Tes-
calier iniérieur pour aller se placer dans le second pavillon
qui descend à son tour ; ce qui fait que les hélices conti-
nuent à tourner et l'aérostat à s'élever.
Arrivé à la hauteur voulue, on dispose le poids régula-
teur de manière que l'appareil s'avance horizontalement
dans la direction que lui imprime le gouvernail. Lorst^u'on
veut descendre, il suffît de porter le contre poids à l'avant
du ballon, ce qui l'incline vers le sol et le mouvement des
aéronautes le fait descendre ; arrivé à terre, le tube infé-
rieur s aplatit, ainsi que les pavillons mobiles, de façon à
se réduire au dixième de leur longueur , ce qui permet de
charger et décharger l'appareil.
Tel est, en résumé, le mécanisme de ce système simple
et ingénieux. Son poids total, d'après les notes fournies par
Vinvenieur, est de 1,700 k., dont 850 k. représentent le
poids de l'aérostat et du mécanisme intérieur, et 850 k.
celui des parties accessoires et des aéronautes. Le volume
du gaz emmagasiné est de 1,700 m. et pèse 1,050 gr. de
moins «que l'air par mètre cube. D'après cela, on obtient
une poussée de 1,785 k., ce qui donne un excédant de 85 k.
pour le lest et le poids régulateur. Il est à remarquer que
ces nombres, qui peuvent paraître exagérés, sont plutôt au-
dessous de la vérité; car le poids d'un mètre cube d'air à
0* est de 1,293 grammes; celui d'un mètre cube d'hydro-
gène, dont la densité est 0,0693, est seulement de 1,293 X
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440 RÉSUMÉ DBS SÉANCES.
0,0693, c*e8t-à-dire de 89 gr. 60, ce qui montre que la
poussée peut être de 1,293 gr. — 89 gr. 60, environ de
1,200 gr. par mètre cube. Toutefois M. Varennes a dû te-
nir compte de plusieurs circonstances qui peuvent Tamoin-
drir : car la température est en général supérieure à zéro;
de plus, à mesure qu'on s'élève, l'air se raréfie et la pous-
sée diminue -, enfin l'hydrogène peut être plus ou moins
mélangé d'air^
Les détails qui précèdent suffisent pour montrer ce qu'il
y a d'ingénieux et de nouveau dans l'idée de M. Varennes,
qui, dans son opinion, pourrait être appelée à servir de
point de départ à la navigation aérienne. Toutefois nous
nous permettrons d'appeler l'attention de l'inventeur sur
quelques points particuliers. D'abord est-il facile de remplir
de gaz un récipient qui contient dans son intérieur un mé-
canisme aussi compliqué ? L'hydrogène , gaz si subtil, ne
s'échappera-t-il pas à travers les ouvertures par lesquelles
passent les axes des hélices et les cordes de la transmission
de mouvement? Ne pourrait-on pas, d'ailleurs, en augmen-
tant dans une proportion convenable les dimensions du bal-
ion, employer, comme on le fait généralement, le gaz de l'é-
clairage qui est plus facile à produire et moins coûteux? N'y
aurait-il pas avantage encore à remplacer le travail des aé-
ronaùtes par une autre puissance, telle que la vapeur et ré«
iectricité, ce qui permettrait de supprimer le tube de 22 mè-
tres et les pavillons mobiles qui paraissent très-encombrants?
Il est vrai pourtant que ce long tube, suffisamment lesté à
sa partie inférieure, peut grandement contribuer à la stabi-
lité d'équilibre de l'aérostat. L'inventeur parait , d'ailleurs,
s'être imposé la condition d'écarter tout moteur artificiel ;
1 expérience seule peut nous apprendre jusqu'à quel point
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DÉCEMBRE. 4H
il a réussi et quels sout les perfectionnements à apporter
à son système. Nous ne saurions donc trop l'encourager à
persévérer dans ses recherches et surtout à multiplier les
essais qui, seuls, lui permettrout, en lui faisant connaître
les écueils à éviter, de mener à bonne un une œuvre qui
intéresse à un si haut degré la civilisation*
MÉTÉOROLOGIE. — Projet cT observatoire météorolo-
gique au Puy. — M. Béliben annonce à la Société que
M. Alinard, professeur de physique à la Faculté des
sciences de Clermont, est parvenu à obtenir des subven*
lions de la part de TEtat, du département du Puy-de-
Dôme et de la ville de Clermont, dans le but de
construire un observatoire sur le sommet du Puy-de-
Dôme, dont Taltitude dépasse 4 ,400 mètres. Cet éta-
blissement scientiflque, unique au monde par sa
situation^ par les études auxquelles il pourra servir,
est destiné à rendre les plus grands services à la mé-
téorologie. Au moyen du télégraphe électrique, la
station du Puy-de-Dôme sera en relation constante avec
le cabinet de physique de la Faculté. H. Alluard désire-
rait que quelques autres stations secondaires sur diffé-
rents points du grand plateau central de la France
fussent mises en rapport avec la station principale du
Puy-de-Dôme. De toutes les observations pourrait sortir
quelque grande loi météorologique dont la connais-
sance serait d'une utilité incontestable, surtout pour
rétude préventive de la direction et de Tintensité des
orages.
La météorologie n*est point chez nous une science in-
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412 RÉSUMf: OBS SÉANCES.
connue : notre vénéré confrère M. Bertrand de Done,
un des promoteurs de la géologie en France, avait
aussi porté sa féconde attention sur la météorologie. Il
a laissé des travaux sur la direction des vents qui ont
été remarqués dans le monde savant. Pourquoi laisse-
rions-nous périr en nos mains cette partie de rhérilage
scientifique que nous a légué un des plus illustres fonda-
teurs de notre Société ?
11 ne nous est pas impossible de répondre à rappel de
M. Âlluard. M. Rhullier-Plantin veut bien consentira
céder, sur le sommet de la Roche-Arnaud, une parcelle
de terrain sur laquelle le conseil municipal de notre
ville a décidé, à la demande de M. Richard, de rétablir
l'ancienne girouette de Corneille. Elle pourrait être éta-
blie an-dessus d'une voûte qui lui servirait de piédestal
et où pourraient se faire, à des moments déterminés,
des observations immédiatement transmises , par le
moyen du télégraphe, à la station du Puy-de-Ddme. Il
serait facile de trouver dans rétablissement des Frères
de Saint-Régis, situé tout auprès, quelques fidèles ob-
servateurs qui, moyennant une légère rétribution, se
rendraient à des heures fix.es sur le sommet de la
Roche-Ârnaud. La Société prendrait la direction de
cette institution nouvelle, et son patronage suffirait à
lui donner l'impulsion nécessaire.
UmÉRALOGiE. ^ Serpentine. — M. Béliben présente
un fragment de serpentine auquel il a fait subir Topéra-
tion du polissage et dont le gisement, situé entre les
communes de Dore et de Saint-Jean-d'Aubrigoux, pré-
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DECEMBRE. 443
sente une masse considérable. Cet échantillon oftte à
Toeil des nuances vert foncé avec des taches d'an rert
clair. Cette substance minérale, qu'on peut tailler, scier
et tourner avec facilité, donne à l'analyse les résultats
suivants :
Silice 42 50
Magnésie 38 50
Chaux » 25
Protoxyde de fer 4 50
Protoxyde de magnésie. . . » 50
Oxyde de chrome. » 25
Alumine 4 »
Eau 45 50
Total i. 400 »
Il serait important pour notre département qu'on
utilisât la serpentine dans Tindustrie et les arts. On en
fabriquerait des cheminées, des dessus de tables et de
consoles, des coupes, vases, etc. L'extraction et la ma-
nipulation de cette substance emploieraient un grand
nombre de bras/Ce serait nne précieuse ressource pour
les ouvriers de éette partie de nos montagnesqui pour-
raient, de cette façon, durant les longs jours d'hiver,
déployer leur intelligence et leur activité.
M. Aymard fait observer que la serpentine, depuis
longtemps signalée sur quelques points de la Haute-
Loire, notamment dans les communes de Lubilhac,
Saint-Julien près Brioude, Grenier-Montgon, etc., n'a
été jusqu'à présent, chez nous, d'aucun emploi dans Tin-
dustrie et les arts, à l'exception toutefois des temps
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44 i RÉSUIf É DES SÉANCES.
préhistoriques où, à Tépoque néolithique ou de la
pierre polie, on Tavait utilisée pour la fabrication de
haches, de même qu'on avait employé au même usage
la flbrolithe de nos contrées.
La Société remercie M. Béliben de son intéressante
communication, qui devra être livi*ée à la publicité par
le procès-verbal de la séance.
Monuments historiques. — Tour Panessae au Puy.
— M. le Préfet a adressé k M. le Président la lettre
suivante au sujet de la tour Panessae, dont l'existence
est menacée :
MoNSiBUR LE Président,
M. le Maire de la ville da Pay me signale l'état de dé-
gradation de la tour de Panessae. Des lézardes extrême-
ment apparentes font craindre un éboulement prochain, et
comme les boulevards Saint -Louis et Saint-Laurent, à l'in-
tersection desquels se trouve la tour Panessae font par-
tie de la grande voirie, je vais être dans la nécessité de
prendre des mesures réclamées par la sécurité publique.
tl serait regrettable, à tous égards, monsieur le Prési-
dent, de voir disparaître un des derniers monuments du
moyen-âge qui attestent l'antique importance de la cité ani-
cienne. Aussi, avant de prendre une résolution définitive,
j'ai exposé à M. le Maire du Puy l'intérêt qu'il y a pour la
.ville à la conservation de la tour Panessae, et je l'ai engagé
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DÊGEMBRE. 445
à proposer au Conseil municipal l'acquisition de la tour et
sa restauration.
M. le Maire de la ville du Puy m'a répondu qu'il ne
méconnaissait pas l'intérôt que je lui signalais, mais que
rétat des finances de la ville ne lui permettait pas de son-
ger à acquérir la tour Panessac ; les p/étentions exagérées
des propriétaires étant connues depuis longtemps par Tadmi-
nistration municipale.
En présence des dispositions de la municipalité du Puy,
j*ai pensé qu'il convenait de signaler le projet de démolition
de la tour Panessac à la Société académique, qui a mani-
festé en mainte circonstahce son zèle pour tout ce qui inté-
resse l'histoire du Yelay. La Société académique ne pour-
rait-elle pas prendre 1* initiative de mesures qui permissent
de racheter et de réparer ce monument ?
Je vous prie, monsieur le Président, de vouloir bien ap-
peler sur la question ainsi posée toute l'attention de vos
honorables confrères. Je suis disposé à prêter mon concours
le plus empressé à ce que la Société arrêtera ; et si elle veut
en demander le classement comme monument historique,
vous savez que les secours de l'Etat ne lui manqueront pas
actuellement, ou du moins danç un avenir peu éloigné.
Agréez, monsieur le Président, l'assurance de ma consi-
dération la plus distinguée.
Le Préfet,
G'« DE MALARTIG.
M. le Président^ an nom de la Société, a répondu à
M. le Préfet dans les termes suivants :
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416 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
Monsieur lb Prèfbt, '
Dès la réception de votre dépèche du 19 août dernier, re-
lative à la tour Panessac, je me suis empressé de convo-
quer le bureau de la Société académique, qui, pendant les
vacances, a mission de représenter la Société. Après lui
avoir donné communication de votre dépêche, il s'est trans-
porté sur les lieux et à la suite d*une longue et sérieuse dis-
cussion, il a délibéré à l'unanimité :
Qu'il partageait toutes vos sollicitudes au sujet de la
tour de Panessac et qu'il serait infiniment regrettable de
voir disparaître ce dernier monument qui atteste l'antique
importance de notre cité. Déjà, lorsqu'il y a quelques an-
nées, l'administration municipale crût devoir, dans l'intérêt
de la viabilité de la ville> faire disparaître une des tours et la
porte Panessac, la Société académique, pénétrée de l'inté*
rêt historique qui s'attachait à ce monument, avait expri-
mé ses regrets au sujet de cet acte déplorable. Elle ne pou-
vait, en effet, oublier qu'après avoir été le théâtre glorieux
de combats mémorables, cette porte, destinée à la réception
de plusieurs des princes, qui, depuis Gharlemagne jusqu'à
François !•', ont visité notre cité en venant s'incliner de •
vaut la Vierge du Mont-Anis, avait le nom de Porte royale.
Ce même sentiment s'attache plus fortement encore au
dernier reste de ce précieux monument. La Société, jar
l'organe do son bureau, exprime donc le vœu que la tour
Panessac soit conservée .
Sa conservation, du reste, ne présente aucune difficulté
ni aucun inconvénient. Cette tour, en eiiet, a deux parties
bien distinctes : l'une qui sert de base à l'autre, beaucoup
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DÂGRUBIE. 447
ph|8t apomne^ ai^ 4# tpu4e 90lidi^ el ne pféfltBtite ataooiie
lézarde. La seconde partie, qui 80 cafaciériae fw un enocir-
l^^n^nlban pion^ ée toille, pwnût avoir élô superposée à
JLa premi&rfi àmf^ to- icMftur^ 4^ ^lY* «tècle* Cette ])»afiî«,
Vn m^9^t» un^ ^Qï^i» et qoi » dû dire surmontée d0
créneaç^, ét^it ai^isi origioairement d*uae grande soiidî-
té. Les lézariies qui sillfonnen^ sa façade panûssent dues «eu-
toqaent à des i^uvertures faites après coup et sans ména^ie^
œe&tSf et i)l suf^rait diQ les Saire disparaître en replaçant les
pierres de tajlle qui ont M 9nl9eYée8y pour consolider eotte
partie menaçante de la tour de Panessac.
La conservation de cette tour ne nuirait e^ amciine fa^oa
à U viabilité de la giiande »vl de la petite voirie, la Société
étant per^ttajdéie qm les fondations de la tour s<mt très-pro-
fondes et qu'un déchaussement ne compromettrait en rien
sa solidité. Il a été, d'ailleisurs, établi par les fouilles qui ont
été récemment faites dans la rue Panessac que Tancien sol
avait été successivement surélevé, ce qui porte à croire qu'il
en a été de même pour le sol qui entoure la tour Panes-
sac et qu'il serait dès lors sans inconyéaient pour elle de
l'abaisser.
Mais comment assurer la conservation de la tour Pa-
nessac? La Société n'a à sa disposition aucune ressource
qui lui permette de faire cette acquisition, de ses deniers,
U serait désirable que la municipalité pût s'api)roprier oe
monument, soit en l'achetant de gré à gré, soit par la voie
de l'expropriation. Elle pourrait alors le consolider par d^
réparations intelligemment ordonnées et de nature à lui
rendre sa forme première, et utiliser l'intérieur en y logeant
ou un bureau de police, ou tout autre établissement muni-
cipal. En l'isolant par la démolition de la peljite maison à
TOMB XXÏI. 57
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418 RÉSUMÉ DRS SÉANCES.
•laqueUe «rt liée la tottr, on en ferait nn monomem i la feu.
arobéobgiqae et déooratif .
Dao« le cas où l'acqnUition du monument ne ponrmit
être faite actaellement, ne pourrait«on antorieer les pro-
priétaire» à le réparer sons la direction d* an homme de Fart
et à certaines conditions qui assareraîent sa conservation ?
Mais dans tous les cas, la première et la plus importante
mesure à prendre, si la chose est posdible, serait de le faire
classer comme monument historique , afin d'assarer sa
conservation entre quelques mains qu'il se trouve.
Telles sont, monsieur le Préfet, les desiderata de la So-
ciété académique au sujet de la tour de Panessac. L'initia-
tive que voud avez prise à son sujet, nous donne lieu d'es-
pérer que vous voudrez bien prendre en considération les
vœux de la Société académique et leur donner suite en les
appuyant de votre haut patronage.
Agréez, je vous prie, monsieur le Préfet, Tassurance de
ma respectueuse considération.
Le Président de la Société académique du Puy,
Db Brivb.
L'Assemblée donne son entière adhésion aux rues
émises par le bureau de la Société et dont M. le Prési-
dent s'est rendu le fidèle interprète auprès de M. le Pré-
fet. Elle espère, en outre, que l'administration muni-
cipale, toujours soucieuse des intérêts historiques du
pays, voudra bien coopérer à la conservation de la tour
Panessac. "*
Publications db lu Société. — Catalogue du Musée.
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DBCBMBliC. 119
•*^M. le baron de Vinols, consenraieor de la section des
beaux-arts, annonce dans une lettre que, snîTant les
iûteniions de la Société, il a traité ayec M. Marches-
sou de L'impression du Catalogue des tableaux, gra^
vures, dessins et statues; le format sera celui des jin-*
noies, et le papier semblable & celui des Chroniques de
Médieis. Le tirage en sera fait à mille exemplaires, dont
le prix sera, pour chacun d'eux, de 0 fi*. 65 c.
Don des Annales de la Société à des biblioihèq'ues dé-
imites pendant la guerre* — H. le préfet de police,
dans une lettre dont il est fait lecture, sollicite le don
de quelques ouvn^es afin de reconstituer la biblio-
thèque de son administration détruite par l'incendie
pendant le siège de Paris*
L'assemblée s'empresse, par un vote unanime, d'of--
frir à M. le préfet de police la collection de nos iinnafes.
La même décision est prise en faveur de la Société ar-
chéologique de la Lorraine^ qui, pour reconstituer la bi-
bliothèque de Nancy, détruite dans l'incendie du palais
ducal, a fait appel à toutes les sociétés scientifiques.
Personnel de u Société. — Elections du président
et du fiice-président. — U est procédé à la nomination
du président, en remplacement de M. de Brive qtii,
malgré l'insistance de tous nos confrères, se refuse à
continuer l'exercice de ces fonctions, à raison du oiau-
vais état d^ sa santé.
Le vote, qui a lieu au scrutin secret, donne la majo*
ritè^ voîi à M. Aymard, qui est proclamé préiideftt.
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420 RÉSUMÉ DBS SÉANCES .
Ce résallat est accueilli par l'assemblée avec une tive
sympathie. .
M. de Brive, se faisant l'interprète des sentiments de
nos confrères, félicite en termes chaleureux M. Aymard
et déclare que le choix qui vient d'être fait est on
gage certain pour Farenir et les travaux de la Société.
M. . Aymard répond cordialement à ces paroles de
bienvenue. Il espère, non faire oublier, mais rappeler
au contraire, dans la limite de son pouvoir, les prési-
dences fécondes qui ont fait r^aillir sur la Société un
lustre qui ne s'effacera point, et il remercie avec émo-
lion ses confrères d'un honneur qui est la consécratîen
la plus douce d'une longue carrière vouée à. l'histoire et
h la science locales.
L'assemblée est ensuite appelée à élire le vice-pré-*
sidemt en remplacement de H. Aymard, qui en remplis-
sait les fonctions.
Le scrutin donne la majorité à M. Chouvon qui, ayant
accepté, reçoit aussi les chaleureuses filidtatîoiis de
M. le Président.
Décès de MM, Mauras et Mahul, membres de la So-
ciéié, — M. le Président annonce la mort de H. Aicide
IfattraA, avck^at et membre résidant. Il exprime com-
bien est grande pour la Société la perte de notre don-
frère qui joignait à une grande érudition les meilteures
qualités. La variété de ses connaissances hii peraiec-
taient de prendre une part active aux discussions scien-
tifiques de nos réunions. HM. Martel, Langlois,
Lasconbe et de Snrrel sont désignés pour représéster
la SMiélf aux obsèques de notr^ regmtt» eduCréM*
M. le docteur Martel émet, à cette occasion, le vœu
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DÉCEMBRE. 424
qae la Société délègue à TaTenir deux de ses membres
auprès d'un confrère sérieusement malade. Cette démar-
che, dit-il, témoifiH^erait de Tintérét que la Société porte
à tous ceux qui en font partie. Cet usage a été adopté
notamment par les sociétés médicales de Paris.
M. le Président rend hommage au sentiment hono-
rable exprimé par H. Martel et Tinvite à adresser une
note au conseil d'administration qui statuera sur l'objet
de sa demande.
H. le Président témoigne également les regrets de la
Société au sujet de la mort de M. Mahul, membre ho-
noraire. Plusieurs publications scientifiques ont déjà
rendu un juste tribut d'hommage à sa mémoire, en par-
ticulier le Bulletin monumental dirigé par H. de Cau-
mont, dont H. MahuI était un des savants collabora-
teurs, en qualité de membre de l'Institut des provinces.
Ancien député, ancien préfet au Puy, à Avignon et à
Toulouse, notre confrère avait fait preuve d'une haute
intelligence dans l'exercice de ces différentes fonctions;
il a laissé surtout un excellent souvenir de son adminis-
tration dans la Haute-Loire. M. Mahul s'intéressait
beaucoup aux travaux de notre Société, dont il lisait
les Annales avec le plus grand soin. Une des œuvres
principales de ce savant a été la publication du Cartt^
taire de Careassonne (trois volumes in-4o).
L'ordre du jour étant épuisé, la séance est levée à six
heures.
Le Secrétaire iuppUant,
LASCOMBE.
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DEUXIÈME PARTIE
MEMOIRES
ET ANNEXES
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ipomicm
ÉGLISES DE FRANCE
Historique de la (inestion dans la seconde moitié du
dix-neuvième sièole, présenté et lu à la Société
aoadémi<iQedu Pay-en-Velay, dans sa séance
de juin 1871, par M. l'abbé Frugère,
membre résidant.
Daas le domaiDe des sciences positives, l'histoire est,
plus que toute autre peut-être, la science livrée aux
incessantes discussions des hommes ; plus que toute autre,
elle met en jeu sur un terrain ancien les préoccupations
modernes. C'est que, si la scène change de langage et
de décors, Thomme reste comme immuable dans ses
aspirations, ses passions et ses préjugés. Chaque siècle,
et c'est un fait assez curieux à constater, se prend d'en-
gouement pour tels ou tels points historiques jusqu'à
lui restés dans l'oubli ou l'indifférence. A la suite d'un
fait politique, d'une manière d'être sociale, ou d'une
direction psychologique nouvelle et souvent inexplica-
TOME XXXI. a
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2 APOSÏOLICITÉ
ble, il se produit, ici ou là, dans l'histoire, des courants
dans lesquels s'engagent les esprits qui se sentent
curieux des hommes et des choses du passé. Il est bien
difficile au philosophe de trouver des raisons indiscuta-
bles et de poser des lois fixes à ces préoccupations
soudaines et à ces modes de questions historiques, quel-
quefois prises et reprises après des intermittences plus
inexplicables encore. Tout au plus pourrait-on appliquer
à ce fait Vondoyant et le divers de Montaigne, au sujet
de Tesprit de l'homme. Ce que nous pouvons et devons,
c'est le constater.
L'apostolicité des Eglises de France est la question
historique qui, en cette seconde moitié du dix-neuvième
siècle, agite le monde savant de France. Soulsvée à diffé-
rentes époques, mais avec des préoccupations intéressées
de prépondérance dans le domaine religieux, cette ques-
tion a reparu au milieu de nous dégagée, autant qu'il est
possible à des hommes, de toutes complications d'intérêts
trop pei*sonnels, et elle semble vouloir rester dans le
domaine de la science pure. A Theure où le débat est
dans toute sa chaleur et où la solution se dessine net-
tement en faveur de l'apostolicité, nous croyons qu'il
peut être curieux et utile de tracer rapidement une
esquisse historique des champions de cette lutte et
d'analyser leurs livres ou leurs brochures. C'est ce pelit
travail que nous avons modestement entrepris.
Pendant les seize premiers siècles de l'Eglise, non-
obstant le texte de saint Grégoire de Tours, autour du-
quel il a été fait tant de bruit (1), nos traditions et légen-
(1) HiiL Franc, 1. i , c. i8.
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DES ÉGLISES DE FRANCE. 3
des religieuses avaient fixé au premier siècle l'origine
des Eglises deFrance et cette époque était admise sans ré-
clamation, si l'on en excepte l'opinion contraire émise,
à la fin du dixième siècle, par le moine Létalde (4).
Quoi de plus naturel, en effet, que de relier ^sans
solution de continuité l'Eglise des Gaules à l'élise
de Rome? par son organisation administrative et
militaire, par ses établissements particuliers, par ses
stations, par la création de ses centres de résistance,
par l'ouverture de ses grandes voies de communica-
tion, la conquête romaine, depuis César, avait pré-
paré à ridée nouvelle d'émancipation matérielle et
morale les moyens d'acclimatation et de diffusion.
N'est-il pas raisonnable de penser et de croire que
Pierre et les disciples du Christ, tout en attaquant
le monde païen dans ses centres les plus anciens et
les plus civilisés, n'avaient pas dû négliger ces pro-
vinces récemment absorbées 'par la grande unité ro.
maine et où Timpatience de la conquête, plus vivace,
par conséquent, devait faciliter Tacceptalion des idées
nouvelles qui battaient en brèche l'organisation op-
pressive des conquérants? Il ne faudrait pas croire,
d'ailleurs, que Pierre et les disciples s'en tinssent pu-
rement et simplement aux idées spéculatives de la
diffusion de l'Evangile. Hommes intelligents et éner-
giques, ils mettaient encore au service de leur mis-
sion les bienfaits pratiques de Texpérience et les
moyens humains dictés par le temps, les événements
et la politique.
(1) Létalde* Yie de smui Julien, destinée k l'offlce de l'Eglise du Mans, sur
la demande d'Avesgaud, évèque de cette ville.
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4 APOSTOUCITE
L'apostolicité devait être un point historique resté
incontesté dans la tradition pins rapprochée de la
vie de ces hommes de foi et d'action. Voilà pourquoi,
peut-être, pendant seize siècles, Tévangélisation des
Gaules, au premier siècle, ne fut point disculée. Elle
resta pour tous un fait patent et incontestable. Mais,
à mesure que les siècles, en s*éloignant du point de
départ, ont perdu peu à peu le sentiment vrai de la
situation, et, par suite peut-être aussi de cet esprit
de discussion que les orgueils et les audaces du sei-
zième siècle avaient soufQé partout, des doutes se sont
élevés, des questions se sont posées, des discussions
se sont engagées. Les erreurs, timidement avancées,
ont été ensuite soutenues avec ardeur par la vanité
et Tesprit de parti. Là est peut-être l'explication de
l'origine et de Tétat actuel de cette question.
Quoi qu'il en soit, au dix-septième siècle, par une
brusque réaction, celte date fut mise en suspicion et at-
taquée violemment par une école critique, ou anti-tra-
ditionnelle, qui avait à sa tête Jean de Launoy, prêtre
et docteur en théologie, auquel on. peut adjoindre Sir-
mond, Papebroch, Baillet, de Sainte-Marthe, Longue-
val, François Bosquet, Le Nain de Tillemonl, Louis
Moréri, Èllies du Pin, etc.
Les commencements du dix-huitième siècle furent
encore témoins de débats assez passionnés sur cette
question. Elle sembla néanmoins s'assoupir. Mais,
depuis vingt-cinq ans, sur tous les points de la France,
dans le monde savant, se trouve pour ainsi dire à
l'ordre du jour un mouvement immense en faveur du
retour aux traditions et aux légendes religieuses de
l'antiquité chrétienne et du moyen âge.
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DES EGLISES DE FRANGE. 5
La reprise générale, au dix-ûeaviëine siècle, des
études historiques en Europe; leur analyse par les
procédés critiques et philosophiques; la découverte
de documents enfouis dans la poussière et Toubli des
vieilles bibliothèques ; la recherche attentive des tex-
tes épars dans les livres anciens; Fappel fait aux
sources jusque-là peu ou mal consultées semblent avoir
remis la question dans sa première voie, te beau-
coup de science de Bacon (1) lui a rendu la solu-
tion première dont nous parlions plus haut et que
lui avait faite, au début, la tradition récente des évé-
nements. C'est pourquoi nous croyons qu'ayant par-
couru le cercle des évolutions et accompli la loi des
discussions humaines, le fait est acquis k jamais à la
vérité de l'histoire. Aussi, le plus grand nombre des
historiens assignent-ils aujourd'hui le premier siècle
comme l'époque véritable de la prédication de l'E-
vangile en Gaule : c'est Técole traditionnelle. Quel-
ques rares critiques, au contraire, se donnent encore
la tâche de contredire cette dernière école. Jetons un
coup d'œil sur les œuvres des uns et des autres.
Des savants avaient déjà protesté, d'une manière
plus ou moins hardie, contre la critique rigoriste du
dix-septième siècle, lorsqu'on 4848, H. l'abbé Paillon,
sulpicien, publia ses Monuments inédits sur l'apos-
tolat de sainte Marie-Madeleine en Provence, réé-
dités en 1865 par M. l'abbé Migne {%). Cet ouvrage
considérable, ayant pour but d'établir l'évangélisalion
{\) Parvi scientiarum hawtus faciunt ittcredulttm,maffni, chriêtianum. (Bacon)
(3) Vol. in-4». Paris, Migne, 1866.
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6 AP08T0LICITÉ
primo-séculaire de la Provence, esl divisé en deux par-
ties. — Dans la première, Tauteur établit l'idenlité de
sainte Madeleine avec Marie, sœur de Lazare et de
Marthe, et avec la pécheresse dont parle saint Luc. —
Il prouve, dans la seconde partie, le fait de Tapostolat
de sainte Magdeleine en Provence et il fait, de plus,
rhisloire de son culte depuis les temps les plus anciens
jusqu'à nos jours : dans cette dernière partie, enrichie
de documents et de pièces justificatives, M. Paillon
traite tout ce qui concerne Tapostolat et le culte de
saint Lazare^ évéque de Marseille, de saint Maximin,
évéque d'Aix, de sainte Marthe et des saintes Marie Ja-
cobé et Marie Salomé, dont les monuments sont insé-
parables de l'apostolat de sainte Madeleine en Pro-
vence.
Il faut lire ces pages où se trouvent recueillis et dis-
cutés avec une judicieuse critique les plus anciens
Actes que nous possédions aujourd'hui des saints apô-
tres de la Provence. L'auteur s'y montre surtout plein
de sagacité et de courage dans la discussion du texte de
saint Grégoire de Tours, invoqué par les adversaires
de l'apostolicité de nos Eglises. Nous n'apprendrons
rien à nos lecteurs en disant que les Monuments inédits
firent parmi les érudits une immense sensation. Grand
nombre d'entre eux adoptèrent leurs conclusions et,
parmi eux, nous signalerons Dom Piolinqui, dans son
Introduction à VHistoire de l'Eglise du Mans, publiée
en 4851 , ajoute de nouveaux documents aux documents
déjà signalés par M. Paillon.
En 1855, M. l'abbé Arbellot, chanoine honoraire de
Limoges, fit paraître une Dissertation sur l'apostolat
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DES É6USBS DE PHANGE. 7
de saint Martial (1), saivie, en 1860, d*an supplément
sons ce titre : Documents inédits sur l'apostolat
de saint Martial et sur P antiquité des Eglises de
France (2). L'apostolicité des Eglises de France et
plus spécialement de celle de Limoges , telle est la thèse
que l'auteur soutient avec autant d'érudition que de
talent. Après un coup d'oeil historique sur la question,
M. Arbellot, sans le moindre respect pour raulorilé
de saint Grégoire de Tours, déjà révoquée en doute
par H. Paillon, et dont il fait aussi bonne juslice,
n'hésite pas à affirmer Tantiquité de la mission des
premiers évoques des Gaules. C'est ainsi qu'il nous
montre venus, dès le premier siècle, Trophime à Arles,
Paul à Narbonne, Denys à Paris, Saturnin à Toulouse,
Austremoine à Clermont, Gatien à Tours» etc., etc.
En ce qui concerne surtout l'Eglise de Limoges, le
docte auteur s'applique spécialement à mettre en lumière
les témoignages de la tradition établissant que saint
Martial fut envoyé à Limoges vers le premier siècle ;
et il déploie beaucoup d'énergie et d'habileté & réfuter
les objections formulées par les advei'saires de cette
tradition.
La Dissertation sur Vapostolat de saint Martial
devait avoir et eut, en réalité, d'ardents contradicteui's.
Ainsi fut-elle attaquée par le docte abbé Bourassé,
chanoine de Tours, qui, depuis celte époque jusqu'à
ces derniers temps, s'est fait — nouveau Launoy —
le champion de l'école anti-traditionnelle où bientôt nous
(l) 1 vol. iit-a*. Lino^es, Gbaponlavd frères, 1855.
(9) 1 vol. in-8*. LiBOgM, Ghapoïkad frères, 1860.
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8 ÀPOSTOLIGITÉ
trouverons à sa suite l'abbé Verger et l'abbé Chevalier,
de Tours. — M. Arbellot, et avec lui M. Paillon et
Dom Piolin, furent combattus encore dans les Origines
chrétiennes de la Gaule par M. d*Ozouville, ancien
sous-préfet de Château-Gonthier, décédé en 1859. Nous
signalerons, de plus, parmi les adversaires de M. Ar-
bellot, Tabbé Salvan, dans une Dissertation précé-
dant VHistoire générale de VEglise de Toulouse;
l'abbé Pascal, dans la Discussion historique et impar-
tiale sur l'époque de rétablissement de la foi
chrétienne' dans les Gaules, et M. Quicherat, profes-
seur de Técole des Chartes, dans une Lettre adressée
à M. l'abbé Arbellot, le 26 mars 4855.
Mais, d'un autre côté, les conclusions de M. Arbellot
furent chaudement épousées par de savants écrivains.
Plusieurs évoques, Dom Guéranger et M. Augustin
Thierry, dont le nom fait autorité, s'empressèrent de
manifester à cet érudit leur vive sympathie en faveur
de la cause historique de l'apostolicité des Eglises
de France. Grand nombre d'écrivains voulurent même
alors démontrer l'origine apostolique de leurs Eglises
respectives, et ils le firent à l'aide d'une foule de
preuves qui ont pu être contestées, mais non pas
réfutées. Citons, entre autres : MM. Ra venez. Origines
des Eglises de Reims, de Soissons et de Châlons;
— Tabbé de Lutho, vicaire-général de Bourges, Vie
de saint Vrsin, apôtre du Berry (Introduction) ; —
l'abbé Robitaille , chanoine d'Arras, Vie de saint Paul
de Narbonne ( Dissertation ) ; l'abbé Charbonnel, Ori-
gine de l'Eglise de Mende ; — l'abbé Dion, professeur
au séminaire de Périgueux, Apostolat de saint Front
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DES ÉGLISES DE FRANGE. 9
au premier siècle; — de Cliergé, de la Société des
Antiquaires de TOuest, Vies des Saints du Poitou ; —
l'abbé Barrère, Histoire religieuse et monumentale
du diocèse d'Agen ; — Coudert de la Villate, Toull
et Ahun; le Christianisme dans l'Aquitaine; —
l'abbé Auber, Vies des Saints de l'Eglise de Poitiers;
— Tabbé Le Guennec, supérieur du séminaire de
Cahors, Notice sur le pèlerinage de Notre-Dame de
Roc-Amadour ; — l'abbé Maxime Latou, Vie de saint
Saturnin, disciple de saint Pierre; — Tabbé Bougaud,
Etude historique et critique sur la mission, les actes
et le culte de saint Bénigne, apôtre de la Bourgogne;
— Tabbé Blond, Brochure anti-grégorienne sur saint
Rieul, premier êvêque de Senlis; — le P. Gouilloud,
Saint Pothin et ses compagnons; — le P. Gaydou,
Etudes critiques sur l'origine de V Eglise de Mende ;'^
M. Brilloin, Notice sur l'introduction du Christianisme
en Saintonge; — Tabbé Do, Origines chrétiennes du
pays Bessin; — Tabbé Tapin, Les traditions du diocèse
de Bayeux; la science et la tradition; — de Bernoville,
Mélanges concernant téviché de SaintrPapoul ; —
Tabbé Cirot de la Ville, Origines chrétiennes de Bor-
deaux; - Tabbé Chaussier, Origine apostolique de
l'Eglise de Metz; — Tabbé Guillaume, Histoire du
diocèse de Toul.
Il est beau de voir ce mouvement historique se
produire avec cet admirable ensemble et ce zèle
apostolique. Mais, au point de vue général de l'histoire,
ce mouvement eut une autre portée ; il mit au jour et
en relier nombre de documents et de faits nouveaux
qui, en dehors même de celte question particulière,
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40 APOSTO LICITE
vinrent apporter à réditice historique de nouvelles
pierres, confirmer la vérité ou lui rendra sa couleur
véritable. En histoire, tout se tient, tout est solidaire.
De plus, la question descendit des régions ecclésias-
tiques, où elle s*était un peu spécialisée, pour se li-
vrer à des plumes laïques consacrées à Thisloire géné-
rale, et ce fut, si nous pouvons parler de la sorte, sa
seconde évolution. Bientôt nous la verrons gagner du
terrain dans les régions populaires et accomplir cette
évolution suprême où arrivent les questions de portée
sérieuse et de véritable intérêt.
C'est vers cette époque — 4855 et 4856 — que la
question de Tapostolicité des Eglises de France fat étu-
diée par quelques sociétés savantes, et notamment elle
fut insérée dans le programme des XXII» et XXIII« ses-
sions du Congrès archéologique de France, tenues à
Cahors, Nantes, La Rochelle et Mende. — Depuis lors,
grand nombre d'autres sociétés académiques ont voulu
se préoccuper de cette intéressante question.
L*année 4864 vit paraître la Vie de saint Fronts
premier évique de Périgueuw (4). Le savant auteur de
cet ouvrage, M. Tabbé Pergot, curé de Terrasson, y
établit, par des«documents nombreux, que l'Evangile fui
prêché dans les Gaules au temps des Apôtres et que
saint Front fut envoyé, au premier siècle, dans le Péri-
gord, dont il devint le premier évêque. Cet ouvrage con-
firme en même temps Tapostolicité de l'Eglise du Velay,
saint Front ayant été le compagnon de saint Georges.
La même année 4 864, M. Ch. Salmon, d'Amiens, vice-
(1) 1 vol. in-8«. Périgoenxi AngQste Boucharie, 1861.
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DES EGLISES DE FRANGE. H
président de la société des Antiquaires de Picardie,
publia VHistoire de saint Firmin, martyr, premier
évéque d* Amiens [h). Quel bon et beau livre ! L*érudit,
jeune et modeste, a démontré d'une manière irréfraga-
ble que la Picardie fut bien évangélisée, au premier
siècle, par le zèle de saint Firmin. Pour écrire celte
histoire si touchante, l'infatigable chercheur a fouillé
dans les in-folio des vieux historiens ; dans le recueil
des Actes des Saints ; dans les immenses collections
que rérudition et la patience des ordres religieux ont
réunies en si grand nombre pendant les deux siècles
qui ont précédé le nôtre ; dans les bréviaires de nos
antiques églises ; dans les précieux manuscrits que
renferment nos bibliothèques publiques, et dans tant
de trésors littéraires inconnus ou méconnus, qu'il est
allé lui-même consulter sur les lieux, en France et
en Italie. A peine paru, l'ouvrage de M. Ch. Salmon
eut un grand retentissement et lui attira les félicitations
de beaucoup d'archéologues. Il fut acclamé par
Dom Guéranger et par des membres éminents de
répiscopat français, NNgrs d'Amiens, d'Arras, de
Beauvais, etc. Le pape Pie IX prodigua aussi à
M. Ch. Salmon des éloges et des encouragements bien
mérités.
On doit, de plus, au même académicien : Recher-
ches sur V époque de la prédication de r Evangile
dans les Gaules et en Picardie (2), attrayante étude
(1) 1 Tol. in-4*, édition delaxe, titre ronge et noir. Amiens, Alfred Caron,
1861 ; prix : 10 firancs.
(9) Mim. de la Sociilé iet Antiquaire* de Picardie, 1866, .tom. XX,
pp. 671-578.
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12 APOSTOLICITÉ
OÙ M. Ch. Salmon a entassé, en faveur de Taposto-
licite des Eglises de France, des documents et des
piër^s justificatives presque sans nombre. Son mé-
moire fut vivement attaqué par un de ses collè-
gues de la Société des Antiquaires de Picardie, le-
quel, mis en demeure de justifier son opposition,
s'en tint à de stériles protestations, sans pouvoir
produire des preuves solides et concluantes.
L'apostolicité de nos Eglises était soutenue en
même temps dans^ quelques ouvrages d'un grand mé*
rite qui furent alors mis au jour : — Cours d'His-
toire ecclésiastique y par Tabbé Blanc ; — Histoire de
l'Eglise catholique en France, par Tabbé Jager ; —
Histoire générale de l'Eglise, par l'abbé Darras ; —
Vie de saint Denys l'Aréopagite, par le même
auteur ; — Histoire universelle de l'Eglise catholi-
que, par Rohrbacher ; — Histoire générale de l'E-
glise, par le baron Henrion, dernière édition ; —
Histoire des premiers siècles de l'Eglise, par W Re-
gnault ; — Histoire de sainte Cécile, par Dom Gué-
ranger.
M. Gabriel de Ghaulnes, du Puy-en-Velay, écri-
vit également à cette époque sa Dissertation sur
l'épiscopat de saint Georges, où, malgré sa brièveté,
Ton rencontre quelques documents précieux (4).
Tandis que, nonobstant quelques protestations
isolées, la question de Tapostolicité des Eglises des
Gaules, si pleine de sève et de vitalité, faisait son
chemin de par le monde, un membre correspondant
(1) 1 vol. in-8*. Le Par, Marchcssou, 1861.
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DES EGLISES DE FRANGE. 13
de la Société archéologique de Touraine vint encore
se jeter à la traverse , comme poar lui barrer le pas-
sage. C'était M. Tabbô Verger qui, en juillet 1868,
publia dans le Journal d'Indre-et-Loire une étude
sur un- certain nombre de textes signalés, dans les
ouvrages de Grégoire de Tours, comme susceptibles
d'interprétations diverses et même contradictoires. Afln
de défendre le système chronologique de cet histo-
rien, M. Verger s'évertua à réfuter les objections
de ses adversaires. De Fexamen critique de ces tex-
tes, depuis longtemps controversés, il crut pouvoir
conclure contre l'apostolicité de TEglise de Tours.
Cette publication, d'ailleurs peu remarquable, fut le
signal d'un vif débat parmi les savants Tourangeaux,
débat que nous verrons dégénérer en guerre à ou-
trance de personnalités.
Au bout de quelques mois (décembre < 868), parut,
en réponse à la critique de M. l'abbé Verger, une
brochure intitulée : Saint Gatien, ou les origines
de l'Eglise de Tours, par L.-F. Jehan (de Saint-
Clavien), archiviste de la Société archéologique de
Touraine, membre de plusieurs sociétés savantes (1).
— Qui ignore le mérite de ce savant, depuis long-
temps connu par ses nombreux ouvrages? M. Jehan
consacre celle brochure à discuter la valeur ou
l'autorité de saint Grégoire de Tours, relativement à
la date de la mission de saint Gatien dans la par-
tie occidentale de la Gaule, pour y prêcher l'Evan-
gile aux Turones; il signale les autorités établis-
(l) Iti~8« de 30 pages. Toun, imprimerie Ladevèse, 1868.
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U APOSTOLIGITÉ
sanl que saiiU Galien a reçu sa mission au premier
siècle ; il se prononce hardiment pour l*apostolicilé
de l'Ëglise de Tours; enfin, en terminant ces pages
peu nombreuses, mais substantielles, il se félicite de
se rencontrer dans ses conclusions avec le P. Lacor-
daire et avec MM. Darras, Freppel, Jager, elc.
Bientôt (18 décembre 1868), on vit éclorc à Tours,
pour combattre M. Jehan (de Saint-Clavien), une bro-
chure ayant pour titre : Défense de saint Grégoire
de TourSf au sujet des origines de sa propre Eglise,
réponse à M. Jehan (de Saint-^lamen), par un
membre de la Société archéologique de Touraine [\).
Le nouvel écrit, signé : « Le Chevalier noir sans
couleurs ni blason », était Tœuvre, non de M. Tabbé
Verger, mais de M. Tabbé C. Chevalier, curé de
Civray-sur-Cher, Président de la Société archéologi-
que de Touraine, Secrétaire perpétuel de la Société
d'agriculture d'Indre-et-Loire. — Le Chevalier noir
veut h toute force donner à Grégoire de Tours gain de
cause au sujet des origines de sa propre Eglise. Pour
arriver donc à son but, pour établir que la Tou-
raine n*a point été évangélisée au premier siècle,
mais seulement au troisième, l'auteur avance que
Grégoire de Tours n'a pas commis les erreurs qu*on
lui prête; il ajoute que le récit de cet historien sur
les origines chrétiennes de Tours présente tous
les caractères de véracité désirables ; il dit enfin que
la tradition sérieuse de son pays est conrorme au
texte de saint Grégoire de Tours. Pour le fond de
la brochure, nous n'hésitons pas à affirmer que les
(l) Fn-S* de 39 pages. Tours, imprimerie Ljdevèse, 1869.
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DES ÉGLISES DE FRANCK. 45
preuves fournies par M. l'abbé Chevalier sont de
nulle valeur. Cent fois déjà elles avaient été réfu-
tées; et, depuis lors, elles l'ont été victorieusement
encore. Quant à sa forme, l'auteur nous semble avoir
pris & tâche de prouver encore une fois, — ce que
personne n'ignorait d'ailleurs, — que c'est par la
violence que se défendent les mauvaises causes.
Sur ces entrefaites, M. l'abbé Rolland, vicaire à
Saint-Julien de Tours, flt paraître un volume ayant
tour titre : Dissertation sur Vépoquc de l'apostolat
(le saint Gatien, premier évêque de Tours, et sur
les origines des Eglises de France (4). L auteur
étudie les erreurs chronologiques de Grégoire deToui^s
et s'attache à établir que l'opinion de cet historien
n'a point changé la tradition des Eglises des Gaules,
pas même celle de sa propre Eglise. Après avoir en-
suite en quelques mots traité de la valeur des légen-
des en général, il termine par une courte biographie
de saint Gaticn. Claire, méthodique et sans passion,
la Dissertation de M. Rolland est d'une lecture agréa-
ble et instructive. De plus, par le grand nombre
de raisons et de documents qu'elle fuit valoir, elle
est de nature à porter la conviction dans l'esprit
du lecteur. Aussi bien, l'illustre archevêque de Tours,
M8' Guibert, a-l-il approuvé cet ouvrage dans des
termes à insinuer que le savant prélat éprouve peu
de sympathie pour la cause défendue par M. l'abbé
Chevalier et pour le mode de discussion adopté
par ce critique.
(1) 1 vol. in~8«. Tonrs, imprimerie Bouserez. 18G8.
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46 APOSTOLIGITÉ
Au mois de septembre 1869, sans nous douter de
la polémique déjà soulevée en Touraine, nous don-
nions au public VAposiolicité de l'Eglise du Velay (1).
Il ne nous appartient pas d'apprécier nous-méme ce tra-
vail où nous avons démontré Tapostolicité des Eglises
de France et, en particulier, celle de T Eglise du Velay.
A peine paru, notre mémoire reçut les souhaits de
bienvenue de M. Gh. Salmon, dans ses Origines de
l'Eglise de Tours, p. 28; — de M. Tabbé Corblet,
dans ses Origines de la foi chrétienne dans les Gau-
les et spécialement dans le diocèse d'Amiens, p. 6;
— de M. Jehan (de Saint-Glavien) dans ses Légendes
oengées, pp. 22 et 34 ; et, plus lard, dans son Saint
Gatien, premier évêqiie de Tours; époque de sa mis-
sion dans les Gaules, pp. 744 et 722. Il fui l'objet
d'études critiques insérées dans la Haute-Loire (2} ;
— les Annales de Philosophie chrétienne (3) ; ■— la
Revue des Sciences ecclésiastiques (4) ; — le Mémorial
de la Loire (5) ; — la Semaine religieuse du diocèse
de Périgueux (6); la Semaine religieuse du diocèse de
(l) Apûstolieiié de i'Eglite du Yetaif, Disseriation sur la dëte de l'è9aH$è'
iisation du Velay, précédée d'une Introduction sur les origines du Cturisita-
nisme dans les Gaules en général, et suivie d'un Appendice, de notes et do-
cuments, par l'abbé Frugère, curé de Chaspazac, membre de la Société
académique du Puy, 1 beau volume in-d», titre rouge et noir. Paris, J. Baur
et DéUille, 10, rue des Beaux-Arts, 1869.
(3) M. Aimé Giron, n* du 4 septembre 18ô9, et M. S., n* du 16 octo-
bre 1868.
(3) M. Gabriel de Cbanines, n* 118, octobre 1868.
(4) R. P. Uontroazier, Jésuite, n» 118, novembre 1869 et 191, janvier ld70.
(5) M.- René du Chamond, n* du 15 décembre 1869.
(6) M. Pergot, n- des 20 avril, 23 avril et 24 mai 1870.
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DES ÉGLISES DE KHANGË. 17
Paris (4), etc. —Honorée enfin des félicilations de
personnages éminents,el entre autres du souverain Pon-
tife Pie IX, dont quelques-unes mentionnées dans
le dernier Tolume des Annales de la Société aca-
démique du Puy [ï], notre brochure a eu la bonne
fortune d*étre attaquée dans un nouTel écrit de M. Tabbé
Chevalier (3), puis défendue et justifiée par M. Tabbé
Arbellot (4). Rn leur lieu, nous dirons un mot de
ces deux brochures.
La première brochure publiée par M. Tabbé C.
Chevalier contre M. Jehan [de Sainl-Clavien) ne pou-
vait rester sans réplique. M. Jehan s*empresse donc
d'éditer : Le Christianisme dans les Gaules, examen
critique des nouvelles publications contre Vapostoli-
cité des Eglises de France (5). Cet ouvrage, sous
la forme d'un spirituel dialogue, passe au crible
d'une critique sévère les assertions et les arguments
de la Défense de saint Grégoire de Tours au sujet
des origines de sa propre Eglise. M. Jehan y dévoile
successivement ce qu'il appelle un peu malicieusement
€ les tribulations du Chevalier -noir : 4® à travers
les textes de Grégoire de Tours; 2° à travers la tradi-
tion, gi*égorienne et 3o k travers la tradition de l'Eglise
(1) N« 867, jain 1870.
(3) Tome XXX, p. 181 et suiv.
(3) Etudes tur les critiques auti-GréQûriens et sur rapoHotut de S. Gûtien,
par l'abbé Chevalier. — HT. Les Légendes au Concile de Limoges, ia-8* do
36 pages. Tours, Ladevèse, 1870.
(4) observations critiques A MM. Bourassé et Chevalier, tmr ta Légende
de saint Àustremoine et les Origines chrétiennes de la Gaule, par Tabbé Ar-
bellot, in-^ de iS pages. Toars, Bouserez, 1870.
(5) 1 vol. in-8». Tours, imprimerie Bouserex, 1860.
TOME XZXI /.
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48 APOSTOUCITÉ
métropolitaine de Tours. » Le Christianisme dans les
Gaules ne laisse rien debout de la brochure à effet
de M. Tabbé Chevalier. 11 donne une réfutation com-
plète de la thèse de ce défenseur quand même de la
chronologie de Grégoire de Toui's. Il fournit ensuite
un exposé solide des preuves reportant au premier siè-
cle la mission de saint Catien. Abordant enfin la ques-
tion générale de Tévangélisation des Gaules, le docte
archéologue saisit en même temps Toccasion de réfu-
ter les assertions de MM. Henri Martin, Alfred Maury,
Huillard, Bréholles et Tailliar, qui venaient de se dé-
clarer les adversaires de Tapostolicité de nos Eglises.
Aussi M. Jehan ne craint-il pas d'affirmer que « son
Chevalier-noir sort de cet examen plus meurtri^ plus
couvert de cicatrices et ayant, pour se soutenir» plus
besoin de béquilles (sic), que l'auteur de Saint Gatien,
ou les origines de t Eglise de Tours, que M. Chevalier
avait espéré renverser et sur le compte duquel il
s'était permis des plaisanteries peu convenables. »
M. l'abbé Bourassé intervient dans le débat en
publiant contre les défenseurs de l'apostolicilé de
l'Eglise de Tours : Iw origines de F Eglise de Tours,
courtes réflexions, par M. l'abbé Boura^ (4). Ce
savant, dont nous nous plaisons d'ailleurs à reconnaître
le méinte , fait à sa manière l'exposé de la question et
discute ensuite sommairement quelques objections di-
rigées contre les récits de Grégoire de Tours. — Le
docte professeur d'archéologie termine en lançant à
l'école traditionnelle cette menace : < Nous nous con-
(1) In-8« de 46 pages. Tours, Boaicrei, IWO.
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DES ÉGLISES DE FRANCE. 49
tenterons, en ce moment, de ces quelques mots : nous
publierons prochainement, si c'est nécessaire, d'autres
travaux depuis longtemps préparés. »
Comme pour résumer ce ilébat passionné parmi les
auteurs Tourangeaux, M. Ch. Salmon fait paraître,
à la fni de 48é9, une étude publiée par la jRet^ua de
rArt chrétien. Ce travail a pour titre : Origines de
r Eglise de Tours {\). — M. Ch. Salmon s*empressc de
décerner à MM. Paillon et Arbellot Thonneur d'avoir,
dans ces derniers temps, appelé l'attention des savants
sur la question de rapostolicité des Eglises de France.
€ S'ils ont rencontré de nombreux contradicteurs, dit
M. Ch. Salmon, en parlant de ces deux érudits, s'ils
ont été combattus avec acharnement, ils étaient armés
pour soutenir la lutte. Déjà plusieurs de leurs advei^sai-
r.es se sont rendus et, on peut le dire sans crainte, la
victoire est assurée aux partisans de l'apostolicité de
nos Eglises; — p. 9. > —Après avoir consacré à la ques-
tion générale des pages sérieuses et concluantes,
M. Ch. Salmon aborde le* débat au point de vue où il
a été soulevé en Touraine. — 11 réduit à leur juste va-
leur les prétentions des belliqueux abbés Bourassé, Ver-
ger et Chevalier qui lui semblent ne faire de cette po-
lémique qu'une question de clocher. Il flagelle surtout
le Chevalier-noir auquel il reproche de cultiver le néo •
logisme et d'abuser du point d'exclamation. Le langage
acerbe de M. l'abbé Chevalier, ses expressions dédai-
gneuses à rencontre de ses adversaires, tout cela ne
(1) In-«» de 30 pages. lixtrait de la Revue de l'Art ehreUcH. Arras, >euve
Ronsëeau-Leroy, 1860.
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20 APOSTOLICITÉ
saurait causer à M. Ch. Salmon qu'une sensation pénible.
Il se plait, au contraire, à reconnaître dans la réplique
de M. Jehan au Chevalier-noir une des plus importan-
tes publications produites depuis plusieurs années en
faveur des origines chrétiennes de la France. La con-
sciencieuse étude se termine par nn exposé saisissant
de preuves solides, reportant au premier siècle la mi.s-
sion des fondateurs de l'Eglise de Tours.
Le travail de M. Gh. Salmon fut suivi, au début
de 1870, d'une autre brochure, non moins remarqua-
ble, de M. Tabbé J. Corblet, directeur de la Revue de
l'Art chrétien. Celte publication a pour titre : Ori-
gines de la foi chrétienne dans les Gaules et spé-
cialement dans le diocèse d'Amiens (<). Avec le
talent et le savoir que tout le monde reconnaît à This-
toriographe du diocèse d'Amiens, l'auteur divise son
étude en neuf articles : — rapide exposé de la polémi-
que;— preuves générales de la diffusion univei-selle de
l'Evangile pendant les deux premiers siècles ; . — preu-
ves indirectes de l'introduction du christianisme dans
les Gaules avant le troisième siè«:le ; — preuves di-
rectes de Tévangélisation des Gaules au premier siècle:
— réfutation des principales objections contre ce sys-
tème historique ; — saint Saturnin, qui baptisa le
père de saint Firmin, a vécu au premier siècle, et
non au troisième ; — réfutation de l'opinion qui place
le martyre de saint Firmin sous Dioclélien ; — réfu-
tation de l'opinion qui le fait martyriser sous Auré-
(1) In-8*de 97 pages. Extrait de \à nevw de VArt ehrétiei. Amieos, Pre-
vost-Allo, 1870.
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DES É6LISBS DR FRANCR. 21
lien ; — enfln, réfatation des principales objections
contre l'antiquité du martyre de saint Firmin .
Quand on a étudié cette Dissertation écrite arec beau*
coup de convenance et étayée sur des preuves solides,
on reste convaincu que les adversaires qu'elle combat
possèdent ou peu de bonne foi, ou peu d'érudition.
M. Gorblet termine sa brochure par ce post-scrip-
ium, page 97 : « Ce tirage à part élait presque ter-
miné, quand a paru l'ouvrage dé M. l'abbé Bernard»
intitulé : Les Origines de l'Eglise de Paris (\). Après
avoir lu celle Dissertation avec loule l'attention que
mérite le talent ipconleslé de l'auteur, nous restons
persuadé qu'il n'a nullement ruiné Topinion qu'il at-
taquait, tout en lui faisant un certain nombre de con-
cessions. C'est à M. l'abbé Darras qu'il appartiendra de
réfuter l'ensemble de cette œuvre. »
Disons, en attendant cette inévitable réfutation,
que le livre de M. Bernard est une thèse de doctorat en
théologie présentée, il y a quelques mois, à la Fa-
culté de Paris. L'auteur y soutient un système miette
sur l'époque de l'introduction du christianisme dans
les Gaules. Ainsi admet-il la mission apostolique de
saint Trophime d'Arles, de saint Crescent de Vienne et
de saint Paul de ^arbonne. Mais il défend ensuite, per
fus et nefaSj le fameux passage de Grégoire de Tours.
Son but principal est de réfuter le livre de M. Darras :
(l) Let origiuetde l'Eglise de Paris. — Elabliêtement du Chriitiûmsme dans
les GauUs, — Smnl Den^s, de Paris, par M. Tabbë Eugène Bernard, docleor
ès-leCtres et en théologie, chapelain de Siinte-Genevlève, professeur ii la Sor-
boDDe, 1 vol. iD-8*. Paris, A. Joupy et Roger, éditeurs, 7, rue des Grands-
Angastins, 1870.
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Si APOSTOUGITÉ
Saint Denys l'Aréopagite, premier évêqiie de Paris
M. Bernard veut donc prouver : — que saint Denjs^ de
Paris, n*a pas été envoyé par saint Clément, mais
sous Dèce, — et qu'il n'est pas saint Denys l'Aréopagite,
l'auteur de la Hiérarchie divine. Dans cette Disser-
talion, se trouve un singulier mélange de légèretés scien-
tifiques et d'érudition. Au fond, c'est toujoui^s la thèse de
Sirmond, Launoy, etc. Les documents gênants sont
apocryphes ou falsifiés. De nombreuses aOirmations ma-
gistrales sont données pour des preuves. Tout cela ex-
posé avec talent. Il sera facile de contester, preuves en
mains, les assertions de M. l'abbé Bernard et nous
promettons plein succès au savant qui s'en occupera.
— M. Ch. Salmon publie actuellement, dans la Revtie
des sciences ecclésiastiques, une série d'articles qui
déjà doivent faire regretter à M. l'abbé Bernard la
publication des Origines de l'Eglise de Paris.
MM. Bourassé et Chevalier avaient, — on se le
rappelle, — lancé naguère une menace : « Nous pu-
blierons, si c'est nécessaire, d'autres travaux depuis
longtemps préparés (1), » — L'école traditionnelle
était avertie. Elle n'en a point tenu compte. Que ses
partisans tremblent maintenant, car voici venir, dans
les' trois premiers mois de 1870, trois nouvelles éludes
sur les critiques anti-grégoriens et sur l'apostolat de
saint Gatien. Ces brochures sont : — Les treize cas
(le M. Jehan, par M. l'abbé. C. Chevalier (2); —
(l) Le8 origines de t'Eglite de Tours, cour les réflexions, par Tiibbé Bourassé.
Tours, Bouserez, 1869, p. 44.
(9) Tu 8* de 36 ja^cs Tours. Boiiscrez, 1870.
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DBS É6LISKS DE FBANGB. 13
Lettre à U. l'abbé Rolland sur quelques principes
de critique, par Tabbé Bqurasi^é (4) ; — Les légendes
au Concile de Limoges, par Tabbé CCheyalier (â).
I. — Dans sa brochure : Les Treize cas de M. Jehan,
M. Tabbé Clievalier avance, p. 35, que tout le livre
de M. Jehan manque de sincérité historique. « Ce
ne sont partout, dit-il, que textes supposés, cachés,
bâillonnés, mutilés, dénaturés de la manière la plus
grave. » En conséquence, il affirme, p. 4, que M. Je-
han est dans le faux quand il écrit, dans saint Gatien,
ou les Origines de l'Eglise de Tours, que Tapos-
tolat de saint Trophime d'Arles a été placé au pre-
mier siècle par saint Clément, saint Chrysoslôme, saint
Cyrille, saint Athanase, saint Epipbane, saint Jérôme,
Théodoret, Sophronius et Grégoire- le-Grand. — Selon
lui, M. Jehan a tout simplement supposé, en faveur
de Trophime d'Arles, neuf textes qui n'existent pas.
— Il igoute, p. 5, que M. Jehan se contredit lui-môme
au sujet de Trophime d'Arles, dans son Dictionnaire
des Origines chrétiennes, publié chez Migne. — Il
soutient, p. 6, que M. Jehan suppose encore, pour le
groupe des sept évoques, six ou sept textes. — Il
prétend, p. 8, que dans l'article de saint Denys, « les
perplexités de M. Jehan lui ont arraché, sur un môme
fait, trois notes discordantes. » — Il accuse, p. 12,
MM. Jehan et Rolland d'avoir cité, à rencontre de
Grégoire de Tours, un texte de Tillemont falsifié par
(1) In-S* de 41 pages. Tonr^, Roaserox, 1870.
(•2) In-8» de 39 pages Tours, Liclevôse, 1870.
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24 APOSTOI.ir.lTK
Dom Liron, an lieu de donner ce qui étail, selon lui,
le vrai texte de Tillemont. — Il reproche, p. 43, k
MM. Rolland et Jehan de ne s*étre pas fait scrupule
d'emprunter divers passages à « ce Liron, falsificateur
de textes pour le compte cPautrui, sans se préoccuper
d'en vérifler la sincérité. » — Il blâme MM. Jehan et
Rolland d'avoir employé c des textes supposés (il n'y en
a pas moins, dit-il, de quinze ou seize), des textes
dénaturés par interprétation, ou traduits à contre-
sens, enfin des textes falsifiés par d'autres écrivains ou
par eux-mêmes. » — Il dénonce M. Jehan comme ayant
faussé le Martyrologe romain. — Il ne voit dans la
rie de sainte Madeleine, de Raban-Maur, publiée par
M. Paillon, et dans les Actes de saint Austremoine,
œuvre de saint Priest, évéque de Clermont, publiés
par M. Arbellot, qu'un « grossier tissu de fables,
p. 22,. allant jusqu'à faire mention, au milieu du
septième siècle, de Pépin et même de Charlemagne,
etc., etc. > — Comme grand nombre d'érudils, MM. Ch.
Salmon, Rolland et Jehan croient à la valeur de ces
documents. Notre critique leur en fait ainsi un crime,
p. 23 : c Ne dirait-on pas que l'auteur de la Disser-
tation (M. Rolland) et le savant archéologue d'Amiens
(M. Gh. Sulmon) se sont abreuvés, avec M. Jehan, à
la môme source troublée?» — Enfin, M. Chevalier
insinue, p. 28, que MM. Jélian et Rolland citent, sans
la moindre loyauté, les Chroniques de Touraine dont
ils s'étudient h amoindrir l'effet; — p. 29, que
M. Jehan tronque un passage de Chateaubriand; —
p. 31 et 32. que MM. Jehan et Rolland font subir
aux écrits des Bénédictins enx-mémes des mutilations
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DES ÉCSMSICS DP. 1 HANCK. 25
en alléranl le sens;— p. 52, que M. Jehan cite les
Boliandisles sans en traduire la pensée fidèlement.
Quant aux preuves de ces nombreuses récrimina-
tions, M. Chevalier oublie de les fournir.
II. — La Leiire à U. Vabbé Rolland sur quel-
ques principes de critique, signée par FabbéBourassé,
est, en réalité, comme la précédente, Tœuvre de
H. Tabbé Chevalier. A son style, on reftl facilement
deviné ; mais il se donne lui-même, p. 4, la peine de
nous l'apprendre. « Ne pouvant, dit il, se livrer à un
travail soutenu de rédaction, il (M. Tabbé Bourassé)
m'a prié de lui servir de secrétaire. Le public vou-
dra donc bien reporter à mon cher et vénéré matlre
tout ce qu'il y a ici d'érudition solide, de haute cri-
tique et de fine raison (sic) et rejeter sur moi toutes
les imperfections de la forme^ » Ce coup d'encensoir
adroitement donné h la brochure Bourassé-Chevalier,
le secrétaire se met en train de contredire M. Rol-
land. [I le blâme d*étre entré prématurément dans
l'étude de l'histoire religieuse locale et de ne pas avoir
su, dans sa Dissertation, présenter ses idées sous
une forme scientillque et discutable. — « Le livre de
M. l'abbé Rolland n'est pas de la critique historique :
c'est un amas confus de matériaux informes attendant
la main de l'ouvrier. » -— Partant, M. l'abbé Cheva-
lier enseigne à M. Tabbé Rolland comme quoi — il
faut reconnattrc le degré d'authenlicilé des textes qu'on
veut discuter ; — il ne faut pas ignorer les sources de
l'historien qu'on veut critiquer; — il faut comprendre
les textes, non-seulement au point de vue grammatical,
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96 APOSTOLIGITÉ
mais encore au point de vue littéraire, et interpréter
récriyain par lui-môme ; «- il faut être indulgent pour
les erreurs des copistes, surtout en matière de chiffres;
— il faut appliquer d'une manière uniforme les mêmes
principes de critique; — il faut, en citant ses autori-
tés, toujours remonter aux sources ; -^ il fuut se gar-
der des affirmations hasardées ; ^ il faut, pour juger
un écrit, ne pas oublier le milieu dans lequel il a été
composé ; — il faut tenir compte, dans une juste me*
sure, des travaux des critiques autorisés ; — enfin, il
faut ne discuter qu'avec de fortes preuves historiques
les faits historiques consignés dans la liturgie. — Il va
sans dire que Texposé de ces principes est entrelardé,
h radresse de M, l'abbé Rolland, d'apostrophes un
peu vertes. Entre autres aménités, M. l'abbé Chevalier
Itti dit, — p. 18 : « Quel admirable raisonneur vous
êtes, Monsieur l'abbé, et quel honneur vous faites à
voire professeur de logique !» — p. M : « Vous n'a-
vez peut-être pas le temps de consulter les grands
ouvrages de chronologie ; achetez donc un Fetler, on,
tout au moins, un simple Bouillet. > Il serait facile de
multiplier les citations de cette sorte de courtoisie.
IIL— Les Légendes au Concile de Xmo^w, Cette troi-
sième brochure de M. l'abbé Chevalier consacre d'a-
bord quelques mots, pp. 1-4, à la question des origi-
nes des Eglises de France, que l'auteur présente à
sa manière. — Elle s'attaque ensuite, pp. 5 et < 9, à
notre livre : VApostolicité de l'Eglise du Velay ; —
pp. 7. 47, et 26, aux Monuments inédits de M. Pail-
lon; — p. 9, à la Dissertation sur tapostolat de
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DES ÉGLISES DE FRANGE. • 37
saint Martial, par M. Arbellot; — p. U, aux Actes de
saint Austremoine attribués & saint Priest, légende que
l'auteur accuse de n'avoir pas la moindre autUenti-
cité; -* p. Si, au Document d'Arles, publié par M. Pail-
lon, el p. 28, à la Vie de saint Frontt par M. Tabbé
Pergot. Selon M, Tabbé Chevalier, ^es adversaires se
trouvent tous dans le faux ; ils n'ont aucune bonne
foi ; les documents fournis par eux sont supposés, erro-
nés, falsiflés, etc.
En ce qui nous concerne personnellement, qu'on
nous permette de nous arrêter un instant aux accu-
sations poriées contre nous par M. l'abbé Chevalier :
« De graves raisons, p. 5, ne pdi*mettent pas à ce
savant d'adbéi*er à notre thèse et de penser avec nous
que saint Georges a évangélisé le Yelay au premier
siècle. » Avant toutefois d'examiner le fond des argu-
ments sur lesquels nous nous sommes appuyé, le critique
fait, pp. 5 et 6, trois observations sur notre méthode
d'exposition. — D'abord, comme M. Arbellot et plu-
sieurs autres écrivains, nous remontons la chaîne des
témoignages en partant de nos jours. Cela déplaît h
M. Chevalier. Pourqnoi ce système qui lui parait irra-
tionnel et contraire à la marche de la véritable criti-
que historique, la tradition descendant et ne remontant
pas? — L'auteur des Légendes au Concile de Liomges
blâme aussi l'emploi fait par nous des mots de témoi-
gnages anciens, de traditions immémoriales. Il ne
trouve pas à ces termes « trop vagues » la précision
que demande l'histoire, ce qui le laisse dans une in-
certitude trop grande. <— Enfin, quelquefois aussi,
selon M. Chevalier, « nous précisons trop », d'où il ré-
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28 • APOSTOUCITE
suite qae certains documents prendraient sous notre
plume « un âge déterminé que rien ne leur assigne,
ou plutôt que tout démontre être plus récent. > Notre
contradicteur se réserve d'en donner qiielque jour des
preuves frappantes.
Ces observations préliminaires une fois posées,
M. Chevalier, au nom, dit-il, de la sincérité historique,
nous fait nn crime d'avoir omis deux textes, selon
lui, contraires & l'opinion qui fait de saint Georges
un des soixante-douze disciples du Sauveur. Ces deux
pièces seraient : ^'^ un texte de Raban-Haur qui, au
neuvième siècle, inscrivait au i" octobre. Tannonce
de saint Front, évéque et confesseur, né à Lanquais,
dans le territoire de Périgueux ; et 2* un texte de la
Légende composée par Gauzebert, chorévéque de Li-
moges, sous révéque Hildegaire, de 974 à 999, lequel
texte, comme celui de Raban-Maur, fait nattre saint
Front à Lanquais» où le futur apôtre de Périgueux
aurait été élevé chrétiennement avant d'aller recevoir
il Rome sa mission de saint Pierre, en même temps que
saint Georges.
M. Chevalier prétend ensuite, p. 8, que nous avons
invoqué deux documents dont l'antiquité ne lui pa-
raît point démontrée : la Vie de Sainte Marie-Made-
leine^ attribuée k Raban-Maur par M. Faillon et les
Acte% de saint Georges, conservés dans l'Eglise du Puy
an quatorzième siècle. Pour justiQer cette assertion,
il fabrique, à son point de vue, et pour le besoin de
sa cause, une prétendue histoire du Concile de Li-
moges où fut, dit-il, soulevée incidemment la question
de l'apostolat de saint Front et, par suite, celle de
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DES KGLISES DK PRAXCE. i9
Taposlolat de saint Georges, son inséparable compa-
gnon. — Poursuivant son récit fantaisiste, M. Cheva-
lier accuse, p. 9, M. Arbellot « d'inconséquence »; —
il reproche, p. 17, {i M. Faillon t des affirmations sans
aucune base et d'énormes distractions »; — il va
même jusqu'à supposer, p. 19, que nous-méme, afin
de ne pas déranger notre thèse, nous supprimons les
objections les plus graves. Pour en fournir un exem-
ple, il nous objecte, p. 23, comme une trouvaille dé
son crû, le monument qu'au milieu du troisième siè-
cle les habitants de Ruessium — la cité des Vella-
viens — élevèrent à la mémoire d'Etruscilla, épouse
de l'empereur Dèce, persécuteur des chrétiens ; tan-
dis que nous avions nous-méme répondu, dans notre
Mémoire, à l'objection que quelques adversaires de
Paposlolicilé de l'Eglise du Velay avaient cru pouvoir
tirer de Téreclion de ce monument, dont l'inscription
a été par nous publiée.
Nous ne nous arrêterons pas à réfuter M. l'abbé
Chevalier en ce qui concerne les attaques contre no-
tre livre, M. Tabbé Arbellot l'ayant déjà fait sponta-
nément (1). Mais, à suivre toutes ces diatribes, nous
éprouvons un sentiment pénible. Il est triste de voir
la discussion dégénérer ainsi dans des questions qui
devraient n'éveiller que la passion sincère et droite
de la vérité , au lieu de soulever les orages des ran-
cunes et des vanités personnelles. La vérité est notre
héritage commun et nous devons tous vouloir l'acqué-
(1) Observations critiques à Messieurs Bouroisé et Chevalier, sur la Légende
de S, Austremoine et les Origines chrétiennes de la Gaule.
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1
30 APOSTOLICITÉ
rir et travailler fraternelleoient ensemble à la déga-
ger des obscurités que les siècles et Tignorance ont
entassées autour d'elle. Nous faisons des vœux pour
que la discussion, encore vivace, rentre dans les li-
mites de la bonne foi et de la charité. Nos études y
gagneront assurément et nos adversaires n'auront pas
à s'en plaindre plus que nous si, comme nous, — ce
que nous espérons, — ils n'ont qu'un but, la mise eu
lumière de la plus stricte vérité.
Trois répliques suivirent de près les trois actes d'ac-
cusation Chevalier-Bourassé. Elles sont intitulées : —
Les légendes vengées, ou saint Grégoire de Tours,
histonen des traditions apostoliques de nos Eglises,
par Jehan ( de Saint-Clavien) {i); — Saint Grégoire
et les Origines de CEglise de Tours, par Tabbé Rol-
land (2) ; — enfin, Observations critiques à MM, Bou-
rassé et Chevalier sur la Légende de saint Austre-
moine et les Origines chrétiennes de la Gaule, par
l'abbé Arbellot (3).
Pour ne pas donner à notre étude analytique des
proportions trop vastes, nous nous bornerons à dire
quelques mots seulement de chacune de ces répliques,
aussi remarquables par la forme que par le fond.
I. — Les Légendes vengées, ou saint Grégoire de
Tours^ historien des traditions apostoliques de nos
Eglises. — M. Jehan, dans cette nouvelle publica-
tion, prend à partie les assertions de MM. Bourassé
II) 1 vol. in-12. Tours, Bouserez, 1870.
(3) la-d* de 66 page^. Tours, Bouserez, 1870.
(3) ln-S« de 48 pages. Tours, Booserez, 1970.
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DES É6USB& DE FRANGE. 31
et Chevalier, dans leurs récentes brochures sar l'a-
poslolicité (le TEglise de Tours et plus spécialement
dans les Treize cas de M. Jehan. — Il rappelle d'a-
bord, dans l'Introduction, les agressions téméraires
des Grégoriens de la Tonraine et la fausse direc-
tion de leur critique. Leurs nombreuses brochures
n'ont servi, dit-il, qu'à démontrer leur « radicale
impuissance. » Aussi sont-ils au fond d'une impasse
dont ils ne peuvent maintenant sortir que par une
éclatante rétractation. Cette rétractation, M. Jehan
ose toujours y compter. £n attendant, p. 4, il blâme
MM. Bourassé et Chevalier, € eux, hommes graves,
ecclésiastiques, de leur manque de dignité, de cha-
rilé, de modération, de critique courtoise, de res-
pect pour des opinions parfaitement libi*es et qui
ont, au moins autant que les leurs, le droit de se
produire. » Il consacre ensuite une grande partie
de son travail, pp. 4-64, à mettre en relief les er-
reurs et les contradictions avancées par ces critiques
dans leurs éludes sur les Légendes» Vient à la lin
une réfutation en forme des Treize cas. M. Jehan
ne laisse rien subsister de cette brochure de M. Che-
valier. 11 reconnaît à son auteur t les brillanles
qualités de Don Quichotte, le chevalier de la Man-
che. » — Il termine enfin par une discussion de l'au-
torité de Grégoire de Tours et des titres presque sans
nombre consacrant Tapostolicité de l'Eglise de Tours.
II. — Saint Grégoire et les origines de P Eglise de
Tours, par l'abbé Rolland. On ne peut s'empêcher
dfadmirer le calme et la modération de la réponse
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32 AI»0ST0L1CITÉ
à M. l*abbé Bourassé par M. l'abbé Rolland. — L'auteur
pose avec sincérité l'état de la question. — Répondant
ensuite aux attaques dont il a été l'objet, il établit
que tous les livres liturgiques de l'Ëglise métropolitaine
de Tours, depuis le treizième siècle jusqu'en 4784,
affirment unanimement que saint Gâtien fut envoyé
à Tours par saint Pierre. — Il revient sur la Légende
de saint Saturnin. — 11 rappelle que saint Grégoire de
Tours n'a pas eu de documents certains sur l'époque de
la venue de saint Gatien à Tours. — 11 prouve qu'il a
compris saint Grégoire et que ses advei*saires vou-
draient l'expliquer arbitrairement. — Il démontre com-
ment l'on doit interpréter les légendes. — Il cite une
bulle d'Eugène IV, datée de l'année U34 , faisant
mention de la tradition qui regardait alors saint Ga-
tien comme Tun des soixante -douze disciples de
Notre-Seigneur. — Il termine en prenant acte d'un fuit,
c'est que l'Histoire donne raison, contre Grégoire de
Toui*s, à la tradition liturgique de Touraine.
III. — Observations critiques à MM. Bourassé et
Chetalier sur la légende de saint Austremoine et
les origines chrétiennes de la Gaule, par l'abbé
Arbellot.
Dans cette brochure, du 48 mai 4870, M. l'abbé
Arbellot établit d'abord l'authenticilé de la Légende
dé saint Austremoine, écrite par saint Priest, évéque
de Clermont. Pour défendre Grégoire de Tours contre
les critiques de ces derniers temps, au sujet de l'épo-
que de la mission de saint Gatien, M&f. Bourassé et
Chevalier avaient rejeté systématiquement, comme apo-
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I>KS KGI.ISKS DK FHANCE. 33
cryphes, tous les docunu'iUs qui coiilredisent le (exlc
de cet historien. Or, entre plusieurs autres documents,
la Légende de saint Austrcmôine enseigne que saint
Gatien , fondateur de l'Eglise de Tours, a reçu sa mis-
sion de Tapôtre saint Pierre. Naturellement donc, au\
yeux de ces deux critiques, cette légende deyait ùlre
fousse et controuvée. Ils en avaient, dès lors, nié avec
énergie Tautlienticité et ils avaient employé, à la com-
battre, toutes les ressources de leur génie. M. Arbellot
pulvérise leurs prétendus arguments et leur démontre,
d'une manière péremptoire, que, dans la Légende de
saint Austremoine, il n'est question ni de Pépin ni
de Charlemagne ; — que celte légende a été écrite par
saint Priest, non en vers, mais en prose et en style
pompeux, cette sorte de traduction en vers, intercalée
dans Tédilion du P. Labbe, datant tout au plus du neu-
vième siècle ; — que saint Astrebode est très-certainement
saint Austremoine; — que In. Légende de saint Austre-
moine n'est pas postérieure à saint Priest; qu'elle
porte le cachet de l'époque de cet évéque et est son
œuvre; — enfin que, quand même se rencontreraient,
dans les Actes de saint Austremoine, des détails lé-
gendaires et fabuleux, ce ne serait pas une raison
de rejeter absolument l'autorité de cette légende,
mais il faudrait chercher à y dégager la vérité de
l'erreur.
Le savant auteur, Thisloire à la main, s'attache
ensuite, pp. 25-32, à relever dans la Lettre à M. (abbé
Holland et dans les Légendes au Concile de Limoges,.
une foule de fausses assertions, de bévues, de con-
tradictions qui sont loin de faire honneur à la science
TomeXXXl. r
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34 APOSTOLIOITË
de MM. Boufa^sé et Chevalier. Telle est, par eiem-
pie, Terreur de M. Chevalier sonnant qae la pré-
tention des Eglises de la Gaule à Étire remonter lear
origine à saint Pierre, ou à saint Clément, aurait
pris naissance avec les fousses Décrétâtes.
Puis, M. Arbellot détruit une à une les attaques
que M. Tabbé Chevalier avait dirigées contre no-
tre Mémoire sur VAposiolicité de C Eglise du Velay.
— Il prouve, p. 35, que les textes de Raban-Maur
et de Gauzebert, que M. Chevalier nous accuse d'avoir
omis fallacieusement, ne sont point, comme l'avance
ce critique, contraires & Topinion faisant de saint Geor-
ges un des soixante-douze disciples du Sauveur. -*<
Il établit, pp. 33 et 34, Tancienneté et Tauthentictté
des Actes de saint Georges sur lesquels nous nous som-
mes appuyé dans notre travail. -^ Et, de plus, en
retraçant avec sincérité Thistorique du Concile de
Limoges, il démontre jusqu'à Tévidence la fausseté et
la futilité des arguments controuvés de M. Chevalier
dans sa brochure : Les légendes au Concile de Limoges.
Le savant urchipi^tre de Rochechouart , vers la
fiD de sa brochui^e, emploie deux grandes pages à
admonester sévèrement MM. Boura^sé et Chevalier
sur le mépris de toute politesse et de toute conve-
nance qu'ils affectent dans leur polémique.
Enfin, un mémoire intitulé : Saint Gatien, pre^
mier évêque de Tours; époque de sa mission dans
les Gatiks — et c'est, à notre connaissance, la dernière
brochure publiée sur cette polémique, — a été présenté
par M. Jehan (deSaint-Clavien) à la Société archéologi-
que de Touraine, dans sa séance du 30 novembre 4870.
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DES ÉGLISKS DE FRANCK. 35
Après avoir écoulé avec attention la lecture de ce
travail important, dû à l'un de ses membres, la docte
compagnie en a oWonné Tinsertion dans ses Anna-
les.
Cette dernière brochure de M. Jehan est divisée
en trois paiiies. Nous ne saurions faire mieux, pour en
donner une idée , que de reproduire ce qu'en dit
M. Ladevèze, secrétaire général, chargé du compte-
rendu par la Société archéologique de Touralhe'(1i.
« Dans la première partie, dit M. Ladevèze, M. Jêlian
élaWii que, jusqu'au dix-septième siècle, la croyance
universelle était que trois missions chrétiennes
avaient eu lieu en Gaule durant le premier siècle :
celle de saint Lazare; celle de saint Pierre, où saint
Gatien figure comme ayant apporté l'Evangile dans
notre contrée; enfin, celle de saint Denys. Cette
croyance s'appuyait sur l'autorité d'une foule d'historiens
des plus impartiaux et des plus graves, attestant la
rapidité avec laquelle le christianisme s'était répan-
du dans le monde et avait dû se répandre parti-
culièrement tdans la Gaule, en raison de la facilité
de son accès et de ses continuels rapports avec Home.
La Gaule avait été nécessairement évangéliséc dès
le premier siècle. Comment ne l'aurait -elte été
qu'au troisième, quand l'Espagne et la Bretagne in-
sulaire l'étaient avant cette époque?
€ Dans la seconde partie de son Mémoire, M. lé-
han dit que, si la tradition générale ne laisse au-
[1] luirait 4u procés-rerlfûl de la iiaace 4c la Sociélà arckâolDffique de
touraiue, du 30 novembre 1870, présidence de M. Grttndmaison, pp. 641 -7û8,
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:{() apostoijcitk:
can doale sur révangélisation de la Gaule au premier
siècle, les traditions locales ne sont pas moins aflir-
matives sur ce point historique, comme on peut s'en
j convaincre par ce que Thistoire nous apprend des mis-
I sions de saint Trophime à Arles, de saint Paul à Nar-
I bonne, de saint Martial à Limoges, de saint Denys
h Paris. Saint Grégoire place, il est vrai, au troi-
sième siècle, seulement, la mission de saint Gatien dans
nos contrées: mais H. Jehan n'accepte pas l'asser-
ion de Têvéque de Tours. Selon lui, saint Grégoire
de Tours, malgré son incontestable mérite d'histo-
rien, manquait de critique ; ses ouvrages fourmillent
d'erreurs évidentes sur des faits incontestables, et
ce qu'il a dit de notre premier évéque en est une
irrécusable. Toutes les preuves se réunissent, en
effet, pour présenter comme une tradition vraiment
historique la tradition sur Torigine apostolique de
TEglise de Toure, et l'opinion de Grégoire de Tours
ne saurait suffire pour la renverser.
a Dans la troisième partie, M. Jehan développe cette
idée, que le plus sûr élément d'interprétation des
textes de Grégoire de Tours, au sujet de la mission
de saint Gatien, doit se trouver dans les traditions
liturgiques de l'Eglise de Toui's, acceptées et con-
statées par tant et de si graves personnages. Il exa-
mine donc à ce point de vue la question dont il
s'est proposé l'examen ; il croit que l'on nepeuts^em-
pécher, en présence des preuves qu'il énumère, de
faire remonter la mission de saint Gatien au premier
siècle de noire ère et conclut en ces termes : « De-
vant cette liturgie et cette tradition si hautement
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DKS EGLISKS DE FRANCK. 37
allestées, devant celle assemblée vénérable et impo-
sante qai l'a transmise avec une si ferme assurance,
nous n'hésitons pas à . nous, rendre et nous n'a-
vons pas besoin d'un grand effort pour nous ran-
ger à ce qui fut la croyance uniforme et constante
pendant toute la durée du moyen âge, non-seule-
ment de Tantique et illustre Eglise métropolitaine
de Tours, mais de toutes les Eglises de France, d'Al-
lemagne, d'Italie et d'Espagne. »
Puisse le savant mémoire de M. Jehan clore enfin
le débat ouvert depuis vingl-cinq. années I
Nous-méme nous clorons ce petit travail par un mot
à l'adresse de M. Paulin Pftris, dont la science nous
inspire, néanmoins, la plus grande estime.
A la fin de leurs brochures : Lettre à M. l'abbé Rol-
land, et Les Légendes, au Concile de Limoges,
MM. Bourassé et Chevalier publient ilérativement une
lettre de rîlluslrc membre de Tlnslilut, adressée, di-
sent-ils, à l'un de leurs amis, le 3 oclobre 1869.
M. Paulin Paris, dans cette lettre, affirme que « pour
ce qui touche à la Légende des saints Georges et
Front, on ne peut pas nous suivre dans nos conclu-
sions de VAposlolicilé de V Eglise du Vc/ay »; —
qu'on ne peut pas davantage reporter saint Galien
au premier siècle contre le témoignage de Grégoire
de Tours ; — qu'il faut rejeter les Légendes qui veu-
lent que saint Martial, saint Lazare, sainte Marie-Ma-
deleine soient venus du fond de l'Asie se flxer dans
les Gaules, et qu'il faut y joindre aussi celle de saint
Denys l'Aréopagite. — A la fin de celle lettre, adressée
à l'ami de MM. Bourassé et Chevalier, l'éminenl aca-
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38 APOSTOLIGITÉ
(lémicien ajoute : « Peut-être jugerez-vous, comme
moi, que Rome, à laqneUe nous portons tout le res-
pect possible, n'aurait pas dû encourager toutes ces
apologies des Légendes fabuleuses. » Et, dans la
mdme lettre, M. Paulin Paris présente à M. Tabbé
Bourassé ses félicitations « pour avoir dit le dernier
mot sur rimportante question de la défense de saint
Grégoire de Tours. »
D'un autre côté, nous avons sous les yeuK une
lettre que déjà, le i octobre 4869, M. Paulin Pftris
nous avait fiiil Thonneur de nous adresser et
dans laquelle il parle ainsi de notre ouvrage :
« Je dirai qu'il est écrit avec feu,' avec sincérité,
« avec rélégance et le bon goût qu*on pouvait désirer.
« J'ajouterai qu'il donne une nouvelle force à Topi-
^ nion de la prédication de l'Evangilé dans les Gaules,
« dès le premier siècle de l'ère chrétienne et que,
« d'ailleurs, on y trouve de grandes raisons de ne
<f pas rejeter ce qtH la tradition assez ancienne nom
« dit de iapostoticit(*^ de saint Georges et de saint
« Front. Ce que je dois ajouter, c'est que j'ai lii avec
« le plus vif intérêt' et un véritable plaisir votre livre,
« ob sont habilement discutées tontes les objcc-
« tions. »
Le rapprochement de ces deux lettres et quarum-
dam aliarum du même auteur, sur le même objet,
a inspiré à M. Jehan (de Saint-filavien), dans les
Légendes vengées, p. 35, cette réflexion : « M. Paulin
Paris me parait un savant fort aimable, qui a des
choses agréables h dire h tout le monde, mais^ qui,
j« elbois, a(n*ait bien de la peine h concilier ensemble
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DES ÉGLISES DE FRANCE. 39
loo» tes compliments que sa plume complaisante adresse
à tous ceux (loi lui tendent la'msin (4). »
Nous ayons terminé ce Mémoire, un peu sec peut-
étre, mais auquel le but que nous nous sommes pro-
posé ne permettait pas de donner de plus vastes
pi-oportions. Nous n'avons voulu que conduire
rapidement par la main, à travers cette nouvelle
question historique, ceux qui s^intéressent h nos ori-
gines chrétiennes. Cette question, du domaine de l'his-
toire générale, se complique, pour les âmes chré-
{1} Au moment où se termine l'impression de ceiUt étude, nous apprenons
la mort de M. Jehan (de Saint-CIavien). Cest posr les sciences H k» lettres
une perte considérable. Cet étv^ïi distingué, — qni était anssi nn bomne de
bien, un chrétien sincère, ~ n'avait d'autres aspirations que la pratique de
la vertu et la recherche de la vérité. Au point de vue scientiflque, on est
presque effrayé quand on se nppetie les pr^daetioiis do sa pivme infatigable :
— Basai iur le âéveiâppemeui de i'inlellitenee kuHutine: -^ 1« iiii iu mal
ou les corrupteurs du siècle ; — Nouveau traité des sciences géolùgique^; —
Esquisses des harmonies de la création; — Dictionnaire de linguistique et de
philologie comparée ; — Tableau dé la création, ou nien manifesté par ses
œuvres; — Meautés du spaeiacle de la nature; — Dieti&nnaire de eotmogouis
et de paléontologie; — Dictionnaire d'astronomie et de météorologie; — Dic-
tionnaire de botanique et de physiologie végétale ; — Dictionnaire de zoolo-
gie; — Dictionnaire d'anthropologie; — Dictionnaire des c&nfroverse» histo-
riques; — La Bretagne, esquisses pittoresques et archéoiogiques; ^ Moîna,
ou la légende de Saint-clavien, telles sont les œuvres magistrales que nous
lui devons. — A ces ouvrages si variés et si importants, il faut ^jouto^
encore un grand nombre de brochures sur les matières les pins sérieuses, et,
en particulier, sur Tapostolicité de T Eglise de Tours. Aussi avona-noas la
conflance d'être ici l'interprète des sentiments de nos confrères de la Société
ftcadémique du Puy^ en donnant un souvenir il la mémoire vénérée de ce no-
ble enfant de la Bretagne, dont la Tooraine avait abrité les derniers travaux
et recueilli les derniers enseignements. Son corps a été, selon ses vœux,
reporté au pays de ses pères, où, par ordre de Mgr l'évéque de Saint-Brienc,
et aux frais du diorcse, la plus grande solennité a été donnée aux funérailles
du courageux soldat de la vérité.
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4U UKS EGLISKS l)i: FRANCE.
liennes, d'une queslion de senliraenl. Remonter pas
à pas nos annales catholiqnes jusqu'à la tradition et
la légende ; là» dégager rot)scuritê et retrouver notre
chemin sans interruption jusqu'au Christ, n'y a-t-il
pas, à côté du problème historique le plus attrayant, la
satisfaction la plus intime ? A côté des traditions
de la famille particulière et civile, n'avons-nous pas
aussi les traditions de la famille générale et reli-
gieuse ? Et celles-ci ne nous touchent-elles pas autant
et plus que celles-là ? N'est-ce pas un devoir pieux,
comme une douce jouissance, de recueillir ses sou-
venirs? — Quand, sur le point de se disperser, les
soixante-douze disciples du Sauveur se tracèrent, au
pied de la croix, un chemin nouveau, à travers les
épreuves et les supplices, jusqu'au cœur des capitales
du monde païen, ils commençaient, dans l'avenir, cette
admirable émancipation de l'humanité dont nous vi-
vons aujourd'hui. Les passions du monde et ses pré-
jugés étaient attaqués. A chaque pas, ils cèdent à
la lumière et à la charité. L'ère moderne est fille de
celte révolution immense. Et nous, enfants des Gaules,
les héritiers les plus directs de cette longue lutte et
de ses résultats bienfaisants, qui nous blâmera de cher-
cher à lire dans les archives effacées des premiers
siècles les premiers titres de notre seule vraie et
éclatante noblesse?
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NOTES
SUR
L'ORFÈVRERIE DU PUY
AU MOYEN AGE
ET A LA RENAISSANCE
PRIX -FAIT
passé, en 1458, entre Jean do Bourbon, évSque
du Puy, et deux orfêvres du Puy, pour la façon d*nne statue
de saint Pierre, en argent doré.
Par M. AuG. GHASSAING. sccrét:iiro do hi SociéU'j.
l
L'orfèvrerie était Tune des plus anciennes et des plus
florissantes industries du Puy (1) au moyen âge ; elle dnl
surtout son essor ix la célébrité du pèlerinage de Notre-
Dame, et elle en partagea la fortune.
Rudes, comte de Nevers, décédé à Acre en août IÎ66,
(I) M. Aymard a publié sur ce sujet, dans V Album d'archéologie reliffieuse
(Ayraard et M.ilcguc, Le Puy, 18-37, \n-(*, p. C), un excellent mémoire auquel je
niivoie le lecteur. Dans le présent travail, je inc suis attaché il ne citer que des
documents inédits ou qui avaient écliappé aux recherches de M. Aymard, évitant,
uuiint que possible, de revenir sur !cs points déjà mis vu lumière par notre
savant conrrère et ami.
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42 DE L*ORFÉVREniE DU PIY
possédait^ à sa mort, entr*aulres bijoux, « xij petiz
eniaus (anneaux] dou PiU (4). »
A Tannée 4 320 se rapporte un contrat d'apprentissage
passé entre patron et apprenti. Ce contrat étant de
beaucoup le plus ancien qu'on aie, je crois, jnmais si-
gnalé, mérite, à cause de Tintérôl qu'il offre pour l'his-
toire de l'industrie, une analyse détaillée. Dans cet acte,
reçu le 14 mars 4349 (4320) par iM* Jean de Peyre, no-
taire au Puy, Durand Gondol, majeur de quatorze aus,
agissant sous Tautorité et avec le consentement de son
père, Jean Gondol, du Puy, s'oblige à travailler pour
Vidal Amat, orfèvre du Puy, pendant huit années con-
sécutives à compter de l'Annonciation lors prochaine, à
demeurer avec lui et à lui obéir ; Vidal Amat, de son côté,
s'oblige à bien apprendre à Durand Gondol l'état d'or-
fèvre (erudire, dooere et instruere in predicto ofjicio
aurifabrie et yus excercitio bene et utiliter), et à lui
donner le vivre et les aliments, ainsi que sa chaussure
(providere.^. condescenter (sic) in victti suo et alimen-
lis ac etiam calciatura caligarum et sotularium); le
père reste chargé de rhabillement (in vestitu). Le père
et le fils s'engagent à payer à Vidal Amat six setiers de
seigle, mesure du Puy, payables le premier immédiate-
ment, le second à la Saint-Michel suivante, et les autres
d'année en année, à semblable fête. Dans le cas où Du-
rand viendrait à quitter son patron, le père et le fils
s'obligent à payer, à titre d'indemnité, à ce dernier,
(i) Mém. de la Soc. des Autiguairea de France, InTenlaire et eomptes de
la succession d'Eudes, comte de Nevers, publiés par notre confrère, M. Gha*
laud, t. XXXII, 1871, p. 190.
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AU MOVRIV AGK. 43
quinze livres tournois pour chaque année restant à
courir sur la durée de l'apprentissage. Ils consentent
Tun et Taulre, pour l'exécution de leurs engagements,
à la saisie, vente et distraction de tous leurs biens ; de
plus, le nis se soumet personnellement à la contrainte
par corps qui pourra être exercée contre lui par les oiTi-
ciers de la cour commune, partout où il serait trouvé
(per capUonem, detentionetn et arrestationem sue
persane, ubicunique inveniripossei) (4).
En 4367 , le roi Charles Y accorda un règlement aux
orfèvres et argentiers du Puy. Ils élisaient chaque an*
née deux gardiens qu'ils présentaient à l'agrément de la
cour commune : ces gardiens visitaient Iles ouvrages, et,
lorsqu'ils en rencontraient de défectueux ou d'inférieui^s,
ils les brisaient la promière et la seconde fois; la troi-
sième fois, ils dénonçaient l'ouvrier au baile de la cour
commune, pour être puni. Ces ouvriers fabriquaient des
anneaux d'or ornés de gemmes ou pieiTes flnes {%) et
maints bijoux d'or, de la vaisselle, des « garlandes » ou
couronnes et autres gros et menus ouvrages d'argent.
(1) Ardi. dép., Protocole do Jean ie Poffre, reg. A., 1^ 45.
(S) C'étaient les gemmes, telles qoe corindons (saphirs), greaati, zircons,
spinellcs (rubis) , etc. , que Ton trouve dans les laves poreuses des environs
Au Pnj, et notamment dans le Ht do Mou Pczouliou, près d'Espaly (gisement
d'un renom depais longtemps classiqde dans le monde des géofogoes). Au
moyen âge , elles jouissaient d'une certaine célébrité , et on les trouve plu-
sieurs rois citées, sous le nom de saphirs du Puy^ dans l'Inventaire dos joyaux
de la couronne de 1118 (Douût d'Arcq, Choix de pièces inédites relatives au
régne de Charles Vf, pobl. par la Soc. de l'Histoire de Fraoce, Paris, 18G1
in-8«, t. II, p. &79 et soiv.]. Les orfèvres du Puy, jusques dans ces der-
niers temps , ont continué de les employer h enrichir ces roses et ces Saint-
Esprit qu'un retour de la mode a remis en faveur.
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44 1»K l/ORFRYRËHIK DU PUY
Le roi leur permit de hausser le tilre de leurs pro-
duits (4).
Ed 4369, Jean Toussaint, de Paris, et Pierre Durgiat,
de Tiranges, orfèvres du Puy, liquidèrent la société
qui avait existé lungiemps entr*cux pour le com-
merce de l'orfèvrerie, de l'argenterie et autres mar-
chandises (societas in facto defiat^iatarum aurifabrie,
argentarie et aliartim mercaturarum) , Après le par-
tage du fonds social, restait à recouvrer un solde de
créances de la coromunBulé ; Tun des associés le prit
pour son compte et s'obligea *\ payer ii son ex-coassocié
six francs d'or (2).
£n 1386, avant d'épouser noble Saurète de Villaret,
fllle du seigneur de Cussac près Polignac, et veuve d'un
damoiseau nommé Raymond Achard, un marchand du
Puy, Jean de Mercœur, qui devint second consul en
Tannée UOO, fit donation à sa future d'un bourrelet ou
bandeau de grosses perles flnes, d'un passet ou collier
de perles fines et d'émcraudos, de cinq belles bagues
d'or ornées de gemmes, telles que saphirs, émcraudes
et autres pierres précieuses, d'un sobre-sein ou ceinture
de soie garnie d'argent émaillé et doré, pesant deux
marcs, de trois autres belles ceintures de soie garnies
d'argent, de trois ganivets ou petits couteaux montés
en argent, de trois aumosnières ou bourses, de bottes,
d'un cofTret et autres joy<aux ; le tout estimé à deux cents
florins au moins (3). Ces joyaux, dont la mention
(1) Ortl. des rois de France, t. V, p. 7 et 8.
(-2) Ardi. dép., l'TotocoU de Barthélémy May nier, notaire.
(3) < Et primo, videlicct : unum rondellom luargnritarum sive perbrani U-
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Al MOYEN AGK. 4o
revient souvent dans les contrats de mariage et les tes-
taments da Velay auxXIV% XV*^ etXVPsiècles, étaienl
évidemment de fabrique locale.
En la même année 4386, Jacques Polignac (Podomp-
niaci), Jean de Praycenel et Pierre Chanal, marchands
associés pour le commerce de Torfévrerie, des gemmes
et de Targenlerie (in fado aurifabrie, gonmarum et
argentarie), habitant au Puy, prêtèrent à Vidal Sol-
vaing (Salvaynh) et h Catherine de Conches, sa femme,
orfèvres du Poy, quatre-vingt-huit deniers d'or, au
type du franc (al franc). De leur côté, les époux Sol-
vaing s'engagèrent à livrer aux associés, successive-
ment, à la fin de chaque mois, un demi-marc d*or (à
dix-huit carats, du poids royal appelé au Puy de Treas),
d'anneaux ou verges (anullorum seii virgarum),
rmaillés, hachés et ouvragés d'autres manières (esmau-
datarum, aschiatariim et alias operatarum), au cours
de la mode (secundum cursum temporis factarum),
ou d'après la commande des associés. Ces anneaux pou-
vaient être ornés de perles, qu'en ce cas les associés
étaient tenus de fournir. Dans chaque once de marc
devaient être fabriqués huit, neuf ou au plus dix an-
neaux. La façon de chaque demi-marc d'or ainsi on-
narum grossaram pulcram; Hem, oiiaiu pas^mum de pcrlîs fluis cuui sma*
ragdis; ium, quinque anulos auri palcros cum gemmis, scilicet saflris, sma-
ragdis et aliis iapidibu) prctiosi<; item, etiaiu quandam zonaui de cirico,
manibni de argento smaadato et deaorato, ponderis dnaram marqoaram ar-
gent! et altra; item, très paieras zonas de cirico etiam farnitas de argento, très
ganiTetos farnilos de argento, très criuneuas, pixidcs, alia jocalia et cosfredum ,
eztimata valereducentos florenos auri, boni ponderis, et altra.— ir^A. dép., m$me
protocole.
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4^) i)K l'oki'Évhekik du l»CY
vré élail fixée à S6pt francs, ou si Vidai SolvaîDg cl sa
femme fournissaient la matière, à trente^cinq francs pour
le tout; sommes qui devaient venir successivement en
diminution des quatre-vingt-huit francs, et ce, jusqu'à
entier paiement. Les époux Solvaing s'obligèrent à tra-
vailler ainsi pour le compte des associés, sans discon-
tinuer, durant deux années, à partir de la Toussaint
suivante, avec deux compagnons-orfèvres (cum dtiohus
nuntiis dicli offi4!ii aurifabrie). Cet acte fut passé rue
Raphaël, dans la boutique de Jacques de Saint-Marcel,
ou se tenait la draperie de Philippe de Couches et de
Jean de Montpeyroux, marchands (4). Ce contrat de
travail à la tâche montre comment les principaux ar-
gentiers s'approvisionnaient de joyaux, quand leur pro-
pre fabrication n'était iias suffisante pour les besoins de
leur commerce.
En 4390, Louis de France, alors duc de Touraine et
depuis duc d'Orléans, deuxième fils du roi Charles V,
acheta de Jean Boyer, du Puy, moyennant trente-lrois
francs d'or, des joyaux en or « pour donner en estre-
nicz (2). »
On volt, par le compois ou cadastre de 4406, que le
Puy comptait alors quarante-neuf argentiers, tous pro-
priétaires-fonciers et maîtres-ouvriers tenant boutique,
et, comme tels, contribuant aux tailles de la ville; nous
(1) Àrehiv. dép., méan; prolocoie,
(3} Catalogue des arehivea de Joursauvauli, Paris, 1838, ifl-8*, t. ii, p. 5l,
n" U19. -> Le litre ofi«inaI du 3 jan^Mur 1388 (1880, n. st.}> ainsi qoe ia
presque totalité des archives de Jotfrsaovault, e§t à Londres, au BriCish Uu-
scum ; j*eu donne ici le texte d'après une copie que M. Augustas W. Fraràs,
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Ai; MOYEN AGK. il
avons doilué ailleurs leurs noms (4). Le mémo docu-
ment mentionne sept afflneurs (affinayres) de^ métaux
précieux.
En 4456, Charles Vil avait interdit la fonte et l'affi-
nage des matières d'or et d'argent; celte défense, qui
avait pour but d'arrêter la raréfaction des monnaies, était
aussi une entrave gênante pour l'orfèvrerie. Sur le^ re*
monti-ances des < orfèvres et ouvriers du mestier d'or-
fèvrerie et argenterie de la ville et cité du Puy-en-Ve-
lay, » exposant ^ que de toute ancienneté Hz avoienl
aconstumé et qu il leur avoit esté permis d'acheter des
changeurs de ladite ville ou d'autres personnes or et ar-
gent, et icelluy affiner, quand besoing leur en a esté,
l'un des savtnts conservateurs de ce grand éiablisseraent, a eu la courtoise
obiigeaeo ée ftire loi-même et d'adresser, sur ss densode, k Botre ami M.
Aymard :
€ Sachent tuit que panlevant nous Beraart de Grasiobac, eUivalior cl viguirr
1- de Tbo'jlose pour le roy nostre sire, coostituit personnelenicnt Jehan Boier,
> uierchant du Pay en Aoirerfne, lo(|ael conressa avoir eu et rcceu de hono-
* rable home et sage Jobaa Poulaiii, trésorier de luossieur le duc di; Tou-
' raine, par la main de Diinisot Marîete , varllet de cJtambre dudit >ieur , la
> somme de trienle-trois Trans, Icsquelx ledit mossieur le due iuy devoit pour
'> certains joyaux d'or qu'il a baillés et deslievrcS aadtt sieur pour dooner on
> estreniez, si eomme il apparaît plus appUiiiparmandemeut dudit sic-ir, sur
^ ce fait et donné à Thonlose le iii* jour de janvier Tau MCCC II II" et neuf ;
de laquelle somme de xxxiii fraas d'or leJii Jehan, luarcbant dessus nomme,
:> soy tient por bien paie et comptent, et en quitta leJit mossieur le dac les
» dis /ekan Poilain ei Doniâot Marieteet toats autres à qui qfittaiice en punt
» et doit appartenir. Donné 11 Thoulose soubz le scel de ladite vigaerie , l'an
A et le jour dessus dis.
> Aiusi octroyés.
Papier; jadis scellé. < CASTRES. *
British Muséum, Add. ch. *i8*il, Arch. de loorj>anvault, 94l:i.
(l) Ckfomqnes i'Èiienut Mé4ieu^ t. u, p. 960.
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18 DK |/0UI'RVI\KR1K DU PUY
pour convenir et employer en leur dit mestier et oa-
vraîge, » le roi « voulant, esl-il dit. le fait et mestier
d'orfavrerie et argenterie en ladite ville du Puy estrc
entretenu, i autorisa les orfèvres de cette ville à affiner
toutes matières de dix deniers de loi et au-dessus, ex-
cepté toutefois la monnaie de coin royal ou du coin du
daunfiin de Viennois, et à la condition « que ronvi'aige
qu'ilz en feront, Innt gros que menu, soit du poix et de
la loy qu'il a este ordonné par les derrenières ordon-
nances. » Les lettres-patentes qui octroyaient cette fa-
veur, furent données à Gannat, le â septembre 4456 (4).
L'auteur des Quinze joyes du tnariage, Antoine de
La Sale, qui avait certainement accompagné le bon roi
llcnù dans ses voyages au Puy (!e dernier eut lieu en
4460) (2), et qui écrivait peu après sa piquante satire,
dit, dans la Huitiesme joye, à propos du pèlerinage du
Puy : « Or y a de riches dames, damoîselles, bourgeoi-
ses..., qui achaptent patenostres de coral, de gest (jais)
ou d'ambre, aimeaulx ou autres joyaulx (3). » Qu'on ne
s'étonne pas trop de rencontrer les émaux parmi les
objets précieux qui , aux étalages des argentiers du
Puy, tentaient la fantaisie des riches pèlerins. Nous
avons quelques sérieuses raisons de penser que ces
émaux ne provenaient pas tous de Limoges, mais étaient,
pour une notable partie, de fiibrication locale (4).
Sous Charles Vfll, la corporation des orfèvres du
(1) Pareil., orig. — l/orii^iiial a été heure jsctiicat retrouvé par M. Degî-ucs,
typographe h rimprimcrie Marchessou, qui me Ta donné.
(3) chroniques d'Et. MèdiciSf t. i, p. 362.
(3) Bibliotbèqae elzéviricDuc, édit. P. Jaiincl, Paris, 1857, p. 81.
(4) M. Aymard n publié une plaque en cuivre émaillée eu taille d'épargne, du
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'i
Al' MOYEK agi:. il>
Puy adopla les armoiries que te roi avait accordées aux
orfèvres de toutes les villes de France (4); elles déco-
raient leur bannière qu'ils déployaient en télé de leur
métier, dans les processions solennelles et les céré-
monies publiques. Leur patron était saint Eloy, et les
messes de leur confrérie se célébraient à l'église Saint-
Laurent (2).
Etienne Médicis lixe, dans sa curieuse Statistique
du Puy en 1544, le nombre des orfèvres de son temps,
à trente (3). La décroissance du nombre des orfèvres de
1408 à 4544 prouve, d*une manière frappante, combien
le pèlerinage de Notre-Dame commençait à déchoir de
son ancienne splendeur. A cette cause spéciale s'en joi-
XI 11* siècle, représentant un ange, flanqaê de chaque cùto d'une petite ro-
sace à six pétales allongées , imitation évidente du type de la monnaie épis-
ropale do Pay f Congrès ncientif. de France, xxii* session tenue au Puy m
18Ô5, t. Il, p. 638 et suiv.} — Il a signalé aussi dans Y Album d'archéologie reli-
(jiriKe des plaques cmaillées, aux initiales d'Antoine Boyer, du Pur, qui ornent
une croix datée de 1479. — En I85C, durant mon stage au barreau de Riom,
un marchand de meubles de cette ville était détenteur d'une plaque en cuivre
cmaillcc en taille d'épargne, du XIII* siècle, figurjnt le Christ sur la croix;
au bas de cette plaque, on lisait : Wido Aniciemis me fecil, rn capitales ro-
maines. J'ai Tait, depuis,. d'inntiles recherches pour retrouver la trace de ce
curieux émail, acheté sans doute i^r on des collectionneurs de l'Auvergne.—
Parmi les joyaux qu'énumèrent les contrats de mariage et testaments du Velay
(lu XV« et du XVI« siècles, les bijoux émaillés ne sont pas rares. £nlia, le
pri\-rait dont nous publions plus bas le texte, démontre qoe les deux frères
Raynoard n'étaient pas seulement orfèvres, mais encore émailleursy puisque le
piédestal de la statue de salut Pierre, qu ils se chargeaient de façonner, devait
être « esmallié. >
(l) Etienne Médicis les décrit ainsi : d'azur, à trois coppsa d'or coronnéea
et une tntoille d'argent au milieu. fChroniq., t. i, p. 315.)
(■2) Chroniques d'Etienne Médicis, t. i, p. 33ô.
.3) ///., t. Il, p. 260.
Tome XXXI. d
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.jO \)e l'orfé^rekie du 1>UY
gaait, d'aâ)tMr»,r «De a«tre plus générale, qa'a signa-
lée notre savant confrir», M. Aymafd^ dans ses inié'
ressafttes^ fecherebès^ swp l'orfèvrerie de Pay : c'est la
tendai]^ qtCènt, de» le ÎVP siècle, rindastrie des
orfèvres^ ài abandonner ^ proThiee et à se centraliser
îi Paris (I).
Parmi tant d*orfévres, quelques-uns furent des artistes
dfetogués : c'est de Talelier de François Gilbert (2) que
sortit lia &kad€timêa ott niche mmtm^'tale de la Vierge
noire, jMWir laquelle le roi lo^is XI avait, en ^'476, don-
né cent; marcs d'arge»* {^). On connaît, de la mètiie
ë^(|a)e-, tes belles crœx precessiottttelleî? de Sanignes et
de Vei^naesal, et celles' dtes confréries des tatitienrs .et
tisserands de Saugues (4).
Dans ce milieu, naissait parfois, chez les riches habi-
tants, et se développait même à un degré surprenait,
le goiYf des arts et de ce qu'on appelle' aûj6ui*d*hai la
haute curiosité. J'en trouve un exemple assez inattendu
dane mi chanoine de la Cathédrale» Jacques Boudon
(probablement le fils d*ùn argentier de f408, Raymond
Boudon, comma le rapprochement des dates et son opu-
lence le font supposer) : je cite le registre des- audiences
du parlement de Toulouse de 1476-1477 :
(1) Aynonl^et Malèfa», âUium d'archéologit! religieuse , jf. G.
(3) G* FraOfOis Glmbert^ dont le nem est souvent écrit Guybert, Ott^berii,
m, p«r»ft-ir, iffle assez belle f)Drti»c; pfir df^wv aèbels, il se créa, (*n MS5,
un doiniiiie à Bcaulieu, dans rEmblavès; de plus, il aei[tfît des mai-*
sons a» Pnjr et des fonds niniDX dans 1» IMienc de la ville. (Anb. di^i.
Protocole de Ouillmtme PeUiêêe, mtûife, passiffi.)
(3) ChroHiq. d'Etienne Mèdiei^ U i, p. 960.
(4) Aymard et Malègac, Album d'archéologie rcUgieuw, p. 10 k 17.
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Au MYÉN AGfe. .'il
« En la yilte drf Pny fat naigaicres ttrig chartoific
i> htftùfné Jaqtièè Bodotf, 9»»' in l/ùiiis foHune êrat
» t?(ï/rf(? sublimatns; Car atoH bien tafillant trente nWI
» èsi:tt2 ; e( entre antres choses , avôit nng lîevre tant
» d'or avec les yenh de dyamaiïs , tpA ittMti(Ai tnig
» c&ar atfssî d'6r ; une Serene tonte d'or, tenant nng
» mîrotfer t<rat de perles, et ledit Hevre taloîl Men six
» fftil escnji; nne sainctntc d'or, (jné fut de dartre
» Bonne (4), de grmt valeur, engagée andit tfadon pmt
» trois itiii duôiatz ; niig moton a^ec nne grant toiscm
» d'ôt; tin« belle cônpe d'or, et autres Joyaux, adeè
» qudê târh inpecuniâ àôntàminatâ quàm nùii eon-
> tafninUtÛ, il f)OSsedôit et estoict riche de iretfte mil
> è8Ctt^(2). »
II
Le prix-fait, inséré dans la quitiance que nous pu-
blions plus bas, est un remarquable exemple de Tim-
portaaee qu'avait, an quinzifëme siècle/ Forfévrerie
artistique et religieuse du Puy. En Tannée U08, Jean
Je Bourbon, évêque duPuy etabbédeCluny, commanda
k deux orfèvres du Puy» Thomas et Bertrand Reynoard,
(1) Il s'agit) sans doute, de M^^ Bonne de Berry , mariée en 1391 k Ber-
nard Vil, comte d*Ârmagnac etr depuis connétable de France; elle mourat en
1435. on' sait <fue laf dkaisciir d*Arm«gmtc possMaU, in XV* sfède, la baronnic
dcBoQ/ots, près te Par. (Voyez rhfstoirc de eetfc bïronnit^, par M. dn Mo-
lin, farN, ir^ in-*).
(3^ Artfr. 0^. (k U rtWrt^Oaroitnc, stct. jutfît., tf, rcp. *.
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.)2 HE I.OKFEVRERIR DU Pl'Y
fi-ères, une irnage de saint Pierre, en argent doré. Cctie
image devait être du poids de cent jmrfis d'argent, équi-
valant k cinquante livres de poids ou vingt-cinq de
nos kilogrammes (4). La matière de ces cent marcs,
consistant en pièces de vaisselle, savoir : trente-neuf
taases, trois pots, une aiguière et un drageoir, fut livrée
aux orfèvres par Jacques Boyèr, baile de la cour com-
mune, le 4«' décembre U58. L*œuvre devait être ter-
minée à Pâques, qui, pour Tannée U59, tombait le 25
mars. Vimage deyait être posée sur un piédestal, de
style architectural, sur les faces duquel devaient se
dérouler, en émail des scènes de la vie du prince des
Apôtres. Vimage et le piédestal devaient très-proba-
blement être façonnés au repoussé, ce qui suppose une
œuvre d*assez grande dimension , et éveille même
ridée d'une véritable statue (2).
Comme l'église abbatiale de Cluny était placée sous
le vocable de saint Pierre, il est très-probable que la
statue commandée aux deux orfèvres du Puy par Jean
(le Bourbon, était destinée au monastère de Cluny, dont
il était abbé. Les inventaires du trésor de la célèbre
abbaye, dressés après U59, doivent certainement la
mentionner, et il ne serait pas sans intérêt de l'y re-
trouver. Peut-être la description insérée dans ces in-
ventaires, ajouterait-elle quelques particularités à celles
qu'indique le prix-fait. Que les érudits de la Bourgogne
me permettent de signaler ce point à leur attention.
(I) Le marc, en u^age au Put, viait de huit occes; ia livre avait 16 oncef.
(3) Un do nos intelligents orrtvrcs du Puf, M. Philippe Thomas, que j'ai
ronsuité sur ce point , estime au moins ï un mètre la hanteur d'une statue
qu'on peut faire au repoassv avec cent marcs on vingt-cinq liiiogrammes d'argent.
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AU MOYKN agi:. ij'.i
QUITTANCE
Donnée par Thomas et Bertrand Reynoard, orfèvres,
à Jacques Boyei', baile du Puy, de cent marcs
d'argent qui devaient servir à façonner une statue
de saint Pierre, conformément au prix-fait inséré
dans ladite quittance, (r^ décembre 1458.)
In Dei nomine, amen. Noverint universi et singuli pré-
sentes pariter et futuri hoc presens, verum et publicum in-
strumentura inspecluri, visuri, lecturi ac eciam audituri,
quod anno ab iDcarnacione ejusdem Domini millesimo
CXîCC'"^ quinquagesimo octavo, et die prima mensis decem-
bris, serenissimo principe domino Karolo Dei gracia rege
Francorum régnante, in mei, notarii auctoritate regia pu-
blici, testiumque infrascriptorum, presencia, nobilis vir Ja-
cobas Boerii, bajulas communis curie civitatis Anicii, com-
missarius et nomine reverendissimi in Ghristo patris et
domini nostri domini Johannis de Borbonio, Aniciensis
epi8copi et Vallavie comitis permanentis ac abbatis abbacie
Cluniacensis ecclesie, tradidit discretis viris Thome et Ber-
trando Reynoardi fratribus, aurifabris civitatis Aniciensis,
presentibus et recipientibus, videlièet centum marchas ar-
gent!, scilicet in XXX*» IX*<^™ taceis, tribus pitalphis, una
ayguaderia et une dragerio argenti, et quadraginta iibras Tu-
ronensium, monete albe, rcaliter, in presencia mei notarii
testiumque infrascriptorum, reali habitione interveniente ;
et hoc pro factura cujusdam ymaginis beati Pétri Gende
per dictos Thomam et Bertrandum Reynoardi fratres, oppe-
rarios, ad opus ejusdem domini nostri Aniciensis episcopi,
modo et forma designalis, comprehensis et declaratis in
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54 1>R l/onFÉVftEttlE DU PUY
«[uadam papiri codula, Kcripta pian.u propria dioti domini
bajuli, mirhi notario, in presencia testium infrascriptorum,
tradita; caj[as quidam papir^ c^dulo, in r<)nianQo ordinale,
ténor talLs est :
Apoinlemant prim pour James Boyer, haylle du Puy, poul-
et au nom de tf'ès-revei^end père en Dieu monsieur tfiessire Jo-
han dû Bourbon, evesque du Puy et abbé de Clugny, d^une
part y et Thomas et Bertran4 Beynonrâ, frères et orfèvres de-
mournns au Puy : et ce, jwtir leur fère f^re ufie ismage de saint
Pierre, pesant C> mnrchs d' argent , et ee en la fourme et ma-
nière que s*ensuit :
Premièrement, lesdits se obligent audit sieur à fère ledit
ijsmage bien et loyaulm^nt, en la bonne façon, tout le mieua-
que Hz porront ne feront; et feront ung pié d'argent, où la-
(Hlp ysniagfi^sera assiza, garni de massoneraie (1 ), tout le mieux
que faire ce pourra '^ et audit pié sera fecte la vie de saint
Pierre, bien tallé et esmalliéet chapprié (2J, tout le mieux que
sera possible.
lte)i\, feront ung petit rdiquiaire, gnrny de cristailh, pour
mectre des reliques, lequel ladjte ymaghf tiendra.
Hem, feront une diedame de bonne façon, garnie dç doble-
te (3), ou aultre pierrerie toeuUe (4) que on vouldra bailler
pour mectre en ladite ysmaghe, toutç la p^^s jante oue fère ce
pourra.
(0 Maçonnerie, disposition arcbitectarale ou ornements tenant de l'arehitec-
tiire. (Pc Labordc, Notice de* é»i^t$f, G|(|ssaif9, vojrei pe mot.)
(i) Divisi^c par cbapjtreâ, c'est-2|-dire en plusieurs scèqes.
(.')) Pierres fines collées sur verre ou sur rrisl.il do couleur, et ainsi doublée
drpsisseur el d'éclat. Id.. au mot DouhifA.'
(4) Telle.
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AU MOYEN AGK. 55
lUm, randrorU ladiU ynnaghe daurée et achevée et hronie { i )
de tous poins, le mieux et le j^sjantement que faire ce pourra.
Et pour leur pnme et fasson et deipenees et detehute quHl
leur fauldra fère eê soustenir à fère ladite ymaghe, auront en
toutes choses f la somme de cent cinquante livres; de laquelle
somme leur baillera contant, avant que la eommensent, la
somme de XL livres tournoises ; et la reste que sont CX livres,
auront à la fin de Vevre et quant auront du tout achevé ladite
ysmaghe.
Item, ledit Boyer^ au nom que dessus, sera tenu leur bayl-'
1er lesdits C marchs d* argent tout à une foys, sec et net ; de
paye[T] le plum (^) que y antrera pour seehier et affiner ledit
argent, sans aultre chose ; et les sandresque en sandrant, de-
mouront à son prouffit de mondit sieur.
Item, parreiliement ledit Boy or, au nom que dessus, sera
tenu de leur haiUer tout V argent vif et haur, que sera besoing,
pour daurer ladite ysmaghe ^ et aussi ladite ymaghe sera ran-
due et pesée avant qu'élu, soit daurée, €*est assavoir que le pois
de l'our demoure au prouffit dudit Boyer, au nom que dessus.
Item, en ouUre, sont eontans et u obligent, que au cas que
ladite ysmage ne seroit bien feete au gré et plaisir dudit sei-
gneur, de n*en riens awnr de la façon de ladite ysmaghs ; et
veulent et sont eontens de rendre et restituer tout ce que ce
trouvera en enoir reseu, tant en argent blane comme aulire-
ment, en qudque façon que ee soit, et à es se obligent, etc.
Item, à fère les choies dessusdiiês et une ehascune d'iedlesy
lesdits frères se obligent audit Boyer, au nom que dessus, ung
pour l'auUre, et ung chaseun seul st pour te tout, A luy ren^»
(1) On peut lire indifleremineiii hitmie oa Wonie, brunie.
(9) Ptomb.
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;)() l)i: LOHI'KVUEHIK 1)1' PUV
lire ladite ymaghe bien fecte ci acomplie ioul en la fournie et
manière que dit est, entre cy à la feste de Pasques prouchai-
nement venent^ et au plus tost, si tosl leur est possible.
Hem, plus se obligent en la fotcrme que dessus y et ont juré
sur les saintz euvangeles de Dieu, de ne prendre auUre euvre,
ne faire nul aultre ouvraige, jusques à ce quUz auront fait et
acompli de tous poins ladite ymaghe, sinon que fut du vouloir
et licence [dudit sieur evesque], et au quas qu*il ce trouva
quilz facent le contrayre, d'issy et desja se obligent à donner
et donnent en pur don audit Boyer, au nom que dessus, la
somme de W" livres tournxnses, etc.
De quibus contum marchis argenti et quaflra.s^inta Ubris
Turonensium, sic, ut premictitur, habitis et realiter re-
ceptis, dicti Thomas et Bertrandus Raynoardi, gratis et no-
minibus quibus supra, dictum dominum nostrum Anicien-
som episcopura, et suos, bonaque sua et suoram, absolverunt
lenitus et quictaverunt. Et quamquidem ymaginem beati
Pétri, pjusdem ponderis centum marcharum argenti, desig-
natam et expeciflicatam in prcdësignata cedula superius ad
longum inserta, bene nptatam, preparatam et compîetara,
modo et forma contentis in predeslgnata cedula superius in-
serta, dicti Thomas et Bertrandus Reynoardi, eteorum qui-
lihet, in soliduraet pro loto et sine partiumdivisione.promi-
serunt, cum et sub obligatione speciali et yppotheca expressa
omnium et singulorum bonorum suorum, et cujuslibet ip-
sorum in solidum, mobilium et immobilium, presencium et
futurorum; et juraverunt, ad et supra sancta Dei euvaugelia
per ipsos et ipsorum quemlibet manualiter tacta, reddere et
expedire eidem domino nostro Aniciensi episcopo, aut cerlo
nuncio, procuratori seu mandato, hinc ad fostum futurum
Pasche Domini, et intérim quandocumque, operata ipsa
ymagine, una cum omnibus dampnis, costamentis, interes-
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AU M<JYKN A(iK. 0/
st' et expensis. inde per dictuiii dorainum Jacuhum Boerii
bajulum, quo supra nomine, faciendis 'aut sustinendis, vicio
et culpa dictoram Thome et Bertrandi. aut alterius ipso-
pum; super quibus vero dampnis. costamentis, interesse et
expensis predictis, eteorum quantitate et extimatione, stare
et credere voluerunt iidem Thomas et Bertrandus Reynoar-
dî, et eorum quilibet, solo et simpUci juramento dlcti do-
mini Jacobi Boerii, bajuli predicti, quo supra nomine, sou
alterius ipsorum juramento, absque onere probacionis alte-
rius cujuscumque, juramentum hujusmodi sibi in hiis ot
circa hec delTerendo irrevocabiliter in premissis.
Et renanciaverunt super premissis omnibus et singulis
supradictis dicti Thomas et Bertrandus Reynoardi, et eo-
rum quilibet pro loto, gratis et nomine quo supra, et cuiu
juramento, ut supra, per ipsos ei ipsorum quemlibet presti-
to, omni action i et exception! doli mali, vis, metus, et in
factum actioni, et condictioni indebiti, sine causa et sine
justa causa, exceptionique dicta rum contum marcharum ar-
genti et quadraginta librarum Turonensium realiter ex cau-
sa premissa non habitarum et non receptarum, promissio-
nisque, obligacionis et omnium aliorum prumissorum non
actorum, non stipulatorum et non ita gesloi'um, opistoleque
divi Adriani. benefficioque dividendarum actionum, et nove
eunstitutionide [plui'ibus]duobusvereis debendi^ beneficioque
petendi et ofTerendilibellum, copiam seu transcriptum hujus
presentis publici instrumenti, et ejus note, aut alterius cu-
jusUb'et scripture publice seu private, et gênerai iter omnibus
aliis juribus, scriptis et non scriptis, canonicis et civilibus,
quibus contra premissa vel premissorum aliqua venire pos-
sint, autin aliquo se juvare, delfendere seu tuheri; etjuri
dicenti generalem renunciationem non valere, nisi précédât
vel 8u1)sequatur spécial is renunciatio et expressa.
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58 DE l/ORFRVUERIE DU PCV Al' MOYEN AGE.
£t ad premissa omnia, universa et singula expedienda,
acteadenda et complenda, proat superius suât expressa, vo*
luerunt et conceseerunt dicti Thomas et Bertrandus Rey-
noardi fratres, et eorum [quilibet], in solidum et prototo et
sine partium divisione, ut supra, seipsoset eoram quémlihet
posse et debere compelli, coerci viriliter et distringi per cu-
rias re/çiam Vallavie, communem civHatis et domini officia-
lis Aniciensis, et earum quamlibet simul vel divisim, et per
curiales cujujslibet earumdem présentes et futuros, per bo-
norum suonim quorumcumque, mobilium et inmobilium,
presencium et futurorum, captionem, venditionem et festi-
iiajn distractionem, et alias, ut forcius ûeri poterit et debebit,
orani juris ordine pretermisso, et perinde acsi ad predicta
actendenda, tenenda et complenda fuissent per competea-
tem judicem et per deffinitivam sententiam que in rem tran-
sivisset legictime judicatam, quantum ad hec, se, suos et
omnia bona, pro premissis actendendis [etj expediendis, vi-
goribus et rigoribus sigillorum, foro, cohertioni, compultio-
ni et di6trictui curiarum et curiaiium predlctorum, suppo-
nendo pariter et submictendo.
De quibus omnibus, universiset singulis supradictLs, die-
tus dominus bajulus, quo supra nomiue, peciit et requisivit,
et dicti Thomas et Bertrandus Reynoardi fratres eidem tieri
voluerunt et concesserunt, publicum instrumentum, per me
notarium regium infrascriptum.
Acta fuerunt Anicii, in studio domus habitationis supra-
dicti domini bajuli, anno et die predictis, presentibus pro-
vidis viris Petro de Lacu, Petro Pellisse, mercatoribus dicte
civitatis Anicii.
Archives de VHôpital Noire-Dame du Puy, Protocole d'E-
tienne Pascalis, notaire (f* 271-273).
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PRÉHISTORIQUES
GAUI^0l»E8 KT GALLO-ROMAINES
DU GHEYLiOtJ2VBT
Commune <ia Saint -Vidal ( Haute - Loire )
Par M. AYMARD,
Pri*$ideot du |a Soejélé.
Anna antiqua, mnnuHf Hugues dentenqne fnrrunl ;
Kl lapides, et itim tih^rum fragmina, ramei,
Etflçmina ulqne ignés postquam sont cogmlaprimim,
Po^terius ferri vis est^ irrisque reperfa,
Htprior œris erat, quàm ferri, eognitus usus.
Quo faciiis magis tsl nalura, et copia major.
. (f.ucrèce, édit. Lemairu ; vers 198^-1987.)
Au mois de septembre 1871 , nous fftraes informi"; que
les travaux du chemin de fer, près du village de Saint-
Vidal, venaient d'amener la découverte de deux épées
en bronze. Les renseignements qu'on nous donna sur
leur forme et les conditions de leur enfouissement rap-
pelèrent h nos souvenirs un genre d'armes considéré
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(ÎO VINTIQLITKS
pur les arctiéologues comme préliislorique, el dont les
diverses espèces ou variétés ont été recueillies en plu-
sieurs pays de l'Europe, notamment en France, en
Suisse, en Italie, Irlande, Suède et Danemarck. Nous
jugeâmes même, à la description très-précise des épées,
qu'elles différaient d'un type un peu plus ancien dont
le Musée du Puy possède un spécimen trouvé aux
environs de cette ville, et qu'elles devaient ainsi nous
offrir un nouvel et précieux jalon pour la chronologie
des antiquités préhistoriques de notre pays.
Dans ces circonstances, d'un intérêt exceptionnel,
nous visitâmes immédiatement le lieu de la découverte,
el, après avoir dessiné les épées, remises aux mains de
M. Guilleminot, tâcheron des travaux, aous prîmes une
exacte connaissance de tontes les particularités de la
trouvaille.
Le point précis où elle avait élé faite est non loin
des limites des deux communes de Polignac et de Saint-
Vidal, sur le territoire de cette dernière commune, sec-
tion A, à la base nord-est d'un monticule communal dit
le Cheylou ou le Clieylounet (4), à 2 mètres environ de
la bifurcation de vieux chemins, l'un conduisant.au
village des Eslreits, l'autre descendant vers la rivière
de Korne.
(1) C'est celte dernière dénomination que nouf adoptons dans le cours de
i'« mémoire, poor distinguer cette intéressante localité de celle lortant aussi
le nom de Cheylou (Cheylo, Ckeilo. CkeiioH dans les anciens écrits), vers la
limite des deux communes de Polignac et de Sanssar, qui a fourni également
il nos reclierches des objets d'archéologie préhistorique, tels que des haches
(Ml (Ibroiiihe polies, et des nucléas de même matière, donnés par nous au
Musée et dénotant un lieu de fabrication de ces instruments néolithiques.
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l»aÉHlSTUIU(^l ES. Hl
Celle sitaalioD de la trouvaille, dans un endroit qui
pouvait avoir été choisi par le déposant des épées
comme offrant la facilité de le reconnaître, est utile à
constater, si on rapproche ce fait des conditions plus ou
moins intentionnelles de renfouissemenl de ces armes.
Au rapport de M. Guilleminot et des ouvriers qui les
avaient mises au jour, ces épées furent trouvées entre
deux fortes pierres brutes, surmontées elles-mêmes
d'une plus grande, que les travailleurs, dans le patois
du pays, dénommèrent cubercel, pierre ou dalle de re-
couvrement. Celle-ci, dirent-ils, débordait les supports,
dans le sens de leur longueur, d'environ 0°*,25 centi-
mètres, et son sommet affleurait presque la surface du
sol ; le tout étant presque entièrement enfoui dans la
terre.
Le vide compris entre ces pierres, large d'à peu près
0"',33 centimètres sur 45 à 20 centimètres de hauteur
entre les épées et la dalle, était rempli d'une terre
meuble semblable à celle du sol végétal des alentours.
Nous pûmes vérifier, en partie, l'exactitude de ces
renseignements, car les supports étaient encore en place
lors de notre exploration ; et auprès d'eux gisait la
dalle, renversée récemment par les ouvriers.
Cette dernière et assez grande pierre, brute et basal-
tique comme les deux autres, présentait la conQgnra*
tion plus ou moins irrégulière des blocs, de pareille
nature volcanique, qu'on observe au môme lieu du
Clieylounet. Epaisse d'environ 0'",35 centimètres, elle
avait 4 '",30 dans sa plus grande longueur, et près
d'un mètre de largeur.
Les dispositions qu'affeclaicnt ces trois pierres n'é-
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62 APi'fIQUI'ffcS
laient vraisemblablement pas Feffèt ûvt hasard. Même
en rtfbsencô ff ane quatrième, qui atf^it fm leur don-
ner rapparence d'une sorte de èettule, c'était comme
une combinaison rappelant ces « cistes » ou « noyaux de
pierres » en forme de petits dolmens qu'on trouve en-
fermés dans des tumulus de l'âgé du broiize, à imita-
tion des chambres séputcrales appartenant plus essen-
tiellement h Tâge néolithique art de la pierre polie (4).
Le réceptacle et les épées étaient, datns leur sens lon-
gitudinal, à peu près orientés de Test à l'ouest. Néan-
moins il ne serait pafs impossible que, sans avoir pensé
à cette circonstance, on eût voulu plutôt leur affecter
une position parallèle à Tun des chènrins près du-
quel ïh se trouvaient ou bien concordant avec la con-
formation générale du site, c'est-à-dire suivant la
direction de la vallée et te cours dé la rîvîèfe, les poi-
gnées des épées en amont (ouest) et lecfrs pointes en
aval (est). Si donc on préférait cette conjecture, au lien
(le supposer une orientation préconçue, on aurait eiiccre
ici un motif de rapprochement avec « plus de cinquante
dolmens de FAveyron, indistinctement dirigés dans
tous les sens, » comme le sont de semblables monu-
ments « élevés dans le N.-E. du Bengale, et placés de
même par rapport au site, » ainsi que M. Cartëilhrfc en
a ftiit la remarque, confirmée pftr M. de MoftiHet, pour
les dolmens du Poitou et de la ftretagne (î).
(1) Tuye/4 puur cnltc drstinclion eiKrc fes deux o>p^c«s de dolmens, U notf
tic la page 67.
{•2) La théorie de la non orientation des dolmens cf de lear position en ra|i-
port 3\(it le site a été f'olijet d'unie ecnintonlcsltton faite, en 1871, ao CoMpis
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PHEIIISTORIOUKS. 63
Quant attx ôpées, elles avaient été mises à plal, pres-
(|ue parallèlement, Fnne à côté deFaulre. Elles étaient,
en Ofrtre, brisées chacune h la même place, à 13 ou
1 4 centimètres au-dessus dé leur cttrémilé inférieure,
et, ce qui confirmait ht pensée d'un arrangement inten-
îimtnfel, les pointes étaient exactement juxtaposées aux
bouts des tronçons de lame.
Absolument pareilles et, sans doute, sorties du même
nïoule^ ces ai^rtfes entièrement de bronze, lame et
poignée, que la décomposition de leurs: surfaces, ainsi
que des cassure^, avait revêtues (f une épaisse et belle
patiiie terte, sont représentées au Musée par rm/ae-simik
en plâtre (4), et à la' pL é du présent mémoire, par le
n» /. Elles sont longues de (j^.Sf centimètres, dimension
assez rare qui les i^ecômmàntïe à Katfention', non moins
intcrHational d'anthropoloi^ic et d'archéologie préhistorique de Bologne. fSia-
t ér taux de i'kistoire primithf de l'homme, viii" année, 1872, p. 179.)
En attendant que nous ("assions l'application de cette théorie 11 nos dolmen $
de la Hmite-Loîre, citons rexcmple d^ût» sdpoltnre contemporaine de ces
monoments. C'est stiivant la dirc($tion de la vallée du Puy, et non de l'est II
l'ouest qn'étaient couchés les sqoelettes ~ tètes en amont, pieds en aval
— (Te la sépolture préhistorique découverte en 1849, dans le communal du
Brettil, au Pay. fAnntUf» de la Sâciéfé, t. xiv, p. 57.)
(l) Nous devons même dire une < imitation > faite, il est vrai, avec le
plus grand soin, d'après notre dessin avec coupes à l'échelle, après lequel
des circonstances inattendues, malgré toute la bonne volonté de MM. les
IntAiietm de fa Compagnie et de M. Gnifleminot, nons ont privé de la pos-
session de ces épées et des moyens d'en exécuter un moulage. Du reste ,
celte l'eprodiiction a été reconnue exacte par un de no5 confrères, M. de Surrel,
membre de la Société académique du Puy, par M. Alfred de Fages de
Chanlnes, homme de lettres, et M"" de Saint-Vidal qui, avant nous, avaient
vu ces armes chez M. Guilleminot, ainsi que par M. Micciolo neveu, artiste
et plâtrier, que nous remercions de s'être empressé, le premier, de nous infor-
mer de' la trouTailto.
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64 ArvriyuiTKS
que leur forme bien caraclérisée : la lame est à double
tranchanl, finissant en pointe et ornée, sur ses deux faces,
de six rainures longitudinales, divergentes seulement
à la plus large partie supérieure, sorte de panse où leur
mode de décor se combine avec de nombreuses et fines
rayures; le tout ne descendant que jusqu'à 0°>,48 de
la pointe. La poignée courte, arrondie, à pommeau sans
ornements et n'ayant d'autre garde qu'un certain élar-
gissement de la base en demi-cèrcle, est fixée par six
rivets en bronze à la naissance de la lame.
Ces traits généraux de conformation, mis en regard
des différents types d'épées découvertes en Europe ,
établissent surtout une certaine analogie avec la plu-
part des glaives découverts en Danemark et figurés
à la planche 34 du Nordiske Oldsager, etc., 4859, de
M. Worsaae, sauf que ceux-ci ont leur poignée plus
ou moins enrichie de dessins gravés ou en relief.
Il y a aussi quelques autres dissemblances de dé-
tails, même avec les épées n<» M\ et 134 de la même
planche, qui se rapprocheraient le plus des nôtres.
Ces variations, en outre, sont telles qu'elles peuvent,
pour nos épées, donner l'idée d'une fabrication indigne,
même après comparaison avec d'autres épées et dagues
ou poignards de Suisse (4), d'Irlande (S), etc., de formes
plus ou moins approchantes, ainsi qu'avec des épées
trouvées en France, en particulier une d'elles provenant
(1) A Nettfchâlcl. — Voyez die PtaJubautenin den Schweizer-Seen tonJ.Stuub
LîAr^r, 1881,p/. VI, fi?. 16.
.(3) Sir John Lubbock, Prw'kistaric times, 1865, fig. de dague, ii la |). 18.
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PKKHISTOHU^LKS. 6o
des environs d'Uzès [GaiJj (I), el celle conservée au
musée de Narbonne (2), qui , de tous les types connus,
quoiqu^encore dissemblables, s'écarlent le moins du
nôtre.
Ajoutons qu'à la différence d'épées moins rares en
France et plus anciennes avec lame à soie, plate et ap-
propriée à une garniture de poignée en bois, os od
ivoire (3),— dont nous avons un spécimen déjà cité el
provenant de la commune de Polignac près le Puy,—
le type duquel les épées du Cheylounet procèdent a été
classé par M. de Mortillet, si compétent en archéologie
préhistorique, comme plus spécial au Nord de TEu-
rope et trahissant la fin de Tâge du bronze (4).
Aucune donnée positive n'autorise, d'ailleurs, à clas-
ser ces armes à Tâge subséquent ou du fer; elles diffè-
(1) Voyez ce spécimen aux planches v cl vi, Hg. 2 et p. 84 du Projet lU cias-
fification des poignardt et èpéeg en bronze, — Hev. Ârcliéoiog., noiiv. série,
vii« année, xiii* vol., 1806.
(2) Catalogue du musée de Nartfonne j \m M. Tournai. 1864, n» 17. Voyez
aussi Matériaux pour l'histoire primitive et naturelle de l' homme ^ 1860, p. 67, où
il est dit que celte épêc « ne rentre dans aucun des types An projet de classifica-
tion. ^ M. Berthoinicux, secrétaire de la Commission archéologique de Narbonne,
neveu de trcs-regretlé et savant Tournai^ a bien voulu nous informer que cette
arme a été trouvée « dans une fente de rochers » de la carrière de pierre de
&1. Signorel, dans la guarriguc de Sijean.
11 y a des diiïêrcnces encore plus fortes entre nos épées et celles truuvécii
dans une fente de rocher a Ally (Cantal), et parfaitement décrites par M. B.
Rames, en 1873, dans la Revue archéologique.
(3) Voyez, pour une variété de ce type souvent signalé en Krana', sous
des tumulus lrl>s-Dncicns, entr'aulrcs U Gramat (Lot), et en Suisse, dans desi
stations de l'âge du bronze. Projet de classification des poignards et épées dr
hroiiic, pi. v, flg. D, et p. 183. (Rev. archéol., même volume de 1866).
(4) Promenades préhistoriques à l'E.rposition universelle de 1867, p. 118.
Tome XXXI. e
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66
ANTIQUITES
rent même sensiblement d'an type qui , paraissant être
comme un dérivé de la forme de celies-ci, est des pre-
miers temps de cet âge, et dont on doit la découverte ré-
cente au docleur Gross, de Neuveville (Suisse). Les ha-
biles explorations de ce savant Font exbumé du lac
de Bienne, station palafittique de Mœringen. Il s'agit
(l'épées entièrement en bronze et d'une épée à poignée
de bronze et à lame de fer, qui, ayant, les unes et les
autres, des formes presque semblables, ont été péchées
dans une seule et même couche archéologique avec plu-
sieurs autres objets très-caractéristiques. M. le docteur
Gross a fait observer que, par la forme de la poignée,
elles présentent plus d'analogie avec les épées trouvées
dans le nord de TSurope qu'avec celles recueillies jus-
qu'à présent dans les stations lacustres delà Suisse. « Ce
môme type, ajoute-t-il, se voit souvent représenté sur
des anciens monuments grecs et sur des vases grecs et
étrusques (4). »
Si l'on peut assigner ainsi nos épées à une époque
(1) Ut habitatiottf lacustres dn lue de Bienne. Délémonl, 1873, p. 17 \90
et pL VI, flg. 1 il 3.
Voyez aassi, aa sujet de cette intéressante dt^ouTerte, les jodicieoses ob-
servations de M. Alexandre Bertrand, directear da Masée national de Saint-
Gcrmain-en-Laye,au Bulletin de la Société nationale des Antiquaires de France ^
■i* trimestre de 1878, p. 166.
li noas semble qu'on peat tirer de ce fait l'induction qne les armes, en
passant de l'âge du bronze dans celai da fer, n'ayant pas reçu de très-notables
cbaogements de formes, impliquent, dans l'emploi nouveau de ce dernier métal,
un progrès accompli par les autochtones ou indigènes eux-mêmes, sans inler-
venlion de l'invasion d'un peuple étranger, lequel, dans ce dernier cas, aurait
importé ce métal, sans doute avec des types, autrement conformés, de ses pro-
pres armes.
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PREHISTORIQUES. n/
aussi précise que le permet l'état actuel de nos con-
naissances sur ce siyet, il est plus diiBcile de savoir,
d'après quelle antique coutume on les avait confiées à
lin abri soigneusement disposé pour les conserver dans
un lieu qui, inculte, parsemé de pierres et de roches,
ne doit pas avoir cessé, depuis un très-long temps, d'être
à usage public ou communal.
Les sépultures préhistoriques que révèlent les dol-
mens, les tumulus, etc., et celles des époques gauloise
et romaine ont souvent offert dos armes, ustensiles,
objets de parure, vases, etc., qui, entiers et parfois frac-
turés ou déformés, avaient accompagné le défunt à sa
dernière demeure. Mais cette attribution sépulturale
n'est pas applicable à notre trouvaille : peu après la dé-
couverte et avant que la pioche des travailleui*s eût
notablement modifié Tétai des lieux, exploitant, comme
il a élé dit, le gisement, nous avons examiné avec soin
la terre extraite du réceptacle, et cette recherche mi-
nutieuse, jointe au témoignage Irès-net des ouvriers,
n'a révélé la présence d'aucun ossement, en supposant
une inhumation, d'aucun débris de vase, de menus os
calcinés, de charbons et cendres ou autres signes d'in-
cinération (1).
(1) Not» devions vérifier It troavniile avec une altenlion d'aotittlplas seropa-
tcuse, qoc le réceptacle ayant contenu les épécs semblait, comme il a été dit
il la page 01, avoir l'appareacc d'oae sorte de petit dolmen, pestera de Fespèce
do cotti dea tumalos h cliambre Intérirare pev v«ste, < noyasx de pierre » oi
« elstei, » eomme M. Lnbbock dénomme ce genre de chambre, lesquels sont
de l'âge du brouze, et « k sépnkores par incinération, > an contraire écé
dolmens de l'dge néolithique, dénotant rensevelisscment par inhomation. Telle
e>t, au moiûs, scr la soccession (^onologiqne des dolmens en France et en
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H8 ANTIQUITÉS
Une cachette de fondeur ambulant, môme vers le
bord d'un très-vieux chemin, n*aurait pu se juslilier ici,
comme en bien d'autres lieux où Ton en a trouvé, que
par la réunion, avec ces deux épées, d'objets divers,
vases, haches, bracelets, anneaux et autres pièces en-
tières ou brisées et surtout de culots ou résidus de fonte,
tels que nous en recueillîmes un assortiment il y a
quelques années, près d'une antique estrade à la Mou-
leyre, commune de Saint-Pierre-Eynac (\).
Verrons- nous dans ce dépôt confié à la t^rre le té-
moin de quelque ancien campement, une épave de
combat, exprimant par la brisure de l'arme le déses-
poir des vaincus? Mais rien n'atteste en ce lien le sé-
jour plus ou moins temporaire d'une peuplade, non plus
qu'une lutte guerrière. On n'y observe aucun indice de
sépultures si fréquentes dans les champs de bataille de
l'antiquité.
Daneniarck, ropiniuu de M. Alexandre Bertrand, coii:>iguée daus la RrgHf
archéologique ; 1864, nouv. série, v« année, x« vol'imc : De /« distribuliou
des dolmeM sur la surface de la France, p. 153. De son côté, M. LubborL
rapporte que, dans l'âge do bronze, sartout en Angleterre (ouvrage cilr,
p. 31), le cadavre était quelquefois, quoique rarement, coucha sur le des
que plus fréquemment il était enterré assis dans « une petite chambre > for-
mée de grosses pierres; mais la coutume la plus ordinaire était < de brûler
les corps et de rcnoir les cendres et les fragments d'os dans on tous une
urne. » Aux premiers temps de l'âge du fer, an contraire, les cadavres sont
ordinairement coucbés.
(1) Ce curieux dépôt dont nous avons recueilli et donné au Musée toutes
les pièces, y compris une rare variété de rasoiry si anneaux de suspension
(insigne de noblesse ?) serait, d'après ce qu'a bien voulu nous dire M. Alexan-
dre Bertrand, des premiers temps de l'âge du bronze.
Voyez, pour de semblables assortiments de pièces en bronze, diverses no-
lices insérées aux matériaux de l'histoire primitive de l'homme.
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IMtRHfSTORIQUKS. 69
Une coiijeclure moins contestable el concordant avec
d'autres trouvailles analogues porterait à reconnaître
ici une de ces pieuses offrandes & quelque divinité,
hommages ou ex-voto d'armes personnelles ou bien en-
levées à Tennemiy trophées de victoire, lesquels com-
portaient aussi» suivant les lieux et les temps, des vases
et même des monnaies, parfois mutilés à dessin, comme
pour marquer ainsi la destination sacrée du dépôt (1).
De cette façon s'expliqueraient, comme on va le vous
la position, probablement intentionnelle, du réceptacle
(1) Les Gaolois, suivant uue coutome qui, sansdoute, devait remontera des
temps plus on moins racolés, < avant de combattre, souvent faisaient v(pu de
consacrer au dieu de la gnerre partie des dépouilles de renneml. Le reste du
butin éiait entassé dans des lieux consacrés (bois, nemets, temples} et per-
sonne n'eût été assez impie pour en dérober quelque chose. » fuht. de Césary
t. II, p. ar7, 1866).
Cette assertion, empruntée aux écrivains de l'antiquité, ne doit cependant être
acceptée que sous certaines réserves concernant spécialement l'inviolabilKé des
objets déposés dans les lieux sacrés. L'archéologie, dont le contrôle eàt indis-
pensable pour des textes souvent empreints d'appréciations exagérées ou atté-
nuées, a rétabli, — qu'on nous permette ce pléonasme, — c la vérité vraie »
sur ce point comme en bien d'autres.
On a signalé, en effet, des dépôts d'objets fracturés non-seulement dans des
lieux saints, mais encore dans les sépultuies qui n'inspiraient pas moins la véné-
ration publique. A cet égard, c'est Toploion générale des antiquaires qu'en 1878 a
exprimé très-justement M. Ponthieux, k la page 45 de eon remarquable livresur
la station néolithique de Cantenay (Oise)» en disant que « on a trouvé quelque-
fois, dans les sépultures de très-belles haches polies, brisées intentionnellement
dans le but évident d'ôter toute tentation aux violateurs que le sentiment gêné- <
rai n^aarait pas arrêtés. Le même fait a été fréquemment constaté dans les sé-
pultures des âges du bronze et du fer et dans celles des temps plus récents. >
Quant 11 certaines armes non brisées qu'on peut considérer aussi comme
votives, les cachettes qui les renferment ne semblent pas moins attester l'in-
tention de les préserver du rapt. Telle était probablement l'épée de Narbonne
trouvée, comme il a été dit k la note de la page 65, dans u